Lorsque je me réveille, les rayons du soleil lèchent ma peau froide. Étrangement, la pièce n'est pas froide ; bien qu'elle ne soit fermée de nulle part. Je m'écarte du corps endormi de Sûm en prenant garde de ne pas le réveiller et observe mon environnement.

Je n'y ai pas vraiment pris garde hier soir et il faisait trop noir pour distinguer quoi que ce soit lorsque je suis sortie de la douche, mais je me rends maintenant compte du vide environnant. Les fenêtres ne sont en fait que des trous dans les murs, la salle de bain est une pièce dotée d'une douche et de toilettes en mauvais état et la pièce dans laquelle je me trouve n'est meublée que du matelas sur lequel j'ai dormi.

Un frisson d'horreur parcourt mon corps lorsque je prends conscience de l'état de la pièce. La poussière est incrustée partout, dans chaque latte de plancher, chaque fissure du plafond, elle s'infiltre dans mes poumons et me fait brutalement tousser. Sûm vit vraiment ici ?

Je n'ai pas l'habitude de m'attacher aux gens et encore moins de rester plus de cinq minutes après mon réveil. Pourtant, aujourd'hui, je prends le temps d'admirer Sûm quelques instants. Couché sur le ventre, son corps nu laisse peu de place à l'imagination. J'écarte ses cheveux du bout des doigts pour dégager son front et admire une dernière fois ses lèvres qui m'ont fait vriller hier soir.

Sûm bouge un peu dans son sommeil et glisse son bras droit sous sa tête, ce qui laisse apparaître un tatouage juste en dessous de son aisselle. Je penche la tête pour admirer l'étoile noire qui décore sa peau et m'interroge sur la signification que ce symbole peut avoir. Je ne le saurai sans doute jamais.

Je me surprends à penser qu'il n'a même pas une couverture pour se couvrir. Lasse de ces réflexions, j'attrape mes vêtements et me rhabille en vitesse. Alors que j'ajuste mon short, mes pourboires de la soirée tintent dans ma poche.

Une pensée m'effleure. Je me retourne vers Sûm et pince les lèvres, une vieille habitude qui me surprend lorsque je réfléchis trop. Je ne suis pas vraiment du genre généreuse mais je suis loin d'être une pingre tout de même. En plus, Sûm a vraiment été d'une douceur et d'une attention extraordinaires.

Pas comme si je devais le remercier, bien sûr, mais...

— Oh et puis merde, je souffle.

Je sors quelques pièces de ma poche et les dépose de mon côté du matelas. Je cherche des yeux une feuille et un stylo mais ne trouve rien qui y ressemble de près ou de loin. Le soleil qui me chauffe les pieds me rappelle que je n'ai rien à faire ici et j'attrape mes chaussures avant de changer d'avis. Je rejoins l'ouverture et vérifie que l'échelle est toujours là, puis je salue Sûm du bout des lèvres, bien qu'il soit toujours endormi, et attrape le premier barreau.

Il ne me faut que quelques secondes pour atterrir sur le sol déjà chaud et enfiler mes fines sandales. Le soleil est plus haut dans le ciel que je ne le pensais. Mayleen va sûrement me demander pourquoi je rentre si tard.

L'avantage d'avoir des aventures aux quatre coins de la ville, c'est que je connais chaque rue par cœur et que je ne me perds jamais. Je rejoins donc notre maison en une vingtaine de minutes seulement.

En arrivant, je pousse doucement la porte, au cas où Novan serait toujours là, mais je n'entends aucun bruit. Personne dans le salon, ni dans la cuisine, alors je monte à l'étage en tendant l'oreille. Là non plus, aucun son ne résonne. Je rentre dans ma chambre sans avoir croisé le moindre signe de vie et attrape mon bocal sur l'étagère avant d'y mettre les pièces qu'il me reste.

Je ne sais pas s'il sera un jour rempli complètement avant que je ne doive le vider, mais voir autant de pièces me rassure, même si elles ne valent pas grand-chose. J'ai la sensation d'être à l'abri. De quoi ? Je l'ignore.

J'entends Mayleen se glisser dans la pièce avant de la voir. Je repose le bocal avant de la regarder.

— Bah alors, tu étais passée où ?

Appuyée contre l'encadrement, elle me fixe, un léger sourire aux lèvres.

— Je te retourne la question.

Soudain, son visage change complètement de ton et elle s'approche de moi avant de poser ses mains sur mes joues et de retourner ma tête dans tous les sens.

— 'Liyah ? Ça va ? Tu te sens bien ?

Étonnée, j'attrape ses bras avant qu'elle ne me fasse vomir et la rassure d'un sourire.

— Bien sûr ! Pourquoi est-ce que tu poses cette question ?

Elle fronce les sourcils.

— Tu as l'air... ailleurs. Quelque chose te perturbe ? Tes yeux sont éteints. Et... Oh !

Son visage s'illumine d'un seul coup.

— C'est à cause du garçon d'hier soir ? Celui du bar ?

J'hésite une seconde de trop et Mayleen me saute dessus. Heureusement, je tombe sur mon lit. Ce qui n'empêche pas ma meilleure amie de m'écraser de tout son poids. En d'autres circonstances, on serait sans doute allongées avec moins de vêtements, mais Mayleen ne semble pas penser à ça.

— Dis-moi tout !

Je sais que ce n'est même pas la peine d'argumenter. Ma meilleure amie n'est pas du genre à abandonner, surtout lorsqu'elle a les moyens de me faire parler.

Je soupire et en profite pour poser mes mains sur sa taille en lui parlant de Sûm et de l'état de son appartement. Elle m'écoute sagement et laisse glisser ses doigts sur ma peau nue en attendant que je finisse mon récit.

— Tu sais, finit-elle par dire, ce n'était peut-être pas vraiment son lieu de vie. Si ça se trouve, c'est juste là où il couche avec les gens.

Je hausse les épaules et me concentre sur le contact de ses doigts sur ma poitrine. Au même instant, des images du corps de Sûm contre le mien me reviennent et mon bas ventre se met à papillonner. Le bassin de Mayleen contre le mien n'arrange rien.

Celle-ci doit s'en rendre compte car elle recule un peu. Malheureusement, c'est encore pire pour moi.

— Et toi ? Novan est déjà parti ?

Je pose la question comme si ça pouvait m'aider à penser à autre chose, alors que pas du tout. Mayleen affiche un grand sourire.

— Iel a dû repartir tôt pour l'entraînement.

Étrangement, cette information me rassure et j'en profite pour laisser mes mains s'égarer un peu plus sur le corps de ma meilleure amie.

— Et à propos de Sûm...

Elle se dégage d'un geste souple et atterrit debout au bord du lit.

— Tu le recroiseras sûrement à l'auberge ce soir de toute façon. Au pire, tu pourras lui dire que cet argent n'était pas pour payer ses services mais pour apaiser ton doux cœur en sucre.

Je grimace et ma réaction la fait éclater de rire. Elle attrape mes mains et me remet sur mes pieds.

— Allez viens, on va boire un verre d'eau. Il fait trop chaud !

Je la regarde, sceptique.

— On va vraiment le boire, cette fois ? Parce qu'hier...

Je ne termine pas ma phrase, mes yeux parlent pour moi. Elle secoue la tête et m'entraîne dans la cuisine avant de me servir un (vrai) verre d'eau. C'est vrai qu'il fait super chaud ces derniers jours.

Elle se hisse sur le plan de travail et je m'adosse au mur, qui a le mérite d'être frais. Nous ne disons rien. Cela n'a pas grande utilité, nous avons toujours su décrypter nos silences.

C'est Mayleen qui finit par briser notre quiétude.

— Tu crois que j'y arriverai, un jour ?

La tristesse perce dans sa voix et je me retiens de la serrer dans mes bras alors que mon cœur se comprime. Pas besoin d'être devin pour savoir de quoi elle parle : ne pas trouver l'âme sœur a toujours été sa plus grande peur. Mayleen est loin d'être comme moi. Elle croit aux âmes sœurs, à l'idée que quelqu'un lui est réservé dans ce monde. Enchaîner les relations n'est pour elle qu'un moyen de combler le vide que l'absence de cet amour a créé.

Je m'assure d'avoir capturé son regard avant de lui répondre :

— Bien sûr. Tu es la plus belle fille que je connaisse. Tu as le cœur sur la main, toujours le sourire, tu ferais n'importe quoi pour les autres. Et surtout, tu as un taux d'amour frôlant les nuages. Personne ne sera jamais mieux aimé que par toi.

Je me tais. Je n'ai jamais été très douée pour exprimer de belles choses avec des mots.

Mayleen cligne des yeux plusieurs fois, comme pour en chasser des larmes, avant de se précipiter vers moi et de me serrer très fort contre elle. Je me force à passer mes bras derrière son dos et embrasse son front.

Après quelques secondes, elle finit par reculer et attrape ma main. Elle se dirige vers la porte d'entrée et m'entraîne derrière elle.

— On va où ?

Elle m'adresse un léger sourire.

— Retrouver Novan. Un plan à trois, ça te tente ?

Je lui adresse un regard entendu et esquisse un sourire avant de tirer la porte derrière nous alors que nous débarquons sous le soleil.

— Tu sais très bien que je suis incapable de refuser une offre pareille.

~~~

Heyyy !

Comment se déroulent vos vacances ? (pour ceux qui en ont, évidemment)

Moi, je profite de la plage, bien incapable d'écrire sous cette chaleur suffocante.

Enfin, j'ai toujours assez d'énergie pour publier un chapitre ;)

J'espère que celui-ci vous aura autant plus que les autres ! Les choses sérieuses arrivent 👀 Il ne me reste plus que quelques personnages à vous présenter pour lancer officiellement l'intrigue... Même si vous vous rendrez vite compte que tout est lié depuis le premier chapitre 🤭

Au plaisir de vous retrouver la semaine prochaine !

Guide de prononciation des nouveaux prénoms :

Sûm = Soum

Novan = No vanne