-- Chapitre 9 - nouveau !
Elle s'interroge. D'après ses sources, aucune de ces créatures n'est apte à sortir des incubateurs. Mais les données de cette créature indiquent le contraire. Elle hésite, observant les autres cuves incubatrices. Aucune autre de ces créatures n'est prête pour ses projets. Qu'a-t-elle à perdre à libérer celle-ci et la prendre sous son aile ? Elle résiste à la tentation mais se sent prête à céder à tout moment.
* * *
Katelyn descend du véhicule après avoir activé sa protection contre les pluies acides et se dirige vers le poste. Elle est rapidement rejointe par son partenaire qui lui a exposé sa théorie pendant les cinquante minutes qu'a duré leur trajet à cause d'un pic de circulation dû à des travaux inattendus sur leur chemin. Simon n'a d'ailleurs pas hésité à utiliser cet événement comme argument pour lui avancer qu'il risque de se produire certaines choses au poste. Ils entrent tous les deux dans le poste et rejoignent leur bureau le plus calmement et naturellement possible pour y poser leurs manteaux. Katelyn jette un œil vers la salle de repos. Les Colbert et l'ami de Freeya y sont toujours. Tout semble aller pour le mieux.
Simon va à leur rencontre, ouvre la porte et s'enquiert de leur état de santé. Katelyn le voit discuter un peu avec le père de la disparue et son ami. Discrètement, Simon fait soudainement le signe convenu plus tôt dans la voiture. Elle s'avance alors vers la salle de repos, les nerfs à vif du fait que l'événement se déroule dans le poste. Discrètement, elle fait signe à des collègues de venir en aide, lesquels se mettent en position de couverture.
Alors que les Colbert sont assis sur un des divans de la salle de repos, Simon continu de discuter avec l'étudiant et l'incite à le suivre en dehors de la pièce. Ils en sortent tous les deux et se dirigent vers le bureau des deux lieutenants. Une fois l'étudiant enfermé avec Simon dans le bureau, tous les policiers encerclent en silence la salle de repos.
Katelyn sent la tension monter de seconde en seconde. Comme convenu, elle attend... elle attend... elle attend... Simon baisse les stores de leur bureau. Sans visuel pendant quelques secondes, elle s'inquiète. Que se passe-t-il dans ce bureau ? Elle s'apprête à y aller quand la clenche s'abaisse et son partenaire apparaît dans l'embrasure de la porte qu'il verrouille derrière lui. Katelyn reste en place. Elle voit Simon se diriger calmement vers la salle de repos.
Alors qu'il est sur le point d'y entrer, les Colbert se lèvent, regardent ce qui se passe dans le poste, reculent légèrement et se mettent sur la défensive. Simon n'entre finalement pas dans la pièce dont il referme la porte. Katelyn voit à nouveau le signe de main. Elle se lève et met en joue les suspects, rapidement imitée par tous les collègues. Simon regarde le bouton pressoir rouge prêt de la porte et va pour appuyer dessus quand soudainement il se fait heurter par la porte qui vole en éclat. Il tombe à la renverse quelques mètres plus loin et tarde à se relever.
Le faux père Colbert sort de la pièce, lentement, en regardant tous les agents qui braquent leurs armes vers lui. Katelyn le voit se tourner vers elle et la regarder avec des yeux teintés de rouge et de jaune. Il pose sa main sur le chambranle de porte qui se met à fumer puis à couler. L'aluminium qui le compose ne supporte pas la température générée par la main de l'homme.
« Dîtes à vos collègues de baisser leurs armes, prononce-t-il d'une voix métallique. Laissez-nous partir.
Katelyn hésite. Elle voit le père prendre la mesure de son indécision.
- Il... il n'en est pas question ! crie-t-elle. Retournez dans cette pièce ! Dé... dépêchez-vous !
- Vous ne savez pas dans quoi vous avez mis les pieds, lieutenant.
- Faites ce que je vous dis.
Le père avance d'un pas mais sa présence donne l'impression qu'il en a fait beaucoup plus.
- Croyez-moi, il vaut mieux pour tout le monde qu'on parte d'ici sans causer plus de dommage.
- Faites ce que ma collègue vous dit !
Katelyn se retourne et vois Simon debout en train d'avancer en mettant en joue le faux père.
- Reculez, dit-il avec autorité. Ou je n'hésiterai pas à ouvrir le feu.
Le faux père reste en place et lève les mains, paumes en avant. Katelyn peut y voir les lignes de vie rougeoyantes et fumantes.
- Avant que la situation dégénère, sachez que vous ne devriez pas sous-estimer mon épouse. Elle est plus forte que moi.
Simon le tient toujours en joue. Katelyn jette un œil dans la salle. Ce qu'elle y voit suffit à nouer son estomac. Quelle est cette chose ? Quand est-elle apparue ?
- Je suppose que vous avez découvert les corps des personnes qu'on remplace ?
- C'est exact, répond Simon.
Katelyn continue d'observer cette chose qui possède une paire de bras et de jambes en plus. Alors que des marques lumineuses sont apparues sur son visage dont la peau se met à couler et tomber au sol, son corps irradie de chaleur et laisse échapper de la fumée. Les vêtements ont déjà commencé à tomber en lambeaux. Les parties ajourées de son corps montrent une peau par endroits luisante et transparente en d'autres.
- Les regards de votre partenaire et de vos collègues me disent qu'ils viennent de découvrir mon épouse sous toute sa splendeur.
- Qu... qu'est-ce que vous êtes ? demande Katelyn. Et... et qu'avez-vous fait de Freeya Colbert ?
- La jeune fille est saine et sauve. Mais je vous préviens encore une fois : vous ne savez pas dans quoi vous avez mis les pieds.
- Alors dîtes-le nous, dit Simon. Et peut-être qu'on vous laissera partir.
- Je préfère éviter.
Une joute de regard s'engage alors entre Simon et le faux père pendant une fraction de seconde.
- Vous devriez répondre au téléphone.
- Quoi ?
Une sonnerie retentit. Le bracelet de Simon scintille et attire l'attention de tout le monde. Il ouvre la communication. Katelyn voit son partenaire se figer et blêmir. Son arme tremble au bout de ses bras qu'il ne tarde pas à abaisser. Il fait un nouveau signe de la main.
- Rengainez, ordonne-t-il.
- Mais Simon ! proteste Katelyn.
Simon la regarde. La lueur dans ses yeux est des plus étrange.
- Kate, fais-le, s'il-te-plaît.
Katelyn abaisse son arme mais pas moins prête à réagir au moindre faux-pas.
- C'est une sage décision, fini par dire le faux père en se dirigeant vers la sortie.
Alors qu'il est sur le point de franchir la porte principale, il arrête sa course et se retourne.
- Veuillez excuser mon épouse. Elle a un léger penchant pour le dramatique et la mise en scène. »
Tous les policiers du poste ne peuvent que rester impuissants et regarder cette chose disparaître sous la pluie acide qui s'abat durement à l'extérieur. Tandis que Katelyn souffle de soulagement, Simon reste sur place et fixe l'intérieur de la salle de repos. Elle y entre et voit un trou béant au sol, assez large pour qu'une personne puisse y passer. La fausse madame Colbert s'est échappée en creusant une galerie souterraine. Un bruit sourd derrière elle la fait se retourner. Simon vient de s'effondrer au sol, inconscient.
Ses tympans bourdonnent et tapent comme s'il était dans une pièce parfaitement insonorisée. Il ne supporte pas cette sensation de confinement. Il ouvre les yeux mais ne voit toujours rien. C'est le noir le plus total, un de ceux qui mettent mal à l'aise et réveille en nous la plus terrible des terreurs. L'angoisse le gagne au point de rendre sa respiration des plus difficile. Il veut sortir de cet endroit. Il tend les bras en avant et se met à avancer avec prudence et l'idée qu'il peut trébucher à tout moment, percuter un obstacle ou rencontrer le pire. Le temps lui semble durer une éternité. Depuis quand est-il ici ? Une minute ? Une heure ? Rien ne lui permet de savoir ni où ni quand il est.
Au loin, un faible halo bleuté apparaît et semble flotter dans les airs. Un autre apparaît. Puis un autre. Et encore un. Il y en a maintenant une myriade mais lui semblent toujours hors de portée. Il continue sa lente progression vers ces lueurs jusqu'au moment où un clapotement d'eau assourdissant jaillit et résonne. Il regarde à ses pieds. Il arrive à percevoir la surface du sol mais est décontenancé par les rides qui apparaissent et oscillent dans un lent mouvement radial depuis ses pieds. La faible lumière des halos éclaire étrangement bien la nappe d'eau sur laquelle il vient d'arriver. Mais où suis-je ? Quel est cet endroit ? Il lève les yeux à la recherche de quelque chose, un objet quel qu'il soit qu'il puisse identifier.
La lumière bleue se fait subitement plus intense, le forçant à placer sa main en visière puis à se couvrir les yeux. La myriade de halos se précipite vers lui. Il se sent comme projeté dans un gouffre de lumière où chaque veinure, chaque aspérité, chaque sillon prend une teinte différente à mesure de la progression de son voyage dans cet étrange tunnel. Tout s'arrête d'un coup sur une image. Il la scrute mais n'y reconnais rien. Elle disparaît et la course folle reprend de plus belle jusqu'à un nouvel arrêt sur image. Toujours rien de familier sur celle-ci qui disparaît subitement avant qu'il soit à nouveau projeté dans ce tunnel qui se met à présent à s'enrouler sur lui-même.
Simon tente de lever les yeux vers l'éblouissant bout de tunnel. Une fois la vue accommodée, il distingue une spirale de couleurs qui tourne à une vitesse irréelle. Il est pris de vertige et de nausée. Tout s'arrête brutalement. Le noir absolu l'inonde à nouveau. Il tombe à quatre pattes, fiévreux et sujet à une terrible céphalée.
Une lueur douce et chaude apparaît lentement devant lui. Il lève la tête et voit une nouvelle image. Les tons changent au point de lui donner froid et le faire frémir. Il reconnaît l'endroit et les personnes. Mais certains détails sont différents de ce dont il se souvient. Il n'arrive pas à distinguer lesquels. Malgré tout, il se sent réconforté de voir ce cliché d'un de ses souvenirs. Il lève la main vers l'image mais elle disparaît dans un brouillard. C'est à nouveau le néant.
La surface de l'eau est déformée par des rides plus importantes que celles qu'il provoque. Un bruit sourd lui parvient aux oreilles. Des secousses se font ressentir de plus en plus violemment. Le bruit devient des bribes de mots. De nouvelles lueurs apparaissent à l'horizon. Une étrange sensation d'engourdissement semble s'évaporer petit à petit. Il tente d'ouvrir les yeux mais la lumière l'éblouie aussitôt. Il referme les yeux.
Il sent un coup violent porté sur sa joue. Il regarde dans la direction d'où devrait provenir le coup mais ne voit rien. Il ouvre lentement les yeux et prend subitement conscience qu'il était parti ailleurs. Son ouïe revient elle aussi à la normale ainsi que tous ses autres sens. Il ne parvient pourtant pas à savoir où il est exactement.
Des visages familiers sont penchés au-dessus de lui. Katelyn le secoue et l'appelle. Fitzgerald, Doc et son assistant sont aussi présents. Simon tourne lentement la tête pour savoir où il est. Il reconnaît le mobilier de son bureau. Il comprend maintenant d'où vient les dernières sensations de confort et de chaleur. Il est allongé sur le sofa, une lampe inclinée sur son visage. Il tourne à nouveau la tête et voie un saut d'eau avec un chiffon humide. Son cerveau interprétait cette information en lui donnant l'impression qu'il marchait sur de l'eau.
« Bon sang... finit-il par bredouiller. Qu'est-ce qui m'est arrivé ?...
- Tu as fait un malaise, répond Katelyn.
- Vraiment ?...
- Oui. Et tu nous as bien inquiété.
- Combien de temps suis-je resté inconscient ?
- Je ne sais pas trop. Peut-être une ou deux minutes.
- Si peu ?
- Oui. Mais tu nous as fait une sacrée frayeur.
- Simon, dit le capitaine, Shen restera ici à veiller sur vous. Pendant ce temps, Katelyn continuera l'enquête pour retrouver Freeya Colbert et savoir qui est réellement son ami.
Simon rassemble tant bien que mal ses souvenirs. Quelque chose le dérange
- L'étudiant ?... Où est-il ?...
- Il a été placé en isolement dans la salle d'interrogatoire où il attend sagement Katelyn. Nous avons pris les mesures de précaution nécessaires.
- C'est-à-dire ?
- La salle a été placée en quarantaine.
- Okay... Je viendrai assister à l'interrogatoire quand je me sentirai mieux.
- Il me faudra d'abord l'approbation de Shen pour que je puisse vous le permettre.
- Entendu, chef. »
Tous quittent le bureau sauf Shen qui reste veiller sur Simon.
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