Point de vue de Jack

Mais qu'est-ce qu'il m'arrive? Je pourrais trouver toutes les excuses possibles. Je pourrais aussi mettre la situation sur le dos d'Antoine mais ce serait mentir.

J'ai oublié!

Nous sommes le jour de la Saint-Valentin et j'ai oublié mon petit-ami! J'avais tout prévu pour que ce soit parfait. Mais comme un con, je n'ai pas pensé à la date quand j'ai pris ce rendez-vous avec mon ex. Nous étions en train de rire et de discuter quand il m'a demandé si je faisais quelque chose ce soir. Un peu étonné, je lui ai demandé pourquoi. Mon sang s'est glacé dans mes veines quand il m'a dit quel jour nous étions. L'heure du restaurant était passée depuis longtemps et même la séance de ciné était presque terminée. J'imagine sans mal l'état d'esprit d'Olivier. J'ai voulu prendre mon portable pour le prévenir mais il est à plat. Bon sang! Tout se ligue contre moi. Je me dépêche d'aller chez lui, peut-être est-il déjà rentré. Je sonne mais c'est Tonio qui m'accueille. Il est d'une humeur massacrante à en juger sa tête.

- Heu, salut, murmurais-je. Olivier est ici?

- Il devrait être avec toi mais aux dernières nouvelles tu lui as fait faux bond, encore, me cracha-t-il en insistant sur le dernier mot.

- Je sais... je suis désolé.

- Ce n'est pas à moi que tu dois présenter tes excuses, argua-t-il. Tu te rends compte que tu le mets constamment de côté? Il y a toujours quelque chose ou quelqu'un qui passe avant lui et franchement il ne le mérite pas.

- Tu as raison mais...

- Il n'y a pas de mais qui tienne. Il a assez souffert tu crois pas?

- Je veux l'aider à aller mieux et me faire pardonner. Laisse-moi entrer, je veux lui parler.

- Il n'est pas là, me répondit-il avec un petit sourire en coin.

- Il est où?

- Je suis son frère, pas sa baby-sitter. La seule chose que je sais, c'est qu'il n'est pas ici.

- Tu ne vas pas me faciliter la tâche n'est-ce pas?

- Non. Tu as deviné. Tu n'as qu'à patienter. Après tout, c'est de bonne guerre vu le temps qu'il passe à t'attendre, me dit-il en haussant les épaules.

- Merci...

- Dans ta voiture Jack. Pas ici. Je t'aime bien mais là tu touches à mon frère. Bonne soirée, ajouta-t-il tandis qu'il me ferme la porte au nez.

Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il m'en veut alors que ce n'est pas à lui que j'ai posé un lapin. Le pire, c'est que je ne peux même pas lui en vouloir. Je n'ai que ce que je mérite. Je rentre dans mon véhicule alors qu'il fait un froid glacial. Le temps passe et toujours pas d'Olivier en vue jusqu'à ce que des phares apparaissent dans mes rétroviseurs. Je sors et m'adosse à la carrosserie, en espérant que ce soit lui. Avec la lumière dans les yeux, je ne vois pas grand-chose. Je distingue simplement deux silhouettes et la morsure de la jalousie vient serrer ma poitrine. La colère monte sans que je ne puisse rien y faire. Il sort enfin d'un pas décidé, me permettant de voir à l'intérieur. L'homme qui l'accompagne m'est inconnu ce qui me fait enrager encore plus. C'était notre soirée et il l'a passée avec quelqu'un d'autre! Une petite voix dans ma tête me dit que je n'ai qu'à m'en prendre qu'à moi-même mais je ne l'écoute pas.

- C'est qui lui? lui demandais-je.

Il ne veut pas me répondre même lorsque j'insiste. Ce qu'il m'explique après me fait mal. Je l'ai laissé tomber, encore. Il n'a fait que rebondir. C'est ma faute s'il est allé avec l'autre gars. J'ai beau essayer de m'excuser, il ne veut rien entendre et qui serais-je pour le blâmer?

- Laisse-moi m'expliquer au moins, tentais-je malgré tout.

- Pour dire quoi? Que tu n'as pas vu le temps passer? Que ton portable était à plat ou je ne sais quelle autre excuse? Tu me les as déjà toutes lâchées alors garde ta salive tu veux? me lâcha-t-il. Je suis fatigué de tout ça. Fatigué de me battre depuis si longtemps pour rester auprès de toi alors que tu ne fais pas d'effort de ton côté. Va-t-en.

Je le regarde partir, sous le choc. Il me tourne le dos et rentre chez lui, me laissant comme un idiot. Je reste quelques minutes au cas où il ferait demi-tour mais je sais que c'est mort pour ce soir. Je roule au hasard, complètement dégoûté. Nous commencions enfin à être heureux et j'ai tout foiré. Voudra-t-il encore de moi? Pourquoi je nous fait ça? Il a toujours tout fait pour que ça marche entre nous et je sabote ses efforts. D'ailleurs, quand ai-je vraiment fait quelque chose pour notre couple? Olivier mérite d'être heureux et je ne fais que le blesser. Peut-être serait-il mieux sans moi? Et si je prends en compte mon pressentiment, je suis dangereux pour lui. Quelque chose se trame mais je n'ai pas encore découvert de quoi il s'agit. Mon instinct me dit que mon accident n'en était pas vraiment un et je ne veux pas que mon ange en pâtisse. Ça me bouffe mais ce serait plus sûr pour lui si nous étions séparés. Je préfère le savoir en sécurité dans les bras d'un autre qu'en danger dans les miens. Je dois faire fi de la douleur que me provoque cette décision. Penser à Olivier est ma priorité.

Le retour d'Antoine juste après mon accident est beaucoup trop bizarre. Je suis persuadé qu'il y a un rapport entre les deux mais je ne sais pas encore lequel. Je ne crois pas aux coïncidences. Deux événements si marquants en si peu de temps... non, impossible. Je dois me rapprocher de lui et essayer de trouver des informations sans qu'il ne s'en rende compte. Et si pour ça, je dois le séduire... et bien advienne que pourra. Je regarde dans mon rétroviseur avant de tourner et aperçois une voiture qui était déjà là il y a quelques minutes. Ce n'est probablement rien, je dois me faire des idées. Je me gare en face de mon immeuble et rentre. La journée a été rude et elle n'est pas finie.

Comment vais-je lui annoncer? Comment dire à l'homme que j'aime que nous ne pouvons pas être ensemble? Comment vais-je survivre sans lui? Toutes des questions qui resteront sans réponse, du moins jusqu'à ce que j'ai les idées plus claires. Après une bonne douche, complètement perdu dans mes pensées, je me couche dans ce lit que nous avons partagé tant de fois. Je vais y arriver, non, je dois. Il en va de sa sécurité. Une larme coule, traîtresse, bientôt suivie par une autre puis par une dizaine. Ma tête dans son oreiller, je hurle ma douleur et la laisse s'évacuer. Je tremble, j'ai mal partout. Mon cœur se brise en mille morceaux. Je pensais que le plus dur était derrière nous. Visiblement je me trompais. Je veux dormir et ne plus penser à rien. Je veux me perdre dans un trou noir et ne plus revenir. Je veux... je veux Olivier mais ce n'est pas possible. L'obscurité m'avale, m'éloignant de toutes ces pensées néfastes.

Quand je me réveille, l'horloge indique 6h15. Je ne mets pas longtemps à remettre mes idées en place. J'ai besoin de quelqu'un pour m'aider mais je ne peux pas demander à Audrey, elle est trop proche d'Oli. Par contre, son mari pourrait jeter un coup d'œil. De plus, comme il a une formation militaire, il est plus apte que n'importe qui pour me donner un coup de main.

«Bonjour.Tu es libre ce matin?Jack»

Il va être surpris étant donné que je m'adresse rarement à lui mais je n'ai pas le choix. Je suis en train de prendre mon petit-déjeuner quand la réponse arrive.

«Salut.Je peux me libérer si c'est important. Ça concerne notre ami commun?»

Il n'y a pas à dire, il a de l'instinct.

«En plein dans le mil. C'est important, je t'expliquerai quand tu seras là. Ne dis rien à Audrey»

«Je suis là dans une heure»

C'est ça que j'aime chez lui, il ne perd pas de temps. Je termine mon repas et vais me préparer en attendant qu'il arrive. Je ne sais pas si j'agis comme il faut mais je dois faire quelque chose. Et Lucas pourra peut-être m'y aider.

Une heure après, à la minute près, mon ami est devant ma porte. J'adore la ponctualité des militaires.

- Salut Lucas, le saluais-je en le faisant entrer. Tu as fait vite.

- Salut. Je suppose que ça ne pouvait pas attendre, me répondit-il en haussant les épaules.

- Effectivement. Tu veux boire quelque chose?

- Je ne suis pas là pour ça. J'ai trouvé une excuse bidon pour partir alors soyons brefs.

- Je suppose que tu es au courant pour la soirée d'hier, lui dis-je honteux.

- Exact. Tout se sait assez vite et vu l'humeur d'Olivier quand je l'ai croisé hier soir, je me suis bien douté que ça devait avoir un rapport avec toi.

- Tout est de ma faute, je l'admets. J'ai encore foiré, admis-je. J'ai l'impression de ne faire que ça ces derniers temps.

- Les relations amoureuses ne sont pas toujours faciles. Je parle en connaissance de cause.

- Je le mets trop sur le côté. J'oublie souvent nos rendez-vous et surtout je suis trop souvent avec mon ex. Je sais tout ça... enfin je m'en rends compte maintenant.

- C'est bien d'en prendre conscience. Mais, je ne suis pas exactement le mieux placé pour t'aider. Et tu le sais. Donc il y a autre chose.

- Bien vu. Je sais qu'Audrey prendra soin de lui.

- Pourquoi prendra? Vous êtes toujours ensemble non? me demanda-t-il en fronçant les sourcils.

- Je vais le quitter, répondis-je à contrecœur.

Il me regarde bouche bée, ne s'attendant probablement pas à ça.

- Mais pas pour les raisons que tu penses, me dépêchais-je d'ajouter.

- Alors pourquoi? Vous avez eu tellement de difficultés à être ensemble. Je ne comprends pas. Tu l'aimes non?

- Oui, je l'aime à en crever, acquiesçais-je. Mais je ne peux pas rester avec lui. J'ai un mauvais pressentiment, ajoutais-je en voyant qu'il ne comprenait pas. Tu sais que le responsable de l'accident court toujours. Et d'un seul coup mon ex refait surface.

- Et tu ne crois pas aux coïncidences.

- C'est un peu gros en effet.

- C'est pour cette raison que tu lui donnes des cours?

- Pour le surveiller et essayer d'avoir des renseignements, lui confirmais-je. Je ne vais pas te mentir, il m'arrive d'oublier tout ce qu'il m'a fait.

- Tu aimes trop Olivier pour succomber de nouveau. Même moi je le sais.

- Si c'était si simple.

- C'est pour ça que tu veux le quitter. Tu veux le protéger.

Il comprend vite. Il m'épate de jour en jour et je comprends pourquoi Audrey en est tombée amoureuse. Elle doit se sentir en sécurité avec lui. La même que je ne peux pas offrir à l'homme que j'aime.

- Oui...

- Tu préférerais qu'il aille dans les bras d'un autre? Tu serais prêt à ça? Ne serait-il pas mieux près de toi?

- Pas tant que je ne sais pas à quoi m'attendre. Je vais retourner voir les policiers qui ce sont occupés de l'accident et leur faire part de mes soupçons. Antoine n'a peut-être rien à voir là-dedans mais même s'il n'est pas l'initiateur, ça ne m'étonnerais pas qu'il soit dans le coup.

- Dans quel but? s'enquit-il.

- C'est la question à 1000 euros.

- Et tu comptes sur moi pour...?

- Pour le protéger et peut-être m'aider à y voir plus clair.

- Je ferai ce que je peux mais je ne suis pas toujours avec lui, tu t'en doutes. Je crois qu'il faudrait faire appel aux autres. Tout du moins à Lucas.

- Tu as raison. En plus, il est déjà au courant de mes doutes concernant l'accident.

- Et qu'en pense-t-il?

- La même chose que moi. C'était volontaire. Quelqu'un a voulu m'écraser, sciemment.

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Jack a pris une sacré décision. Contrairement à ce que nous pouvions penser, il aime trop Olivier pour prendre le moindre risque. Il est conscient qu'il a déconné et même si sa solution est un peu radicale, il ne pense qu'à sa moitié. Que pensez-vous de sa réaction? Disproportionnée? Juste? Et ce mystère autour d'Antoine, où va-t-il mener nos amis?

2019 démarre sur des chapeaux de roue pour nos amis. J'espère garder le même rythme de publication jusqu'à la fin de l'histoire et que cette dernière vous plaît toujours autant :-).

Bisouilles les p'tits loups.