Chapitre 27 - Plans
Point de vue de Jack
4H30
- Jack, maintenant ça suffit, tu fermes les yeux et tu dors. Ne serait-ce que pour les deux heures qu'il reste de ta nuit! m'admonestais-je.
Voilà que je me parle à moi-même en plus. Je ne suis pas parvenu à fermer l'œil de la nuit. Olivier l'a pris beaucoup trop bien. Un peu comme s'il s'en moquait! Je m'attendais à ce qu'il me supplie de rester mais... rien. Et là, je suis au courant qu'il est sorti avec les autres et ça me rend dingue. Je sais qu'il est avec les Lucas mais ce qui m'embête le plus, c'est Marc et ses amis. Ce dernier a beau être hétéro, ce n'est peut‑être pas le cas de ceux qu'il amène avec lui. C'est une véritable torture mais je ne peux plus rien dire. J'ai perdu ce droit en mettant fin à notre relation. Je ne veux pas que ça me touche et pourtant... non, ça me laisse indifférent. Ça ne peut pas en être autrement. Il est mieux seul qu'avec moi.
- Et ça t'avance à quoi de te dire ça en boucle hein? Crétin! Tu essaies de convaincre qui? me lance ma conscience.
D'accord, j'ai compris: je ne parviendrai à rien cette nuit, autant me lever. Je vais prendre ma douche et prépare mon petit-déjeuner. Il n'y a rien d'intéressant à la télévision pour ne pas changer. Du coup, je me retrouve à manger devant une stupide émission sur la chasse. Heureusement, je suis d'astreinte ce week-end ce qui m'occupe un peu.
Comment puis-je être certain que je n'ai pas fait une bourde en rompant avec Olivier? Depuis plusieurs mois, il fait partie de mon entourage. Je le croisais constamment et quand je ne le voyais pas physiquement, je pensais à lui. Même quand je l'ai oublié, il occupait mon esprit. Les fêtes de fin d'année ont été simplement les plus belles que j'ai eues jusqu'à maintenant et elles resteront les plus beaux souvenirs que j'aurai partagés avec lui. Une douleur étreint ma poitrine à l'idée que je ne pourrai plus le prendre dans mes bras ou discuter avec lui, tendrement enlacés. Je n'ai pas assez de temps à lui accorder et si je ne veux pas le mettre plus en danger, je n'ai pas le choix. Bon Dieu que ça fait mal de faire ce qu'il faut!
Mes doutes n'en sont plus. Je suis persuadé que l'accident n'en était pas un mais il faut que je le prouve. Et ça, ce n'est pas simple. Je suis passé au commissariat. Les policiers ont bien voulu rouvrir le dossier après m'avoir écouter mais ils ne veulent pas me faire de faux espoirs. Ils n'ont rien trouvé jusqu'à maintenant et sans nouvelles preuves, ils ne pourront pas avancer plus. Je leur ai parlé d'Antoine mais comme je le pensais, le fait qu'il soit un avocat international assez reconnu les bloque. Ils ne peuvent rien faire à part le surveiller. Ils m'ont quand même précisé qu'ils feront une enquête discrète sur lui. Bien décidé à découvrir la vérité, un plan s'est formé dans ma tête: je vais me rapprocher de mon ex et faire semblant de vouloir revenir avec lui. Je ne sais pas jusqu'où je devrai aller ni si Olivier me pardonnera un jour mais je dois y arriver. C'est le seul moyen pour moi de trouver ce dont j'ai besoin et de mettre un terme à cette histoire.
La matinée se passe trop calmement à mon goût me laissant libre de réfléchir. La question primordiale et qui coince: pourquoi Antoine aurait-il voulu se débarrasser de moi? Ce n'est pas logique s'il veut me récupérer. En plus, il n'est pas réapparu directement après l'accident donc le scénario du prince qui vient pour me sauver sur son beau destrier ne tient pas la route non plus.
- Salut beau gosse.
Cette voix me hérisse au plus haut point mais je ne peux rien montrer. Je dois jouer le jeu jusqu'au bout. Il ne doit pas savoir que je l'ai démasqué ou tout au moins que je doute de ses intentions. Et le connaissant, il n'a pas dû agir seul. Ce n'est pas le genre à se salir les mains. Il faut donc que je découvre qui est son complice.
- Salut, répondis-je en souriant. Déjà là?
- Et oui comme tu peux le voir. J'ai un coach qui me motive énormément, rit-il.
- Tu dois te reposer aussi. Ne l'oublie pas, c'est important pour tes muscles.
- Je sais, t'inquiète pas. En parlant de repos, tu es libre demain soir?
- Pourquoi? demandais-je en arquant un sourcil.
- J'aimerais bien aller au ciné mais tout seul, ce n'est pas marrant. On pourrait aussi aller manger un morceau. Qu'est-ce que t'en dis? À moins que tu n'aies quelque chose de prévu avec... comment il s'appelle déjà? Ah oui, Olivier.
- Non, je n'ai rien de prévu, dis-je en serrant les dents. Et on n'est plus ensemble.
- Ah bon, me répondit-il en essayant de ne pas jubiler. Depuis quand?
- Quelques jours.
- Je suis désolé pour vous.
- On va se mettre d'accord tout de suite. Tu n'es absolument pas désolé, nous le savons tous les deux alors arrête de faire comme si ça te touchait.
Je n'ai pas pu m'empêcher d'éclater. Tant pis, ça ne fait que renforcer mon rôle puisqu'il ne s'attendait sûrement pas à ce que je lui saute dans les bras.
- C'est vrai que je ne suis pas triste, je ne vais pas te le cacher. Mais je ne vais pas sauter de joie alors que quelque chose t'a blessé, rétorqua-t-il.
- Excuse-moi, je suis un peu sur les nerfs, lui expliquais-je.
- Je te pardonne si tu acceptes mon invitation, me répondit-il tout sourire.
- Très bien, soupirais-je. Va pour un ciné et un repas. En attendant, je crois qu'il est l'heure de suer un peu.
- À vos ordres mon Général, rit-il en faisant un salut militaire. Je vais me changer et j'arrive.
Il part me laissant souffler un peu. Mon plan se met en place petit à petit. J'espère juste ne pas me perdre en le suivant.
Point de vue d'Antoine
J'ai fait la plus grosse boulette de ma vie le jour où je l'ai quitté. Son sourire, son humour et même sa mauvaise humeur m'ont manqué. Mais il sera de nouveau à moi. Je me suis juré de le récupérer et j'y arriverai. Maintenant qu'Olivier n'est plus dans l'équation, ce n'est plus qu'une question de temps. Cette pauvre petite chose... ce n'était qu'une amourette pour Jack. Leur histoire ne fait pas le poids face à la nôtre.
Je regarde mon reflet dans le miroir. Les années n'ont pas eu beaucoup d'emprise sur moi et je compte bien jouer de tous mes atouts pour arriver à mes fins. Jack sera de retour dans mes bras, dans ma vie et dans mon lit avant que nous ayons le temps de dire ouf.
Mon téléphone sonne au moment où j'allais partir dans la salle. Je regarde si le vestiaire est vide avant de répondre.
- Allo?
- Alors, ça avance?
- Oui, ne vous inquiétez pas. Tout va pour le mieux. Je viens d'apprendre qu'ils se sont séparés il y a quelques jours.
- Très bien. Je compte sur vous pour l'éliminer définitivement du paysage.
- Vous pouvez me faire confiance.
Mon interlocuteur raccroche. Si Jack savait... mais c'est ce qui est encore plus jouissif. Il ne sait rien de rien. Tant que ça reste comme ça, il n'y a aucune raison de faire du mal à son cher et tendre. Je ferai tout pour l'éloigner de ce groupe d'amis à la noix et comme ça, tous les risques de voir l'autre revenir seront réduits à néant.
C'est le cœur léger et en sifflant que je vais dans la salle. Il m'attend à l'accueil, prêt à s'occuper de moi. Rien que de moi. Ah la vie est belle quand même.
- C'est bon, je suis là. Alors à quoi vas-tu me manger aujourd'hui?
- Je ne sais pas encore, me dit-il en hésitant. La dernière fois, tu as travaillé le bas, réfléchit-il à haute voix. Donc aujourd'hui, tu vas attaquer le haut. Commence par t'échauffer pendant quinze minutes pendant que je te prépare un circuit.
- Ça marche, lui répondis-je en me dirigeant vers l'espace musculation.
Je commence par faire de la corde à sauter. J'ai une vue directe sur lui. Il est encore plus beau qu'avant. Même s'il est habillé, on peut deviner le dessin de chaque muscle à travers son t-shirt moulant. Je dois me concentrer pour ne pas montrer l'effet qu'il a sur mon corps. Il ne s'en doute pas, mais il a toujours eu cet ascendant sur moi. C'est en partie pour ça que je suis parti il y a quelques années. Ça m'a fait peur. J'ai préféré prendre la fuite plutôt que d'affronter cette partie de ma personnalité. Depuis, j'ai bien eu des aventures. J'ai rencontré pas mal de gars et même de filles mais aucun n'arrivait à sa cheville. Après un temps déjà trop long à passer d'un amant à l'autre, j'ai dû me rendre à l'évidence: je n'en pouvais plus d'être loin de lui. J'avais prévenu de revenir quand un allié complètement inattendu m'a contacté. J'ai donc précipité un peu mon retour mais sans prévenir Jack. Je l'ai observé de loin quand il allait travailler ou qu'il se rendait chez ses amis.
Nous avons mis un certain temps pour mettre notre plan au point. Nous voulions que tout soit parfait. Minutieusement, point après point, nous avons tout planifier. Malheureusement, l'exécuteur était un vrai imbécile. Au final, j'arrive à ce que je voulais même si ça prend plus de temps que prévu. Le plus important est qu'il ne se doute de rien.
- Alors tu as fini? me demanda-t-il.
- Ouaip!
- Super. Je t'ai préparé ton parcours. Tout est écrit ici, me précisa-t-il en me montrant une feuille. Tu vas surtout travailler avec des altères et des poulies. Je vais te montrer et tu pourras faire deux séries de vingt pour chaque exercice.
Nous passons la demi-heure suivante à rire et à déconner. Il m'explique les mouvements corrects avant que je les fasse une fois devant lui. Au début, j'ai vraiment cru qu'il ne voudrait pas m'entraîner. Il me connaît assez pour savoir que je n'avais pas réellement besoin de lui. Alors j'ai pris le seul argument capable de le faire flancher: l'argent. J'ai eu accès à ses comptes et on ne peut pas dire qu'il soit riche, au contraire. Il s'en sort mais en cas de coup dur, il ne pourrait pas se retourner et je sais qu'il a horreur de ça. Jack a besoin de sécurité et je suis prêt à la lui offrir. En fait, je veux être là pour lui, être son roc. Il n'aura plus besoin de quelqu'un d'autre. Et surtout pas d'Olivier. Quant à l'écarter définitivement, ça dépendra uniquement de Jack. Je ne laisserai personne se mettre sur mon chemin.
- Tu as l'air bien sérieux d'un coup, remarqua-t-il en revenant près de moi. À quoi penses-tu?
- Une affaire qui me prend la tête, c'est tout. Tu t'inquiètes pour moi? plaisantais-je.
- Pas spécialement, mais je te connais assez pour savoir quand quelque chose ne va pas, rétorqua-t-il en haussant les épaules.
- C'est très mignon, tu sais? lui dis-je, le faisant rougir.
- Si tu le dis. Où en est ta séance? me demanda-t-il pour changer de sujet.
- J'ai fini chef.
- Ok. Tu fais tes étirements et tu as fini pour aujourd'hui.
- Super j'ai hâte de prendre ma douche, riais-je.
Je termine mon stretching avant de filer sous l'eau, heureux de l'avancée de ce week‑end.
- Que dis-tu de se voir vers 18h00 demain? Comme ça on pourra manger avant le cinéma, le questionnais-je avant de sortir de la salle.
- Ça me va, me confirma-t-il.
- Super. Je te préviendrai par texto si j'ai un imprévu. À demain alors.
J'embrasse Jack sur la joue pour lui dire au revoir et m'en vais, sans remarquer la lueur déterminée dans les yeux de mon vis-à-vis.
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Ce chapitre est un peu plus court que les autres mais j'avais envie de lancer l'intrigue... Il était temps me direz-vous mais c'est la partie la plus compliquée à écrire qui commence...
Jack et Antoine ont tous les deux un plan pour arriver à leurs fins. Mais qui est ce mystérieux allié dont Antoine nous a parlé? Et que veulent-ils dire par "l'éliminer définitivement du paysage"? Olivier doit rester prudent, d'autant plus qu'il ne sait pas qu'une épée de Damoclès est au-dessus de sa tête. Mon Dieu, nous ne sommes pas au bout...
Si vous aviez des conseils pour cette partie un peu plus thriller, je suis preneuse. J'aimerais faire les choses correctement ^^.
Bisouilles les p'tits loups et comme d'habitude, votez, commentez, critiquez (oui oui, j'accepte la critique, ça me permet d'avancer).
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