Bonus 1 - Rencontres
Point de vue de Gabriella
- Tu crois vraiment que c'est une bonne idée?
- Je n'en sais rien. Pour tout te dire, je suis plutôt nerveux.
- Ça ne m'aide pas du tout ça Chris, lui dis-je en tordant mes doigts. Pourquoi on le fait déjà?
- Parce qu'elle a le droit de nous connaître. Et nous aussi.
- Toi je peux comprendre, tu as un lien avec elle. Vous avez le même père après tout. Mais moi... je ne suis rien pour elle.
- C'est vrai mais tu es ma sœur et j'ai besoin de toi pour passer le cap.
Je le vois serrer le volant. Cette rencontre le met mal à l'aise et je peux comprendre que rencontrer sa demi-sœur après autant de temps peut être déstabilisant. Il lui a fallu un bon bout de temps pour faire le premier pas. Je pose la main sur mon ventre. Je pensais que ma grossesse ne se verrait pas beaucoup avec ma taille mais j'ai quand même à avoir un ventre rebondi. Bon d'accord, pas autant rebondi que toutes ces femmes minces qui ont un bidon tellement énorme et tendu qu'on a l'impression qu'elles vont exploser, mais assez pour voir que je suis enceinte. En ce moment, le bébé est en train de danser ou de se battre c'est au choix. À mon avis, il doit sentir mon stress. Christophe remarque mon geste et me prend la main.
- Ça va aller. Il n'y a aucune raison pour que cela se passe mal, me dit-il. Mais dis-moi mon neveu ou ma nièce s'en donne à cœur joie là-dedans.
- Tu l'as dit, riais-je. Il doit y avoir un match de catch. Ça bouge de tous les côtés.
Nous arrivons à un croisement. Christophe s'arrête au feu rouge et me regarde une dernière fois. Je peux lire de la tendresse dans son regard et ça m'apaise. Nous ne sommes pas encore parvenus à passer outre les histoires avec papa et maman et j'espère que la rencontre avec Stacy va nous permettre d'avancer. Nous avons rendez-vous dans un café. Henry a décidé d'aller vivre auprès de Laura et de Stacy. Il a emménagé avec elles seulement deux mois après le départ de maman. Quant à elle, elle s'est installée dans un appartement en ville. Une fois le divorce prononcé, ils ont vendu la maison et tout ce qu'ils possédaient. Je ne suis même pas sûre qu'ils aient gardé quoique ce soit.
Christophe redémarre tandis que je suis plongée dans mes pensées. Je n'ai toujours pas repris contact avec ma mère. Je ne suis pas encore capable de lui pardonner. Maintenant que je vais devenir mère à mon tour, je peux encore moins comprendre comment elle a pu en arriver là. Jamais je ne pourrais laisser tomber mon enfant comme elle l'a fait, même pour Logan. Je sais que Christophe a essayé de lui parler de son côté mais ça n'a pas été concluant. Il a tenté de la comprendre mais en vain. Heureusement, nous sommes bien entourés. Sophie est bien présente pour lui et nous avons trouvé une famille d'adoption. Nous sommes plus soudés que jamais.
- Nous y sommes sœurette, soupire-t-il. Tu te sens comment?
- Nerveuse mais nous sommes à deux. Ensemble contre le monde entier pas vrai?
- Toujours ma belle, me dit-il en m'embrassant la joue. Prête?
- Autant que faire ce peut. Allons-y avant que je décide de te convaincre de rentrer.
Nous sortons de la voiture et repérons le café dans lequel nous avons rendez-vous. Je respire un grand bol d'air tout en avançant. Je sens que Christophe est tendu. Il y a de quoi, après tout, il va rencontrer sa demi-sœur, ce n'est pas rien. Nous rentrons dans l'établissement et la cherchons des yeux. Je la reconnais immédiatement. C'est fou ce qu'elle ressemble à Chris. Je tire la manche de ce dernier pour lui montrer Stacy et nous nous dirigeons dans sa direction. Elle a l'air aussi stressée que nous.
- Bonjour, je suis Stacy. Tu dois être Christophe je suppose, lui dit-elle.
- Tout juste. Et je te présente Gabriella, dit-il en me désignant du menton.
- Ton épouse je présume.
- Non pas vraiment, dit-il en pouffant. C'est ma sœur.
- Oh, désolée. J'avais compris que j'avais un demi-frère mais on ne m'a pas parlé d'une demi-sœur.
Ouch, ça fait mal. Petit rappel à l'ordre, juste au cas où j'avais oublié. Je sens Christophe se crisper et je lui serre la main pour le calmer.
- C'est une longue histoire, lui répondis-je. Tu n'as vraiment qu'un demi-frère. Je peux m'asseoir quand même ou je retourne à la voiture?
Bon d'accord, je suis peut-être un peu trop sèche mais franchement, j'en ai assez baver sans que cette blonde n'en rajoute une couche.
- Ne raconte pas de bêtises Gaby, ta place est ici avec moi, ne l'oublie pas, me dit Christophe doucement. Assieds-toi.
Il lance un regard noir à Stacy tout en s'asseyant à mes côtés.
- Écoutez, je ne voulais pas être désobligeante. J'ai l'impression qu'on m'a caché une bonne partie de l'histoire, nous dit Stacy. Je ne suis pas ici pour causer des problèmes, au contraire.
Nous nous détendons légèrement. La serveuse arrive pour prendre notre commande, nous laissant sans le savoir, un moment de répit.
- Qu'est-ce que tu sais exactement de la situation? lui demande Christophe une fois cette dernière partie.
- Je sais que tu es mon demi-frère, que papa était marié quand il a rencontré maman et qu'il ne pouvait pas se séparer. Je sais aussi que tu étais un ami d'université de maman et que c'est comme ça qu'ils se sont rencontrés.
- Il ne t'a jamais parlé de moi? demandais-je, sans me faire d'illusions cependant.
- Il m'a parlé d'une amie de la famille qui résidait chez eux. Je suppose qu'il parlait de toi.
Pourquoi ça fait aussi mal alors que je devrais être habituée à autant de méchanceté de sa part? Une amie de la famille hein? Je déglutis péniblement. Quand finirais-je par ne plus être touchée par tout ça?
- Ouais, je crois qu'on peut dire ça, dis-je d'une petite voix. Écoutez, je n'ai rien à faire ici. Je ferais mieux de rentrer chez moi auprès de mon compagnon.
- Gabriella, s'il te plait... reste près de moi, me demande Christophe d'un ton suppliant.
- Très bien, mais c'est bien pour toi que je le fais d'accord?
- Merci, me dit-il en me serrant la main. Gabriella n'est pas une amie de la famille, c'est ma sœur enfin ma demi-sœur, continue-t-il en se tournant vers Stacy. Elle est le fruit de l'amour entre ma mère et un homme qu'elle aimait mais celui-ci est décédé bien avant sa naissance. Quand mon père a appris qu'elle n'était pas sa fille quelques années plus tard, il a décidé de faire comme si elle n'existait pas et a fait de sa vie un enfer par la même occasion. Nous avons appris la vérité récemment et le sujet est encore douloureux. C'est à ce moment-là que nous avons découvert ton existence.
Je remercie silencieusement Christophe d'avoir pris ma défense. J'aurais été incapable d'en dire autant. J'ai la gorge nouée et les mots ne passent pas. J'observe Stacy qui accuse le coup.
- Ça ne ressemble pas à mon père tout ça. Il n'a jamais été qu'amour et tendresse avec moi et ma mère. Je ne peux pas y croire, nous dit-elle.
Bon, ça suffit, je ne peux pas en entendre plus. C'est comme si des dizaines de poignards se plantaient dans mon cœur. Je me lève, j'ai besoin d'air. Christophe me regarde soucieux.
- Où vas-tu Gaby?
- J'ai besoin de prendre l'air. Je suis désolée mais c'est trop pour moi. Reste encore un peu, je t'attends dehors.
Je m'en vais mais je sens bien leur regard posé sur moi. L'air frais m'accueille et me fait du bien. Je vois un parc près du café. Je m'y rends, il doit sûrement y avoir des bancs. J'en trouve un pas trop éloigné et j'écris un message à Christophe pour le prévenir de ma position. Je ne voudrais pas qu'il s'inquiète en plus. Je ne pensais pas qu'Henry pourrait encore me blesser mais je me trompais. J'ai besoin de réconfort, j'ai besoin de Logan. Je pose ma main sur mon ventre pour me calmer. J'ai ma propre vie maintenant, il ne pourra plus me faire du mal. Du moins en théorie. Je prends mon téléphone et je me rappelle que mon amour est en plein travail. Je me contente donc de lui envoyer un message alors que je meurs d'envie d'entendre sa voix. Une main se pose sur mon épaule. J'étais tellement prise dans mes pensées que je n'ai pas entendu Christophe arriver.
- Je suis désolé Gaby. Je ne pensais pas que ça se passerait comme ça.
- Tu ne pouvais pas savoir... Je pensais que j'étais immunisée contre tout ça mais je me trompais, lui dis-je en soupirant. Ramène-moi chez moi s'il te plait. Je n'en peux plus.
- Tu veux que j'aille chercher la voiture? Tu as l'air épuisée.
- Non, ça ira. Elle n'est pas si loin que ça. J'ai hâte que ma grossesse arrive à son terme. J'en ai marre d'être aussi émotive. En plus, ces derniers jours, je suis encore plus fatiguée que d'habitude.
- Je n'aurais pas dû te demander de venir avec moi dans ton état.
- Je suis contente que tu me l'aies demandé. Tu es toujours là pour moi, je veux que ce soit vrai dans l'autre sens aussi.
- Je sais que tu es là pour moi sœurette, c'est pour ça que je t'aime autant.
Il m'aide à m'asseoir dans la voiture et va s'installer derrière le volant. Je pose ma tête sur le dossier et ferme les yeux. J'ai du m'endormir parce que quand je les ouvre, nous sommes déjà arrivés chez moi. Notre bébé me donne des coups, non, il bouge plutôt. J'ai l'impression qu'il déménage. Christophe m'aide à me lever parce que franchement je suis devenue un vrai bibendum. Nous rentrons dans la maison et je me dépêche de rejoindre mon endroit favori pour le moment, notre divan. Mon frère s'installe à côté de moi et me regarde, inquiet.
- Comment te sens-tu?
- C'est bizarre, j'ai l'impression d'avoir déjà entendu ça aujourd'hui, lui dis-je en riant. C'est comme si j'étais passée sous un rouleau compresseur, rajoutais-je plus sérieusement.
- Vous ne savez toujours pas si je vais avoir une nièce ou un neveu?
- Non, on a envie de garder la surprise. De toute façon, peu importe que ce soit une fille ou un garçon, on l'aimera de la même manière.
- Vous avez raison. Ce petit être sera aimé peu importe son sexe.
Je me blottis contre lui et soupire de soulagement, jusqu'à ce que je me rende compte que j'ai oublié quelque chose d'important.
- Que s'est-il passé avec Stacy?
- On a discuté. Elle est un peu troublée par tout ça. Mais elle reste dans le déni. Elle préfère croire Henry.
- Je suis désolée...
- Désolée de quoi? Je crois que j'attendais trop de cette rencontre. Je n'ai pas besoin d'une nouvelle sœur. Je t'ai toi et ça me suffit amplement.
Mes yeux coulent sans que je les en empêche.
- Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter un frère comme toi? Qu'est-ce qu'il se serait passé si je ne t'avais pas eu?
- Je ne sais pas comment tout ça aurait tourné si Sophie ne m'avait pas ouvert les yeux. Mais je ne regrette pas un seul instant qu'elle l'ai fait. Je serais passé à côté de la femme merveilleuse que tu es.
Une douleur fulgurante me prend au niveau du ventre. Je me redresse d'un coup. Christophe me regarde surpris.
- Qu'est-ce qu'il se passe Gaby?
- C'est le bébé, quelque chose ne va pas Chris.
- On file à l'hôpital, je ne veux prendre aucun risque.
Je ne vais sûrement pas le contredire, je suis trop effrayée pour ça. Il prend mon sac et ma veste et nous retournons à la voiture que nous venons de quitter. La douleur se calme un peu mais le temps de grimper dans la voiture et elle est de retour. Une fois bien installée et attachée je prends mon téléphone pour prévenir Logan. Il décroche à la deuxième sonnerie.
- Coucou mon ange. Je ne peux pas trop te parler là, je suis en plein rendez-vous.
- Logan...
- Gaby, qu'est-ce qu'il se passe?
- Christophe m'emmène à l'hôpital, dis-je en pleurs. J'ai des douleurs au ventre assez violentes.
- Je vous rejoins là-bas. Je t'aime mon cœur, tout va bien se passer, ils vont s'occuper de vous.
- J'ai peur Logan.
- Je sais mon ange. C'est normal d'avoir peur mais tu dois te calmer. Ce n'est bon ni pour toi ni pour le bébé. Et Christophe est avec toi, tu peux compter sur lui.
- Viens vite, j'ai besoin de toi.
- Je suis déjà dans la voiture.
Nous raccrochons pour qu'il puisse démarrer. Nous ne mettons pas longtemps à arriver. Christophe s'arrête aux urgences et appelle les infirmières qui débarquent rapidement avec un fauteuil roulant. Christophe a dû rester dans la salle d'attente pendant qu'elles m'emmènent dans une pièce et m'installent sur un lit. Elles me disent des paroles rassurantes pour que je me calme mais je n'y arrive pas, je veux voir Logan, je veux l'avoir à mes côtés. Heureusement, ce dernier vient de rentrer dans la pièce.
- Monsieur, vous devez attendre dehors pendant l'examen, lui dit une des infirmières.
- Essayez donc de me déloger vous n'y arriverez pas. Elle a besoin de moi, je reste, leur répondit-il sur un ton sans appel.
- Très bien mais restez bien près d'elle, ne bougez pas d'accord?
- Tout ce que vous voulez. Hey, salut ma belle, dit-il en se tournant vers moi. Si tu voulais me voir plus vite il suffisait de me le demander tu sais, pas besoin de venir ici pour ça.
- Tu me connais, toujours à trouver des trucs tordus, lui dis-je juste avant de lui broyer les doigts à cause de la douleur.
- Heureusement que j'ai continué à me muscler, tu m'as broyé la main, me dit-il en grimaçant.
- Bon, je vais devoir appeler le médecin mademoiselle Daniels, vous êtes sur le point d'accoucher, nous dit l'infirmière.
- Mais je n'en suis qu'au début du huitième mois. Il m'en reste encore deux, dis-je inquiète.
- Apparemment le bébé en a décidé autrement, me dit-elle en pouffant. Ne vous inquiétez pas, il est tout à fait viable.
Elle s'en va, nous laissant complètement paniqués et abasourdis. Quelques minutes plus tard, le médecin est arrivé et a vérifié que tout allait bien. Après nous avoir confirmé le diagnostique, il est ressorti pour donner ses instructions aux infirmiers.
- Tu veux bien aller prévenir Christophe s'il te plaît? Il n'a pas pu venir avec moi. Il doit être mort d'inquiétude.
- J'y vais mon ange, je reviens vite.
Il embrasse mon front et s'en va me laissant seule. Je regarde mes mains posées sur mon ventre. Ça ne devait pas se passer comme ça.
- Oh mon bébé, pourquoi tu es si pressé d'arriver? Tu n'es pas bien au chaud dans mon ventre?
Je peux vous dire que notre bébé avait vraiment hâte d'arriver parce que la suite des événements est passée avec une vitesse fulgurante. Après le retour de Logan, j'ai été emmenée directement en salle d'accouchement et deux heures plus tard, notre merveilleuse Paige était née.
Je suis actuellement couchée sur mon lit en train de regarder mon petit trésor. Elle dort dans son berceau juste à côté de moi. Elle est juste parfaite. La porte s'ouvre sur Logan suivi de Christophe et de Franck. Ce dernier est très affaibli ces derniers temps et il m'inquiète un peu. Je peux voir leurs yeux s'illuminer quand il voit notre fille.
- Elle est magnifique, me disent-ils en chœur.
Je vois Logan qui me regarde. Pas besoin de paroles pour nous comprendre, j'acquiesce à sa demande silencieuse. Il prend Paige et va la déposer délicatement dans les bras de Franck.
- Mon ange, voici ton grand-père. Franck, je te présente ta petite-fille Paige.
Celui-ci paraît surpris mais très ému. Il s'assied pour avoir un meilleur appui.
- Bonjour petite princesse.
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Voilà la fin du premier bonus. Je compte finalement en faire un deuxième qui sera probablement plus court.
La suite du programme sera la correction des chapitres et je dirai au revoir à toute cette petite bande que j'ai suivie et créée depuis maintenant quelques mois.
Bisouilles.
Chapitre corrigé le 1/07/18
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