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J'avais su, au bout d'une semaine qu'elle avait été kidnappée par des médecins parce qu'elle avait le covid. C'était devenu n'importe quoi. Ces malades étaient ensuite transferés dans des hôpitaux étrangers. Alors, je me dirigeais vers l'Est depuis quelques jours.
Cela faisait une semaine que je voyageais avec Raphaël qui voulut m'accompagner. Au début, j'étais contre parce que c'était mon combat et que je ne voulais pas qu'il ait des ennuis. Mais finalement, j'avais besoin d'une aide.
Nous nous dirigions vers la Suisse. Je ne savais pas pour quelle raison ce pays était un indice. Il fallait bien
commencer par quelque chose. Nous étions au début du mois d'avril et le printemps avait fait son entrée. C'était
agréable de revoir la chaleur et le soleil. J'écoutai de la belle musique, mon groupe de métal symphonique préféré, lorsque Raphaël m'interpella :
- Phoebe, j'ai une nouvelle qui devrait te plaire !
J'enlevai mes écouteurs pour l'entendre. Je stoppai rapidement la musique et je vins vers lui.
- Qu'est-ce qu'il y a ? lui demandai-je.
- Le Gouvernement vient de mettre en ligne une application permettant de savoir où se trouvent les malades du covid en ce moment !
C'était formidable. Un indice de plus pour atteindre ma sœur. Alors, je lui demandai toutes les informations
concernant cette application. Certes, nous étions localisés en l'installant, mais je le faisais pour ma sœur. Un seul problème, le nom des personnes malades n'était pas indiqué. Je remis mon compteur à zéro.
- Attends, rélléchit-il, est-ce que ta sœur a un portable ?
- Euh... oui, pourquoi ?
- Si sa localisation est activée, on peut la retrouver.
J'eus soudainement la conscience
de son affirmation. Ma sœur avait l' habitude de ne jamais enlever sa localisation. Alors, c'était vrai, nous avions sans doute de la chance. Je cherchai son compte Snap. Le réseau n'était pas très bon dans la campagne.
- Alors ? fit Raphaël.
- Ça capte pas...
L'écran devint tout à coup vert. Cela y était, j'avais enfin trouvé ma sœur.
- Elle se trouve... en Allemagne !
- On la retrouver mais où en Allemagne ?
- Je sais pas... ils ne disent pas la ville.
- Attends, peut-être que si on clique sur une personne...
Raphaël cliqua sur un des contaminés exilés en Allemagne. Quel miracle !
- Je croyais qu'on pouvait pas voir le nom des gens, avouai-je.
- Moi aussi mais en fait non. Regarde, lui il s'appelle Bertrand Fournier et il est en ce moment à l'hôpital privé de Francfort.
- OK. Maintenant regarde tous ceux qui sont en ce moment en Allemagne. On verra bien où elle est.
- Au fait, pourquoi tu veux retrouver ta sœur ? Elle est malade mais elle va retourner à la maison et il est en ce
quand elle sera guérie alors je vois pas pourquoi tu veux absolument la retrouver.
Je le dévisageai avec un regard mesquin. Je ne savais s'il avait réfléchi avant de prononcé cette vague
question ridicule.
- Je sais qu'elle peut être insupportable mais je l'aime...
- Mais elle va rentrer !
- T'as toujours pas compris ou quoi ?
Je m'énervai de plus en plus. Moi qui croyais qu'il avait un cerveau potable.
- Si je ne vais la chercher, elle risque de mourir...
- Elle est jeune !
- Les contaminés sont tellement nombreux qu'on peut pas sauver
tout le monde. Alors les médecins sont obligés de choisir. Et s'ils ne choisissent pas ma sœur, elle mourra. Maintenant
le virus attaque toute la population, même les plus jeunes !
- Bon d'accord, j'ai compris... alors en route parce que je sais où elle est...
Je me demandais commet il pouvait réviser dans un tel moment, Je lui avais pourtant répéter des dizaines de fois que le bac n'aurait pas lieu et qu'il serait
remplacé par une série de contrôles continus. Mais il ne m'écoutait pas. Moi, je m'en fichais. J'avais bien compris que mon année était terminée. Je ne pouvais la rattraper.
- C'est peut-être bientôt terminé ! s' écria-t-il alors qu'il était plongé dans ses livres.
- Et puis-je savoir pourquoi ? lui demandai-je.
- Le premier ministre envisage un dé confinement.
Était-il encore plus idiot que je ne le pensais ? Je le regardai en haussant les sourcils.
- T'es con ou quoi ? Lui dis-je. Un dé
confinement ? Et puis quoi encore ? Des
vacances ?
Je ris. Il détourna la tête de moi. Je me moquai de lui mais je vis bien qu'il ne supportait pas. Il ne voulait tout de même pas me laisser la raison.
- Mais on atteint le pique ! alors ça signifie qu'on en a bientôt terminé !
Je laissai tomber. J'en avais assez d'
essayer de lui faire comprendre la situation et qu'il était inconscient.
Nous atteignimes la Marne en un peu moins de deux jours. Nous fîmes escale à Epernay pour le déjeuner. Quelque chose était étrange lorsque nous
dévalâmes les rues. Mais je ne fis pas attention. Pour une fois, ce fut lui qui me fit signe du danger. Lorsque je m'
apprêtai à prendre une nouvelle rue, Raphaël me prit le bras et m'entraina derrière le mur.
— Qu'est-ce que tu fais ? m'énervai-je.
— Chut ! fit-il en me mettant sa main devant la bouche. Regarde...
Des militaires fouillaient les rues les unes après les autres. Des hors-la-loi, souvent des jeunes gens, des hommes, se faisaient attraper parce que qu'ils n'avaient pas d'attestation. Certains étaient battus, ils résistaient trop. D' autres étaient menottés de force, insultant les policiers et militaires présents dans le grand boulevard. Nous nous collâmes aussitôt aux murs, laissant le temps aux forces de l'ordre de dégager le passage. Je n'avais aucun papier sur moi, ni ma carte d'identité.
Seulement ma carte bancaire. Raphaël était dans le même cas que moi. Il fallait être prudent, sans quoi nous risquerions de nous faire prendre. Sans nous interpeller, ni nous parler, nous glissâmes contre les parois des maisons à pas de loup. Les nombreuses voitures garées sur les parkings nous cachaient du regard des militaires.
Ils partirent assez rapidement, emportant avec eux les quelques hommes arrêtés.
— A ce qu'on dit, les méthodes de détentions pour ce genre de cas ne sont pas très pacifiques... avoua Raphaël.
— Oui mais pour la détention laisse tomber. Les prisons ont été vidées. Alors je sais pas ou ils les mettent leurs prisonniers, fis-je en fixant le kat-kat.
— La voie est libre, filons d'ici...
Je ne posai pas de question inutile. Raphaël se précipita le premier entre les voitures, à toute vitesse, pour atteindre la première rue venue. Je fis de même
lorsqu'il me demanda de venir. J'essayai de faire comme lui, me glisser entre les tas de ferraille en évitant les rétroviseurs. Tout allait pour le mieux
jusqu'au moment où je me pris le trottoir dans les pieds. Je tombai aussitôt sur le sol. Je crus que personne n'avait entendu. Mais je me trompais fortement. Les militaires tournèrent la tête et commencèrent à venir vers nous.
— Hé vous deux là-bas ! cria l'un deux en courant vers nous !
J'avais fait la bêtise de me relever. Ils nous avaient démasqués. Alors je me précipitai vers mon ami qui n'avait rien remarqué.
— Fuis ! nous sommes repérés.
Nous fuyions le plus vite possible. A travers les rues, les parkings, dans les parcs.
— Ils sont trop nombreux ! criai-je alors que Raphaël était déjà loin devant moi.
Cela faisait presque un an que je n' avais repris le sport. J'étais dispensée à cause de plusieurs fractures au genou. Alors je ne courais plus très vite dorénavant. Ils étaient au bout de chaque rue. Nous étions encerclés. Une bonne vingtaine de militaires nous regardait sérieusement avec leur arme à la main.
— Papiers ! nous ordonna l'un d'eux.
— Euh... ciseaux ? plaisanta Raphaël.
Le militaire n avait guère l'envie de plaisanter. Et il nous le fit bien comprendre. Il nous redemanda pour la
seconde fois nos papiers.
— On les a fait tomber là-bas... reprit Raphaël toujours aussi idiot.
— Mais à quoi tu joues ? lui chuchotai- je, énervée.
— J'essayais de nous sortir de là.
— C'est pas comme ça qu' on va y arriver. Ils sont pas commodes alors laisse-moi faire.
— Phoebe...
— On en a pas... finis-je par avouer à voix haute.
Les militaires sautèrent sur nous et nous mirent directement les menottes. Cette situation avait empiré. C'était complètement devenu le plus grand des bazars. Ils nous mirent de force dans leur camion et nous embarquèrent dans un endroit inconnu. Tout était terminé.
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