Point de vue de Logan

Je crois que je viens de perdre l'ouïe. Je n'ai pas pu entendre ça. Je m'installe afin de pouvoir la regarder en face.

- Qu'est-ce que tu as dis? lui demandais-je en déglutissant.

- Heu, et bien... je crois que je t'ai demandé de venir vivre ici, me dit-elle pas très sûre d'elle.

Je vois bien à sa tête qu'elle ne s'attendait pas à lâcher cette proposition. Je ne sais pas quoi dire pour être tout à fait honnête. Nous n'avons pas eu le temps de parler de ce genre de choses avant et c'est bien la première fois qu'une fille me fait une telle demande.

- Oublie, je suis stupide. Évidemment que tu ne vas pas venir ici, me dit-elle d'une traite, se méprenant sur mon silence.

- Tu étais sérieuse? Ça te plairait qu'on vive ensemble?

- Et bien, je dois dire que je n'y ai jamais pensé avant. Cette demande est certes soudaine mais... oui ça me plairait bien, m'avoue-t-elle doucement.

- C'est effectivement un peu soudain. Je ne sais pas trop quoi dire...

- Tu n'es pas obligé de dire oui... je veux dire, je peux comprendre que tu n'en aies pas envie... après tout on ne se connaît pas tant que ça, me dit-elle d'un petit air triste.

Nous ne nous connaissons peut-être pas depuis longtemps mais je n'ai jamais été aussi proche de quelqu'un. Et puis l'avoir près de moi plus souvent ne me déplairait pas du tout. Je la regarde en me demandant si ce serait vraiment une bonne idée. Je n'en sais rien mais mon instinct me dit que si je ne le fais pas maintenant, je risque d'être malheureux. En plus, c'est en partie par amour pour elle que je quitte l'armée. Rien que ça veut dire beaucoup. Je sens qu'elle bouge et qu'elle veut se lever. Elle ne sait visiblement plus où se mettre et mon silence ne doit pas l'aider à se sentir bien. Je l'empêche de se mettre debout et lui relève le menton afin de la regarder dans les yeux.

- J'ai toujours suivi mon instinct, lui dis-je après quelques minutes mais elle me coupe la parole

- Je comprends, ne t'inquiète pas. On a le temps.

- Laisse-moi finir tu veux? lui dis-je en prenant ses mains. Je disais donc que j'ai toujours suivi mon instinct, peu importe la situation. Tu es quelqu'un de génial et quand on n'est pas ensemble, tu me manques terriblement. C'est vrai que nous nous connaissons depuis peu mais c'est vraiment fort ce qu'il y a entre nous. Tu me fais ressentir des choses que je n'aurais jamais cru pouvoir ressentir. J'aurais tellement aimé que tu rencontres mes parents, ils t'auraient adorée. D'autant plus que c'est en partie pour toi que je quitte l'armée. Je veux nous laisser une chance de continuer à nous connaître et même si je sais qu'on y arriverait aussi sans vivre ensemble, j'ai envie de savoir comment tu dors, comment tu es au réveil. J'ai envie de prendre la place qu'Éléphant prend chaque nuit. Alors oui, Gabriella Daniels, j'aimerais vraiment venir vivre avec toi.

Je la vois complètement ahurie et je peux la comprendre, je me surprends moi-même. Je n'ai jamais parler de mes sentiments comme je viens de le faire. Une larme coule sur sa joue, bientôt suivie par une deuxième. Je les essuies avec mes doigts et j'attends sa réaction.

- Gabriella...

- Logan, qu'est-ce que je vais faire d'Éléphant?

Elle me dit ça d'un air si sérieux que j'en reste bouche bée. Puis la signification de sa question arrive enfin à mon cerveau et je ne peux m'empêcher d'éclater de rire, imité par Gabriella quelques secondes après. Elle n'en perd pas une!

- Je te fais une superbe déclaration et tout ce que tu trouves à dire c'est ça? lui dis-je alors que je rigole toujours.

Je reprends mon souffle et la serre contre moi. Je suis heureux comme je ne l'ai jamais été.

- Alors, on emménage ensemble? me demande-t-elle timidement mais je sens un sourire dans sa voix.

- Apparemment. Je ne prendrai pas beaucoup de place rassure-toi.

- Heureusement parce que je ne sais pas si tu as remarqué mais il n'y en a pas énormément ici, me dit-elle hilare.

Nous partageons ce moment hors du temps, serrés l'un contre l'autre. Aucun des deux ne bouge ne voulant pas briser cette bulle de bonheur qui nous entoure. Je sens son regard sur moi. Je baisse la tête et mon regard est pris en otage par le sien. Ma tête se rapproche de plus en plus jusqu'à ce que nos lèvres se touchent. Nos langues entament une danse sensuelle jusqu'à ce que nos souffles ne fassent plus qu'un. Mon coeur cogne de plus en plus dans ma poitrine. Nous nous séparons quelques secondes afin de reprendre de l'air. Nos fronts sont l'un contre l'autre mais nos respirations ne se calment pas. Je mets mes mains dans ses cheveux et les caresse. La douceur de ces derniers me donne des frissons. Quittant sa chevelure, mes mains frôlent ses épaules pour descendre le long de ses bras. Nos doigts se mêlent tandis que nos lèvres se retrouvent dans un baiser passionné. La minute suivante, mes bras l'enlacent et je sens son corps contre le mien. Je sens ses mains dans mon dos. À chaque passage, des frissons naissent m'emportant un peu plus dans le désir. Mes veines sont comme de la lave et je m'enflamme de plus en plus. Dans un brin de conscience, je me rappelle qu'elle n'a jamais eu de compagnon.

- Tu es sûre? Si tu ne veux pas aller plus loin, je comprendrais. Il me faudrait une bonne douche froide mais je ne te forcerai jamais...

Sa réponse ne se fait pas attendre. Elle m'embrasse fougueusement puis me dit dans un souffle

- Je suis sûre, je n'ai jamais été aussi sûre de ma vie, me dit-elle dans un murmure.

Sans plus attendre, nous reprenons là où nous nous étions arrêtés. Pris dans une sorte de frénésie, nous enlevons nos vêtements les uns après les autres en continuant à nous toucher. Elle me prend la main et m'emmène dans sa chambre, bientôt la nôtre. Rien qu'en pensant à ça, mon désir d'elle grandit encore. Nous nous couchons sur le lit et nous caressons, partant à la découverte de l'autre, sans oublier un seul millimètre de peau. Je ne peux retenir un gémissement de plaisir. Les sensations sont tellement fortes que mon coeur va exploser. Plus le temps passe et plus je fais découvrir ce qu'est l'amour à ma compagne. Je lui fais partager le moindre frisson, la moindre pulsation, le moindre souffle. Nous nous unissons sous la lumière de la lune qui passe au travers de la fenêtre et c'est accompagnés par le bruit de nos respirations que nous explosons dans un même cri d'extase.

La pluie tambourine à présent sur la fenêtre. Je m'allonge à ses côtés et elle vient s'installer près de moi, sa tête contre mon épaule, sa jambe sur la mienne et son bras sur mon ventre. Elle fait des arabesques sur ma peau sans dire un mot. Nos respirations se calment peu à peu en même temps que le rythme effréné de mon pouls. Je suis bien, comme je ne l'ai plus été depuis trop longtemps.

- Comment tu te sens? lui demandais-je tout bas pour ne pas déranger ce moment magique.

- Très bien. Merci mon coeur.

- De quoi? ne comprenant pas trop où elle voulait en venir.

- De m'avoir laissé le choix... et de m'avoir montrer que je compte pour quelqu'un.

- J'aurais été un beau salaud si je t'avais obligé à faire l'amour. Et puis, tu comptes pour plus de personnes que tu ne le croies mon ange. C'est plutôt moi qui devrais te remercier.

- Pourquoi?

- Pour être toi tout simplement et pour m'avoir permis de connaître quelque chose qui m'était encore inconnu. Je n'ai jamais connu une telle expérience. C'est comme si nous ne formions qu'une seule et même personne. C'était... indescriptible, lui dis-je dans un souffle.

Je la serre plus fort contre moi et l'embrasse tendrement. Nous ne disons plus rien. Nous sommes doucement happés vers un sommeil réparateur dont nous avions besoin tous les deux.

J'ouvre les yeux, enfin, j'essaie de les ouvrir. Nous n'avons pas fermé les tentures hier soir et le soleil inonde la pièce. La lumière est aveuglante mais quel plaisir de se réveiller de cette manière. Nous n'avons pas bougé de la nuit et sommes encore dans la même position que lorsque nous nous sommes endormis. Gabriella dort encore. Elle doit être épuisée avec toute la tension qui règne depuis quelques jours. Je regarde son visage, il est apaisé. Je n'y vois pas les rides d'inquiétude qui s'y trouvent ces derniers temps. Une mèche de cheveux effleure sa joue. Elle est juste magnifique. Je n'ose pas bouger de peur de la réveiller. J'en profite pour réfléchir un peu à tout ce qu'il se passe pour le moment. La chose la plus dingue étant que je vais venir vivre avec elle. Étrangement, ça ne m'effraie pas. Pourtant je devrais être mort de trouille. Moi le célibataire endurci qui n'ai vécu que dans des casernes et chez mes parents, je vais me lancer dans une aventure plus grande que celles que j'ai connues jusqu'à maintenant. Ce qui m'effraie plus que tout, c'est que ce pervers me l'enlève. Je ne le supporterais pas. Tant qu'il ne sera pas mis hors d'état de nuire je ne relâcherai pas ma garde. Peu importe ce qu'il en coûtera ou le temps que cela prendra mais je l'aurai.

- Bonjour.

Je tourne la tête vers ma petite-amie et vois qu'elle a un grand sourire.

- Bonjour mon ange. Bien dormi?

- Comme jamais. Je me sens merveilleusement bien ce matin.

- Heureux de l'entendre.

- Et toi?

- Ça fait des années que je n'ai plus aussi bien dormi.

- Tu es réveillé depuis longtemps?

- Quelques minutes seulement.

- En tout cas, tu as l'air terriblement sérieux. À quoi tu penses?

- Je pense à la décision qu'on a prise hier, lui répondis-je, peu enclin à lui rappeler qu'un détraqué la suit.

- Et tu regrettes?

- Non, au contraire. Je crois que c'est la meilleure décision que j'ai prise depuis longtemps, lui dis-je en l'embrassant.

- En tout cas, si on se réveille tous les matins comme ça, ça vaut la peine, me dit-elle coquine.

- Je ne te le fais pas dire! C'est clairement mieux que le coup de clairon de l'armée.

Elle bouge et d'un coup se met à rire. Je ne comprends pas ce que j'ai dit de drôle.

- Pourquoi tu ris?

- J'en connais un qui à défaut d'être dans mon lit a bien profité du spectacle, me dit-elle en pouffant.

Je regarde dans la même direction qu'elle et je ne peux m'empêcher de rire également. Éléphant est là, sur la table de nuit, face au lit.

- Il n'en a pas perdu une miette, c'est clair, répondis-je hilare.

Elle veut se lever mais pousse un petit cri et retombe sur le matelas.

- Qu'est-ce que tu as? lui demandais-je inquiet.

- Rien, j'ai juste des courbatures auxquelles je ne m'attendais pas, me répondit-elle, rouge comme une tomate.

- C'est normal, elles vont finir par disparaître, la rassurais-je.

- Ça te dit un petit-déjeuner?

- Le fameux super petit-déjeuner?

- Oui, lui-même. On ne change pas une équipe qui gagne, me dit-elle hilare.

- Va pour ce fabuleux repas dans ce cas. Quand j'habiterai ici, je te ferai voir à quoi un vrai petit-dèj doit ressembler.

- J'ai hâte, me dit-elle en me regardant.

- Moi aussi, avouais-je.

Nous nous embrassons avant de nous lever. Je passe à la salle de bain quand j'entends un cri provenant du salon. Je cours pour voir ce qu'il se passe. Je vois Gabriella près de la porte. Elle a l'air complètement paralysée par la peur.

- Gabriella?

- ...

- Ma chérie?

Je m'approche et remarque qu'elle a le regard fixé sur le sol, ou plus exactement sur un papier. Je le prends et lis ce qui écrit dessus. C'est une lettre apparemment mais quand je vois le texte, mon sang se glace.

«Chère Gabriella,

C'est dans mes bras que tu dois être, mes mains qui doivent te caresser, mes lèvres qui doivent prendre possession des tiennes.

Tu seras à moi comme tu aurais dû l'être depuis le début. Je viendrai bientôt te chercher et personne ne pourra m'en empêcher. Tu pourras revoir Logan uniquement là où est sa place, au cimetière.

Je te dis à bientôt ma douce. J'espère que tu penseras à moi et que je ne quitterai pas tes pensées.

Ton seul et unique.»

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Une décision qui va changer leur vie. Enfin un moment rien qu'à eux. Et ce détraqué qui commence à écrire à Gabriella...

D'après vous, que va-t-il se passer?

Bisouilles

Chapitre corrigé le 1/07/18