Chapitre 2
"Nous, on va devoir y aller... Comme on est...
-Préfets. Oui, je sais. Je comprends, allez-y, je vous garde des places.
-Merci, on revient vite."
Il ignora le ton cassant de son meilleur ami et suivit Hermione dans le couloir du Poudlard Express. Ils devaient se rendre dans le wagon destiné aux préfets mais ce n'était absolument pas le but de Ron. Ce dernier cherchait bien quelque chose mais ce "quelque chose" s'apparentait plus à une personne. Il le chercha du regard à chaque compartiment rencontré mais dû admettre sa défaite quand Hermione finit par entrer dans l'un d'eux et qu'il se retrouva dans l'obligation de la suivre.
Il ne fit rien de particulier pendant cette réunion et ne se donna d'ailleurs pas la peine d'écouter avec grande attention ce que les préfets en chef leur disaient. Ron se maudissait de ne pas avoir donné dans sa dernière lettre un lieu de rendez-vous pour le départ. Il n'avait pas vu Allan sur le quai et il commençait à stresser. Il avait attendu si longtemps pour le revoir et il se trouvait à présent incroyablement frustré.
Quand la réunion se termina, Ron abandonna Hermione et continua ses recherches. Il prit le temps de regarder chaque compartiment, de reconnaître chaque personne. Il se demandait s'il avait physiquement changé. Que dirait-il quand il le reverrait ? Allan le trouverait-il trop... moche ? Il avait grandi cet été et des poils commençaient à orner son menton. Il avait pris soin de les faire disparaître pour ce jour de rentrée, pour lui, mais il n'était pas encore certain de faire ça correctement. Il passa une main distraite dans ses cheveux afin d'y mettre de l'ordre, conscient de vouloir paraître présentable à l'élu de son cœur. Et c'était quand il avait encore une main dans les cheveux qu'il le vit.
Allan Grint, dans un compartiment, avec ses amis et encore en tenue de civile. Il se trouvait près de la fenêtre et regardait le paysage défiler. Ron resta plantée là alors que son cœur rebondissait avec joie dans sa poitrine. Il ne souhaitait qu'une chose : qu'Allan se tourne vers lui pour qu'il puisse le voir, pour que leurs regards puissent se croiser. Il ne voulait qu'une chose : qu'ils puissent enfin se retrouver.
Son petit ami finit par tourner la tête vers lui. Leurs regards se croisèrent et alors qu'un immense sourire ornait les lèvres du rouquin, Allan resta impassible. Le Gryffondor crut discerner une lueur dans son regard, mais il ne comprenait pas ce qu'elle pouvait signifier. Il lui fit un signe de la main mais Allan se tourna de nouveau vers la fenêtre. Il se souvint alors de son propre trajet dans ce train, deux ans plus tôt, alors que le véhicule avait été immobilisé et que des êtres volant et encapuchonnés de noir avaient investit le véhicule à la recherche de Sirius Black. Ce sentiment de froid, de vide qu'il avait ressentit et qui ressemblait fortement à ce qu'il ressentait maintenant. Et puis son cœur, qui avait raté un battement, se mit à accélérer de plus belle. La peur. Ron avait peur. Il avait peur qu'Allan ne le regarde pas. Il avait peur de se retrouver tout seul.
Allan se détacha de la fenêtre et se mit à parler avec ses amis. Il ne pouvait l'entendre avec la porte fermée. Il attendit encore un peu, espérant et ignorant certains regards qui lui étaient lancés. Allan ne le regardait pas et ça commençait à le terrifier. Il finit par reprendre ses esprits et fit demi-tour pour rejoindre ses amis. Ces derniers comprirent rapidement la situation et alors qu'Hermione lui prenait la main en signe de réconfort, Harry lâcha sèchement :
"Je le comprends, je sais ce que ça fait de rester sans nouvelles tout un été."
Ron serait en colère si la tristesse n'avait pas été si grande.
"Tu t'expliquera avec lui, il y a forcément une explication à ça."
Il hocha la tête et observa la campagne qui défilait derrière la vitre. Il ne savait pas s'il était ou non impatient d'arriver.
*
Les cours de défense contre les forces du mal ne seraient pas faciles, cette année. Ron le savait déjà en entendant la voix un tantinet trop aigüe de leur nouveau professeur. Elle faisait un discours alors que Dumbledore venait à peine de la présenter. Selon lui, elle prenait un peu trop ses aises. Mais il n'écoutait pas ce qu'elle pouvait bien leur dire. Il ne pensait pas être le seul, d'ailleurs. Ron regardait Allan. Allan qui ne levait toujours pas les yeux de son assiette. Il était accoudé à la table, le poing fermé contre sa joue avec une moue un peu triste accrochée à son visage. Il regardait le contenu de son assiette. Ron le savait, il le connaissait assez pour cela, il était préoccupé par quelque chose. Quand la fin du repas fut annoncée, il n'entendit même pas Hermione lui rappeler que c'étaient à eux de conduire les premières années aux dortoirs. Il courait vers les portes en espérant rattraper Allan. Il voulait lui parler, il devait lui parler.
Le Gryffondor réussit à atteindre le hall sans le lâcher des yeux. Il accéléra l'allure, bouscula sans s'excuser ceux qui avaient le malheur de se trouver sur son chemin. Il ne faisait que regarder la silhouette de son petit ami qui s'éloignait sans un regard. Les cheveux courts, la cape volant derrière lui, il était beau même ainsi. Ron réussit à lui prendre la main, stoppant sa course, le forçant à se tourner vers lui. Quand leurs regards se croisèrent, Ron comprit qu'il n'aurait pas dû faire ça. Allan semblait furieux. Leurs regards restèrent ancrés l'un dans l'autre et Ron aurait voulu que cet instant dure plus longtemps que ces quelques secondes arrachées. Mais leurs mains se détachèrent et sans un mot l'adolescent se retrouva seul au milieu du hall d'entrée. Car malgré le monde qui le poussait et malgré le bruit incessant qui l'entourait, c'était ainsi que Ron se sentait : horriblement seul.
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