Chapitre 7 - Fin des examens
Point de vue de Gabriella
Je reviens à mon appartement complètement lessivée. Je viens d'avoir mon dernier examen. Je pense que je m'en suis bien tirée. Les résultats nous seront communiqués par mail d'ici un jour ou deux. D'ici là, je ne veux plus y penser. Cela fait quelques jours que je ne suis plus allée au centre. Julien m'a donné congé pour que je puisse étudier. Cet homme est un saint. Je ne sais pas comment j'aurais pu cumuler tout ce que j'avais à faire.
Nous sommes à trois jours du réveillon de Noël. Maman m'a téléphoné il y a peu pour me demander à quelle heure je venais. J'aurais payé cher pour voir sa tête quand je lui ai dit que je ne serais pas présente. Elle a commencé à bafouiller et à raconter n'importe quoi en me demandant qui allait l'aider à tout préparer. Apparemment le fait que je vienne allait de soi et personne n'a jamais pensé que j'irais ailleurs. Pour être franche, j'en suis la première surprise. J'ai osé prétexter que des amis m'avaient déjà invitée. Hors c'est complètement faux. Je n'avais simplement pas envie de me pourrir la soirée une fois de plus.
Je n'ai pas le coeur à faire la fête en ce moment. Je n'ai pas décoré mon appartement finalement. Je n'en voyais pas l'utilité. C'est bien la première fois que cette fête ne m'inspire ni joie ni gaieté. Jusqu'à présent, je passais le 24 décembre avec ma famille à faire semblant que tout allait bien dans le meilleur des mondes. Tu parles d'une hypocrisie. En plus, Christophe est avec quelqu'un cette année. Je m'imagine déjà la scène à minuit au moment des embrassades. Mon père enlaçant ma mère et mon frère faisant pareil avec Sophie. Moi au milieu à faire semblant d'embrasser quelqu'un en me souhaitant un joyeux Noël. Pff déprimant!
Sur ces pensées plus réjouissantes les unes que les autres, je vais me coucher. J'allume un peu ma radio, me mets sous la couette et pousse un soupir de bien-être. Rien de tel que la chaleur du lit, étendue de tout son long après une longue journée, à écouter de la musique. Le paradis. Étrangement, mon esprit s'oriente de lui-même vers Logan. La dernière lettre que je lui ai envoyée n'était pas très gaie. Sur le moment, j'avais surtout besoin de me confier à quelqu'un. Il m'est sans doute plus facile de le faire à un inconnu. Bien qu'inconnu ne soit pas vraiment approprié. Je ne le connais pas physiquement mais ses lettres me sont devenues indispensables. Il a beau n'être présent que par des mots sur un bout de papier, il prend de plus en plus de place dans ma tête et peut-être même dans mon coeur. J'ai laissé sa photo bien en vue et je m'amuse à la regarder pendant que je lis ce qu'il m'a envoyé. Évidemment, ça ne vaut pas la présence réelle mais ça rend les choses un peu plus tangibles.
Je me demande s'il a bien reçu mon colis. Quand j'ai vu le livre en librairie, j'ai pensé à lui. Je ne suis pas sûre qu'il va le lire mais je voulais partager un de mes romans préférés avec lui. Au pire, il l'utilisera pour passer ses nerfs sur quelqu'un. Je commence à rire toute seule à cette idée. Au travers de ces lettres, j'ai pu déceler qu'il a un sacré caractère. Autant il peut être enjoué, autant il a une partie sombre et, comment dire, ... sauvage. Il m'a raconté ses premiers mois à l'hôpital et croyez-moi, ce n'était pas de la tarte. Je plains sincèrement le personnel soignant. Il était encore sous le choc de l'explosion et de ses conséquences et n'adressait la parole à personne. Un jour, l'infirmière qui s'occupe de lui l'a tellement gonflé pour qu'il parle qu'il lui a envoyé le plateau du déjeuner sur elle. Elle a juste eu le temps de bouger. Heureusement, le plateau n'a fait que l'effleurer mais quand même. Même si ce n'est pas drôle, ça m'a bien fait rire quand je me suis imaginée la scène.
Je lève un œil. Apparemment je me suis endormie sans m'en rendre compte. J'ai congé aujourd'hui puisque Julien m'a donné ma semaine mais j'ai besoin de bouger. Je me lève, me prépare et je décide d'aller au centre. Ils me manquent tous, j'ai juste envie de leur dire bonjour. Quand j'arrive, je vois Maria derrière son comptoir. Je m'approche d'elle et, pour la première fois, la serre dans mes bras.
- Bonjour Maria
- Heu bonjour Gabriella, me dit-elle incrédule. Qu'est-ce qu'il t'arrive ma belle? Tu n'es pas en congé normalement?
- Si mais vous me manquiez trop. Je suis juste venue vous voir.
- C'est gentil. Tu nous manques aussi. Tu as besoin de quelque chose?
Un peu de chaleur humaine, voilà ce dont j'ai besoin mais je ne vais sûrement pas le lui dire.
- Non mais merci de demander. Julien est là?
- Oui, tu as de la chance il vient de rentrer.
- Super merci.
Je vais faire mon petit tour et dire bonjour aux autres membres du personnel ainsi qu'aux patients. Je suis vraiment ravie de faire mon stage ici. Ils sont un peu comme ma famille. Beaucoup de patients restent ici pendant les fêtes. Seuls quelques uns d'entre eux sont capables de rentrer dans leur famille. J'ai donc décidé d'être de permanence le 25 et le 31 décembre. Pourquoi rester chez moi seule alors que je peux être entourée de personnes qui m'apprécient? Je vois Julien dans le couloir et me dépêche de le rattraper.
- Coucou Julien
Visiblement il ne m'avait pas vue arriver car il sursaute. Il se tourne vers moi et me regarde comme si j'avais une corne sur la tête.
- Salut Gabriella. Mais qu'est-ce que tu fais ici? Si mes souvenirs sont bons, je t'ai donné ta semaine de congé.
- Tu ne te trompes pas. J'avais juste envie de venir, vous me manquiez trop. En plus, j'ai fini mes examens et j'avais une terrible envie de bouger.
Ma réponse le fait rire. Il me demande comment se sont passés les examens, ce que je fais pour les fêtes etc. Il a beau être le directeur, il ne nous prend pas de haut. Je peux même dire qu'il est ce qui se rapproche le plus d'un ami pour moi. Bien entendu, je ne vais pas le lui dire, il risquerait de prendre la grosse tête.
- Ça fait du bien de te voir comme ça. Ces derniers temps, j'ai l'impression que ce n'est pas la joie pour toi.
- Je suis contente que les examens soient terminés. La fatigue n'est pas mon amie, lui dis-je en rigolant. Alors quelles sont les nouvelles du centre?
S'il n'est pas dupe de mon manège, il n'insiste pourtant pas et commence à m'expliquer ce qu'il s'est passé durant mon absence. Cela passe des décisions concernant le personnel aux blagues faites par les patients. De vrais chenapans ceux-là. Le plus drôle est que Henry, un sexagénaire célibataire un peu farceur, a voulu faire sa propre décoration de Noël... avec du papier toilette. J'aurais bien aimé voir ça.
- Au fait, j'ai reçu quelque chose pour toi.
- Ah bon, dis-je un peu distraite.
- Quel enthousiasme! me dit-il en rigolant. C'est arrivé ce matin. Viens je vais te le donner.
Je le suis jusqu'à son bureau où il me tend un paquet. Quand je vois le nom de l'expéditeur, je ne peux empêcher un sourire d'apparaître. Logan.
- Je vois que vous prenez ce projet très au sérieux.
- Effectivement, on a vraiment un bon feeling. Et pour les autres, tu sais comment ça fonctionne?
- Et bien, c'est mitigé. Pas mal de soldats ne sont pas encore convaincus par cette méthode.
- Je suis sûre que ça viendra. Ils ont, pour la plupart du moins, du mal à passer au-dessus de ce qu'il leur est arrivé. Je ne parle jamais à Logan de ce qu'il a vécu. Je lui laisse le choix de le faire ou non. Et il a commencé à m'écrire parce qu'«il s'ennuyait comme un rat mort». Ce sont ces propres mots, lui dis-je avec un petit rire.
- Tu as sans doute raison. En tout cas, vous étiez faits pour correspondre apparemment. Le comité ne s'est pas trompé.
- C'est vrai et je leur en serai toujours reconnaissante. Si tu leur répètes, je serai obligée de te tuer, lui dis-je avant d'éclater de rire.
Il me regarde hébété et après quelques secondes, me suit dans mon délire. Comme ça fait du bien de rire. J'avais presque oublié comment on fait. Il est maintenant temps de partir. Je prends mon paquet et me dirige vers la porte.
- Bon, je vais te laisser travailler. Je vais profiter de mon jour de congé pour aller me balader en ville.
- Merci de remuer le couteau, me dit-il en grognant presque ce qui me fait pouffer. Prends soin de toi Gaby.
- Toi aussi. Prends bien soin des tiens.
Après avoir saluer tout le monde, je sors du bâtiment. J'ai bien fait de venir, mon moral va beaucoup mieux. Je prends un bon bol d'air et me dirige vers l'arrêt de bus. Je regarde pensivement le paquet que Logan m'a envoyé. Que peut-il bien contenir? Je hausse les épaules. Je le découvrirai à la maison. En attendant, je le dépose dans mon sac et monte dans le bus qui vient d'arriver.
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Voilà le chapitre du jour. On sent que Gabriella est un peu plus relax grâce à la fin des examens.
Juste une petite question, trouvez-vous le rythme de parution correct ou préférez-vous que je rajoute le dimanche?
En attendant vos réponses, je vous retrouve mardi pour le prochain chapitre.
Bisouilles.
Chapitre corrigé le 30/06/18
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