Chapitre 24
NASH
Ses iris ancrés aux miens m'indiquent qu'elle est en train de trop réfléchir pour une heure aussi tardive. Elle doit être emportée par ses pensées, à en discerner ses étroits sourires. Ses beaux yeux translatent comme une incompréhension, et j'ai l'impression de m'y retrouver.
Mettre de côté mes sentiments, c'est chose faite, du moins, c'est ce dont je parviens à me convaincre. La chose dont je suis moins sûr en revanche, c'est l'intensité de ce que je ressens pour elle, d'à quel point je pourrais lui céder mon âme si elle le souhaite.
Ses paupières tombent de fatigue, alors que sa joue s'échoue lentement sur mon torse. Son corps est brûlant contre le mien, si bien que je crève de chaud, mais je ne bouge pas, de peur de la réveiller.
Elle n'arrivait pas à dormir, et voilà que c'est à mon tour que Morphée refuse de m'offrir ses bras.
Nom de Dieu, où est-ce que cette histoire va donc nous conduire ? Cette nuit, nous sommes dans le même lit, elle est tout contre moi, mais dès le lever du jour, comment compte-t-elle que tout redevienne comme avant ? C'est ce que je souhaite, sans l'ombre d'un doute, mais je ne suis pas certain de pouvoir faire comme si rien ne s'était passé ces derniers jours, que je le veuille ou non.
Elle envahit mes pensées, décuple mes sens, et s'est immiscée dans mon cœur. Et, j'ai l'impression que depuis quelque temps, tout s'est multiplié de manière affolante. C'est dingue comme le moindre de ses faits et gestes, je les remarque et les imprime dans mon crâne. La façon dont elle plisse les yeux quant elle sait que je mens, l'habitude qu'elle a de se toucher le nez quand c'est elle qui omet de me dire la vérité. Ou bien même quand elle tourne sur elle-même, lorsqu'elle est heureuse. Sans parler de ses ongles qu'elle triture dès qu'elle est nerveuse, et sa manière de renifler nonchalamment quand elle pleure...
Je la sens légèrement bouger contre moi, son sommeil semble agité. Je remets subtilement une de ses mèches vénitienne derrière son oreille. Je reste attentif, perplexe. Ses sourcils sont légèrement froncés, elle fait encore un mauvais rêve. Elle sursaute brusquement, la réveillant à nouveau. Elle soupire, avant de se redresser pour vérifier que ça ne m'a pas réveillé.
— Ce n'est pas vrai... souffle-t-elle en constatant que j'ai les paupières grandes ouvertes. Je suis désolé, Nash.
— Je ne dormais pas Ly'...
Je la force à reprendre sa place, en abaissant sa tête contre mes pectoraux.
— Rendors-toi, il te reste quelques heures avant que le réveil sonne, la rassuré-je.
Elle soupire silencieusement. Après une quinzaine de minutes, je ne l'entends plus, elle s'est à nouveau rendormie. Je ne laisse rien paraître devant ses beaux yeux, mais la voir se réveiller de ses cauchemars, par ma faute, me tord les tripes. Je sais d'ores et déjà que ma nuit est achevée, je n'arriverais pas à me rendormir. Si je n'ai pas un œil sur elle, alors qu'elle passe une mauvaise nuit, je ne pourrais pas dormir sur mes deux oreilles.
Le reste de la nuit, son sommeil m'a l'air paisible, elle gigote à plusieurs reprises, mais ne se réveille pas. Elle ne montre rien, mais au-delà d'être une fille qui sourit la plupart du temps, Holly abrite une grande sensibilité que peu de personne connaissent. Elle ne pleure que quand elle est seule, ou bien de rares fois devant moi. Quand elle est triste, elle préfère passer outre, danser, chanter ou faire toute autre chose qui lui changeront les idées. Elle ne me parle jamais, ou très peu, de ce qui la préoccupe.
Le réveil se met subitement à tinter, je me redresse délicatement, emportant Holly avec moi, pour l'arrêter. Je ne me suis pas rendu compte des dernières heures écoulées, bien trop occupé à cogiter à celle qui est logée entre mes bras. Holly soupire, tandis que mon index s'enfonce doucement dans sa joue, elle fronce les sourcils, une de ses paupières s'ouvre progressivement, je souris tendrement.
— C'est l'heure, je murmure pour ne pas la brusquer.
— Comment est-ce que tu peux déjà être aussi réveillé, bougonne-t-elle.
— Je n'ai pas dormi.
Je regrette immédiatement de ne pas avoir trouvé un mensonge, lorsque son regard coupable croise le mien.
— C'est ma faute, j'aurai dû te laisser partir hier soir, s'excuse-t-elle. Tu as dû passer une nuit pourrie.
Je décide d'opter pour la taquinerie afin d'essayer de la faire déculpabiliser.
— Pas du tout, c'était vivifiant de voir que je ne suis pas le seul à ronfler aussi fort qu'un moteur de deux chevaux et de baver comme un saint Bernard, je l'octroie d'un clin d'œil.
Elle pouffe en me frappant sagement l'épaule.
— Tu mens !
— Tu veux voir les photos ? je continue ma plaisanterie.
— Tu n'as pas fait ça ? s'étrangle-t-elle, les yeux ronds.
— Non, ris-je lorsque je remarque son expression effarouchée.
Elle soupire, soulagée.
— Tu n'as rien fait, si ce n'est un sursaut qui m'a valu une ou deux côtes en moins.
Exaspérée, elle finit par se lever, et file à la salle de bain, je continue de sourire comme un idiot. Je repousse le moment où je vais devoir me lever et affronter la réalité, sans savoir si la journée que l'on va passer tous les deux, sera identique à celle que l'on partageait avant. J'ignore pourquoi, mais les doutes ne veulent pas m'accorder ne serait-ce qu'un court moment de répit.
De toute manière, elle a cours aujourd'hui et c'est pareil de mon côté. Ce soir, je travaille jusque tard, et il me semble que le lundi sa journée est aussi rythmée que la mienne. Je ne sais pas si ça m'embête qu'on ne puisse pas beaucoup se voir, ou si ça m'apaise de savoir que je repousse le moment où nous passerons une journée entière, ensemble.
Quoi qu'il en soit, passer cette nuit à ses côtés m'a fait du bien, j'en avais besoin après ces derniers jours à être en conflit constant avec elle.
La seule chose qui me préoccupe, ce sont les prochains jours, et mes sentiments pour elle, que je ne cesse d'envoyer balader.
Ça me fout la trouille.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro