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Mourir de fatigue !

Rome, lundi 13 septembre 1599




Le jour profite du rideau oublié et s'allonge jusqu'au visage de Michelangelo.

Grognement, jurons, le peintre se relève et, d'un geste sec, tire le tissu devant la haute et large lucarne. Il s'apprête à s'affaler sur le lit quand il entend un toussotement discret.

- "Mais... qui... ?... Votre éminence ?"

- "Je peux ?"

Sans attendre de réponse, le cardinal del Monte replie l'épais rideau et libère une nouvelle vague de lumière, pendant que Michelangelo tente désespérément de redonner un peu de formes aux vêtements qu'il porte depuis quarante huit heures.

- "Une nuit agitée, non ?"

- "Euh... Il me parait difficile de le nier, votre éminence! Vous êtes là depuis... longtemps... ?"

- "Non, je viens juste de pousser votre porte. Quoiqu'en fait, pousser soit peu correct, puisqu'elle était restée grande ouverte."

Michelangelo se racle la gorge, se frotte l'arrière du crâne. Faute de répartie, il écarte les mains en haussant les épaules.

- "Allez, je vous taquine... J'ai moi-même passée une longue nuit... de travail !"

Le cardinal se fend d'un sourire bien sincère et ses yeux pétillent de se confier ainsi à un tiers, tout en sachant que ses soit-disant secrets rebondissent en écho sur les murs du palais, dès qu'il s'absente.

- "C'était donc... ".

Michelangelo s'arrête à temps. Au moment où lui-même rentrait au petit matin, il a effectivement remarqué une silhouette féminine sortant d'une entrée secondaire, celle qui donne sur la ruelle non pavée, avant d'être avalée par un carrosse. La terre amortissant le bruit des roues, le départ fût effectivement assez discret.

Le cardinal ne relève pas. Il se glisse entre les deux tableaux.

- "Je vois que les colonnes ont disparu du Martyr !"

Michelangelo se racle la gorge, vient regarder lui aussi le tableau comme s'il vérifiait ce qui venait d'être dit, puis se lance.

-" Oui votre éminence. Cela me rendait malade de respecter les instructions de ce cul béni de Césari... pardon..."

Un simple geste de la main du cardinal l'autorise à continuer.

- "Une église, votre éminence ! Une église ! que dis-je église... une cathédrale pleine de hautes colonnes alors que le Christ vient juste de quitter notre terre. C'est absurde, complètement absurde. Et une messe... Se faire tuer après une messe du dimanche... Non, mais... une messe le dimanche, juste quelques années après l'Ascension. Saint Matthieu était juif, comme tous les autres compagnons de notre Bien-Aimé Seigneur, et comme juif il faisait Shabbat dès le vendredi soir et a dû le faire probablement jusqu'à sa mort. Autant de niaiseries me désespèrent et détourne l'esprit du message de Jésus... Je ne peux en être complice !"

- "Vos tuniques plus ou moins jaunes de Saint Pierre à ma gauche et Saint Mathieu à ma droite, nous le rappelle bien, qu'ils sont juifs... Non ?"

Il n'y a aucune remontrance dans le ton employé par le cardinal. Bien au contraire, on y sent une curiosité bienveillante.

-" Oui... bien sûr. Votre éminence, on ne mesure pas tout le mal qui a été fait par ce livre grotesque qui nous tient maintenant tous en otage, et nous, artistes, en premier. La Légende Dorée restera une calamité pour notre religion que notre Seigneur voulait pauvre et exemplaire par sa sobriété."

Le cardinal point son doigt sur le tableau.

- "Cet homme à capuche, ici, plus... désabusé qu'apeuré, n'est pas vous ?"

-" Si, votre éminence."

-" Un manque de modèles sans doute ?"

-" Hélas... votre éminence."

Les deux hommes échangent un long sourire. L'affection réciproque est palpable.


Le cardinal se retourne vers la Vocation.

- " J'aime ce tableau, Michelangelo ! Malgré cette richesse de couleurs, il s'y dégage quelque chose de cru, de vrai, de naturel qui étonne, et qui me plait beaucoup !

Vous êtes un peintre remarquable, si différent des autres. Vous savez, j'entends votre discours et vos réticences. Ma position ne me permet pas de les discuter, et encore moins de les partager. Mais sachez que votre talent et votre audace m'inspirent le plus grand respect. Je suis fier de participer modestement à cette célébrité qui s'annonce. Mais, je vous en conjure, Michelangelo, restez prudent! Je sais bien que je ne vous changerai pas, mais je crains que votre caractère vous emporte parfois vers des rivages dangereux. »

Un dernier regard sur la Vocation.

- « .. Cette main du Christ, tendue et molle en même temps, me rappelle quelque chose, mais je n'arrive pas à me souvenir. "

Michelangelo se dit que c'est peut-être assez d'impertinences picturales pour aujourd'hui, et garde le silence !


- "J'étais venu vous voir pour vous annoncer que l'accrochage se fera l'autre dimanche, le 26, après la messe du matin, et aussi que..."

- "L'autre dimanche ! Pardon votre éminence... mais les héritiers et le clergé auront-ils le temps de venir voir mes tableaux ?"

-" Les héritiers Cointerel sont en France. Ils m'ont signifié leur confiance pour juger de la qualité de vos œuvres et ont hâte que tout cela finisse ! Les prêtres jugeront sur place, après l'accrochage. Ils sont encore en délicatesse avec le sculpteur à qui ils ont confié la réalisation du Saint écrivant son évangile, mais ne peuvent plus différer davantage. Et cela correspond à la deuxième chose que je voulais vous dire : quoique je sois également un admirateur des sculptures du Flamand, tenez vous prêt à exécuter un troisième tableau qui se positionnerait entre les deux autres ! Il se pourrait qu'une commande complémentaire vous arrive bientôt."

Les yeux du peintre et sa bouche s'ouvrent en grand en même temps.

Le cardinal ne lui laisse pas le temps de parler et se dirige vers la sortie. Au moment où il va franchir le seuil, il hésite puis se retourne.

- " Avez-vous entendu parler du Pape Marcel II, l'oncle du cardinal Bellarmino ?"

- " Non, votre éminence."

- "C'était un homme brillant ! Vraiment. Élu pape quand je n'étais encore qu'un enfant. Il fût un ardent défenseur d'un retour de l'Église au sein de ce message christique que vous souhaitez défendre aujourd'hui dans vos tableaux. Dès qu'il fut nommé, il signifia son rejet de toute magnificence et des maniérismes inutiles dans les célébrations. Il vécu et promut cette exemplarité qui vous est chère en utilisant sa fortune pour aider les pauvres, et enjoignant la curie romaine à réduire ses fastes et partager ses rentes. Ce homme rare aurait pu éviter la rupture, aujourd'hui consommée et certainement irréversible, d'entre les protestants et nous. Ce fut peut-être la dernière chance réelle d'y parvenir."

Il se retourne de nouveau et sort.

- " Mais qu'est-il devenu, votre éminence ?"

Une voix qui s'éloigne :

- "il est mort moins d'un mois après son intronisation ! De fatigue... parait-il ! Restez prudent, Michelangelo !"

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