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III

Bien à l'abri derrière le tronc d'un gros arbre, j'observe trois individus traînant le corps sans vie d'une biche de bonne taille. Même si avec le temps, je suis devenue capable de me nourrir seule, je dois avouer que cette viande fraîche me donne envie. En cette mi-mars, la nature n'offre encore que peu de fruits ou de végétaux. Les sols sont durs, seuls quelques épinards ou poireaux sauvages pointent leurs nez. Tandis qu'aux arbres, les premiers bourgeons tentent leurs chances et commencent à éclore, bravant les dernières gelées matinales.

Voilà seize jours que j'avance pas à pas, traversant des territoires hostiles où chacun s'efforce, à sa façon, de se recréer une vie, ou simplement de survivre. Je n'ai pas osé allumer de feu, de peur de me faire repérer, mangeant le plus souvent mes petites proies, la plupart du temps des lièvres, crues et encore tièdes.

Mon estomac se met à gargouiller. Je suis curieuse de voir jusqu'où ces gars vont déplacer cet animal mort. Où est leur camp ? Combien sont-ils ? Font-ils du feu ? Autant d'interrogations qui me poussent à ne pas les lâcher des yeux.

La question la plus importante est : sont-ils porteurs du Covid-39 ? Au travers des récits de mon père et de ses pages noircies dans son carnet, soigneusement rangé dans mon sac à dos, je connais toute la sordidité de ce virus. Invisible, inodore, il s'installe dans votre organisme, faisant des poumons sa cible privilégiée, provoquant toux, fièvre et, dans les cas les plus sévères, une pneumonie. Sans un hôpital à proximité, votre espérance de voir le lendemain est réduite à néant lorsque vous commencez à manquer d'air.

J'ôte ces pensées morbides qui hantent mon esprit. Je dois rester vigilante et ne prendre aucun risque. Ma fille est en vie, Jade va bien. Je me répète ces mots en boucle depuis mon départ de Toulon. Je n'ai pas fait tout ce chemin pour rien. Chaque jour de marche me rapproche un peu plus d'elle. Si je me fie au soleil, c'est le troisième matin où ma trajectoire reste orientée plein Sud sans que je me retrouve à proximité des côtes. C'est une bonne nouvelle, cela signifie que je descends droit vers l'Espagne et que je devrai bientôt arriver sur Perpignan.

Le plus simple géographiquement aurait été de suivre le rivage, mais les risques étaient trop grands. Les plages sont le refuge de bien trop d'âmes esseulées ou de groupes exploitant les fruits de la mer. Ici, vous n'êtes qu'une cible mouvante, repérable de loin avec peu d'échappatoires. Les terres, elles, offrent bien plus de ressources vitales en dépit des difficultés d'orientation et de circulation.

C'est dans cette ancienne préfecture du département des Pyrénées-Orientales que j'espère retrouver ma fille. Mes recherches, les personnes que j'ai pu questionner ainsi que les rumeurs, indiquent toutes que les jeunes enfants arrachés à leurs parents sont conduits ici, dans une espèce de centre de confinement expérimental.

***

Le terrain est bombé et au loin, je vois disparaître, absorbé par le relief de la colline, les individus traînant leur lourd fardeau. J'active le pas, bondissant d'arbres en fourrés comme une gazelle, écartant branchages et navigant avec légèreté pour éviter les bois morts au sol. Je récupère mon retard en quelques instants et atteins le sommet de la butte.

Ils portent à présent à deux l'animal, tant bien que mal. Chacun soulevant la bête à l'envers par ses pattes. La tête se balançant de droite à gauche, heurtant la cuisse de son chasseur à chaque pas. Mais avant même que je m'aperçoive que le troisième gars n'est plus dans mon champ de vision, je suis abasourdie par le panoramique qui s'offre à moi.

Sous mes yeux s'étale un terrain d'au moins deux-cents hectares, traversé par une langue de bitume grisâtre de plus deux kilomètres de long et en partie recouverte de végétation et intégralement encerclée par un haut grillage de sécurité. Il s'agit d'un aéroport abandonné. Des carcasses d'avions à moitié dépouillées s'alignent encore sur le tarmac.

Les gars ont franchi une ouverture dans la clôture et avancent maintenant en direction des hangars adjacents à l'ancienne tour de contrôle. Ses vitres teintées m'empêchent de repérer si quelqu'un s'y trouve.

Me voilà coincée. Impossible d'aller plus loin sans risquer d'être vue. Cette immensité plate est sans doute un excellent rempart depuis l'intérieur. Peut-être ont-ils des gardes postés aux quatre coins ?

Avant même que je puisse me poser d'autres questions, une voix dans mon dos fulmine des menaces dans ma direction.

– Ne te retourne pas ! Allonge-toi face au sol !

Attrapée par surprise, mon cœur se met à battre la chamade. Mes mains tremblent comme jamais.

Alors que j'essaie d'ouvrir le dialogue, l'intonation se fait plus forte et plus soutenue.

– Ta gueule. Couche-toi par terre et ferme-la !

Je m'exécute, en prenant soin d'attraper discrètement le couteau attaché à ma cheville et en le plaquant sous mon avant-bras, manche vers la paume de ma main, en m'allongeant sur le sol humide.

L'odeur de l'herbe moite pénètre dans mes narines et fait resurgir mille souvenirs en moi. Je vois le sourire radieux de Jade lorsque nous jouions, allongées toutes les deux dans le gazon. J'entends mon père me dire combien il m'aime et combien je lui rappelle ma mère. Une larme s'échappe de mon œil et s'écoule le long de ma joue.

Il est hors de question que je meurs ici. Ces mots tournent en boucle dans ma tête.

Puis je me mets à hurler :

– Je ne suis pas infectée. Je suis saine.

À peine avais-je fini ma phrase que je sentis les pas se rapprocher, et un pied se poser fermement entre mes omoplates, me plaquant violemment au sol, avant même que je n'aie pu bouger.

Bouillonnante d'énergie, et chargée comme un ressort, j'envoie un puissant coup de reins qui déstabilise mon agresseur et le fait reculer d'un pas. Suffisant pour me retourner sur le dos et de balayer, d'un revers de talon sous ses mollets, mon adversaire, l'envoyant au tapis.

À présent face à face, les jambes fléchies, en appui sur mes cuisses, je dévisage mon rival faisant luire la lame de mon couteau sous son nez.

Il doit mesurer un mètre quatre-vingt et avoir la vingtaine passée. Il a le teint du Méditerranéen, légèrement mat, des cheveux châtain foncé et des yeux noisette. Mal rasé, la tignasse coupée à la va-vite et ébouriffée, il nage dans un jean's trop large à la taille et maintenu par une ceinture de fortune. Au travers son sweat-shirt, je distingue une musculature sèche, bien dessinée.

– Pourquoi nous espionnes-tu, me lance-t-il ?

– Je ne vous surveille pas !

– Ne me ment pas. Combien êtes-vous ?

– Je suis seule...

– Je ne te crois pas, me dit-il se rapprochant dangereusement de moi.

Je coupe l'air dans un grand mouvement à l'aide de mon couteau l'obligeant à reculer. Profitant d'avoir repris le contrôle, je tente de l'intimider en lui lançant :

– Tu as raison, je ne suis pas seule. Tu ferais mieux de tracer ton chemin !

Comme si mes paroles n'étaient pas crédibles, il me sourit en faisant une moue dubitative et en hochant la tête.

– Ah ouais ! Et ils attendent quoi pour venir te défendre tes supposés alliés ?

Piquée au vif, je bondis, pointe de mon couteau en avant, visant sa poitrine. Dans un réflexe il esquive le coup porté et le tranchant de ma lame lui fend le sweat sur son flanc droit.

Me regardant sévèrement dans les yeux, il pose sa main gauche sur la déchirure de son vêtement et je peux voir le tissu s'imprégner rapidement de son sang.

Sans un mot, je sens toute sa rage s'abattre sur moi. Le poids de son corps pesant sur ma poitrine, m'étouffant, m'oppressant, m'asphyxiant, me paralysant.

***

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