Point de vue de Jack

Ma respiration se bloque tandis que mes yeux se ferment. Je sens son souffle qui s'approche puis le contact... Ses lèvres sur les miennes. Il gémit et passe sa main dans mes cheveux. Nos corps se rapprochent d'eux-mêmes. Mes bras se referment sur lui et le serrent fort. Je ne veux pas le lâcher. Cette sensation est indéfinissable. J'ai de plus en plus chaud mais ma place est là, près de lui. C'est une certitude. Olivier approfondit le baiser et demande accès à ma bouche. Je me laisse emporter par les sensations et profite du moment quand un flash me surprend. Une image. Olivier et moi devant un manège, riants aux éclats. Olivier furieux après moi. Une rencontre dans un café... Tout vient en vrac. Une larme coule sur ma joue tandis que le baiser continue. Je m'écarte de lui et pose mon front contre le sien.

- Pourquoi tu pleures? me demanda-t-il, un peu perdu. C'est parce que je t'ai embrassé? Je n'aurais pas dû, ajouta-t-il rapidement alors qu'il essaie de s'éloigner. Excuse-moi.

- Je me souviens... murmurais-je.

- Attends... quoi? me questionna-t-il en se rasseyant.

- Je me souviens de toi, de nous, pleurais-je. Je me rappelle de presque tout.

- Co... Comment?

- Le baiser a tout déclenché. Je suis désolé mon cœur pour tout le mal que je t'ai fait.

Il se jette sur moi en proie à une immense émotion. Nous nous étreignons comme si notre vie en dépendait.

- C'est un peu notre miracle de Noël en avance, murmura-t-il.

- Très en avance, ce n'est que dans deux semaines, riais-je.

- On s'en moque, me lança-t-il avant de m'embrasser à en perdre haleine.

La passion est revenue en même temps que les souvenirs. Elle est intacte et même exacerbée par les longues semaines de séparation. Nos gestes changent, se font caresses. Nos gémissements se joignent à nos soupirs. Nous prenons notre temps pour nous redécouvrir. Chaque millimètre de peau est exploré. Mes sens sont exacerbés. Je ressens tout dans son intégralité. Une bulle de bonheur éclate en moi au fur et à mesure que notre union se concrétise. Cette tendresse m'avait manqué. Elle fait tellement de bien.

Nous nous blottissons l'un contre l'autre, sa tête posée sur mon torse et nos jambes entremêlées. Mon bras encercle sa taille dans un geste possessif. Un rayon de lumière me laisse entrevoir son visage que je ne me prive pas d'observer. Il a retrouvé un air serein qui l'avait quitté depuis longtemps. Des tonnes de questions se bousculent dans ma tête. Comment ai-je pu oublier? Mes sentiments me reviennent avec une telle force que je ne comprends pas ce qu'il s'est passé. Où est le problème? Il doit forcément y en avoir un et visiblement ce n'est pas notre relation...

Des doigts me caressent le bras me faisant ouvrir les yeux. Je me suis endormi apparemment. Je regarde mon compagnon qui me sourit. Un vrai sourire, le genre qui fait de l'ombre au soleil.

- Bonjour, murmura-t-il.

- Bonjour, lui répondis-je en lui déposant un léger baiser sur le bout du nez.

- Ce n'était pas un rêve... j'ai cru... marmonna-t-il, hésitant.

- C'est la réalité mon ange.

- C'est étrange. Qui aurait pu prédire hier soir que ça se finirait comme ça? La soirée avait vraiment mal commencé.

- Je pensais t'avoir perdu pour de bon, soufflais-je.

- Je n'aurais pas pu rester loin de toi. Tu crois que tu aurais quand même recouvrer la mémoire si je ne t'avais pas embrassé?

- Je ne sais pas, lui dis-je en réfléchissant, peut-être. Mais il m'aurait fallu plus de temps.

- J'aurais dû le faire beaucoup plus tôt, pouffa-t-il.

- Je ne crois pas qu'on était prêt pour tout ça. Dans un sens, je pense que cette histoire nous a fait du bien. Ne me regarde pas comme ça, lui exhortais-je en voyant son air renfrogné. Elle nous a permis de mieux nous connaître. Et j'aimerais continuer comme ça.

- Que veux-tu dire par là? me demanda-t-il intrigué.

- Je voudrais aller au bout de l'expérience et découvrir ce qu'il se cache plus en profondeur.

- Tu veux qu'on continue la correspondance? C'est ça?

- Entre-autre. Tu avoueras qu'il est parfois plus facile de partager certaines choses par écrit. Et puis, je trouve ça génial d'attendre la lettre de l'autre.

- C'est vrai qu'à chaque fois, je me sens comme un gosse qui ouvre ses cadeaux, me confirma-t-il. Mais on doit se voir aussi. Je ne veux plus passer autant de temps loin de toi.

- Ça m'a suffit aussi, rassure-toi. Tu n'es pas près de te débarrasser de moi.

Je vois qu'il hésite à continuer. Quelque chose le turlupine mais il n'a pas l'air de savoir comment m'en parler.

- Vas-y. Qu'est-ce qui t'embête? l'interrogeais-je.

- Antoine... tu... tu vas faire quoi avec lui? murmura-t-il.

Bonne question. Il est clair que je ne veux rien entamer avec lui alors que j'ai retrouvé Olivier. D'un autre côté, l'argent qu'il me propose tomberait à pique.

- Je n'en sais rien, soufflais-je.

Il me regarde subitement, son regard triste.

- Je vois...

- Non, tu ne vois pas, le coupais-je. Comment oses-tu douter de moi après ce que nous avons partagé cette nuit? Je ne veux pas retourner avec lui comme petit-ami, repris-je devant son petit air contrit. Cela dit, il m'a offert une sacrée somme pour l'entraîner. Je ne roule pas sur l'or mon ange. Ce serait l'occasion de mettre un peu d'argent de côté.

- Et s'il veut plus?

- Et bien, il le voudra seul. Quand j'ai le revu, il m'a perturbé, c'est vrai, mais je ne partage que des souvenirs avec lui. Tu es mon présent et encore plus depuis que tout m'est revenu. Tu dois me croire bébé, insistais-je.

- C'est bon, je te crois mais ne me fais pas de mal d'accord? Je n'ai pas envie de payer les pots cassés... encore une fois.

Nous scellons notre discussion avec un baiser plus torride que mon petit bisou sur le nez de tout à l'heure. Nous nous écartons à bout de souffle. J'essaie de reprendre ma respiration tandis qu'Olivier pose sa tête sur mon torse, se blottissant dans mes bras. Un portable sonne, il me faut quelques secondes pour me rendre compte que c'est celui de mon ange. Heureusement, il a été plus rapide que moi et met déjà la main dessus.

- Salut la belle, répondit-il en baillant.

Je comprends alors qu'il s'agit d'Audrey. La conversation ne dure pas longtemps. J'entends sans trop faire attention qu'elle s'inquiétait de ne pas l'avoir trouvé chez lui à son réveil.

- Je n'avais pas oublié. J'y serai à temps, la rassura-t-il... Ouais, je te promets. À tout à l'heure.

- Alors? m'enquis-je après l'avoir vu raccroché.

- C'était Audrey. J'avais promis de l'aider pour l'organisation d'un truc à la base.

- Quoi comme truc?

- Elle a su par Lucas que beaucoup d'enfants de la base seraient sans leur père pour Noël. Du coup, elle a eu l'idée d'organiser une petite fête pour eux.

- Et elle fait ça en plus du reste? m'étonnais-je. Elle est sur pile ou ça se passe comment?

- Je sais, elle en fait trop mais que veux-tu? Elle a toujours eu le cœur sur la main. En plus, ça l'aidera à s'intégrer dans cette grande famille qu'est l'armée. Ce n'est pas toujours évident.

- Non, c'est vrai. Mais je suis sûr que son but premier est de faire plaisir aux enfants.

- Tu as raison. Je ne suis même pas certain qu'elle pense à ce qu'elle pourrait en retirer. Peu importe, me dit-il en haussant les épaules, j'ai rendez-vous avec elle à 10h00 et si je ne me dépêche pas, je n'aurai pas le temps de rentrer me changer.

Il sort du lit et se rhabille en vitesse. Un doute vient obscurcir mes idées.

- Tu y va seul? lui demandais-je l'air de rien.

- Avec qui veux-tu que j'y aille? s'étonna-t-il.

- Marc par exemple, marmonnais-je.

- Le gars d'hier? Je ne vois pas bien ce qu'il vient faire là-dedans, rétorqua-t-il surpris.

- Je ne sais pas. C'est bizarre qu'il t'ait aidé sans te connaître.

- C'est vrai que c'est surprenant mais je n'ai rien de prévu avec lui. On a beaucoup discuté et on a échangé nos numéros de téléphone mais ça n'ira pas plus loin. Je ne ressens strictement rien pour lui.

- Tu es sûr?

- Soit tu me fais confiance, soit notre relation va repartir sur de mauvaises bases. Mais franchement, s'énerva-t-il, tu crois que j'aurais fait l'amour avec toi si j'avais des vues sur un autre?

- T'as raison, lui répondis-je, gêné. Je suis désolé mais je t'ai fait tellement de mal que ce serait légitime que tu aies besoin de changement.

- Le seul changement dont j'ai besoin est vestimentaire, me dit-il en m'embrassant. Quoi que si je traîne encore, j'aurai peut-être besoin de changer mes tympans parce que j'en connais une qui ne va pas être ravie.

- Vas-y. Maintenant que ma tête est de nouveau d'accord avec le reste, je m'en voudrais de te faire souffrir inutilement, riais-je.

- Merci à toi, oh homme de bonne volonté, me lâcha-t-il en faisant une courbette.

- C'est malin. Oust! Avant que je ne t'entraîne dans un second round, le taquinais-je.

Il s'en va rapidement et claque la porte en sortant. Je n'ai jamais été jaloux avant. Pourquoi cela se produit maintenant que j'ai recouvré la mémoire? Parce que je ne peux nier l'état dans lequel je suis depuis qu'on a parlé de ce Marc. Même si c'est moi qui aie mis le sujet sur le tapis. J'ai vraiment été idiot de faire une telle insinuation. Olivier est trop intègre pour avoir ce genre de comportement. Et que dire d'Antoine? La situation est de plus en plus compliquée. Cela dit, le plus gros point est derrière nous depuis hier soir. Je suis vraiment soulagé. Le seul trou qu'il reste est l'accident en lui-même. J'ai la sensation que la pièce qui manque est en rapport avec ce dernier. Je ne me rappelle de rien à part être sorti de l'immeuble et mon réveil à l'hôpital. La police n'a pas encore retrouvé le chauffeur malgré leurs recherches. Ça ne me dit rien qui vaille et le retour d'Antoine dans les environs ne fait qu'amplifier mon malaise. Est-ce vraiment une coïncidence qu'il décide de revenir maintenant, alors que je suis plus vulnérable?

Je deviens paranoïaque. Il faut que j'arrête de me monter la tête inutilement. C'est un grand avocat et je travaille dans une salle de sports. Je ne vois pas ce qu'il pourrait y gagner. Je ne l'ai pas dit à mon ange mais j'ai mon premier rendez-vous avec lui cet après-midi. Je ne voulais pas l'inquiéter. Cela dit, je devrais peut-être le prévenir, on ne sait jamais.

Je prends mon petit-déjeuner et file sous la douche. Toutes ces émotions m'ont remuées plus que ce que je pensais. Sentir l'eau couler sur ma peau me réveille et me permet de m'éclaircir les idées. Une fois habillé, l'horloge affiche 10h30. Je dois rencontrer mon ex sur le coup de midi. Il me reste donc un peu de temps pour ranger l'appartement avant de partir.

Je repense au retournement de situation de la nuit dernière tandis que je me dirige vers la salle de sports. Je n'en reviens toujours pas qu'Olivier soit venu chez moi après ce qu'il s'était passé ni qu'il m'ait embrassé. Une chose est sûre, j'étais sérieux quand j'ai dit que je voulais continuer à apprendre à le connaître. Je ne sais pas où en sont mes sentiments pour lui mais ce qui est certain, c'est que je n'ai pas envie de le perdre. Je rentre dans le bâtiment. Antoine m'attend déjà, un énorme sourire aux lèvres. Je ferme les yeux un instant. Ce n'est pas possible. Quand ça s'arrange d'un côté, ça se complique de l'autre. Je n'aime pas sa manière de me regarder comme si j'étais son prochain repas mais j'ai besoin de cet argent. Et il le sait...

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Yes!! Il a enfin recouvré la mémoire! Il était temps. Antoine mijote-t-il quelque chose? Les doutes de Jack sont-ils fondés? Oh la la, où vont nous mener les souvenirs de notre coach favori?

Voici le chapitre de la semaine. Cela valait-il la peine d'attendre? Je vais essayer de publier un peu plus vite, je sais que vous attendez la suite des aventures de nos tourtereaux avec impatience.

J'ai eu une petite idée, dites-moi ce que vous en pensez: histoire de mieux me connaître, que diriez-vous de me poser vos questions? Soit j'y répondrai dans un chapitre entièrement consacré à vos questions, soit je répondrai à une question à la fin de chaque chapitre.

J'attends vos avis comme d'habitude :-). Bon week-end les enfants <3 <3

Bisouilles