Chapitre 41 - La goutte de trop!
- 1 petit pois, 2 petits pois, 3 petits pois... Pourquoi ai-je besoin de compter les pois? Sérieusement Jack, il va falloir te ressaisir! Et en plus, tu te parles à toi-même! De mieux en mieux!
Couché sur mon lit, je ne parviens pas à dormir. Cette histoire me trotte dans la tête h24. Et comme si ce n'était pas assez, ma mère m'a téléphoné en insistant pour que je parle à mon père. Pourquoi est-ce si urgent d'un coup? De toute façon, même s'il était mourant ça ne changerait rien, j'ai fait une croix sur lui depuis bien longtemps.
- Cette fois-ci, j'en ai marre! soupirais-je.
Je me tourne vers ma table de chevet où se trouve la dernière lettre d'Olivier. Je ne me lasse pas de relire notre correspondance. En fait, elle représente à peu près la seule chose de stable. Nous continuons à nous écrire régulièrement même si nous nous voyons aussi. Cela nous permet de divaguer, voir de rêver tout en apprenant à nous connaître malgré les problèmes qui nous tombent dessus.
«Mon petit ange,
Je reviens de la rencontre avec mes demi-frères et pour tout te dire, je ne sais pas ce que j'en pense. Ils ont l'air plutôt sympa. D'ailleurs, tu vas rire mais un des deux est coach sportif et bi! J'ai profité de cette information pour leur dire que j'étais gay et que mon petit‑ami faisait le même métier. Mais suis-je bête? Tu ne sais même pas encore comment ils s'appellent! Nous avons donc d'un côté Alexis qui est l'intello de service et qui est graphiste pour une boîte de com et de l'autre, Benjamin qui est ton homologue. Je ne vais pas te cacher qu'ils sont plutôt beaux gosses et qu'ils feraient craquer n'importe qui (Tu as de la chance que je t'aime et que nous fassions partie de la même fratrie!).
Je suis seul dans l'appartement, allongé sur mon canapé. Tonio n'est pas encore rentré mais même si je m'inquiète pour lui, je sais qu'il est avec Geoffrey et qu'il ne peut rien lui arriver. Quoique ces derniers temps je ne pourrais pas le jurer.
Lui d'ordinaire si calme et posé s'est métamorphosé. Il est entré dans une colère noire une fois que notre père est arrivé. Je ne l'ai jamais vu dans un tel état. Et je m'en veux, si tu savais! Je n'ai pas vu à quel point le retour, non l'apparition de Paul l'a bouleversé. J'ai l'impression d'être le pire frère de la terre. Je suis tellement enfoncé dans mes problèmes que je n'ai pas remarqué cette fureur qui grandissait en lui. Après l'esclandre de Tonio, il a demandé à notre ami de venir le chercher et comme d'habitude, Geoffrey a répondu présent. Heureusement que ce dernier est là et lui serre de repères, j'en serais incapable à l'heure actuelle.
Je ne sais plus moi-même où j'en suis dans tout ce méli-mélo d'événements. La seule chose dont je sois sûr, c'est de mes sentiments pour toi. Tu vas sûrement me dire que c'est déjà pas mal mais j'ai besoin de plus. Je te dirai donc, vivement que nous trouvions les méchants de l'histoire et que nous puissions construire notre relation pénards!
J'ai fait un drôle de rêve la nuit dernière. Pourquoi drôle? Simplement parce que c'est le genre de songe dont seules les midinettes sont capables. Imagine un peu:
C'est l'hiver, je suis assis dans un canapé au coin du feu, un verre à la main et une couverture bien chaude sur mes genoux. Je sais que quelqu'un va arriver mais je ne sais pas qui. Je me sens seulement bien, perdu dans mes pensées face aux flammes qui dansent devant mes yeux. Puis tu arrives par derrière et caresse mon épaule avant de t'allonger près de moi et de déposer ta tête sur mes genoux.
Quand je t'ai dit que c'était niais, je ne te mentais pas. Pourtant, j'aimerais tellement qu'il se réalise (Et si tu le répètes, je nierai, c'est clair!). Ne t'est-il jamais arrivé d'espérer un moment hors du temps où nous serions seuls, loin du reste du monde? J'y pense sérieusement depuis quelques semaines. J'ai besoin de m'éloigner de tout et de tous. Peut-être le ferais-je plus tard, qui sait? Pour le moment en tout cas, ce n'est pas d'actualité. Nous devons restés soudés.
Mes yeux se ferment tous seuls mon cœur. Il est temps pour moi de rejoindre les bras de Morphée bien que je préfèrerais que ce soient les tiens.
Je t'aime, ne l'oublie pas.
Ton Oli»
J'adore quand il m'écrit. Il parvient toujours à me faire passer par toutes les émotions possibles: de la jalousie (il croit vraiment pouvoir me dire des choses comme ça et penser que je ne vais rien dire, non mais! C'est mon Oli et on n'y touche pas!), à la tendresse en passant par le rire. Quand il m'a raconté son rêve, je pouvais presque m'imaginer la situation. C'est tellement tentant d'en faire une réalité mais tellement dangereux de se laisser distraire! J'aimerais pouvoir le réaliser pour lui dans un futur proche mais nous ne savons déjà pas ce qu'il va se passer d'un jour à l'autre. Mes paupières se ferment à leur tour sur cette image idyllique de l'homme que j'aime sous les lumières orangées du feu.
De la musique résonne dans mes oreilles mais je l'entends de très loin. Les notes de «Love Shake» des B-52's arrivent enfin à mon cerveau. Mon téléphone. Je tends la main pour l'attraper et décroche sans vérifier l'appelant.
- Hum hum, baragouinais-je.
- Bonjour mon chéri, s'écria joyeusement ma mère. Je ne te réveille pas j'espère.
- Qu'est-ce que tu veux? marmonnais-je avec une seule envie, celle de me rendormir.
- J'avais oublié à quel point tu peux être ronchon quand on te réveille, rit-elle. Ton père est à son bureau toute la journée.
- Maman, laisse tomber!
- Mais...
- J'irai quand bon me semblera, si j'y vais. Bonne journée maman.
Je raccroche sans faire attention à ses supplications. 8H00 du matin le seul jour où je pouvais dormir! Elle exagère vraiment. Bon, une chose est certaine, elle ne veut pas me lâcher et si je veux avoir la paix, je vais devoir aller lui rendre visite. Oh joie! Sur une impulsion j'envoie un texto à mon chéri pour lui dire bonjour et lui souhaiter une bonne journée. La réponse ne se fait pas attendre mais pas par texto comme je le pensais.
- Salut mon cœur, répondis-je. Tu ne devais pas travailler ce matin?
- Justement si mais figure-toi qu'un petit malin m'a fait virer!
- Quoi? Mais qu'est-ce qu'il s'est passé? m'exclamais-je, totalement réveillé du coup.
- Je suis arrivé comme d'habitude et la directrice des ressources humaines m'a appelé. Apparemment il y aurait eu une plainte déposée par quelqu'un à mon encontre. Comme elle n'a pas voulu faire de vagues, je me retrouve sans boulot! fulmina-t-il.
- Mais ce n'est pas possible! Il n'y a pas plus droit que toi!
- C'est ce que je lui ai dit mais elle ne m'a pas laissé en placer une.
- Ce n'est pas normal.
- Effectivement. J'y ai bien réfléchi depuis que je suis sorti du bureau, ajouta-t-il. Nous savons tous les deux qui a le bras assez long pour en arriver à un tel résultat et surtout qui voudrait me voir dégager le plancher.
- Antoine...
- Tout juste! affirma-t-il. Sans compter son complice. Si ça se trouve, c'est un ponte!
- Mon Dieu, je suis désolé Oli, tout ça est arrivé par ma faute.
- N'importe quoi! Par contre, je commence à douter sérieusement de leur cible.
- Tu veux dire...
- Oui, acquiesça-t-il. Ce n'est pas toi la cible, mais moi.
- Je ne sais pas mon cœur. C'est tellement bizarre. Tu n'as rien fait, je ne vois pas pourquoi quelqu'un voudrait t'éliminer.
- Le quelqu'un, on sait qui c'est et crois-moi il veut ma peau. Que tu l'admettes ou non n'y changera rien.
- Que vas-tu faire? m'enquis-je une fois le choc passé.
- Que veux-tu que je fasse? soupira-t-il. Je n'ai pas assez de force pour me battre contre ma hiérarchie. Je suis à bout Jack! C'est la goutte d'eau de trop.
- Oli? Qu'est-ce que ça veut dire?
- Ça veut dire que je t'aime mais que j'ai besoin plus que jamais de m'éloigner.
- Tu me quittes? murmurais-je.
- Non mon chéri, je t'aime trop pour ça, me dit-il, des sanglots dans la voix. Tu te rappelles? Je ne peux pas te laisser tomber mais Antoine a décidé de me faire vivre un enfer... Je n'y arrive plus.
- Tu pars, affirmais-je.
- Oui, souffla-t-il. Au moins le temps que ça se tasse.
- Où vas-tu aller? lui demandais-je les larmes coulant sur mes joues.
- Chez mon père. Il tient une maison d'hôte. Ça me permettra en même temps d'apprendre à connaître Alex et Ben.
- Tu reviendras?
- Je ne sais pas, m'avoua-t-il. Je t'écrirai et on pourra se téléphoner.
- Oui, soupirais-je, mais combien de temps allons nous tenir?
- Le temps qu'il faudra pour arranger tout ça, je suppose.
- Les autres sont au courant?
- Juste Tonio et Geoffrey. Ludrey est en déploiement et je ne suis pas parvenu à joindre Lucane.
- Je suis le dernier au courant en somme.
- Il y a Audrey aussi mais elle est chez ses parents avec Auriane et les enfants. J'avais prévu de vous le dire en face. C'est juste que c'est tellement plus douloureux avec Audrey et toi. Vous m'êtes plus précieux que la vie, jamais je ne vous abandonnerais sans un mot.
- Tu es sûr de toi?
- Non mais qui le serait? me répondit-il. Tu peux me promettre quelque chose?
- Tout ce que tu veux.
- Attrape cette ordure et fais-le payer pour moi.
- Ne t'inquiète pas, reniflais-je. Je n'arrêterai pas tant qu'il ne sera pas mis hors d'état de nuire.
- Merci mon amour, pleura-t-il. Je t'aime Jack, rien ne pourra changer ça.
- Je t'aime aussi Olivier, plus que ma propre vie.
Je me plie en deux sous la douleur, mes larmes coulent sans arrêt et les gémissement ne tardent pas à suivre. Je reste dans cette position pendant des heures sans bouger d'un iota, les idées plus confuses que jamais. Mais maintenant ma détermination prend le pas sur ma tristesse et ma colère fait son apparition. Antoine sera parvenu à tout me prendre finalement mais hors de question que je le laisse faire. Je me redresse et me lève, plus résolu que jamais à mettre un terme à tout ça.
Avant de faire quoi que ce soit, j'ai une visite à rendre. C'est avec lui qui mon cauchemar a commencé il y a des années et j'espère le faire sortir définitivement de mon existence. Une fois dans la voiture, je ne prends pas le chemin de l'immeuble dans lequel travaille mon père. Je passe d'abord devant chez mon ange pour que mes doutes soient confirmés: sa voiture n'est plus là. Il est vraiment parti. Sans moi. Mes yeux s'humidifient mais je ne les laisse pas faire. Je dois garder toute cette émotion pour en faire ma force.
Maintenant que je suis devant cet immense building, je le sens mal mais je dois le faire. Ça a assez duré et il faut bien commencer quelque part. La réceptionniste n'est pas là, je passe donc directement sans être vu. L'ascenseur s'arrête au dixième étage. Rien n'a changé depuis la dernière fois, tout est toujours aussi froid. Je m'approche à pas de loups quand j'entends la porte de son bureau s'ouvrir. Je me cache vite derrière une énorme plante verte. Quand je suis sûr qu'il n'y a plus personne, je sors de ma cachette. J'allais attraper la poignée lorsque j'entends une conversation.
- Oui ce petit n'est pas très futé, affirma mon père. Il s'est trompé de cible déjà la première fois.
- Vous avez raison, répondit une voix que j'ai l'impression de connaître. Mais qui aurait pu savoir qu'ils allaient échanger leurs vestes?
- Il est assez cher payé pour le savoir non? Et maintenant il s'est fait prendre par son patron! Vous parlez d'un idiot.
- Heureusement que j'ai un autre tour dans ma poche! s'exclama son interlocuteur.
- Oui, j'espère qu'il sera plus doué.
- Il l'a déjà prouvé il me semble.
- Peut-être mais sa mission n'est pas vraiment achevée, il l'a raté.
- Effectivement mais il a réussi un autre tour de force. Il les a séparés! Avec le groupe dissout, ce sera plus facile d'atteindre notre cible.
- Et pour son travail?
- Quel travail? rit-il. Je m'en suis occupé. Tout est réglé. Et d'après ma source, il a plié bagages ce matin.
- Où est-il allé?
- Je m'en moque éperdument, répondit l'inconnu sèchement. Tant qu'il reste loin d'ici.
- Et s'il revient? demanda mon père.
- Alors je mettrai mon plan à exécution, affirma l'autre avec un ricanement à vous faire froid dans le dos.
Des frissons d'horreur me parcourent le corps. Je sais à qui appartient cette voix.
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Mais qu'est-ce que j'ai encore fait? Je sais, je sais, encore une fois Oli trinque mais vous admettrez quand même qu'ils ne rompent pas. Ils sont toujours ensemble mais il a besoin de prendre un peu l'air!
Quant au groupe, pensez-vous vraiment qu'il est dissout comme le pense...? Comme le pense qui d'ailleurs? Jack a reconnu sa voix mais à qui appartient-elle? Et cette histoire de vestes échangées? Qu'en est-il?
Que de questions les loupiots! Les événements s'accélèrent les amis et l'histoire touche à sa fin! Je dirais qu'il reste entre 4 et 5 chapitres, épilogue inclus.
Allez-y, déballez tout ce que vous avez sur le coeur! C'est le moment ou jamais.
Bisouilles les p'tits loups
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