— N'oublie pas de rajouter des nuances ! Ces notes-là sont staccato ! Elles sautillent ! Elles sont pleines d'énergie !

— Hmmm, d'accord.

Cassandre sourit à sa professeure, consciente que sa réponse n'avait pas été très enthousiaste. 

Elle était toujours intimidée par Milica, la professeure de piano qui avait succédé à Candice, lorsque celle-ci était partie travailler dans les Pyrénées. 

Alors que Cassandre étudiait le piano avec Candice depuis cinq ans, elle s'était également liée d'amitié avec Lila, la fille de Candice. L'annonce de leur départ avait eu l'effet d'une bombe sur la jeune fille. Parfois, elle en pleurait un peu, même plus d'un an et demi après le départ.

Presque deux ans qu'elle travaillait avec Milica. Celle-ci était une professeure d'origine serbe, très grande, et très gentille. Il n'empêchait que Cassandre se trouvait intimidée, et parlait encore moins fort qu'à son habitude.

Avec entrain, elle reprit la Sonatine qu'elle avait commencée à la rentrée. Noire pointée, croche, quatre croches... noire pointée, croche, quatre double, quatre double... La, mi, do, sol, sol, sol, la, mi, do, ré, mi, fa, sol, la, si, do, si, la, la, la...

Couac, une fausse note. Cassandre s'interrompit. Milica la fixait avec son habituelle gentillesse compréhensive. 

— Tu es fatiguée ? 

— Un peu, reconnut Cassandre. 

— Tu as du travail à l'école, devina Milica.

— Moui, un peu.

"Juste un commentaire de texte, une éval de physique et un carnet de lecture pour demain, trois fois rien !" 

— Allez, reprends.

— D'accord.

La mélodie emplit à nouveau l'air de la petite salle... Cassandre s'arrêta après la reprise. Elle n'avait pas encore étudié la suite.

— C'est bien.

Milica était une personne de peu de mots. Cassandre n'attendit pas de suite à son compliment : elle savait qu'il n'y en aurait pas.

— On a fini, reprit Milica.

Cassandre rangea ses affaires, et après avoir mis son sac en bandoulière, elle salua sa professeure et sortit de la salle.

Elle avait une demi-heure de répit avant son cours de formation musicale. Si elle aimait beaucoup la professeure, elle avait plus de mal avec la matière...

Enfin bon, elle avait une demi-heure pour commencer son commentaire de texte. Pensive, elle se lança à la recherche des métaphores du poème 28 Ares de vivre.

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— Salut, Cassandre !

L'adolescente leva la tête. Les deux amies inséparables, Jorane et Joanne arrivaient. Les deux filles, malgré leurs prénoms presque similaires, n'avait aucun lien de parenté. Jorane était la fille de l'une des professeur de formation musicale, mais pas celle qu'avait Cassandre.

— Salut, les filles !

— Liam, Jean et Gwenaël ne sont pas encore arrivés ?

— Ils ne devraient pas tarder, leur assura Cassandre avec un sourire. Je les attends.

— Ça marche, à tout de suite !

— À tout de suite !

Cassandre commença à ranger ses notes, lorsqu'un bruit lui fit lever la tête. Liam et Jean arrivaient à leur tour. Gwenaël serait sûrement en retard : il avait souvent des problèmes d'horaires...

Cassandre acheva de ranger ses notes et se dirigea vers eux.

— Salut, les garçons !

— Re-bonjour, tu veux dire ? demanda Jean.

— Liam, je ne l'ai pas vu, rétorqua-t-elle. Allez, venez, on va être en retard...

Riant et plaisantant, les trois amis prirent le chemin du dernier cours de la journée.

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À la fin du cours...

Cassandre et Jean suspendirent le mouvement de leurs stylos. Leur professeure, Violaine, venait d'annoncer la fin du cours.

Les deux amis se regardèrent. Un cours de plus sans avoir rien compris. Violaine était très gentille, mais la formation des accords à quatre sons était au-dessus des limites de compréhension de Cassandre.

L'avant-veille, Cassandre avait appris une nouvelle bouleversante au sujet de Violaine, de son père, qui, étant professeur de musique, travaillait avec elle. Le bruit courait que Violaine quitterait bientôt le Conservatoire. Tous les élèves espéraient que ce n'était pas le cas.

Attendant que tous les autres élèves soient sortis, Cassandre et Jean se dirigèrent vers Violaine, et lui posèrent la question.

La réponse qui leur furent adressée les choqua. Oui, c'était vrai. Violaine partirait après les vacances de Noël.

"Oh mais non !" bouillonna Cassandre intérieurement.

Leur discussion dura dix bonnes minutes. Cassandre était bouleversée. Tous les professeurs qu'elle aimait avaient-ils besoin de partir ainsi ? D'abord Candice, puis Violaine...

—On te fera une surprise, promit-elle à sa professeure avant de partir. Au revoir !

— Au revoir, à la semaine prochaine ! répondit-elle gentiment.

À peine sorti de la salle, Jean commença à fredonner à mi-voix "Hello", d'Adèle.

Cassandre se boucha les oreilles.

— Oh non, non ! Déjà que tu me casses les oreilles avec cette chanson au collège, tu vas pas non plus me casser les pieds au Conservatoire.

Jean lui adressa un grand sourire et continua à fredonner.

"On dirait bien que si..."

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