Chapitre 3
NASH
Je remplace mon tablier de service par mon vieux sweat en soupirant. Pourquoi fallait-il qu'elle soit là ce soir avec lui, pour mon premier jour d'essai ? Pour cause, je n'ai fait que de la merde. Heureusement que Joe est sympa, qu'il sait ce dont je suis capable et la motivation que je voue à ce job.
— J'ai fini Joe, le prévins-je.
— Bien, à demain soir Nash, me salut-il.
Je lui fais un signe de tête avant de pousser la porte de service à l'arrière du restaurant, capuche sur la tête. Je m'apprête à enfoncer mes écouteurs dans mes oreilles, quand je manque de passer à l'offensive alors qu'une silhouette s'agite à mes côtés. Je relâche mon poing lorsque je remarque qu'il ne s'agit que d'Holly.
— Putain, tu aurais pu te prendre un coup Holly ! grondé-je.
— Désolé, grimace-t-elle.
Je fronce les sourcils en voyant que quelque chose cloche.
— Il y a un problème ? je demande sceptique.
Elle secoue la tête en faisant la moue, comme à son habitude.
— Visiblement, si, insisté-je.
Cette fois, son regard bondit vers le mien.
— C'est à moi de te poser la question, se vexe-t-elle d'une voix mal assurée.
Je soupire, son caractère de cochon me fait immédiatement sourire.
— Il n'y a pas de quoi sourire.
Je secoue la tête.
— Tu comptes me dire ce que tu as ?
— Ce que j'ai ? répète-t-elle. Ce que j'ai, c'est que tu m'as ignoré ce soir, c'est quoi le problème ?
Mon sourire s'estompe.
— Je ne voulais pas interférer dans ton rendez-vous, c'est tout.
Elle hausse un sourcil, et demeure silencieuse un moment.
— Ce n'était pas un rendez-vous, reprend-elle, légèrement gênée.
— Ah vraiment, parce que ça en avait tout l'air.
Elle me scrute, sourcils froncés, je lâche un soupir, décidant de mettre un terme à cette querelle, qui n'a ni queue ni tête.
— Viens-là.
J'ouvre mes bras afin qu'elle s'y blottisse comme elle le fait si souvent. Sa taille comparée à la mienne me fait à nouveau sourire. Je dois mesurer bien une tête de plus qu'elle.
— J'ai cru que j'avais fait quelque chose qui t'avait mis en colère, avoue-t-elle.
— Toi, jamais, déclaré-je ironique.
Je la serre un peu plus contre moi et remarque qu'elle n'est pas couverte. Je m'écarte légèrement de notre étreinte et ôte mon sweat.
— Tu vas attrape froid, Nash, me prévient-elle.
Je fais abstraction de son avertissement et lui enfile le sweat, en ébouriffant ses cheveux vénitiens sur le passage.
— Aucun risque !
Elle enfile les manches alors que je replace correctement ses cheveux sur son épaule.
— Tu n'as pas froid comme ça ?
Elle regarde mon t-shirt manche longue, affichant un air coupable.
— Non, relax !
— Je suis toujours relax, finit-elle en souriant de toutes ces dents.
— Oh vraiment, n'est-ce pas cette jolie demoiselle, qui m'attendait à la sortie de mon taff, parce qu'elle pensait que je lui en voulais ? la taquiné-je.
— Ce n'est pas la même chose, s'offusque-t-elle, alors qu'elle joue nerveusement avec le fil de ses écouteurs.
Je secoue la tête, amusé.
— On devrait y aller, prévins-je.
Elle acquiesce avant de planter ses lèvres sur ma joue.
— Je n'ai pas envie de rentrer, on pourrait faire un truc tous les deux !
— Tu veux faire quoi ? l'interrogé-je.
Elle hausse les épaules.
— On pourrait aller se promener sur les quais ?
Je deviens brusquement réticent.
— Ça ne me dit rien d'aller là-bas, mens-je.
— Oh...
Elle m'observe, perplexe.
— Que dis-tu de juste rentrer et faire une soirée film a l'appart ? proposé-je à mon tour. On sortira une autre fois si tu veux.
Elle hoche la tête, séduite par l'idée.
— Je suis partante !
Son sourire orne ses jolies lèvres alors que nous nous précipitons tous les deux vers le tram venant tout juste d'arriver. Nous arrivons à nous faufiler à l'intérieur avant qu'il ne reparte. Holly me tend un de ses écouteurs tandis que des musiques que nous aimons tous les deux résonnent dans nos oreilles. Elle s'est calé contre moi afin de ne pas perdre l'équilibre quand le tram freine, renforçant notre proximité.
Holly et moi n'arrivons jamais à être en colère très longtemps ou même fâché l'un contre l'autre. Elle a un caractère de merde, et je peux en avoir un aussi. Mais elle a cette douceur et cette frivolité qui lui permet de passer rapidement à autre chose, ce que moi, j'ai beaucoup de mal à faire.
Aujourd'hui, mon problème, c'est Dan. Mais comment avouer à Holly, que j'aimerais qu'elle ne le voit plus. J'ai cette crainte que si elle flirte avec un autre mec, notre amitié ne soit plus la même.
D'autant plus qu'il s'agit de lui...
Mais au-delà de ce que je crois être des sentiments pour elle, c'est avant tout notre amitié qui prime.
Le tramway s'arrête devant l'arrêt auquel nous devons descendre. Holly se redresse, alors que je lui rends son écouteur. Je place une de mes mains dans le creux de ses reins afin de la guider, même si elle connaît le chemin jusque chez moi, par cœur.
— Je suis épuisée ! lance-t-elle.
Je hausse un sourcil à son attention, ce n'est pas dans son habitude, elle qui est remplie d'énergie à tout le temps.
— Le rendez-vous était si terrible pour te mettre dans un état pareil ? plaisanté-je.
Je m'attire les foudres lorsque son regard s'ancre au mien.
— Il n'était pas terrible, mais j'ai dû y mettre fin, parce que j'ai cru que quelque chose n'allait pas entre toi et moi.
Je perds instantanément mon petit rictus.
— Je ne te retiens pas, exposé-je, soudainement distant.
Elle fronce les sourcils.
— Je veux dire, si tu as envie de courir le retrouver pour terminer la soirée que vous aviez normalement prévue, je ne te retiens pas Holly, continué-je.
J'en pense tout le contraire. Si elle partait retrouver Dan, je crois que mon palpitant se prendrait un sacré uppercut doublé d'un coup de pied retourné.
— La soirée film est dix fois plus tentante, m'octroie-t-elle d'un clin d'œil. Puis, je n'ai pas le courage de rebrousser chemin, avoue-t-elle.
C'est vrai, elle a vraiment l'air fatiguée lorsque son bras s'enroule autour de ma taille, alors que nos pas s'accordent afin de rejoindre mon bâtiment.
— Au fait, cet essai, tu as réussi à obtenir le job ? me questionne-t-elle, curieuse.
Je hausse les épaules.
— Joe, le responsable du restaurant doit me recontacter, mais je pense que c'est sur la bonne voie. Je suis en essai demain soir encore.
— Je suis contente pour toi, me sourit-elle.
Je tape le code de mon immeuble avant d'y entrer, puis nous attendons l'assesseur
La cage s'arrête à mon étage, Holly reste anormalement silencieuse.
Elle me lance un regard, découragé.
— Je crois que je ne vais pas faire long feu devant le film, anticipe-t-elle.
— Ce n'est pas grave, souris-je en déverrouillant ma porte.
Je la laisse entrer en première alors qu'elle se déchausse. Je me dirige automatiquement vers ma penderie afin de lui tendre un de mes t-shirts, comme à chaque fois qu'elle passe la nuit ici.
— Merci, m'accorde-t-elle avant de filer vers la salle de bain.
J'allume mon ordi portable et navigue sur Netflix, alors que l'eau coule dans la salle de bain. Elle en ressort quelques minutes plus tard, les cheveux tressés.
— C'est libre !
Mon regard s'attarde sur ses courbes que mon t-shirt dissimule jusqu'à demi-cuisse. Avant de me faire surprendre pour de bon, je prends sa place puis me douche rapidement avant de la rejoindre à mon tour. Affalée dans le lit, prête à roupiller, je l'observe en souriant.
— Tu vas pouvoir dormir sans tes peluches ? raillé-je.
— Ne plaisante pas avec ça, bougonne-t-elle.
— Tu es toujours de mauvaise humeur, sans.
Elle lève les yeux au ciel avant de me tourner le dos. Je la rejoins en sachant pertinemment qu'elle ne me fera pas la tête très longtemps.
— Tu veux une autre peluche en compensation ?
Offusquée, elle ouvre grand la bouche, en pivotant de nouveau vers moi.
— Un doudou ne se remplace pas, Nash Olsen, c'est une violation aux droits du doudou ! s'exclame-t-elle, en appuyant sur les syllabes de mon nom de famille.
Je ris de sa bêtise.
— Alors, je me contenterai d'avoir une Holly de mauvaise humeur demain matin !
Elle bougonne tandis que je lance le filme que nous avons tous les deux choisi, en sachant indéniablement qu'elle s'endormira d'ici à quelques minutes à peine.
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