Prologue
Nous nous promenons main dans la main le long de la plage. Le soleil est sur le point de se coucher. Il répand une douce couleur orangée dans le ciel tandis que les vagues viennent finir leur course sur le sable. J'ai l'impression que nous sommes seuls aux monde. Nous nous tenons l'un en face de l'autre. Nos cheveux balayés par une légère brise. Nos doigts se mêlent et nos lèvres se joignent.
Le vent commence à se renforcer. Le froid s'insinue entre nous et me glace le sang. Les mains d'Olivier ne tiennent plus les miennes. J'ouvre les yeux juste avant de le voir s'éloigner de plus en plus de moi. Son visage ravagé par les larmes.
- Olivier? Où tu vas?
- Jack, me crie-t-il. Ne me laisse pas.
- Oli, reviens! criais-je à mon tour.
Mais c'est trop tard. Il a complètement disparu.
- OLIVIER, hurlais-je de désespoir.
Je me redresse d'un seul coup. Des gouttes salées roulent sur mon visage. La transpiration coule le long de mon dos. Je suis complètement désorienté. Il me faut quelques secondes pour comprendre que ce n'était qu'un cauchemar. Je suis dans mon lit, en sécurité. Mon petit ami couché à mes côtés. Il est bel et bien là.
Je m'allonge à nouveau, soulagé. Qu'est-ce que ça voulait dire? Un mauvais pressentiment me taraude. Je me dépêche de le prendre dans mes bras pour conjurer ces pensées négatives. Comme s'il sentait mon besoin d'être rassuré, il se tourne et vient coller sa tête sur mon torse, ses jambes se mêlant aux miennes.
La première fois que je l'ai vu, nous étions venus rejoindre des amis dans un café. Son regard m'a tout de suite attiré. Nous avons passé une excellent soirée à discuter et à rire. Je n'ai pas osé aller plus loin. Il était trop jeune pour moi et très probablement hétéro. Malgré tout, son visage m'a poursuivi. Je ne pouvais pas oublier ce que j'ai ressenti ce soir-là. C'était comme si je trouvais la partie manquante. Je me suis senti complet pour la première fois de ma vie. J'ai essayé de retrouver cette sensation avec d'autres mais sans succès. Je m'entendais bien avec eux mais ils avaient un défaut énorme: ils n'étaient pas lui.
Quand je l'ai revu à la salle de sport où je travaille, je n'en croyais pas mes yeux. Il était encore plus beau que dans mes souvenirs. Au début, j'ai cru qu'il était en couple avec la fille qui l'accompagnait. Ils étaient tellement proches que l'inverse était juste impossible. Et pourtant, mon collègue m'a vite expliqué qu'ils avaient un lien très fort mais qu'ils étaient seulement amis. C'est comme si un poids énorme venait de quitter mes épaules.
Nous nous sommes vus fréquemment à partir de ce moment-là. J'ai même fini par me greffer à leur groupe d'amis. Si un doute persistait quant à son orientation sexuelle, il a vite été levé. Sa façon de me regarder m'avait déjà mis la puce à l'oreille. Quand j'ai pris sa main au cinéma et qu'il ne m'a pas repoussé, mes soupçons ont été confirmés. Nous avons joué au chat et à la souris pendant un long moment. Jusqu'au mariage de sa meilleure amie. Je n'en pouvais plus d'attendre qu'il se lance. J'ai pris les devants et depuis nous ne nous lâchons plus. Nous vivons quasiment ensemble. Il est rare que nous dormions l'un sans l'autre. Une fois c'est chez lui, une autre fois chez moi. Il vaut mieux ne pas précipiter les choses même si j'en meurs d'envie.
- Salut toi.
Olivier murmure ces mots dans un demi-sommeil mais cela suffit à me sortir de ma torpeur.
- Bonjour, murmurais-je à mon tour.
- Tu ne dors plus?
S'il savait! J'ai besoin de profiter de lui au maximum. Aucune idée du pourquoi mais je sens que je dois le faire.
- J'ai fait un cauchemar. J'ai eu un peu de mal à me rendormir, c'est tout.
- Tu veux en parler?
- Non, c'était rien. Promis.
- Très bien. Si tu changes d'avis, tu sais où me trouver, me dit-il taquin. Quelle heure est-il au fait?
- 5:30, lui répondis-je après vérification sur le réveil.
- Ça ne vaut plus la peine de dormir. Je dois me lever dans une demi-heure, souffla-t-il. Tu n'aurais pas une idée pour occuper ce laps de temps par hasard?
Sans lui dire un mot, je l'embrasse à en perdre haleine. Un sentiment d'urgence prend possession de moi et c'est sans attendre une minute que je le fais mien. Les soupirs de bien-être et les gémissements ont chassé les restes de mon cauchemar tandis que l'amour que je ressens pour lui remplit tout mon être.
Je ne veux pas le lâcher. Je ne veux pas le laisser partir. Et ne pas savoir pourquoi me rend dingue.
- Tu es bien tactile ce matin, me dit mon petit-ami en me serrant contre lui.
- Je suis sûr que ça te dérange, dis-je en riant.
- Oh non, au contraire... Qu'est-ce qu'il y a? me demanda-t-il soucieux.
- Je ne sais pas. J'ai un mauvais pressentiment depuis que j'ai fait ce cauchemar.
- Ah bon? Tu ne veux toujours pas m'en parler?
- Nous étions ensemble sur la plage. Nous nous embrassions et l'instant d'après tu t'éloignais de moi. Tu me criais de ne pas t'abandonner. Et puis, tu n'étais plus là.
Je resserre mon étreinte et respire son odeur à pleins poumons. Ça me rassure.
- Je comprends que tu aies été marqué. Mais je suis encore là et je ne compte pas partir. Comme tu l'as dit toi-même ce n'était qu'un mauvais rêve. Tu vas devoir me supporter encore pendant un bon bout de temps.
- Je t'aime Oli. Je ne veux pas te perdre.
- Je t'aime aussi. Et je serai là à ton retour.
- Promis?
- Promis, me dit-il avant de m'embrasser.
Il me regarde dans les yeux et j'y vois de la sincérité. Il ne me laissera pas tomber. C'est plus rassuré que je le laisse partir loin de moi.
C'est l'heure de partir travailler. Je suis perdu dans mes pensées malgré l'air frais de l'extérieur. J'ai déjà fait ce chemin des milliers de fois. C'est donc en mode automatique que je rejoins l'arrêt de bus. J'allais arriver de l'autre côté de la rue quand j'entends un bruit de freins. Des cris. Je tourne la tête deux secondes. La voiture à un mètre de moi. Le choc. La douleur. Le vol plané. La dernière pensée qui me passe par la tête: ce n'était pas Olivier qui partait... mais moi. Je t'aime Oli. Pardonne-moi. Je ferme les yeux. Puis plus rien...
Bip
Bip
Bip
C'est quoi ce bruit? Des sons me parviennent mais ils sont très lointains. Excepté ce bip aigu qui est trop près de mes oreilles. Je tourne la tête pour essayer de trouver d'où il provient mais une douleur intense me bloque instantanément. Il fait noir en plus. À moins que... j'essaie d'ouvrir les yeux mais je n'y arrive pas. Je sais pourquoi il fait sombre c'est déjà ça. Mais pourquoi je ne peux pas ouvrir les paupières? À force d'insister, je commence à voir un trait de lumière. Il grandit au fur et à mesure mais la lumière me fait mal. Par réflexe, je referme le tout. C'est trop douloureux et ma tête me lance énormément. Après quelques secondes, je refais un essai. Il est un peu plus fructueux cette fois. Enfin, jusqu'à ce que je me rende compte qu'il fait entièrement blanc. Je suis dans une chambre d'hôpital mais pourquoi? Je bouge le reste de mon corps mais des élancements dans tous mes membres me font arrêter immédiatement. Ce n'est visiblement pas une bonne idée.
Une infirmière rentre dans la pièce. Elle ne fait pas attention à moi. Elle va directement aux machines qui m'entourent. Son regard passe enfin sur moi. Elle écarquille les yeux et me sourit.
- Bonjour Monsieur Leroy. Comment vous sentez-vous?
- J'ai mal partout, murmurais-je. Qu'est-ce qu'il s'est passé?
- Vous ne vous souvenez de rien?
- J'allais au travail je crois et puis c'est le noir complet.
- Une voiture vous a renversé.
- Vous avez prévenu à mon travail? Mon patron doit trouver quelqu'un pour me remplacer.
- Monsieur Leroy, votre patron a été prévenu ne vous en faites pas. Je vais informer le médecin que vous êtes réveillé.
Elle fuit, c'est certain. Elle préfère visiblement que le docteur réponde à mes questions. C'est étrange. Ce dernier arrive quelques minutes seulement après son départ.
- Content que vous soyez de retour parmi nous monsieur Leroy.
Il commence à m'examiner pendant que nous continuons à discuter. Je le sens sur la défensive également. Décidément, quelque chose ne tourne pas rond.
- Vous avez mal quelque part?
- Ce serait plus facile de dire où je n'ai pas mal. Mais c'est ma tête qui m'ennuie le plus. Elle me lance constamment.
- Je vais vous poser quelques questions pour voir où vous en êtes. Quel est votre prénom?
- Jack
- Très bien. En quelle année sommes-nous?
- En 2018.
- Quel est votre travail?
- Je travaille à l'accueil d'une salle de sport. Mais à quoi ça rime tout ça?
- C'est juste une précaution. D'après vous, quand est-ce que votre accident a eu lieu?
- Hier j'imagine.
- Et bien, c'était un peu plus loin que ça. Vous êtes ici depuis plus de deux semaines.
- Deux semaines? répétais-je bouche bée. C'est impossible.
- C'est le temps dont votre corps a eu besoin pour se remettre. Vous avez un bras et une jambe fracturés ce qui explique qu'ils vous fassent encore mal. Vous souvenez-vous de ce qui vous est arrivé?
- Comme je l'ai dit tout à l'heure à l'infirmière, je me rappelle seulement être allé au travail puis c'est le noir complet.
- La violence du choc peut expliquer votre perte de mémoire. Vos souvenirs vont probablement revenir petit à petit.
- Probablement?
- Le corps humain est une énigme à lui tout seul. Il ne réagit jamais de la même manière. Pour le moment, vous avez surtout besoin de repos.
- Comment je m'en sors en-dehors des fractures?
- Vous avez souffert d'une commotion et de divers hématomes mais rien de bien grave. Nous allons cependant vous faire subir quelques examens afin de vérifier que rien ne nous a échappé.
- Qu'en est-ce que je pourrai rentrer chez moi? demandais-je en soupirant.
- Difficile à dire pour le moment. Attendons les résultats, ce sera plus prudent.
- Très bien. Merci docteur.
- Reposez-vous maintenant. Je reviendrai vous voir en fin d'après-midi.
Il s'en va me laissant avec plus de questions qu'à son arrivée. S'il a su me répondre du point de vue médical, il en va autrement sur les circonstances qui m'ont conduites ici. Il doit certainement savoir ce qu'il s'est passé. Foutue caboche! Si seulement je me rappelais.
- Jack, tu es enfin réveillé, me dit un gars qui rentre dans ma chambre telle une tornade.
Il me prend dans ses bras et me broie presque les os.
- Vous m'étouffez.
- Jack? me demande-t-il sidéré en se relevant. Depuis quand tu me vouvoies?
- Depuis que je n'ai pas la moindre idée de qui vous êtes. Que faites-vous dans ma chambre?
Je le vois se reculer sous le choc. Apparemment je dois le connaître mais plus moyen de savoir qui il est.
- Ce n'est pas possible... murmure-t-il. Tu ne sais vraiment plus qui je suis?
- Non. Je devrais?
Ses yeux commencent à s'humidifier. Il a l'air complètement perdu. Il recule jusqu'à la porte et s'enfuit en courant. Sa réaction me déstabilise. Même si ma tête ne se souvient plus de lui, mon cœur semble ressentir le contraire. J'ai mal pour un inconnu. Comment est-ce possible? Mon instinct me dit qu'il était important pour moi mais je suis incapable de savoir pourquoi. Tout comme je suis incapable de remettre un nom sur ce visage...
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Nous voici repartis pour un tour. Coup dur pour nos tourtereaux.
Que pensez-vous de ce début?
J'ai juste l'impression que vous ne devez pas m'apprécier en ce moment lol.
A vos plumes, j'attends vos réactions avec impatience. C'est d'ailleurs dans ce but que je me suis empressée de publier le prologue, je ne tenais plus.
Bisouilles
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