
Chapitre 7
Cette fois, le réveil se fait en douceur. Enfin, autant que possible quand on découvre un corps inconnu collé au sien en ouvrant les yeux. Heureusement, je réalise vite que l'inconnu n'est autre que Sûm, qui s'est visiblement endormi malgré lui. Sa position laisse à désirer et il aura probablement très mal au dos en se réveillant.
Je n'ai cependant pas à me creuser la cervelle trop longtemps pour savoir ce qu'il fait là : il était visiblement censé me surveiller. Je dois avouer qu'il fait ça très bien, même en étant endormi, parce que son corps me bloque toute possibilité de fuite. Je ne peux même pas tenter de passer au-dessus de lui, parce qu'il prend vraiment toute la place. Il faut dire que la pièce n'est pas très grande non plus.
Je cligne des yeux lorsqu'un rayon de soleil se glisse dans la salle et je m'aperçois au même instant que je ne suis plus du tout dans un engin roulant. Au contraire, le sol sous mes mains est tout ce qu'il y a de plus stable. Les oscillations dues à la route ont disparu. Les murs, au contraire, semblent faits de la même toile que la tente derrière laquelle je m'étais dissimulée.
Je me force à respirer calmement pour apaiser mon cœur qui s'affole et décide de prendre le temps de réfléchir. J'ai l'impression qu'il me manque trop de cartes en main pour pouvoir jouer.
Je laisse un instant mes yeux explorer l'espace et me couche sur le dos. D'ici, le haut de la tente me paraît comme un point à atteindre, le but ultime : rentrer chez moi. Pour l'instant, il faut déjà que j'arrive à sortir d'ici.
Première étape : m'échapper de cette tente sans réveiller Sûm. Ce n'est pas ça qui me fait le plus peur, mais surtout ce qui arrive après. Comment sortir du camp ? Il faut se rendre à l'évidence : je suis entourée de soldats bien plus entraînés que moi. Il me faudra être discrète. Très discrète.
Puis, l'ultime étape : trouver comment rentrer. Je ne sais ni où je suis, ni comment repartir et je n'ai aucun moyen de locomotion.
Cette liste bien en vue dans mon esprit, il faut me rendre à l'évidence : mon âme-sœur est complètement dérangée. Pire, il a utilisé et utilise encore son frère contre moi. C'est quoi le but ? Me forcer à tomber amoureuse de lui ? M'obliger à avoir des rapports avec lui ? Me garder enfermée comme une pestiférée jusqu'à la fin de ma vie ?
Une autre évidence me frappe : ils m'ont droguée. Deux fois même, si je compte la fois où ma « meilleure amie » a participé. Moi qui faisais confiance à Mayleen... Voilà pourquoi je ne donne habituellement pas mon cœur aux gens. Il suffit de regarder où j'en suis.
Il faut que je sorte d'ici et ce, à n'importe quel prix. Qui peut savoir ce que ces hommes peuvent me faire ?
Cette idée en tête, je me redresse et m'apprête à me relever quand ma cheville se prend dans quelque chose. Je vois déjà mon plan tout entier échoué lorsque je me sens tomber en avant et que j'atterris lourdement sur Sûm.
Pour la discrétion, on repassera.
Je me recule vivement, tandis que Sûm se réveille en grommelant. J'ai à peine fait quelques pas que ma cheville se coince à nouveau dans quelque chose. Cette fois, je parviens à garder mon équilibre et je tire le drap d'un coup sec pour révéler l'obstacle.
Je tombe à la renverse en me rendant compte que ce n'est pas juste un objet gênant, mais carrément une chaîne qui relie ma cheville au mat soutenant la tente.
— Bordel, mais qu'est-ce que-
Sûm se relève au même moment et accourt vers moi :
— Attends Aaliyah ! Ce n'est pas ce que tu crois !
Une terreur profonde enfle dans ma poitrine et m'empêche d'articuler quoi que ce soit d'intelligible. Ils m'ont attachée. Ils m'ont attachée comme un monstre, une proie, un vulgaire objet qu'il leur appartient. Ils m'ont kidnappée, droguée et attachée comme si... comme si...
Je me sens suffoquer, ma respiration se bloque dans ma gorge et je tente d'ancrer mes mains dans le sol pour avoir un point auquel me raccrocher. Pourtant, ce n'est pas sur la terre que mes doigts se referment, mais sur la chemise de Sûm qui accourt vers moi.
— Aaliyah ! Respire ! Tout va bien. On ne te veut aucun mal. Respire.
Je ne peux pas le croire. Je ne veux pas le croire. Mais ce corps familier sous mes doigts et ses mains sur mes cheveux me calme alors que je voudrais le frapper de toutes mes forces et m'enfuir d'ici au plus vite. Je rassemble mes pensées et le repousse violemment et tant pis pour les larmes qui dévalent mes joues.
— Aucun mal ? Te fous pas de moi ! Vous m'avez enlevée, droguée, séquestrée, attachée ! Vous vous êtes joués de moi depuis le début, avec l'aide de ma soi-disant meilleure amie en plus ! Et moi je... et moi je te regarde là, je m'accroche à toi au lieu de te frapper comme je devrais le faire et je t'ai donné mon corps. Pourquoi ? Hein ? Pour que tu laisses ton frère m'enfermer ici ?
Le visage de Sûm blêmit à vue d'œil alors que je lui crache mes mots au visage. Il tend la main vers moi mais je fais un tel bond en arrière qu'il abandonne rapidement. Je ne sais pas ce qu'il attend. Je ne sais pas ce qu'il veut de moi. Le fait d'être l'âme-sœur de ce Kaylan ne devrait-il pas me sauver ? Peut-être qu'ils ont une façon tout à fait différente de voir les âmes-sœurs, ou que...
— Ah ! Notre belle est enfin réveillée !
Sûm sursaute et se lève d'un bond, tandis que j'essuie mes larmes et me recompose un visage froid. Hors de question qu'ils voient quoi que ce soit de moi. Sûm en sait déjà trop.
À l'instant où l'homme pose les yeux sur moi et que je le reconnais, je me promets de ne pas ouvrir la bouche une seule fois. Ils ont mon corps ? Très bien, mais ils n'auront pas mes mots.
L'homme s'accroupit devant moi et je distingue derrière lui Kaylan et les deux autres femmes qui l'accompagnaient la dernière fois.
Il tend sa main vers moi :
— Weylin. Enchanté.
Et moi je suis loin d'être enchantée, abruti. Je sais que c'est mal de juger les gens sans les connaître, mais l'insulter dans ma tête m'offre un semblant de contrôle. Je le fixe en silence, sans esquisser un seul geste, et tente de transmettre toute ma haine pour eux dans mes yeux.
Loin de s'alarmer, il hausse les épaules, se redresse et désigne les femmes derrière lui.
— Je te présente Nephtys et Alora.
Puis il se tourne vers Kaylan.
— Et ça, c'est Kaylan, mais je suppose que tu le sais déjà.
En effet. Ça ne m'empêche pas de vouloir tous vous exterminer un par un. Au moins, lui me tutoie comme une personne normale. Enfin, normale, autant que peut l'être quelqu'un qui a à cœur d'enfermer une jeune fille dans une tente après l'avoir kidnappée.
Soudain, je m'aperçois que Sûm s'est effacé pour aller se placer à côté de son frère. C'est presque imperceptible, mais il semble qu'ils soient en pleine discussion, quand bien même leurs lèvres n'esquissent aucun geste. Leurs yeux à tous sont fixés sur moi et je mets un point d'honneur à garder la bouche close.
— Eh bien, on dirait qu'elle n'est pas très bavarde.
Voilà, on arrive à la partie où ils font comme si je n'étais qu'un objet et commencent à parler de moi à la troisième personne, bien que je sois en face d'eux.
— Elle, comme vous dites, a un nom et vous entend très bien. Qui plus est, elle est en face de nous, il est donc inutile et impoli de faire comme si elle n'était pas là.
Choquée, je me tourne vers celui qui vient de prononcer ces mots d'une voix sèche. Kaylan me fixe sans ciller et quand nos yeux se croisent, une étrange sensation me prend, comme si quelqu'un était en train de tirer un fil relié à mon cœur. Je me détourne bien vite et reprend mon rôle silencieux.
— Bien, bien !
Weylin se penche vers moi et je dois faire un effort surhumain pour ne pas reculer en même temps. Un nouveau grognement détourne la conversation que Weylin s'apprêtait à mener.
— Est-il vraiment nécessaire de la maintenir attachée de la sorte ? Ce n'est pas un monstre ! Je vous rappelle que c'est nous qui l'avons traînée de force ici, un peu de considération ne serait pas trop demander.
Weylin se relève en soupirant. Bah voyons, Kaylan qui prend ma défense, comme c'est mignon.
— Dois-je rappeler qu'elle a essayé de s'enfuir plusieurs fois et a failli vous écorcher un œil ?
Kaylan ne répond pas. Son regard parle pour lui. Vaincu, Weylin se détourne de moi et s'en va en agitant la main.
— Très bien. À une prochaine fois, drôle de mime.
À peine a-t-il franchi la porte que Nephtys et Alora esquissent un bref signe de tête pour me saluer et sortent à leur tour. Je me sens tout à coup moins oppressée, même si Kaylan est toujours là.
Celui-ci se précipite d'ailleurs vers moi et attrape la chaîne dans ses mains en grimaçant.
— Je suis désolé, vraiment. Ce n'était pas du tout censé se passer comme ça.
Je ne l'écoute pas et pointe ma cheville d'un doigt accusateur.
— C'est pourtant le cas ! Une âme-sœur n'est-elle pas censée protéger sa moitié ?
Il pince les lèvres sans me regarder.
— Sortez d'ici.
Je n'ai pas hurlé cette fois, mais ma voix est glaciale.
— Tous les deux.
Les deux frères s'observent et Kaylan se relève en s'éloignant. Sûm m'adresse un regard peiné, puis tous deux s'éloignent. Non sans que Kaylan se soit retourné pour me regarder une dernière fois.
Il neme reste plus qu'à prier.
~~~
HELLOOOO
J'espère que vous êtes chauuuuds ?!!
Je me transforme en DJ de soirée là, mais tout va bien. C'est la tension entre mes personnages qui me monte un peu à la tête... 😏
Et je vous parle même pas des interventions de Kaylan dans ce chapitre qui sont épiques 😱
Bref, je m'arrête là, sinon je vais écrire un chapitre complet juste pour vous montrer mon amour pour cette histoire. Je croise juste les doigts pour que vous l'aimiez autant que moi... ET QUE VOUS AYEZ AUSSI HÂTE QUE MOI POUR LA SUITE !!!
Parce que ça envoie clairement du lourd 👀
Alors, on se dit à la semaine prochaine ?
Bonne journée sur ce 😌
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