Point de vue de Gabriella.

Que le temps me semble long. Je n'ai pas l'habitude d'être aussi oisive. Et pourtant si je veux être en pleine forme pour les examens qui approchent je n'ai pas le choix. En plus, j'ai un soldat qui surveille mes moindres faits et gestes. Si si, je vous assure, une vraie mère poule. Il me téléphone tout le temps, que ce soit le matin, le midi ou le soir. N'importe quel motif y passe. Quand il ne téléphone pas, il envoie des sms. Vous pouvez dire que ça me change. Cela dit, je passe vraiment de rien du tout à trop. Je n'ai pas connu de juste milieu. Bon, d'accord il a une bonne excuse, je lui ai fait très peur en étant inconsciente. Je me suis fait peur à moi-même pour être franche. C'est la première fois que je me retrouve à l'hôpital et je ne suis pas prête à recommencer. C'est pourquoi j'ai décidé de bien suivre les conseils du médecin. Je prends bien trois repas par jour et je me repose. Encore un jour ou deux et je reprendrai le rythme d'avant donc autant en profiter. Avec la vie que je mène, beaucoup de choses passent à la trape comme manger par exemple. J'essaierai de faire un effort. Après tout, il ne me reste que deux mois et j'aurai mon diplôme, c'est faisable.

Julien m'a téléphoné également plusieurs fois sur la semaine. Apparemment je manque aux pensionnaires du centre. Franck m'a réclamé plusieurs fois paraît-il. Il aurait demandé à Isabelle, une infirmière avec qui je travaille, de lui faire un bisou magique mais ça ne lui a visiblement pas fait le même effet. Je pouffe en imaginant la scène. Franck est quelqu'un de très attachant. D'après ce que j'ai pu voir dans son dossier, il n'a plus de famille en ville. Ils ont tous déménagé loin d'ici et ne savent pas revenir, le voyage coûtant trop cher. Il a été marié pendant 30 ans mais son épouse est décédée il y a cinq ans. Depuis il est en manque d'affection même s'il ne l'avouera jamais. Non, il préfère cacher tout ça derrière ses blagues à deux sous. Il fait partie des personnes qui vont le plus me manquer quand je partirai du centre. Il est un peu la figure paternelle dont j'aurais eu besoin toutes ces années.

Bon je n'aime pas le tour que prennent mes pensées. Je n'ai absolument pas envie de réfléchir à tout ce qui touche à mes parents de près ou de loin. Je sais que je vais devoir prendre le taureau par les cornes et discuter une bonne fois pour toute avec eux mais je ne m'en sens pas encore capable. D'un côté, mon malaise aura au moins eu un bénéfice: je recommence, non je commence à avoir une vraie relation avec Christophe. Il est venu me voir mardi soir. Il venait de rendre visite à notre mère à l'hôpital. Ah oui, je ne vous ai pas dit, elle est sortie du coma. N'imaginez pas que mon père m'ait prévenue, ça aurait été une grosse surprise. C'est mon frère qui m'a téléphoné pour me tenir au courant. Il veut vraiment faire table rase et reprendre tout à zéro. Il nous faudra du temps pour arriver à avoir une relation fraternelle normale mais Rome ne s'est pas construite en un jour. Le plus important est d'y mettre de bonnes bases.

En parlant de bases, Logan et moi n'avons plus vraiment abordé le sujet du couple depuis mon hospitalisation. Vu qu'il vit à la caserne, nous n'avons pas tellement l'occasion d'aborder des sujets plus sérieux. Ça ne me dérange pas, nous avons le temps. Autant laisser tout ça évoluer petit à petit. Il m'a préparé une surprise et vient me chercher après sa journée, donc vers 18h. Il m'a juste expliqué qu'il avait quelque chose à faire en ville et qu'il aimerait que je l'accompagne. S'il savait comme l'idée me plaît! J'en ai un peu marre d'être entre mes quatre murs. Le seul avantage de cette situation est que j'ai pu réviser sérieusement mes cours. Toujours voir le positif... enfin j'essaie.

J'ai bataillé avec mon cours de psycho pendant deux heures et j'ai déjà revu les autres matières les jours précédents. J'estime que j'en ai assez bavé pour aujourd'hui et je décide de me préparer à manger. Ce serait bête que j'ai un malaise pour une fois que je vois Logan. Au vu de ce que j'ai dans le frigo, je vais cuire un œuf avec une tranche de pain. Ce ne sera pas un festin mais ça aura le mérite de remplir un peu mon estomac. Après avoir mangé et fait la vaisselle, je regarde l'heure. Il est déjà 17h. Je file sous la douche et m'habille. Comme je ne sais pas l'endroit où il m'emmène, je mets quelque chose de confortable mais de féminin, on ne sait jamais. Je termine de me préparer quand on frappe à la porte. Il est ponctuel en tout cas. Je me dépêche d'aller lui ouvrir. Je ne sais pas trop comment me comporter, nous ne nous sommes plus vus depuis qu'il m'a ramenée. En plus, je n'ai jamais vraiment eu de petit-ami, je suis donc novice en la matière.

J'ouvre la porte, toute timide. Voyant qu'il n'y avait pas de mouvement, je lève la tête et l'aperçois qui me fixe avec un grand sourire. Il se décide à entrer et juste au moment où je ferme la porte, je sens ses bras entourer ma taille. Il me serre contre lui comme si sa vie en dépendait. Je me retourne tant bien que mal. Je n'ai pas le temps de réaliser quoi que ce soit qu'il m'embrasse. Pas un simple baiser, non, il me donne l'impression de vouloir me dévorer. C'est un baiser plein de passion. Nos langues se mêlent, nos souffles se font courts. Mes mains sont dans ses cheveux et les siennes dans les miens. Je ne sais pas combien de temps ça dure mais nous devons nous arrêter pour pouvoir respirer. Je suis dans un état second, comme si j'étais complètement déconnectée de la réalité. Nos lèvres se rencontrent une nouvelle fois mais dans un baiser aussi léger qu'une plume. Lorsque nous nous séparons je ressens comme un vide. C'est étrange, il est pourtant à un pas de moi.

- Bonjour, me murmure-t-il en me regardant dans les yeux.

- Hum... bonjour

Mon cerveau a décidé de rester bloqué sur ce coup-là. Trop de sensations en trop peu de temps. Allez, réveille-toi un peu au lieu de le regarder bêtement.

- Tu veux bien me pincer?

Il s'exécute en riant. Aïe, mais ça fait mal nom d'un chien. Pourquoi je lui ai demandé ça moi? Mon intelligence a été victime d'une surdose de repos apparemment.

- Pourquoi m'as-tu demandé ça? me demande-t-il hilare.

- Je voulais juste savoir si tout ça est bien réel... lui répondis-je en faisant un geste de la main nous englobant.

- Je peux te garantir que ça l'est. J'ai attendu ce moment toute la semaine, me dit-il en me serrant dans ses bras.

Oh que je suis bien là. Seigneur fait que nous ne bougions plus jamais. J'ai l'impression d'être enfin à ma place. Sentiment au combien étrange mais tout à fait plaisant. Je me demande si c'est la même chose pour lui. À mon grand désespoir, il s'écarte au bout de quelques minutes.

- Allez, prends ta veste, je t'emmène. Nous avons un horaire à respecter.

- Tu sais que tu m'intrigues de plus en plus... Tu ne veux vraiment pas me dire où on va? lui demandais-je pendant que nous sortons de l'appartement.

- Si je te le disais, ce ne serait plus une surprise.

- Logique... Et un indice?

- Non non, tu ne sauras rien, me dit-il en riant.

J'abandonne momentanément non sans lui faire un petit air de chien battu. Nous arrivons à la voiture. Si je me rappelle bien, c'est celle de Gabe.

- On part en voiture?

- Oui ce sera plus facile que le bus. Gabe a bien voulu me prêter la sienne. Comme on est vendredi et que sa femme ne travaille pas le week-end, il pourra prendre la sienne.

- Il est vraiment gentil. Vous me donnez l'impression d'être frères plus qu'amis.

- C'est vrai, nous sommes frères d'armes. Tout ce qu'on vit crée des liens plus forts que si nous étions du même sang... Oh désolé, je ne voulais pas...

- Non t'inquiète pas, je comprends tout à fait. Et puis c'est vrai que Christophe et moi ne sommes pas vraiment proches de toute manière.

- Il a l'air de vouloir changer les choses, c'est déjà ça.

- Tu as raison, il vaut mieux tard que jamais.

Il fait le tour de la voiture et se met au volant pendant que je m'assied côté passager. Nous mettons nos ceintures et c'est parti pour un tour dont le but m'échappe encore. De toute façon, tant que je suis avec lui et que je sors un peu, je me moque un peu de la destination. Je suis juste très curieuse. Dites-moi que vous n'avez jamais voulu savoir quelque chose qui était secret, je ne vous croirais pas. Nous avons tous une envie de découvrir ce qui est caché. C'est seulement plus développé chez certaines personnes comme moi.

- Un petit indice... allez dis-moi juste un petit truc, lui dis-je au bout de cinq minutes.

- Non, tu ne m'auras pas comme ça. De toute façon, on est bientôt arrivé.

Zut, flute et crotte. Je pensais pouvoir l'amadouer mais il est têtu. Comme il l'a dit, nous sommes déjà arrivés. Il trouve une place de parking et se gare. Nous sommes dans petite rue qui se trouve en parallèle d'une rue commerçante. Je me demande de plus en plus ce que nous faisons ici.

- En fait, j'ai vu quelque chose que je ne devais pas et on est venu ici pour que tu m'élimines sans laisser de traces... C'est ça hein?

Il éclate de rire et je ne peux faire autrement que de le suivre.

- Tu as beaucoup trop d'imagination. Si je devais me débarrasser de toi, je m'y serais pris autrement, me dit-il en me faisant un clin d'oeil.

- Évidemment... bon, ça ne me dit pas pourquoi tu m'emmènes dans une ruelle sombre.

- J'ai envie de faire des bêtises.

- Hum, quel genre de bêtises exactement? lui dis-je suspicieuse.

- Tu verras.

- Tu es trop secret franchement.

- Ce ne sera plus long. Regarde, on y est.

Je fais ce qu'il me dit et regarde la façade. C'est ça sa surprise??

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Alors, qu'est-ce que c'est que cette surprise?? Des idées?

Je vous souhaite déjà un bon week-end et surtout profitez bien du beau temps et des gens que vous aimez.

Bisouilles

Chapitre corrigé le 1/07/18