Chapitre 39
HOLLY
Les yeux sur la caisse enregistreuse devant moi, je suis complètement ailleurs, tellement, que je ne remarque les clients qu'une fois sur deux.
— Holly, bon sang, reviens sur terre ! m'enguirlande Toby, alors que je termine d'encaisser deux hommes.
— Désolé ! je rougis, décontenancée par mes pensées.
Bien qu'elle soit sérieuse dans ses réprimandes, elle affiche tout de même un sourire en coin.
— Toi, t'as fait des cochonneries ! lance-t-elle tout à coup.
Je fais les gros yeux en jetant un œil autour de nous, m'assurant que personne n'ait entendu ce qu'elle vient de dire tout haut.
— Ça se voit comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Je lève les yeux au ciel.
Ça fait quelques jours que tout se passe bien avec Nash. J'ai l'impression qu'on est enfin sur la même longueur d'onde, alors que ça n'était plus le cas depuis un moment. Nous sommes plus intimes aussi, comme jamais nous ne l'avons été. Évidement mes pensées n'en font qu'à leur tête et me renvoient bien trop d'images dans des moments inappropriés !
— Raconte, aller ! réclame Toby.
Je refuse immédiatement d'un signe de la tête.
Ça ne va pas ? Et puis quoi encore !
— Franchement, t'es pas drôle !
Je pouffe, avant d'être interrompue par les portes coulissantes du hall d'entrée qui s'ouvrent sur Nash, tout transpirant, les cheveux en bataille.
— Nash ? Qu'est-ce qu'il t'arrive, je demande, étonnée de son arrivée fracassante.
Je comprends avant même qu'il me réponde lorsque je remarque le ballon orange qu'il tient sous le bras.
— Petite partie de basket improvisée avec Lucas.
Je souris. C'est vrai, j'ai failli oublier.
— D'ailleurs, tu comptes venir demain ? je m'adresse à mon amie.
— Évidement, Jules y sera aussi, il me l'a confirmé tout à l'heure !
Je hoche vivement la tête, ravie de la retrouver demain soir.
Nash s'avance dans ma direction.
— Je termine dans deux minutes. Attends-moi encore un peu ! je l'avertis.
Il opine puis m'embrasse chastement par-dessus le comptoir. Je souris contre ses lèvres. Ces gestes affectifs se sont invités naturellement dans nos quotidiens respectifs. Et finalement aucun de nos amis n'est étonné. D'après eux, « c'était évident ». Pourtant, ça ne l'était pas spécialement pour nous au début.
— Tu fais la fermeture ce soir ? je demande à Toby.
— Yep, c'est mon tour de toute façon, file !
J'enlève mon badge sur lequel mon prénom est inscrit.
— Super, à demain alors !
Elle m'adresse un rapide signe de la main puis s'occupe sans tarder d'une cliente qui vient d'arriver. Je rejoins Nash et nous sortons du cinéma en direction du tramway.
— Alors ? Cet entraînement ? je l'interroge.
— Quarante-sept points pour mon équipe contre quarante-et-un pour Lucas et la sienne, annonce Nash, fièrement.
Le basket a comme un effet apaisant sur lui. Ça lui permet de se défouler et surement de ne penser à rien le temps d'un instant. C'est une passion qu'il a arrêté de pratiquer en club, mais qu'il n'abandonne pas pour autant.
— Plus qu'à attendre demain pour savoir qui sera le grand vainqueur !
— Ouais, mais, je m'inquiète pour Lucas, grimace Nash.
Voyant que je fronce les sourcils, il s'arrête un instant sur le trottoir avant de shooter dans un petit caillou qui traîne sur son chemin.
— Pour lui, le basket est encore plus important que pour moi. Et contrairement à moi, lui, ça n'a pas été un choix d'arrêter d'en pratiquer en club, m'explique Nash.
Je frissonne alors qu'un courant d'air s'immisce dans mes cheveux. Nash enlève son sweat gris et me le tend, perdu dans ses pensées. Je l'enfile en vitesse.
— Il s'est blessé au genou et a dû stopper un parcours qui aurait pu lui permettre de jouer en pro. Et je pense que ça le travaille plus que ce qu'il me laisse croire.
— Et tu penses que ce n'est pas une bonne idée qu'il joue demain soir ?
Il hausse les épaules.
— J'en sais trop rien, je sais qu'il prend un plaisir fou à jouer, mais j'ai l'impression que quelque chose le travail.
— C'est un match amical Nash, je suis sûr qu'il prend du plaisir à jouer contre toi. Tu t'inquiètes sûrement de trop. Il est peut-être juste inquiet de rejouer devant un public, même si ce ne sont que des étudiants, ça doit faire un bout de temps pour lui.
— Ouais, t'as sûrement raison, admet-t-il.
Il s'approche et passe un bras sur mes épaules pour me rapprocher de lui, avant de reprendre notre marche.
Demain, une soirée sur le vieux terrain de basket est prévue. Ça s'est fait il y a deux ou trois jours à vrai dire. Ce n'était pas prévu. C'est Lucas qui en a eu l'idée après en avoir parlé avec Nash. Le vieux terrain n'est plus très fréquenté, et c'est devenu un lieu que nous fréquentons que tous les trois, de temps à autre. Franchement, vu où il se situe et les terrains plus modernes qui ont été construits à quelques mètres, ça se comprend. Mais celui-là a un intérêt tout particulier pour Nash et moi. C'est ici que je viens le voir s'entraîner à dunker, à travailler sa détente, et son rythme pour aller d'un panier à l'autre. Mais c'est aussi sur ce terrain où nous avons eu nos plus longues conversations et souvent les plus sérieuses
Et plus important encore, c'est ici que je me suis rendu compte de mes sentiments pour lui.
Nous avons pensé tous les trois que ce serait une bonne idée de rappeler aux gens, nos proches et étudiants, que ce terrain existe encore et qu'il est sûrement un lieu qui nous rappelle beaucoup de souvenirs avant que les autres ne soit construit. On a fait passer le mot à pas mal de monde et beaucoup répondent présent demain soir. Le match n'était initialement pas prévu, mais certains étudiants ont soumis l'idée. Évidement, Lucas et Nash ont immédiatement approuvé. Se sont alors ensuivi des entraînements intensifs entre ces deux-là, afin d'être au point !
— Tu dors à l'appart cette nuit ? il me propose tandis que nous entrons dans un wagon.
J'acquiesce et il m'offre un de ces sourires que je trouve bien trop irrésistible ces derniers temps.
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