Chapitre 37 - Explications explosives
Point de vue d'Olivier
Déjà un quart d'heure que je l'attends. Ce n'est pas normal, il est toujours à l'heure. Et pour ne rien arranger, il fait un froid de canard. Je lui laisse encore cinq minutes et je rentre dans l'hôpital.
- Bon sang mon ange, dépêche-toi un peu, pestais-je en me frottant les mains. Ça m'apprendre à ne pas prendre de gants tiens!
À peine ai-je fini de penser ça qu'une voiture arrive et s'arrête à ma hauteur.
- Désolé du retard, s'excusa Jack après avoir ouvert la fenêtre. Monte il fera plus chaud pour parler.
Je m'exécute avec un plaisir non dissimulé, l'habitacle étant chaud et confortable, tandis qu'il va se garer dans un coin discret. Il détache sa ceinture et m'embrasse avant même que j'ai eu le temps de dire ouf! Et quel baiser! C'est comme s'il y avait une urgence. Mes mains vont se glisser dans ses cheveux pendant que les siennes me serrent de plus en plus fort. Si je me demandais encore où j'en étais, ce n'est plus le cas. Ma réaction répond à toutes les questions que je me posais quand j'étais loin de lui. Je l'aime, c'est une évidence et je serais prêt à tout pour lui. Sauf peut-être à le lui avouer maintenant... la peur de l'abandon reste encore trop présente.
Le manque de souffle nous force à arrêter mais nous restons dans les bras l'un de l'autre, trop heureux de ce petit moment volé.
- Et si on nous surveille? lui murmurais-je.
- Tant pis. J'en ai marre d'être loin de toi, m'avoua-t-il. Je te veux près de moi mon cœur, peu m'importe les conséquences. Et puis, ça ne changerait rien si nous restions séparés.
- Comment peux-tu dire ça? Qu'est-ce qu'il se passe mon ange?
- J'ai eu la visite de Logan tout à l'heure. Il a mené son enquête et les résultats sont inquiétants.
- Vas-y. Explique-moi, lui intimais-je.
Il me donne les renseignements que Logan lui a donnés. Tous sans exception. Mais quand est-ce que ça va se terminer?
- En conclusion, on doit tous se méfier, ajouta-t-il. On ne sait pas de quoi ils seraient capables.
Je suis abasourdi par la situation mais il ne me laisse pas le temps de réfléchir plus longuement qu'il enchaîne avec la suite.
- En plus de tout ça, devine qui veut me parler...
- Euh, je ne vois pas trop. Au point où on en est, je trouverais ça même drôle que ce soit ton père, riais-je.
- ...
- Non? lui dis-je de plus en plus étonné. Ton père? Vraiment? Et qu'a-t-il trouvé comme prétexte?
- Il a envoyé ma mère pour me demander de venir. C'est d'ailleurs pour ça que je suis en retard, m'expliqua-t-il. D'après elle, il s'en veut et aimerait me parler.
- Et tu vas aller le voir?
- Je lui ai dit que je réfléchirais à la proposition, me répondit-il en haussant les épaules. Avec tout ce qu'il se passe, je ne sais pas si c'est une bonne idée.
- D'un côté, ça pourrait t'enlever un poids des épaules. Il a peut-être réellement changé.
- Autant dire que les extraterrestres vivent parmi nous! rit-il, amer.
- Le seul moyen de le savoir est d'y aller, lui rétorquais-je.
- Oui, soupira-t-il, je verrai bien. En attendant, on fait quoi pour le reste?
- Il ne reste qu'une chose à faire et crois-moi, ça ne va pas être une partie de plaisir.
Il me regarde sans comprendre. En même temps, je crois qu'il est un peu paumé avec tout ce qui lui arrive.
- Il va falloir faire un conseil de guerre! Ce qui veut dire...
- Mettre les filles au courant, gémit-il.
- Exactement!
Je le vois pâlir à vue d'œil et même si la situation n'est pas drôle, j'éclate de rire. Comment avoir peur de deux filles alors que nous sommes censés être des hommes forts? Et pourtant c'est le cas. Elles peuvent rivaliser d'imagination pour nous faire payer nos erreurs. Et là, vu la taille des erreurs en question, j'en frémis d'avance...
- Bon, ce ne sont pas des dragons quand même, parvins-je à dire entre deux respirations.
- Tu veux que je te rappelle la fois où Lucas avait caché à Audrey qu'il s'était pris un poteau avec la voiture? Il était tellement mal qu'il s'est dépêché de faire tout réparer avant qu'elle ne le voit.
- Je me remémore surtout sa tête quand elle l'attendait à côté du garagiste qui avait fait la réparation, haletais-je en essuyant mes yeux.
C'est reparti pour un fou-rire mais collectif celui-ci. Oh purée que ça du bien! Nous sommes pliés en deux et ne parvenons pas à stopper comme si nous évacuions toutes les tensions actuelles. Mes abdos me font mal et j'ai du mal à récupérer ma respiration. Jack en profite pour faufiler ses mains sur mes hanches et entamer des chatouilles que je lui rends. Ça se transforme bien vite en petite bataille, provoquant un coup de klaxon involontaire. Nous sommes tous les deux à bout de forces mais nos regards se croisent et nos bouches sont attirées comme des aimants. Ce qui avait commencé innocemment se changea rapidement en quelque chose de beaucoup plus passionné. Cependant, la réalité revint vite dans nos esprits, calmant immédiatement nos ardeurs.
- Quelles seront leurs représailles tu crois? lui demandais-je une fois remis.
- Je n'en sais rien et j'aurais préféré ne pas le savoir. Mais il y a une chose dont je sois sûr...
- Laquelle?
- Je ne voudrais pas faire partie de l'équipe des Lucas, pouffa-t-il.
- Je les plains... sincèrement. Plus sérieusement, je vais devoir reprendre. Si on se retrouvait tous ensemble ce soir? On pourrait aller au café habituel, ils ont installé quelques tables à l'extérieur avec un brasero. Ça nous ferait du bien de prendre un peu l'air.
- C'est une bonne idée. Je contacte les autres pendant que tu travailles. Tu as fini vers quelle heure?
- 18h. Et je crois que Geoffrey a fait le matin.
- Génial, bon on dit pour 19h dans ce cas. C'est ok pour toi?
- Ça marche, lui répondis-je avant de lui faire un baiser des plus chastes. Je file mais sois prudent d'accord?
- Toujours mon cœur.
Je le quitte en lui faisant un signe de la main. Il est déjà l'heure de reprendre et je n'ai rien avaler mais tant pis, ce petit intermède valait vraiment le coup. Le reste de ma garde se passe dans le calme. Je n'ai dû intervenir que deux fois. À chaque fois, des hommes en proie à la panique étaient devenus un peu trop violents. Les chocs peuvent parfois nous faire perdre les pédales et je ne vais sûrement pas leur jeter la pierre!
Jack m'a confirmé le rendez-vous une heure après être parti. Me voilà donc en route pour le café. Je prendrai quelque chose à manger là-bas, parce qu'à part une barre de céréales, je n'ai rien avalé depuis hier soir et ça commence à sérieusement creuser.
J'ai trouvé une place non loin de là ce qui me permet d'y être rapidement. Les couples sont déjà là et je peux voir Geoffrey et Tonio arriver en face de moi.
- Salut, m'accosta Lucane, Jack arrive dans 5 minutes, il est parti se garer.
- Super. Ça vous va si on s'assied dehors? J'ai besoin d'air, leur expliquais-je.
Après qu'ils aient accepté, nous nous installons dans un coin un peu à l'écart mais près d'une source de chaleur. Nous parlons de tout et de rien le temps que Jack nous rejoigne. Quand il arrive, se place près de moi et m'embrasse, le silence se fait autour de nous.
- Vous êtes de nouveau ensemble? me questionna Audrey en haussant un sourcil.
- Oui mais c'est tout récent, lui rétorquais-je. En fait, je crois même que ça date d'aujourd'hui.
Elle se détend imperceptiblement. Elle a probablement dû être vexée de ne pas être au courant. Si elle savait ce qui va suivre...
- Vous n'avez pas eu de problèmes pour faire garder la petite, Auriane? m'enquis-je histoire de changer de sujet.
- Non. Joy était libre et ça ne l'a dérange pas de garder sa sœur.
- Vous avez de la chance de l'avoir, intervint Tonio. Elle va bien? La dernière fois que je l'ai vue c'était à Noël.
- En apparence, elle va bien. Mais elle m'inquiète un peu. Elle est beaucoup trop seule à mon goût.
- Elle n'a pas d'amis? s'enquit-il.
- Si mais elle ne les voit pas ces derniers temps. L'histoire avec son père doit la perturber.
- Tu veux que je parle avec elle? lui proposa-t-il.
- Ce serait génial, lui dit Auriane, soulagée. Tu veux son numéro?
- Merci mais je l'ai déjà, lui répondit-il gêné.
Si je ne connaissais pas mon frère, j'aurais pu imaginer qu'il se passe quelque chose entre ces deux-là mais ce n'est pas possible... n'est-ce pas?
- Trêve de plaisanterie, nous dit Audrey. Pourquoi nous avoir réunis?
- Qu'est-ce qui te fait croire qu'il y a quelque chose de spécial? demanda Jack.
- Réunion imprévue, tous ensemble... pas besoin de chercher très loin.
- Tu as raison alors voilà...
Plusieurs choses se sont passées en même temps: un bruit de moteur s'est fait entendre, et Lucas s'est levé d'un bond.
- Dans le café! hurla-t-il en projetant les filles vers l'intérieur.
Nous avons juste le temps de nous ruer sur le côté qu'un véhicule passe à l'endroit exact où nous étions quelques secondes auparavant, emmenant les chaises et les tables dans son sillon. Sous le choc, j'ai du mal à revenir à la réalité.
- Mais Bon Dieu! Qu'est-ce que c'était que ça? demandais-je plus pour moi que pour les autres.
J'observe les alentours, complètement sonné. Lucas est déjà en train de vérifier que tout le monde va bien et d'évaluer les dégâts. Heureusement qu'il a de bons réflexes sinon ce sont nos corps qui seraient étalés sur le sol à la place des débris.
- Tout le monde va bien? m'enquis-je. Jack! Où est Jack? paniquais-je en tournant sur moi-même pour l'apercevoir.
- Je vais bien, me répondit-il en m'enserrant la taille. J'ai juste eu le temps de me mettre sur le côté.
Le personnel de l'établissement et les clients viennent s'agglutiner pour voir ce qu'il s'est passé alors que le propriétaire arrive en courant avec une trousse de secours.
- Que s'est-il passé? Vous allez bien? nous questionna-t-il.
- Une voiture nous a littéralement foncé dessus, expliqua Lucane. Vous pensez à la même chose que moi les gars?
- Il faut appeler l'inspecteur Miels, et tout de suite, opina Jack. Il doit être mis au courant.
- Tu n'oublierais pas un détail? ironisa Audrey.
- Heu...
- Il n'y aurait pas quelque chose que nous devrions savoir à tout hasard? ajouta Auriane après être venue rejoindre notre amie.
Elles sont face à nous, les bras croisés et visiblement furax. Si leur yeux étaient des mitraillettes, nous serions déjà mortellement blessés. Mon petit-ami cherche un peu de soutien auprès des autres qui bizarrement n'osent pas ouvrir la bouche.
- Lâcheurs, marmonna-t-il tout bas avant d'enchaîner plus fort. C'est justement de ça dont nous voulions vous parler ce soir.
- Ce soir hein? répéta Audrey. Tu vas me dire que tout ça là, montra-t-elle en balayant avec ses bras, tout se foutoir, est récent? Non, en fait, je ne vais même pas attendre ta réponse, ajouta-t-elle toujours sans s'énerver.
Enfin, nous voyons tous que la cocotte minute est prête à exploser mais son calme n'augure rien de bon pour la suite.
- Appelez la police et en attendant que ces messieurs arrivent, nous allons rentrer dans le café et vous allez tout nous expliquer depuis le début, nous ordonna Auriane.
Je rectifie mon erreur: ce n'est pas une mais bien deux bombes qui vont nous tomber dessus.
Le propriétaire, ayant vérifier que tout le monde allait bien, nous a conduit dans une salle à l'arrière du café en nous expliquant que nous serions mieux ici et qu'il guiderait les policiers à leur arrivée. Après l'avoir remercié, nous nous installons mais personne n'ose commencer.
- Autant que j'explique, soupira Jack. Pas besoin de vous rappeler mon accident je suppose. Tout part de là.
Il réexplique donc la situation aux filles qui nous font face. Plus le récit avance et plus leurs yeux lancent des éclairs. Et quand il passe à la partie où il demande de l'aide aux Lucas, je vois ses messieurs se ratatiner sur leur chaise et regardant leurs pieds. Si la situation n'était pas aussi dramatique, j'aurais éclaté de rire mais je me retiens le plus possible, ne voulant pas empirer leur humeur. Une fois le récit terminé, un blanc s'installe. L'ambiance est lourde.
- On est quoi pour vous au juste? nous demanda Audrey.
- Nos femmes? murmura Lucane, peu certain de la réponse.
- Vos femmes? Donc vous nous avez épousées parce que nous sommes faibles, que vous pouvez nous protéger et que nous sommes aussi fortes que des brindilles? s'enquit Auriane.
- Mais non, on comptait... tenta de se justifier Ludrey avant d'être interrompu par son épouse.
- Oh toi, tais-toi. Ça vaut mieux pour ton matricule mon bonhomme, intervint-elle. Qu'est-ce que tu crois? Que pendant que tu pars en déploiement quelqu'un est là pour m'aider? Non monsieur mon «Mari». Comment avez-vous pu nous laisser dans l'ignorance? Vous vous rendez compte qu'il aurait pu vous arriver quelque chose de grave et que nous ne sommes même pas au courant? s'énerva-t-elle.
- Je pensais que nous agissions ensemble, bon sang, enchaîna Auriane. Nous sommes un groupe oui ou non? nous demanda-t-elle. J'en ai marre. Vous n'êtes qu'une bande de machos qui pensez que nous ne sommes bonnes qu'à nous occuper des enfants et de la maison.
- Auriane a raison, continua Audrey. Vous nous avez beaucoup déçues. Vous savez quoi? Continuez à faire joujou et à vous débrouiller avec les méchants. Nous allons aussi faire des choses de «femmes» de notre côté.
- Mais chérie, demanda piteusement Lucane à son épouse, tu ne peux pas me laisser...
- Il n'y a pas de chérie qui tienne. Il fallait y réfléchir avant.
- Écoutez, tout est de ma faute, les implora Jack. Vos maris ont juste voulu m'aider.
- On le sait Jack et ne crois pas que tu t'en tireras comme ça, lui répondit Audrey. Mais ils sont rentrés dans ton jeu et ont choisi de ne rien nous dire alors qu'ils devaient bien se douter des conséquences.
Elle se tourne vers leurs époux et les fusillent du regard.
- Vous allez ramer pour qu'on vous pardonne, leur annonça-t-elle. En attendant que toute cette histoire soit réglée, nous partirons avec les enfants loin d'ici et de tout ce merdier. Vous avez voulu faire cavaliers seuls et bien continuez.
Elles s'en vont mais sont arrêtées par l'inspecteur Miels. Celui-ci leur demande de rester mais leur réponse ne tarde pas à venir:
- Débrouillez-vous avec eux, ce sont eux les hommes forts et intelligents. Ils pourront tout vous raconter mieux que nous de toute manière.
La tête de Miels vaut tout l'or du monde. Visiblement il ne s'attendait pas à ça et nous non plus! Les Lucas courent pour aller parler aux filles et espérer recoller un peu les morceaux. Je me mets un peu à la place d'Audrey et Auriane. J'ai été prévenu il n'y a pas si longtemps et ça m'avait vexé aussi. J'espère que tout s'arrangera pour eux. Avec tout ce qu'elles ont vécu, elles se sont forgées une carapace relativement épaisse et si elles ont décidé de remonter leurs défenses...
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Alors alors... nous avons un couple reformé, deux dragons lâchés, et deux malheureux qui vont ramer!
Mais quel chapitre mes amis! En plus de ça, on a de nouveau voulu les écraser... non mais franchement, il faudrait peut-être que je pense à les laisser tranquilles... ben en fait non! Il faut mérité le "Et ils vécurent heureux" mdr.
Les deux filles ne nous ont pas déçues quand à leurs réactions. Je souhaite bien du plaisir aux Lucas pour se faire pardonner.
A vos claviers les p'tits loups, dites-mois un petit peu tout ce que vous pensez des événements récents :-).
Bisouilles
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