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Une personne humaine (1)

Rome, mercredi 15 septembre

Repus, les sens de Michelangelo lui rendent le contrôle de lui-même.

La grivoiserie puis la grossièreté puis l'excitation parfois brutale, se sont enchainées pour satisfaire ses pulsions d'asservissement. Cette compétition, perdue d'avance, le laisse exténué.  Prostration qui se transforme peu à peu en une indolence sereine, un bien-être doucement envahissant.

Fillide, à califourchon sur le pot de chambre, termine de vider sa vessie. Puis elle attrape un chiffon au hasard et s'essuie l'intérieur des cuisses.

Elle revient vers le vieux fauteuil, et profite que Michelangelo ait étendu ses jambes en appui sur le guéridon boiteux, pour se faire une couche confortable sur le corps de son amant.

En professionnelle aguerrie de l'amour qui ne confond plus, depuis longtemps, éjaculation et jouissance, elle s'inquiète :

- C'était bon ?

Michelangelo lui répond d'un long soupir puis d'un baiser dans les cheveux. Pas rassurée pour autant, Fillide se renfrogne :

- tu ne m'aimes plus !

Le repos du guerrier s'annonce plus bref qu'espéré !

- Tu sais bien que je t'aime déjà au delà du raisonnable. Pourquoi me provoquer encore ?

- Parce que quand tu m'aimes, tu me fais poser et que là, pour ta première commande importante, tu  m'as rien laissé.

Un mouvement de la tête vers les deux immenses tableaux qui attendent leur transfert dans la chapelle Cointerel.

- Tu vois bien qu'il n'y a pas de femmes !

- Oui, mais ça ne tenait qu'à toi, qu'il y en ait. Je me suis renseigné tu sais. Le Matthieu, il a été tué parce qu'il refusait de donner une jolie vierge en mariage au roi. Qu'est ce qui t'empêchait de la représenter... par exemple à la place de ce gamin effrayé ?

-...

Le silence ne présume rien de bon. Fillide le sait, mais elle n'est pas pour autant intimidée. Elle redresse son torse, se contorsionne pour regarder Michelangelo.

- Je ne suis pas aussi bête que tu peux le penser. J'suis qu'une pute et tu ne tiens pas à me montrer sur les murs d'églises... C'est aussi simple que cela. Monsieur veut devenir un grand peintre reconnu et si j'ai été utile pour ses débuts,  je deviens gênante quand la gloire se pointe.

Michelangelo se redresse d'un coup, renversant Fillide qui s'étale de tout son long. Il lance un coup de pied dans le guéridon, se penche vers elle et hurle :

- Tu es vraiment sûr que ça vient de toi, cette mascarade. Ça ne serait pas cette foutue  paire de maquereaux de Tomassoni qui s'inquièterait de ne pas pouvoir me piquer encore un peu plus de pognon grâce à toi ?

Elle se relève, se dresse devant lui, et, les pieds étirés au maximum, le fixe les yeux dans les yeux. Sa main se lève à hauteur du visage du peintre et agite un doigt menaçant.

- Fais bien attention à ce que tu dis, je suis ce que je suis, mais j'ai ma dignité. C'est pas un foutu peintre provenant du trou du cul du monde qui va me parler longtemps comme ça. Ce que me disent ou me font faire les Tomassoni, on s'en fout.  Moi, j'aime bien poser pour toi, c'est tout !

- ...

Elle recule et se retourne, comme par pudeur. Sa tête se penche légèrement en avant et le front se pose sur sa main droite. Le coude s'appuie sur l'autre main appuyé contre son ventre.

"Elle ne va pas me faire ça, elle ne va pas oser..."

Si ! Elle revient après quelques instants vers lui et lui expose un visage défait, avec des yeux humides.

- Quand je me vois chez Vincenzo (1), sur le tableau que tu lui as vendu, ce que je vois me plait. Oui, après tant de galères, enfin je me plais ! Peux-tu comprendre ça ? Je me plais... à moi. Qu'on regarde mes seins, mon cul et mon joli minois, tant mieux, car, au moins pendant ce temps là, on ne regarde pas vraiment ce que je suis dans moi. Arriveras tu à comprendre dans ta petite tête qu'une femme peut se montrer nue justement pour que l'on ne la découvre pas ?  Et là, devant tes tableaux, je ne vois plus la modèle,  mais la femme que tu en as fait. Parce que toi... toi seul, tu me rends belle de l'intérieur... Parfois, dans mes rêves, je m'imagine encore accrochée à des murs dans vingt, trente ou cent ans. Des gens se pressent pour me voir, comme une belle madone dans une église. Bien sûr, ce sera pour ton talent... Mais c'est moi... ce sera encore moi... Je sais que j'ai perdu le droit au paradis, mais, quand je serai morte, il restera ça de moi... ce sera mon paradis à moi. Alors j'aime mes rêves... Ils me portent quand je ne rêve plus ! Tu comprends ?... Si tu ne me peints plus, si je ne suis plus dans ton regard... je... je... j'ai peur de ce que je vais devenir.

Michelangelo est sidéré. Il ne trouve pas de mots.

Alors, il la prend dans ces bras, la serre à l'étouffer.








(1) "Je suis une personne humaine", un extrait, qui m'a marqué quand j'étais très jeune, du dialogue d'un film (une journée à New-York ?) prononcée, face à Franck Sinatra, par une femme déçue de ne pas être suffisamment considérée.

(2) Vincenzo Giustiniani, banquier et fils de banquiers romains incontournables, client fidèle du Caravage et, peut-être... de Fillide, qui a servi de modèle à sa propre représentation : "Portrait d'une courtisane", copiée en en-tête. Ce tableau connaitra un parcours vraiment particulier, jusqu'à, exposé à ce moment à Berlin, être perdu pendant la seconde guerre mondiale.

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