14 : Un masque difficile à porter
" Alors entre,
il est temps de voir la marée. "
Une seconde tasse se remplit de café. La première gisait en morceaux sur le sol après un fracas contre le mur, de même qu'une chaise et qu'un guéridon. La colère de Kylo s'était encore une fois abattue sur son environnement. Après une gorgée, il remit de l'ordre dans tous ces débris et réalisa qu'il possédait très peu de chose, presque rien de valeur en réalité et s'il continuait de tout briser chaque fois qu'une angoisse ou qu'une rage le submergeait, il n'aurait bientôt plus rien. Mais ça lui était finalement égal, il avait déjà tout perdu, même Rey.
Kylo n'avait ainsi pas dormi de la nuit, imaginant de mille façons la conversation qu'elle ne tarderait pas à avoir avec son oncle et la ribambelle de mensonges que ce dernier débiterait pour se protéger et conserver sa précieuse image. Il savait que Luke réussirait à convaincre l'antiquaire qu'il n'était qu'un monstre, il était si doué pour ça. Il lui sortirait les pires insultes, allant jusqu'à inventer des horreurs que le jeune homme n'avait jamais commises, omettant volontairement celles dont il était lui-même responsable.
Ainsi, les objets avaient une fois de plus volé et à défaut d'avoir quelques clopes pour calmer la nervosité, il avait repris les cachets. Maintenant, que tout était à peu près rangé, il se trouvait bien ridicule de se mettre dans un état pareil pour si peu. Ce n'était pas la première fois que son oncle le traînerait dans la boue, sa réputation n'était plus à faire de toute manière. Mais surtout pour elle. Que dirait Snoke s'il le voyait se laissait ronger à cause d'une fille, redoutant ce qu'elle pouvait penser de lui. C'était indigne de lui, de son statut. Elle n'était rien, rien d'autre qu'une inconsciente qui lui avait subtilisé la broche, rien d'autre qu'une inconnue trop curieuse. Il aurait dû s'en tenir à cela, tout aurait été plus facile. Néanmoins, Kylo le savait sans chercher trop loin en lui, Rey était plus que ça.
Malheureusement, elle n'existerait bientôt plus. Quand les paroles de Luke auront fait leur effet, toute chance de collaboration s'envolerait. Et leurs espoirs avec, tout comme ceux des enfants. Sans parvenir à en expliquer les raisons, le futur proche dans lequel il ne reverrait jamais Rey une fois la broche récupérée sans délicatesse, lui était désagréable. Et la vie qu'il retrouverait ensuite lui parut d'un coup si fade et monotone.
Devant sa baie vitrée et le lever du soleil, il expira fortement et un bâillement s'en suivit.
« Tu devrais essayer de dormir un peu, murmura une voix près de lui. Ren souffla d'agacement.
— Pitié, pas toi.
— Tu vas vraiment te présenter à Snoke avec cette tête-là ? le taquina son père.
— Ferme-la ! Et va-t'en ! déclara-t-il en retournant s'asseoir sur son canapé.
— C'est cette fille, c'est ça ? C'est elle qui te fait tout remettre en question comme ça ? poursuit le fantôme de Han.
— Bordel, qu'est-ce que j'ai fait au bon Dieu pour mériter un tel calvaire ?! Si je pouvais te sortir de ma tête définitivement ! s'énerva-t-il.
— Mais tu peux pas et tu sais pourquoi, insista-t-il. Kylo serra les poings, les dents et son coeur pour ne pas craquer. À la place, il usa de la noirceur de ses yeux et fixa son père avec dédain. Si tu veux aider les enfants et cette fille...
— Tais-toi ! T'es même pas là ! l'interrompit Ren.
— Si tu veux qu'elle reste, parle lui ! Dis-lui toi-même ce qui s'est réellement passé ! proposa Han.
— Mais tu me saoules ! grogna Kylo en se levant vers le bar de la cuisine. Tu crois vraiment que c'est si simple ?! Tu ne la connais pas, ni moi d'ailleurs ! Qu'est-ce qui te fait croire que j'ai envie qu'elle reste, mmh ?! Depuis qu'elle est là, c'est le foutoir dans ma vie !
— Parce qu'elle t'a apporté quelque chose que tu refuses de perdre. C'est pour ça que tu continues ! T'as peur de te retrouver seul ! » lança Han.
Kylo attrapa sa tasse de café vide, se retourna et dans un accès de rage la balança en direction de son père. Mais il n'y avait personne, il n'avait jamais vraiment été là. La tasse se brisa sur le sol. Il refusa de repenser à cette conversation menant nulle part, aux idées pitoyables de son père, persuadé que tout pouvait se régler en un claquement de doigts, qu'il suffisait que son fils se confie et communique, qu'il reconnaisse lui-même ce qui s'était passé pour que la douleur s'envole. En réalité, si une rédemption était possible, le jeune homme aurait pu crier à pleins poumons, l'écrire des centaines de fois, elle ne disparaîtrait jamais complètement tant que Luke n'y participerait pas. Kylo voulait l'entendre de sa bouche.
En attendant des excuses, sur le chemin vers le Premier Ordre, Kylo réfléchit de nouveau aux enfants, à tout ce qui concernait l'enquête. Il fallait qu'il se tienne à cela, à cette pensée plutôt qu'à Rey ou à son oncle. Pourtant, avoir ce dernier encore en tête en plus des enfants lui fit émerger une idée, une sorte de plan de secours qui semblait meilleur que le principal.
☯︎
Rey vérifia une dernière fois qu'elle avait tout ce qu'il fallait pour la journée à venir dans son sac avant de fermer l'entrée de la boutique. Son carnet de notes, l'inventaire du magasin, son journal, la broche. En effet, ce vendredi était consacré au mobilier de la Sénatrice, elle et Kaydel étaient invitées à passer la journée dans le manoir Skywalker afin de faire davantage connaissance, bien que Leia ne soit toujours pas rentrée chez elle, mais surtout pour emballer les premiers biens. En tant qu'antiquaire passionnée, Rey était naturellement enthousiaste et excitée face à ce programme, c'était toujours un aspect sensationnel de son métier. Cependant, cela représentait aussi l'occasion de confronter Luke, autant sur la broche que sur Kylo. Elle espérait rentrer chez elle ce soir avec tout un tas de réponses et pour de bon, mettre un terme à ce jeu du chat et de la souris entre elle et le brun, qu'ils puissent simplement se concentrer sur les enfants, que Kylo lui crache enfin le morceau qu'il détenait à propos de cette histoire. Que tout ce chaos cesse enfin.
Mais ça n'en était que le début.
Les deux jeunes femmes devaient être conduites sur les lieux par Therry. En patientant, Rey tenta d'alléger la frénésie et l'emballement de Kaydel, folle de joie et d'une gratitude infinie d'avoir l'opportunité de rencontrer cette famille et de travailler à son service.
« Tu m'as dit que c'était grand, mais grand comment ? Rey lui avait pourtant décrit la maison avec autant de détails qu'elle le pouvait, omettant naturellement la chambre de Kylo.
— Immensément grand ! On va en avoir pour la journée. En plus, ils ont l'air d'apprécier recevoir, surtout Renée... répondit Rey, faisant preuve d'un engouement moins expressif.
— Renée ? c'est qui déjà ? cette tête en l'air chercha activement dans sa mémoire.
— C'est la gouvernante... et leur amie si j'ai bien tout compris, marmonna Rey.
— J'ai hâte d'y être, c'est vraiment un privilège.
— Oh tu sais, il n'y a pas de quoi. Ça reste une famille comme une autre, ils sont même un peu étranges pour être honnête...
— Fais pas ta rabat-joie, rétorqua Kaydel en lui donnant un coup de coude, c'est une occasion en or après seulement deux mois d'ouverture, profitons-en ! »
Kaydel avait totalement raison, c'était une perspective formidable et importante pour la boutique, et dans d'autres circonstances, Rey se serait réjoui autant qu'elle, s'il avait agi d'une autre famille, si elle n'avait pas découvert la broche chez eux. Toutes les mésaventures des dernières semaines avaient déposé un brouillard tenace entre elle et cette famille et l'empêchaient d'apprécier entièrement l'idée de travailler pour elle, encore moins ce qui l'attendait aujourd'hui. Il fallait que, d'une manière ou d'une autre, elle parle à Luke et ce plan lui flanqua une boule de nervosité dans l'abdomen. Mais c'était nécessaire, à la fois pour elle et pour Kylo.
Therry arriva et les fit monter avec galanterie dans une voiture somme toute banale, sans aucun doute pour ne pas attirer des journalistes. Pendant le trajet Rey et Kaydel gardèrent le silence après quelques échanges avec 3PO. Toutes deux se laissèrent happer par les paysages défilants, des scénarios diamétralement opposés en tête concernant les prochaines heures.
La brune se remémora les propos de Kylo. Elle avait été complètement perturbée de l'entendre acquiescer être un monstre. Il avait accepté si facilement ce qu'elle lui avait dit, sans se laisser envahir par la colère évidente qui avait dû le traverser à ce moment. Elle avait revu la lueur dans son regard, mais aussi quelque chose qu'elle avait interprété comme une forme de désespoir ou de résilience. Il assumait simplement ce qu'il était, du moins ce qu'on disait de lui. Il assumait pleinement avoir tué son propre père et que cet acte avait fait de lui un monstre. Rey réalisa qu'il vivait avec ça depuis dix ans et se tordait l'esprit à essayer de saisir si Kylo ressentait ou non de la culpabilité. D'un côté, ses longs regards ainsi que sa manière de frémir quand il entendait parler de sa famille lui firent penser que oui, mais d'un autre, sa froideur, son air impassible, insensible et son agressivité semblaient lui prouver le contraire. Elle n'en savait rien et ça la rongeait à petit feu, découvrir qu'il avait supprimé un de ses parents d'une telle manière et passé toutes ces années dans une organisation criminelle tordue sans aucune famille la dépassait. Seulement, son parcours avait beau être différent, elle aussi avait dû dire adieu à une famille qui n'avait jamais été là et grandir seule.
Elle cessa de se torturer à propos de Kylo et se reconcentra sur Luke. Elle avait tant de questions à lui poser, à la fois sur le rôle, d'après son neveu, qu'il semblait avoir joué dans la déchéance de ce dernier, sur sa présence la nuit de l'incendie du pensionnat et toutes les autres années dans cette école abominable. Mais aussi sur la broche, sur la raison de sa présence dans la maison de sa soeur jumelle, sur le lien qu'il entretenait potentiellement avec l'homme à la canne. Elle voulait connaître l'homme qu'il était vraiment derrière le criminologue réputé qu'elle admirait. Et si aucune de ces interrogations ne l'empêcherait de faire correctement son travail d'antiquaire, Rey ne comptait pas sortir du manoir avant d'avoir obtenu des réponses.
Une fois la porte de la demeure passée, Kaydel n'en revenait pas, la maison était encore plus belle que dans son imagination, elle était seulement un peu plus ancienne et abîmée qu'elle ne le pensait, mais rien qui n'ait pu ternir son charme. En fait, elle était exactement comme Rey l'avait décrite, immense, impressionnante, un peu désuète et entourée d'une aura inévitablement triste et austère qui mettait Kaydel mal à l'aise. Naïvement, la blonde était auparavant persuadée que toutes les personnalités politiques vivaient dans un luxe dégoulinant, avec du mobilier ultra moderne et minimaliste au sein d'une architecture dernier cris, à l'opposé finalement du manoir Skywalker. Leia Organa semblait vivre plus simplement et être dotée davantage d'humilité. Et Rey n'avait pas non plus exagéré sur la beauté, et donc la valeur, des meubles de la maison. Elle était décorée avec tant de goût et de soin.
Quant à leur hôte, Luke, la blonde l'avait trouvé tout à fait accordé à la maison et lui prêtait pour le moment un air assez antipathique et hautain, mais elle avait surtout remarqué que sa collègue s'était montré tendue, nerveuse face à lui. Pourtant, Kaydel connaissait le respect et l'admiration de Rey pour cet homme dont elle parlait depuis l'université, suivant sa carrière de très près jusqu'à sa retraite inattendue. Mais après tout, elles ne savaient rien de lui, c'était alors assez normal que ce premier contact soit froid et gênant, se dit la jeune femme.
Les deux antiquaires furent d'abord accueillies autour d'un café et de biscuits tout chauds confectionnés par Therry. Assises face à ce dernier, son acolyte Renée et Luke, elles discutèrent un moment sur le déroulement de la journée, ce qu'ils avaient à faire avant la fin de l'après-midi, et des biens choisis par Rey pour compléter sa collection, et enfin de l'état de Leia qui continuait d'inquiéter son frère malgré un retour chez elle possible. Rey peinait à se contenir devant Luke, la tentation était si forte de lui balancer tout ce qu'elle savait. Elle se demanda ce que le vieil homme avait à lui révéler de plus sur Kylo. Elle ne s'attendait plus à rien désormais, maintenant qu'elle connaissait son parricide, elle le pensait capable de tout.
Après ce prélude glacial, les deux femmes s'attelèrent rapidement à leur tâche sans perdre une minute, de manière méticuleuse et davantage dans la joie et la bonne humeur que Rey l'avait imaginé. Leur passion commune avait pris le dessus. Et Kaydel dut une fois de plus admettre que sa collègue était assurément douée dans son domaine et que des deux, c'était vraiment elle la spécialiste. Kaydel était très forte dans ce qu'elle faisait et apportait à la boutique, elle aimait autant l'histoire de l'art et le mobilier que Rey, bien moins que les tableaux cependant, mais elle adorait la partie logistique, administrative et relationnelle dont elle était en charge. Elle réalisa que s'occuper de toutes ces tâches permettait à la brune de s'adonner complètement à sa passion et qu'il était important pour elle d'avoir Kaydel à ses côtés, de compter sur elle. La blonde en apprécia davantage son rôle dans cette collaboration. C'était toujours difficile pour l'antiquaire de montrer ses émotions et de mettre de l'affect dans ses mots, ses gestes. Néanmoins, la blonde l'entendait souvent la remercier pour son aide précieuse.
Elle l'observa ainsi quelques instants. Rey analysait minutieusement une magnifique table basse d'époque victorienne. C'était chaque fois impressionnant lorsqu'elle rentrait dans cette phase, qu'elle se déconnectait du reste du monde pour communiquer silencieusement avec l'objet. Son regard affûté, ses mains caressant la surface boisée, ses doigts redessinant les formes du meuble puis tenant le stylo écrasé sur la page de son carnet pour noter tout ce qu'elle remarquait et qui serait utile pour une vente ultérieure. Ce moment en rappela d'autres plus anciens à la jeune femme, notamment lorsqu'elle et Rey étaient plus jeunes. Une période foncièrement compliquée pour Rey, car, pensant faire ce qui était le mieux pour elle et trop pris par son boulot, Lando lui avait trouvé une famille d'accueil après l'avoir gardée avec lui pendant une année. Une famille provisoire, comme ce qu'elle avait finalement toujours connu, mais qui ne ressemblait en rien aux précédentes. Et ce retour à une existence ordinaire, civilisée l'avait assez perturbée.
« Tu avais le même regard la première fois que je t'ai vue... chez mes parents, Kaydel brisa le silence, ce qui surprit d'abord sa collègue, puis elle se mit à ricaner.
— J'étais surtout très mal à l'aise ! Mais je l'avoue, j'avais jamais vu une aussi belle maison...
— Comparé à celle dans laquelle on se trouve maintenant... se moqua Kaydel et les deux jeunes femmes rirent simultanément.
— N'empêche... je suis vraiment désolée pour la manière dont ça s'est passé, déclara Rey, chassant son sourire et délaissant le meuble. Kaydel lui lança un autre rire.
— Tu t'excuses chaque fois qu'on aborde le sujet depuis notre première rentrée à l'Université ! Je t'assure, c'est du passé. Je garde que de bons souvenirs de cette époque, tu sais.
— Mmh, toi peut-être, mais tes parents.... la jeune femme se pinça les lèvres en signe de gêne.
— Ce n'est pas propre à toi, ma mère est une rancunière invétérée, et elle comme mon père ont toujours été trop matérialistes. Mais c'était il y a des années, ils ont plutôt bien réagi quand je leur ai annoncé notre collaboration. Je suis sûre que si tu les revoyais, ça se passerait bien, expliqua la blonde qui s'installa plus confortablement sur le sol, en tailleur.
— J'ai déconné quand même... souffla Rey.
— Ça devait pas être facile pour toi, tu débarquais dans un quartier chic après des années dans la rue. N'importe qui aurait eu du mal à s'adapter. Puis pour les vols, tout est rentré dans l'ordre.
— Sauf les boucles d'oreilles de ta grand-mère... marmonna Rey, trouvant la situation à la fois drôle et désagréable.
— Sauf les boucles d'oreilles de ma grand-mère ! ria Kaydel. Que personnellement, je trouvais immondes, donc dis-toi que tu m'as évité un héritage foireux ! les rires recommencèrent de plus belle.
— C'est vrai que, malgré mes conneries, moi aussi je garde de bons souvenirs de l'époque.
— C'était juste pas une structure familiale qui te convenait et c'est pas grave, t'es pas restée une délinquante longtemps, regarde ! dit Kaydel en faisant un grand geste avec ses mains. Rey répondit à sa moquerie par une grimace.
— C'était dur, mais je me souviens qu'on s'est quand même bien amusé, et ça m'était jamais arrivé avant de te connaître, confia Rey. Même si bien souvent, ça signifiait t'avoir entraîné dans mes bêtises...
— Franchement, je pense que mes parents ont mille fois préféré tout ce qu'on a pu faire, plutôt que mon coming out brutal ! » pouffa-t-elle.
En effet, Rey avait aidé son amie à faire accepter son homosexualité à ses parents. La brune avait été la première personne à qui Kaydel s'était livrée sur le sujet et ce fut un immense soulagement pour elle à l'époque de révéler son identité à sa nouvelle amie et que cette dernière en retour ne la juge à aucun moment. D'ailleurs, si elles ne s'étaient pas très vite comportées et considérées comme deux soeurs, Kaydel aurait très bien pu éprouver pour Rey bien plus que de l'amitié. Au début, la pilule était difficile à faire passer, les parents de Kaydel n'admettaient pas cette révélation et avaient même cru que Rey était responsable de ce qu'ils avaient pris pour de la décadence puis une passade. Finalement, avec le temps et malgré les remontrances incessantes à propos du comportement de Rey, Monsieur et Madame Connix avaient appris à faire avec et entretenaient aujourd'hui des rapports tout à fait normaux avec leur fille unique.
En revanche, Rey était persuadée qu'ils lui en voulaient toujours pour les bêtises qu'elle avait faites chez eux. Auparavant, elle n'avait connu que la rue, la délinquance, les trafics et les stratégies de survie et seul Lando avait réussi à l'en sortir. Seulement, lorsqu'il lui avait parlé d'un séjour en famille d'accueil pour qu'elle retrouve une structure dite normale, lui-même incapable de lui en offrir une à ce moment-là, elle avait vécu cela comme un énième abandon. Alors, bêtement, elle l'avait fait payer aux parents de Kaydel qui avaient tant bien que mal tenté de lui imposer un cadre de vie, avec des règles et des codes sociaux que la jeune fille n'avait jamais connu. Leur autorité avait fait remonté les souvenirs et sévices de l'homme à la canne, donc plus ils essayaient, moins elle se soumettait. Sa relation avec Kaydel était, au départ, mal partie, Rey ne voulait relationner avec personne et ignorait ce que soeur ou amie signifiait. Pendant plus d'un an, elle avait ainsi enchaîné les fugues, les vols, d'objets surtout, d'argent parfois, les mauvaises fréquentations qui terminaient en bagarre, les mensonges et les longs silences. Ce ne fut que lorsqu'avec Kaydel, elle avait fini par se sentir en confiance et en sécurité, qu'elle s'était totalement calmée. Cependant, jusqu'au bout, elle avait émis le souhait de retourner avec Lando. Ce dernier n'avait jamais regretté d'être revenu la chercher et lui proposer de faire des études.
Grâce à ce changement d'avis de la part du vieil homme, elle en était aujourd'hui à relever la valeur du mobilier d'une des familles les plus riches et influentes de comté. Elle avait bien fini en dépit d'un départ compliqué dans la vie.
Kaydel lui parla rapidement ensuite de Luke, partageant ses impressions, mais sa collègue ne semblait pas encore détendue sur le sujet. Cela avait rappelé à la brune la conversation pénible qu'elle devait obligatoirement avoir avec lui. Ainsi, pour faire perdurer l'atmosphère légère et bonne enfant lancée par leurs souvenirs d'adolescence, Kaydel et Rey discutèrent ensuite sans transition de leurs années de fac. Travailler de cette manière au milieu de meubles et de tableaux leur rappela des cours avec des profs pas toujours commodes. Des échos de rires se firent vite de nouveau entendre dans tout le rez-de-chaussée. Rey n'avait pas ri comme ça depuis la soirée d'Halloween qui avait malheureusement très mal fini.
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Après le déjeuner, la tâche des antiquaires était déjà effectuées à moitié. Des meubles avaient été emballés et entreposés dans le garage, d'autres de suite préparés pour être expédiés à la boutique. Ainsi, Renée avait proposé aux deux jeunes femmes de faire un tour dans le jardin jusqu'à la forêt environnante et profiter de celui-ci une petite heure. Kaydel n'avait pas pu résister à la beauté du domaine, alors que Rey avait gentiment décliné, connaissant déjà un peu les alentours et souhaitant continuer son travail.
La balade de R2 et Kaydel lui laissait donc l'occasion de parler à Luke, du moins de provoquer la discussion. Et elle savait très bien comment s'y prendre.
Le bureau de Leia était le seul endroit de la maison, avec bien évidemment la chambre de Kylo que personne ici n'abordait, qui lui avait été refusée. Le mobilier de cette pièce n'était apparemment pas à vendre, il était donc interdit d'y pénétrer et encore moins de fouiller. Sans aucun doute, parce qu'il s'y trouvait tout un tas de dossiers concernant la politique de la ville depuis les trente dernières années, des dossiers top secrets. Seulement, ce n'était pas le genre de chose à dire à une pilleuse comme Rey, ça ne créait chez elle que de la frustration et de la curiosité, et elle ne savait lutter contre cette dernière. De plus, elle savait pertinemment que ce qu'il pouvait y avoir dans ce bureau concernait également Kylo. Peut-être même l'homme à la canne, qui sait. En tout cas, elle enfreignit l'interdiction sans scrupule. Rey devina simplement qu'elle attirerait les soupçons de Luke en n'étant pas dans le jardin.
Et elle avait visé juste.
Alors qu'elle contemplait un cadre renfermant une photographie de la famille d'apparence parfaite que la Sénatrice avait formé autrefois, aux côtés de son époux Han et de l'enfant qu'était Kylo, entre eux deux, un sourire béat aux lèvres, elle entendit la porte s'ouvrir puis claquer derrière elle.
« Rey !? Qu'est-ce que tu fais ici ? la voix du vieil homme s'étouffa dans un grognement murmuré.
— Désolée c'était plus fort que moi... dit-elle en lui faisant face, puisant toute l'assurance qu'elle avait en elle. »
Dans la main, elle tenait le cadre. Dans le fond de son sac gisait la broche. Luke s'avança vers elle, déjà irrité par sa présence. Il remarqua le contenu de sa main et lui prit la photo puis la reposa sur le bureau. Son regard indiqua à la jeune femme qu'il avait saisi, malheureusement il comprit qu'elle savait.
« Je suppose que Lando vous a parlé commença-t-elle. Luke hocha la tête lentement, mécontent de la tournure des événements. Je sais que c'est lui sur la photo.
— Non, il ne l'est plus depuis longtemps...
— Je sais aussi pour le pensionnat... Luke lui lança un regard noir et ébahi, paniqué.
— Bon sang, tu as une fois de plus été trop curieuse ! son paternalisme moralisateur irrita d'un cran supplémentaire l'antiquaire.
— Je vais reformuler : j'ai vu le pensionnat, je m'y suis rendu. Et je suis de nouveau tombée sur lui, déclara-t-elle. Luke se passa une main sur le visage.
— Comment tu connais l'existence de cet endroit ?! Bordel, t'as pas idée du merdier dans lequel tu t'es foutue ! s'emporta-t-il, il ne comprenait pas comment des tels événements s'étaient enchainés si vite.
— Croyez-moi, je m'en rends compte chaque fois que je le croise... marmonna-t-elle sans trop réfléchir.
— Combien de fois ? Tu l'as recroisé combien de fois depuis ta venue ici ?!
— La dernière fois, c'était... il y a quelques jours.
— Qu'est-ce que vous foutez ensemble ?! Est-ce que t'as la moindre idée dans quoi il traîne ? Ce qu'il a fait ?!
— Oui je suis au courant de tout ça ! Je sais pour le Premier Ordre, pour la mort de Han, et le pensionnat ! Je sais tout ça ! Je veux...
— Tu n'imagines pas les risques que tu prends en possédant toutes ces informations ! Comment vous avez pu en arriver là ?! insista-t-il. Rey choisit de ne pas tout de suite lui parler de la broche, Kylo était déjà une chose lourde à gérer, mais si en plus elle devait lui parler du spectre, Luke ne la laisserait plus tranquille.
— Peu importe. Je sais que vous avez enseigné au pensionnat. J'aimerai savoir comment le fils d'une Sénatrice peut finir ainsi, et d'autant plus sous votre surveillance, demanda-t-elle, plus sereinement.
— Ah évidemment, j'imagine qu'il t'a déjà tout raconté, qu'il t'a dit que tout était de ma faute ?!
— Non, il m'a invité à vous poser la question. Alors je vous la pose : qu'est-ce qu'il s'est passé ? enchaîna-t-elle en s'approchant du vieil homme.
— Ça ne te regarde pas ! Tu n'aurais jamais dû être mêlée à ça, à lui !
— Lando m'a déjà fait la leçon, mais c'est inutile, c'est trop tard maintenant ! haussa-t-elle le ton, agacée d'être ainsi prise pour une gamine inconsciente. Même si je ne m'étais pas renseignée sur le pensionnat, c'est ici qu'on s'est rencontrés, ici qu'il m'a vue, avec vous ! Alors maintenant dîtes-moi la vérité !
— Est-ce qu'il t'a menacé ? Ou fait du mal ? Il t'a dit quelque chose à propos de moi ou de Leia ? questionna-t-il, essayant de gagner du temps.
— Croyez-moi, de ce que je sais du Premier Ordre, je ne serais pas là à vous parler s'il m'avait touché. Quant à vous, tout ce que j'ai saisi, c'est qu'il vous en veut affreusement.
— Formidable, et combien de temps penses-tu pouvoir l'écouter se plaindre avant que Snoke te mette la main dessus ?! Tu te rends compte que tu nous mets tous en danger ? Luke faisait des grands gestes puis se mit à faire les cents pas, réfléchissant à une solution.
— Ben ne vous fera rien... Et si vous m'aviez dit la vérité dès le début, on n'en serez pas là ! s'énerva-t-elle, assumant qu'elle avait été loin dans cette histoire sans le montrer à son interlocuteur.
— La vérité !? La vérité c'est que cet homme à tuer des dizaines d'enfants ainsi que son propre père ! C'est lui qui a déclaré l'incendie ! révéla Luke.
— C'est impossible, je refuse d'y croire !
— Tu ne le connais pas ! Il t'a sûrement sorti un beau discours larmoyant et t'a manipulée d'une manière ou d'une autre, il est très fort pour ça, mais c'est bel et bien ce qu'il s'est passé !
— Racontez-moi ! Je veux savoir ce qu'il s'est passé ce soir-là, ce qui... ce qui a pu le transformer... » implora Rey
Rey tenta de retrouver son souffle, tout en suivant du regard son interlocuteur expirer fortement puis faire le tour du bureau pour s'y asseoir, abattu. Il contempla un instant la photo de sa soeur aux côtés de sa famille, de Ben peu de temps avant l'Académie. La jeune femme aperçut une lueur dans ses yeux, ce cliché faisait sans aucun doute remontait des souvenirs.
« Ta curiosité te tuera un jour, tu le sais... Je sais pas pourquoi tu t'acharnes à remuer le passé comme ça, on... Leia a suffisamment souffert, reprit-il.
— Je vous demande juste de m'expliquer, de m'aider à comprendre... Je vais finir par croire que vous être réellement responsable de...
— J'ai fais ce que j'ai pu ! l'interrompit-il en haussant brusquement le ton, mais devant le regard surpris de Rey, il continua plus calmement, fixant le vide. Il y avait quelque chose en lui... qui me rappelait mon propre père. Une ombre de plus en plus présente, autour de lui, dans ses yeux... ça ne faisait que s'assombrir, année après année. Et ça menaçait de sortir et d'exploser à tout moment. Avec Leia et Han, on a eu cette sensation bien avant l'Académie. On a tout fait pour le protéger, d'abord de ce qu'il restait des criminels que j'avais poursuivis, puis des journalistes, de monde politique. On l'a gardé près de nous aussi longtemps que possible.
— Mais... ? murmura Rey, décontenancée par la manière dont l'homme face à elle se montrait si vulnérable. Elle prit place sur une chaise à son tour.
— Mais il restait un enfant et nous étions tous pris par nos carrières qui comprenaient de lourdes responsabilités, et ainsi de moins en moins présents, moins à l'écoute. Si bien que... on a mis un certain temps à réaliser ce qu'il vivait, ce qu'il ressentait. Il posait des questions sur la famille et surtout son grand-père dont tout le monde lors des réceptions avait la bêtise d'évoquer. Il faisait de plus en plus de cauchemars, de crises d'angoisses de colère, jusqu'à ce qu'on l'envoie à l'Académie.
— Pourquoi ?! Pourquoi l'avoir abandonné là-bas ? Rey se retrouvait bien dans cette description, elle n'y voyait finalement qu'un enfant de plus délaissé par ses parents, souffrant en plus de la pression de ne pas correspondre à leur image.
— Je l'ai pas abandonné ! C'était la meilleure chose à faire ! s'offusqua Luke, mais la jeune femme resta sur ses positions.
— Pourtant, ça ne semble pas l'avoir aidé...
— J'ai été naïf je le reconnais. Naïf de croire qu'aucun mal ne pouvait lui arriver là-bas, qu'un peu plus de discipline et de longues études suffiraient à endiguer son mal-être. Ça a fonctionné, au début, et puis...
— Snoke... lança la jeune femme et Luke lui fit de vives gros yeux pour connaître ce nom.
— J'ai mis trop de temps à réaliser l'emprise qu'il avait sur... Ben, c'était la première fois que le vieil homme prononçait le prénom de son neveu, comme s'il n'en était pas capable avant. Snoke avait connu mon père et il en parlait constamment. Je le croyais simplement un peu étrange et trop proche des élèves, jamais je n'aurai imaginé que ça aille si loin.
— Jusqu'à la dernière nuit, c'est ça ?
— J'ai commencé à parler de mes inquiétudes à Leia et Han. On s'est disputés sur la tournure des événements et le comportement de Ben... nous étions continuellement en conflit, mais j'avais assuré à ses parents que je parviendrais à le ramener sur le droit chemin. Seulement, c'était trop tard, j'ai vite découvert que Snoke l'avait pris sous son aile et lui faisait faire n'importe quoi... J'ai voulu régler le problème avant que Ben ne fasse du mal à quelqu'un, avoua-t-il.
— C'est-à-dire ?! s'alarma la jeune femme en se levant doucement.
— L'arme avec laquelle il a tiré sur Han, c'était la mienne. Il était déjà physiquement bien plus fort que moi et a réussi à me la prendre quand j'avais l'intention de... ses paroles devinrent vague et son regard fuyant.
— L'intention de quoi ?! Vous... vous vouliez le tuer !?
— Crois-moi, j'aurai préféré qu'il en soit autrement ! Je voulais simplement lui faire peur, lui faire comprendre dans quel monde il mettait les pieds aux côtés de Snoke. J'ignorais à quel point ce dernier l'avait formé, copié sur son image et celle... de mon père. La suite, tu la connais. Han a débarqué pour le ramener avec lui, Ben la tuait et a mis le feu au pensionnat.
— Ça.. ça n'a aucun sens, pourquoi aurait-il fait ça ?! Si ce n'est une rancœur pour son oncle essayant de le tuer...
— Oh je t'en prie ! Tu ne l'a pas connu à cette époque et tu ne le connais pas plus aujourd'hui ! Moi je peux t'assurer qu'il n'y a rien de bon en lui !
— Mais on parle d'un gamin ! De votre famille ! Il y avait certainement tous un tas d'autres solutions plutôt que de le supprimer ! Je ne peux pas croire que Leia ait été d'accord avec ça ! rétorqua Rey, furieuse. Le silence de son interlocuteur anima davantage sa colère. Elle ne le sait pas, c'est ça ? Elle ignore que son fils a disparu à cause de vous ?
— Ne me mets pas ça sur le dos ! s'énerva--t-il en levant l'index. Je te le répète, c'était trop tard pour lui depuis longtemps. Il ressemblait bien trop à mon père...
— Arrêtez, vous êtes criminologue, vous savez pertinemment qu'il n'y pas systématiquement d'hérédité dans ce genre de pathologie pas plus que dans l'attrait pour le crime !
— Justement, je sais reconnaître le mal quand je le vois !
— Comment pouvez vous vous montrer si détaché, après ce que vous avez fait ?! un certain dégoût remplaça l'admiration qu'elle avait pour cet homme. Toutes ces années de mensonges envers lui, envers votre soeur ! Tout ça pour quoi ? pour préserver votre réputation !
— Je ne te permets pas Rey ! Tu ignores tout de lui, je sais même pas ce qui t'as pris de lui adresser la parole...
— Les enfants, révéla-t--elle plus calmement.
— Les enfants ?! il réfléchit quelques secondes en la scrutant stupéfait. Tu parles de cette série de meurtres ? Depuis quand ça l'intéresse, qu'est-ce qu'il a à voir avec ça ? Ne me dis pas que c'est lui qui...
— Non, ça n'est pas lui, j'en suis sûre, déclara-t-elle.
— Et comment tu peux l'affirmer ? Il est bien prêt à tout et n'importe quoi ! Pour quelle raison ces enfants t'intéressent toi aussi ?!
— Ça ne vous regarde pas. J'en ai assez entendu, finit-elle en se dirigeant vers la porte. Luke s'empressa de la rejoindre.
— Je ne sais pas dans quel plan foireux tu t'es fichue, Rey, mais s'il te plait fais attention. Qu'il s'agisse d'une enquête que ni toi ni lui n'êtes en capacité de résoudre ou une de ses missions qui finira mal pour toi, ne t'approche plus de lui ! l'implora-t-il, une forme d'affection dans la voix.
— C'est pas votre problème, je suis une grande fille, je sais ce que je fais. Et maintenant je sais aussi qui vous êtes. lança-t-elle froidement, mais elle était en vérité partagée et confuse.
— Rey, ne joue pas à ça. J'ai déjà vu ce regard et ça n'annonçait rien de bon. Il est foutu et tu finiras par en payer le prix. » conclut Luke.
Leurs échanges se poursuivirent quelques minutes de plus par des invectives respectives, des mises en gardes de la part de Luke et un agacement plus que prononcé pour Rey. Cette conversation leur avait tellement demandé d'énergie que Luke eut un spasme douloureux dans sa main droite. Rey se montra soucieuse et inquiète de son état, mais le vieil homme revint vite à lui-même après un cachet de morphine. Elle avait toujours su qu'il souffrait d'une série de douleurs dans ce membre, sans jamais en savoir la cause. Alors qu'il voulut reprendre son discours constitué métaphoriquement de coups de poignard envers Kylo, ils furent interrompus par Kaydel et Renée, revenues de leur balade. L'antiquaire contempla Luke une dernière fois, lui signifiant silencieusement sa déception avant de rejoindre son amie et collègue et de reprendre son travail. À aucun moment, Luke Skywalker ne se montra désolé. À l'instar de Lando, il espérait que Rey finisse par retrouver la raison et ne cherche pas davantage à extirper Kylo des ombres, sous peine d'y tomber elle aussi.
☯︎
La journée lui parut sans fin, et même les allers-retours au Premier Ordre ne l'avaient pas empêché de constamment regarder les heures défiler. Ses œillades constantes sur son téléphone n'étaient d'ailleurs pas passées inaperçues pour ses collègues et à plusieurs reprises, Bazine ou Armitage l'avaient questionné. Il s'en était très bien sorti en inventant qu'il attendait l'appel d'un indic en mission pour son compte au sujet de Skywalker. C'était presque vrai après tout, c'était lui qui avait envoyé Rey confronter son oncle afin qu'elle en sache un peu plus sur le grand homme. Et il avait trépigné d'impatience qu'elle l'appelle pour lui raconter et entendre sa voix lui décrire son immense déception, lui dire qu'il n'était pas moins un monstre que Luke.
Cependant, le soleil s'était couché depuis un moment et Kylo n'avait toujours pas de nouvelles de Rey. Les membres imminents du Premier Ordre se trouvaient en ce moment dans un des clubs que Snoke possédait pour boire toute la nuit à l'abri du commun des mortels et le brun avait décliné l'invitation. Seulement, s'il ne s'y montrait pas dans quelques heures, cette absence nourrirait encore plus les soupçons de son boss. Mais il ne pouvait pas quitter son domicile avant d'avoir parlé à l'antiquaire, et cette attente commençait à le rendre fou.
Par miracle, son cellulaire vibra enfin et il accourut un peu trop rapidement pour une inconnue, mais son corps se paralysa, ses muscles se contractèrent et il serra les poings tandis que ses yeux onyx s'embuèrent de rage : l'écran affichait un appel de Luke.
Il ne l'avait ni revu ni entendu depuis l'incendie.
« J'avoue être surpris, mais j'aurai dû m'y attendre... dit Kylo calmement après avoir longtemps laissé sonner.
— C'était plus fort que toi, tu pouvais pas rester loin de nous !
— Fais vite avec tes reproches, j'attends un appel, répondit-il nonchalant.
— Tu peux attendre longtemps, elle est têtue mais suffisamment intelligente pour comprendre combien tu es mauvais ! Et depuis quand tu mêles n'importe qui à tes histoires sordides ? s'énerva-t-il.
— À t'entendre, c'est loin d'être n'importe qui cette fille... Comment tu la connais au juste ?
— Tout ce que t'as à savoir, c'est que t'as rien à faire avec elle ! Ne t'avises pas de l'approcher de nouveau, t'as détruit assez de vies comme ça... lança-t-il et ce reproche fait tressaillir le jeune homme car c'était une évocation directe à son père.
— Dis-moi seulement si elle t'a parlé, si tu lui as dit la vérité à propos de toi... et de moi.
— Je lui ai dis, elle sait ce que j'ai tenté de faire et surtout ce que toi tu as fait ! Mais ça ne change rien, connaître ton adolescence ne change pas qui tu es aujourd'hui ni ce que tu fais ! Et elle n'a pas besoin d'être mêlée à ça, je ne sais même pas comment t'as pu la trouver ! les paroles de son oncle firent comprendre à Kylo que Rey n'avait pas révélé la broche, en revanche il semblait réellement la connaître et s'inquiéter pour elle.
— Pourquoi ? Pourquoi ça t'intéresse autant ce qui peut lui arriver ? Pourquoi elle ?
— Fais ce que je te dis et laisse la en paix ! lui ordonna Luke sur le ton d'un enseignant.
— C'est dommage Luke, ça fait bien longtemps que tu n'as plus à me dire ce que je dois faire. Il y a...»
Kylo voulut lui parler des enfants et de Snoke mais une vibration pendant l'appel lui indiqua qu'il avait reçu un message. Pendant que Luke continuait de le réprimander, il regarda de nouveau son écran et aperçut enfin son nom. Sa rage bouillonnait encore en lui, mais Luke avait simplement disparu. Comme tout le reste.
Rey : "J'ai parlé à Luke. Je sais plus quoi penser. Il faut qu'on se voit, vite."
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