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Chapitre 36

Je reste dans les bras de Kaylan sans bouger. Lui n'esquisse pas un geste non plus. Nous demeurons l'un contre l'autre pendant plusieurs minutes, peut-être plus que jamais semblables à l'image que le monde se fait des âme-sœurs.

Son cœur bat contre le mien, à un rythme bien plus léger. Peu à peu, mon pouls se cale sur le même tempo et mon souffle se superpose à celui de Kaylan. Tout doucement, c'est comme si nos corps s'accordaient sur la même musique. Je sens le lien dans ma poitrine scintiller et se réchauffer, mais il ne tire pas et ne me fais pas mal comme parfois.

Au bout d'un moment, le ciel brise l'harmonie en y ajoutant un nouveau son, qui ne nous appartient pas. Sur nos peaux s'étalent des gouttes de pluie de plus en plus nombreuses. Je m'écarte de Kaylan mais cela ne semble pas lui plaire car il s'arrange pour garder ma main dans la sienne.

« Une fois qu'on a gouté au contact de l'amour, on ne peut plus s'en passer. » Je ne sais pas qui a prononcé cette phrase, mais elle me revient en tête de plein fouet. Déstabilisée par la pensée qui commence à se former dans mon esprit, je me lève et m'éloigne de Kaylan pour m'avancer sous la pluie.

— Aaliyah...

Il se redresse brusquement et je sens au ton de sa voix qu'il va chercher à s'excuser, bien qu'il n'ait rien fait à mes yeux qui le justifie. Cependant, il arrête ses mots en distinguant le sourire qui commence à se former sur mes lèvres. Bras écartés, je laisse la pluie s'échouer sur mon corps en l'imaginant emporter avec elle tous les mots, toutes les images, tous les souvenirs qui me brûlent depuis ces trop nombreuses années. Chaque goutte éteint un peu plus le feu qui a menacé de me brûler les ailes maintes fois.

Je concentre mon attention sur chaque perle d'eau qui s'échoue sur ma peau. Je visualise chacune d'elle repartir vers la terre en emmenant avec elle tous les morceaux de moi qui se sont brisés et que je n'ai jamais su recoller. Pour la première fois, je me dis que peut-être, la vie ce n'est pas d'essayer de réparer ce qui a été détruit. Peut-être qu'il s'agit en réalité d'apprendre à se débarrasser de ce qui est brisé pour mieux reconstruire au-dessus.

Après une hésitation, Kaylan se lève à son tour et fait un pas dans ma direction. Il s'arrête à une distance raisonnable et m'observe en silence. Du regard, je l'invite à se joindre à moi puis renverse la tête en arrière pour accueillir l'eau sur mon visage. Mes longs cheveux se glissent dans mon dos et chatouillent mes hanches, révélées par un haut que certains jugeraient trop court. Alora, par exemple. Penser à elle ravive ma colère, alors je m'efforce de chasser son visage de mon esprit et ferme les yeux.

Les images qui défilent sous mes paupières désormais ne sont plus celles qui rythment mes cauchemars. Les souvenirs heureux que j'avais enfouis, trop préoccupée par ceux remplis de larmes, reviennent à ma mémoire.

Le sourire de ma mère. Mes frères qui m'entraînent dans les rues de la ville en riant. Ma sœur qui saisit mes mains pour m'emmener danser sous la pluie.

Inspirée par cette dernière image, je rouvre les yeux et me tourne vers Kaylan. Lorsque mon regard croise le sien, je devine qu'il n'a pas cessé de m'observer. En deux enjambées, je me retrouve devant lui et lui tend ma main.

— Accepteriez-vous de m'accorder cette danse ?

Son attention s'arrête sur mes lèvres, étirées par un léger sourire, puis il pose doucement sa paume dans la mienne.

— Avec grand plaisir.

D'un geste plein de maîtrise, il s'approche un peu plus de moi et pose son autre main sur ma hanche alors que je glisse la mienne sur son bras. D'un mouvement souple, il débute une danse qui trouve ses pas sur une musique connue de nous seuls. Kaylan mène notre chorégraphie d'une main de maître, sans doute mû par l'habitude.

Au bout de quelques instants de silences, seulement entrecoupés par le bruit de la pluie qui se déverse autour et sur nous, je reprends la parole :

— Ce sont les gens qui nous changent, Kaylan. Lorsqu'ils naissent ou meurent. Lorsqu'ils rient et pleurent. Ce sont les autres qui nous changent plus que nous-mêmes. Nos actes, quels qu'ils soient, seront toujours jugés. Nos pensées, bien qu'exprimées, ne seront jamais vraiment écoutées, jamais vraiment comprises.

Il m'écoute sans rien dire, ses yeux dans les miens. Pour la première fois, je me fais la réflexion que son silence à lui est comme un doux effluve qui me rassure. Et cela contredit tout à fait mes dernières paroles. Il m'écoute. Peut-être ne comprend-t-il pas tout à fait, mais je sais que chacune des pensées que j'exprime lorsqu'il est face à moi, il les recueille et en prend soin. Chacun des mots qui sont les miens, il les prend pour lui avant de me les rendre encore plus beaux.

— J'ai été élevé dans l'idée que chacun de mes actes aurait des répercussions sur les personnes qui m'entourent. Que chacun de mes regards, chacune de mes paroles, pouvaient briser des vies et en construire d'autres. La vérité, Aaliyah, c'est qu'aussi fortes que soient nos actions ou nos paroles, elles n'ont d'impact que si la personne en face de nous ne porte pas de bouclier.

Cette fois, c'est à mon tour de le laisser parler, curieuse de connaître la suite de sa réflexion. Je ne me souviens pas avoir un jour tant parlé avec quelqu'un. Vraiment parlé, je veux dire. Évoqué ces choses qui tournent en boucle dans ma tête et ma poitrine, exposé des mots qui sont les miens depuis si longtemps que je les pensais acquis. À chacune de nos discussions, Kaylan bouleverse mes certitudes, apporte des réponses à des questions que je ne me posais pas. Plus qu'un livre encyclopédique, il est une porte ouverte sur un monde dont je niais l'existence et dont je voulais me protéger à tout prix.

— Nous nous protégeons, tous, d'une façon ou d'une autre. L'humain est un être fragile : ses pensées, ses émotions, lui sont faillibles. Cependant, plus dangereux encore, ce sont les mots des autres qui peuvent le briser. Nous sommes des animaux grégaires. Nous ne pouvons pas nous passer des autres. Pourtant, ce sont eux qui nous détruisent le plus. Vous m'avez jugé froid dès notre rencontre, Aaliyah. La vérité, c'est que je ne faisais que me protéger de ce qui pouvait me faire du mal. De vous, en particulier.

Pour une fois, je ne le repousse pas à ces mots. Je crois que j'ai fini par comprendre ce qu'ils signifiaient réellement, pour l'avoir ressenti moi-même. L'attachement est un poison, mais nous en sommes assoiffés. Nos émotions, d'aussi fort qu'on les repousse, finissent toujours par revenir à nous. Plus puissante est l'énergie qu'on a mise à les enfouir, plus violent est leur retour. Nous ne pouvons pas échapper à nous-mêmes. C'est un pouvoir que nul ne possède.

— La liberté n'existe pas...

Cette réalité n'est qu'un souffle entre mes lèvres, alors que je plonge mon regard dans celui de Kaylan. Non, la liberté n'existe pas. Il nous faut la créer de toutes pièces, lui donner notre propre définition. Et je crains que dans la mienne, je ne souhaite voir apparaître que son nom.

— La sécurité non plus. Il faut accepter de souffrir pour vivre, je l'ai compris trop tard.

Je hoche lentement la tête, ses yeux toujours accrochés aux miens. Je prends quelques secondes pour observer la couleur sombre de ses iris, le grain de sa peau, ses cils couverts de gouttelettes. Kaylan est beau, je l'ai vu dès le premier jour. Cependant, je n'aurais jamais imaginé que cette beauté extérieure reflétait également celle de son âme.

— La souffrance n'est cependant pas une condition indispensable à l'existence.

Mes mots sont plus convaincus que je ne le pensais.

— Avoir mal, cela ne suffit pas à se sentir vivre. Il faut expérimenter les émotions les plus diverses pour comprendre tout ce que nous pourrions avoir l'occasion de vivre, si on s'en laissait la chance.

Portée par le moment, je lève ma main jusqu'à la joue de Kaylan et fait glisser mes doigts le long de sa mâchoire. Je m'arrête juste avant ses lèvres avant de relever les yeux. Son regard braqué sur moi, je ne peux plus ignorer la tension entre nous. Je m'aperçois alors que nos mouvements se sont arrêtés. La danse dans laquelle nous étions lancés est arrivée à son dernier pas, à sa dernière note. Et aussi soudainement que l'envie de goûter aux lèvres de Kaylan est apparue, elle repart au profit d'une pensée qui me fait reculer d'un pas. Kaylan est mon âme-sœur. Si je le touche, si je faiblis face aux sentiments qui prennent forme dans ma poitrine, alors les autres êtres sur mon passage n'aurons plus aucune saveur.

Si je perds face à notre lien, face aux étoiles, je risque de finir comme mon père.

Au prix d'un immense effort, je m'écarte encore de quelques centimètres, sous le regard perdu de Kaylan que je m'efforce d'éviter.

— J'aimerais partir dès ce soir, si possible. Je ne sais pas si j'aurai la force de le faire demain, face à tous ceux qui m'ont accueillie. À tous ceux que je risque de ne plus jamais revoir.

— Vous les reverrai.

Je relève la tête, étonnée de la force que Kaylan a mis dans ces quelques mots.

— Je vous en fais la promesse.

Je me contente de hocher la tête, incapable de plus. Puis, alors que la pluie cesse, Kaylan accède à ma requête et m'indique où l'attendre le temps qu'il récupère nos dernières affaires. J'acquiesce sans un mot et me glisse à mon tour dans l'obscurité pour rejoindre le chemin tracé par les étoiles depuis ma naissance.

~~~

*tend un mouchoir*

Désolée, c'est le dernier. J'ai utilisé tous les autres.

Moi ? Pleurer à pratiquement tous mes chapitres ? Je ne vois absolument pas de quoi tu veux parler.

*déni x1000*

Allez, la bise, je retourne pleurer sur mes propres mots !

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