Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 4 - Récolter ce que l'on sème

Lorsque nous arrivons devant la porte sécurisée, je sonne comme d'habitude, mais personne ne vient m'ouvrir. Saïd perd patience et commence à s'énerver sur l'interphone quand, enfin, la palissade métallique coulisse, laissant apparaître le Général Lee débraillé comme s'il sortait d'une bagarre. Lui qui est toujours tiré à quatre épingles, ça me fait un drôle d'effet de le voir aussi négligé. Oh, et j'oubliais : il a l'air carrément furax.

— Vous, venez avec moi ! m'ordonne-t-il.

J'obéis sans poser de question, en prenant soin de rester coller à mon ex. Quand j'arrive au bloc, je laisse échapper un petit cri de surprise. La pièce est sens dessus dessous : les chariots sont renversés, le rideau est arraché, des fioles brisées jonchent le sol et un des monitors est explosé. Le docteur Chen se tient assis sur son tabouret à roulettes, le visage caché entre ses mains ensanglantées. Deux soldats sont en train de ressangler sur son lit mon patient inconscient.

— Que s'est-il passé ? demandé-je d'une voix tremblante.

— L'enfoiré faisait semblant de dormir, me répond sèchement le lieutenant Lee en fusillant Chen du regard. Dès qu'il s'est senti d'attaque, il a arraché ses sangles et a quasiment étranglé le doc. Puis il s'est acharné sur la porte pour tenter de l'ouvrir, en vain évidemment. Chen a eu la présence d'esprit de sonner l'alerte avant de s'évanouir, nous nous y sommes mis à cinq pour tenter de le maîtriser à coup de tasers. Une bonne injection de sédatif plus tard, nous revoilà à ligoter ce bâtard avec des attaches plus solides.

— Cinq tasers ! Et un sédatif ? Quel dosage ?

— Trois grammes, soupire mon chef sans me regarder. En plus de ce qu'il avait déjà dans le sang.

— Impossible ! m'exclamé-je, horrifiée. Ces doses sont mortelles. Bon sang, mais vous allez le tuer !

— Et alors ! J'espère qu'avec tout ce que vous lui avez fait subir ces derniers jours, vous arriverez à nous expliquer comment un corps humain peut arracher des attaches aussi robustes, combattre à mains nues cinq soldats armés et entraînés, et réussir à en mettre trois KO ! Il a finalement perdu connaissance sous l'action des multiples décharges électriques que nous lui avons infligées. Et tout ça en étant dans un sale état et sédaté ! S'il le faut, je le refais passer sous un lance-flamme !

— Je vous avais dit que nous ne trouverions rien de plus que nos collègues, commença Chen.

— Les seuls à avoir pu approcher un de ces aliens d'aussi près, ce sont ces singes africains qui se prétendent bien meilleurs médecins que nous autres. Seriez-vous en train de donner raison à ses babouins, Docteur Chen ? L'éminent chirurgien de Chongqing ne vaut donc pas mieux que ces docteurs sur leurs bananiers ?

Lee est dans un état second. Ses yeux rouges expriment toute la puissance de sa haine et me terrorisent. Chen n'ajoute rien. Je n'ose plus respirer et recule jusqu'à entrer en contact avec Saïd, originaire d'Afrique du Nord, qui encaisse les propos racistes de son supérieur sans broncher. Le général tourne les talons et s'en va sans un mot de plus, suivi par ses hommes. Saïd m'embrasse sur le front, et la tendresse de ce petit geste me réchauffe le cœur. Puis il disparaît à la suite de ses collègues, le visage soucieux. Mon regard se porte sur le blessé. Il est tellement amoché, difficile de croire qu'il ait pu faire tout ce que Lee vient de me relater. Après quelques minutes de silence, Chen se relève.

— Mademoiselle Ferrat, je vous laisse rebrancher ses constantes. Je... j'ai besoin de me reposer. Bon sang, j'ai eu une de ces peurs. On ne se rend pas compte lorsqu'il est allongé, mais ce selcyn est très grand.

— Vous me laissez seule avec notre patient ? demandé-je avec une pointe d'inquiétude.

— Aussi surpuissant qu'il puisse être, il n'est pas près de revenir à lui. Vous l'avez dit vous-même : nous lui avons injecté une dose mortelle de sédatif. Laissez-moi une ou deux heures. Vous savez où se trouve le bouton d'alarme. Et vous avez une arme dans le deuxième tiroir de la console.

— Une arme ?

— Un colt. Vous avez appris à tirer, comme tout le monde ici, non ? Je ne vous demande pas de le tuer, mais de vous défendre si nécessaire. Entendu ? Et si vraiment vous vous sentez menacée, faites rappeler un des hommes de Lee.

— Bien, docteur.

Je ne le regarde même pas s'éloigner. Mes yeux ne veulent plus quitter le corps nu et ravagé de mon patient, fermement sanglé à son lit. Je devrais me sentir apeurée, pourtant ce n'est pas le cas. Lee m'effraie, mais pas cet homme. Je m'approche de lui, le souffle court. Ses brûlures ont bien cicatrisé et, par endroit, la peau s'est reconstituée, mais de nouveaux hématomes la parsèment. Son torse musclé se soulève lentement, je le frôle de mes doigts. C'est un miracle. J'arrive enfin à me détourner de cette fabuleuse énigme médicale et, d'une main tremblante, je mets la musique en route avant de rallumer l'électrocardiogramme.

— Bonjour, c'est le docteur Lyna Ferrat, articulé-je. Vous savez, la pipelette qui vous parle sans arrêt. Enfin, quand personne n'est là pour me juger !

Je lui souris, attristée qu'il ne puisse pas me voir.

— Vous avez fichu une belle frousse au Général Lee, et rien que pour ça, j'ai envie de vous remercier. Ce type est un psychopathe. Je... suis désolée de ce qu'il vous fait subir. J'ai mis la sixième symphonie de Beethoven, vous entendez ? On l'appelle aussi la pastorale. Je l'adore. J'espère que vous aimez aussi. Je vais vous poser deux capteurs sur la poitrine. Ils sont reliés à une machine qui mesurera votre rythme cardiaque.

Comme à chaque fois que je me retrouve seule avec mon patient, je ne peux pas m'empêcher de lui parler. Peut-être pour me donner du courage, ou peut-être pour adoucir cet odieux procédé qui me file la gerbe. Ou juste parce que j'en ai envie. J'ai essayé d'évoquer mon cas de conscience avec Chen qui m'a seulement conseillé de penser à toutes les horreurs que ces aliens ont fait subir à nos soldats pour s'approprier leurs corps. En réalité, personne ne sait comment ils sont parvenus à réaliser une telle prouesse. Ont-ils torturé ces hommes ou bien ce procédé est-il totalement indolore ? J'ai l'impression de chercher des excuses à mon selcyn, mais en même temps, nous n'avons pas sa version de l'histoire.

Je procède avec la plus grande délicatesse, appuyant le moins possible sur la peau encore fragile. Je dois devenir dingue, car j'éprouve le besoin de le toucher, de le rassurer. Allô ! Ce type a tenté de tuer des humains ! Il me semble percevoir un léger tressaillement et je m'immobilise, ma main dans la sienne. Plus rien, son visage encore mutilé est paisible. Je suis sûre qu'il était bel homme avant de subir la haine des humains. Non, Lily, son hôte était bel homme.

— À présent, je vais déposer un casque sur votre tête, il nous donnera des informations sur votre activité cérébrale. Et après cela, il me restera à vous placer un petit tuyau dans le nez pour vous aider à vous oxygéner. Je terminerai par la perfusion, ça pourrait vous piquer un peu, mais je vous préviendrai.

Silence pesant, uniquement interrompu par les machines qui reprennent du service. Je continue mes opérations et mon monologue.

— Je suis désolée de tout ce qui vous arrive. Vous devez terriblement souffrir. C'est... je n'ai pas de mot. J'aimerais savoir votre nom... Après tout, vous connaissez le mien. Et votre âge. Vous paraissez avoir la vingtaine, mais je suppose que votre âge réel n'a rien à voir avec celui de votre corps. Moi, j'ai vingt-trois ans, presque vingt-quatre. Mon anniversaire est pile dans deux mois, le dix-huit avril. Je vis avec Mei, ma meilleure amie qui est aussi infirmière et apprentie médecin. Il y a aussi Saïd, mon ex-compagnon.

Je marque un temps d'arrêt.

— Je l'ai quitté, car il voulait un enfant, et pas moi. Je me suis braquée, lui aussi. Nous ne sommes pas arrivés à passer au-dessus de ce désaccord. Vous savez ce que c'est... enfin, probablement pas, en fait. Ce n'est pas que je n'aime pas les enfants, non. D'ailleurs, j'ai travaillé plusieurs mois dans une maternité où je suivais des grossesses pathologiques et les grands prématurés. J'en connais un rayon, mais pas pour moi, non merci. Mon actuel compagnon s'appelle Gatien, c'est un grand black bien carré, mais malgré ses airs de dur, c'est un vrai cœur tendre. Un peu trop peut-être. Je sais ce que vous vous dites, monsieur l'extraterrestre ! Elle me soule avec ces histoires de fesses, les humains ne sont jamais contents, bla bla bla... Je me demande comment sont vos femmes, personne n'en a jamais vu. Oh ! Si ça trouve, vous n'en avez pas ! Ou alors, vous êtes sacrément macho et vous les gardez à la popote et au ménage. Je serais vraiment déçue si c'était le cas...

Je me tais quelques secondes en réalisant l'idiotie de mes propos. La console musicale diffuse du Bach. Mes yeux sont à nouveau aimantés par le corps de mon patient.

— Bref, je me demande si vous avez de la famille avec vous, et pourquoi vous êtes venus ici, si peu nombreux. Le Général dit que vous êtes moins de trente millions. Nous sommes des milliards, ou peut-être un peu moins à présent, mais nettement plus nombreux tout de même. Malgré le Grand Chaos et vos armes perfectionnées, c'est un pari risqué. Pourquoi restez-vous ?

Je réussis l'exploit de m'autosouler. Je reprends mon souffle en attrapant le cathéter. Une interrogation s'impose alors à mon esprit. Je me rapproche de mon patient et caresse ses joues encore rouges, couvertes de cloques et de croutes. Le pauvre est totalement défiguré, même si la vitesse de cicatrisation est hallucinante. La nausée s'empare de moi en réalisant que ses agresseurs se sont volontairement acharnés sur son visage. Puis mes doigts se promènent le long de ses arcades dénuées de sourcils, sur son crâne où, par endroit, de nouveaux cheveux commencent à repousser.

— À quoi est-ce que vous ressembliez avant ? lui susurré-je à l'oreille. Quelle sensation ça fait d'être introduit dans... un corps étranger ?

Ma main redescend sur sa clavicule, au niveau du reste de tatouage : le haut d'une tête de félin, type guépard. Il me semble à nouveau percevoir un tressaillement chez le blessé. Je retire en vitesse ma main et me fige. Rien. J'ai dû rêver. Avec ce qu'il vient de subir, impossible que mon patient soit encore conscient. Et je n'arrive pas à être effrayée, c'est plutôt bon signe ? Bon, en même temps j'ai un instinct pourri...

— Attention, je vais poser la perfusion sur votre avant-bras gauche. Elle nous permettra de vous nourrir. Et malheureusement pour vous, d'être assommé de médicaments. À trois. Un, deux...

Les lumières et la musique s'éteignent d'un coup et je me retrouve dans l'obscurité la plus complète. Je reste en apnée pendant quelques longues secondes avant que le générateur de secours ne s'enclenche, immédiatement suivi par le hurlement strident de l'alarme.

Alerte, alerte. Intrusion au niveau -1, la base est attaquée. Veuillez rejoindre la zone d'évacuation au plus vite. Verrouillage des issues dans quinze minutes. Alerte, alerte. Intrusion...

Je n'ai pas le temps d'analyser ce qui se passe que mon selcyn ouvre les paupières. OK, là je sens la peur qui me faisait défaut trente secondes plus tôt se déchaîner dans mes veines. Je recule jusqu'au mur le plus proche et observe l'homme. Ses yeux regardent fixement le plafond pendant quelques secondes avant de se tourner vers moi.

Alerte, alerte.

Purée de chiotte d'alarme qui m'empêche de réfléchir ! Nous restons quelques instants à nous fixer et je note que ses iris sont d'un marron très clair, couleur noisette, et absolument magnifiques. Je suis à la fois terrorisée et fascinée. J'ai envie de rester avec lui autant que j'ai envie de fuir. Je déglutis péniblement en cherchant un reste de courage qui ne serait pas encore parti se planquer.

— Ils viennent vous chercher ? bégayé-je lamentablement.

L'homme acquiesce lentement. Crotte de purée de chiotte, il me comprend ! Puis il commence à s'agiter sur son matelas. Oui, bien sûr, il ne doit pas être mégaravi de se retrouver à nouveau attaché. Mais je ne peux quand même pas le libérer, non ?

— OK, OK... je... Je vais partir rejoindre les miens...

Mon patient me lance un regard insondable avant de se remettre à gigoter de plus belle. Allez, mais réagis, Lily ! Je me précipite vers la console, saisit le colt froid et inspire profondément. Quand je me retourne, le selcyn s'est de nouveau calmé pour me fixer. Je ne parviens pas à le menacer.

Verrouillage des issues dans dix minutes.

— Je ne vais pas vous tirer dessus, lui dis-je. Je veux juste partir... Je ne vous ferai rien. Bonne chance.

Je pose sur son avant-bras une main tremblante que je retire presque aussitôt. Ses yeux ne me quittent pas. Il est temps que je rejoigne la zone d'évacuation. Je maintiens la porte entrouverte derrière moi en calant un chariot et m'enfuis en courant. De la même manière, je bloque l'entrée sécurisée de l'aile avant de rejoindre les miens. Pourquoi faciliter l'évasion de cet homme ? J'estime qu'il a suffisamment subi de violences, l'idée qu'il puisse être retrouvé par ses amis me met du baume au cœur. Je vais sans doute le regretter si, malgré les sédatifs, il s'avère être toujours en état de combattre. Je chasse cette idée de mon esprit et rejoins rapidement la marée humaine qui court dans les couloirs, en prenant le temps de jeter le pistolet dans un vide-ordure. Je hais les armes.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro