-- Chapitre 7 - nouveau !
L'intruse s'approche d'une cuve qui attire son attention. Dans celle-ci baigne une créature différente des autres. Son stade de maturation est bien plus avancé que celui des autres. Les données la concernant, affichées sur un panneau de contrôle biophysique, indiquent pourtant qu'elle en est la plus récente de toutes.
* * *
Le parc de la bibliothèque est connu pour être l'un des plus appréciés d'Astréa. L'atmosphère apaisante qui s'y dégage favorise le retour au calme des organismes éprouvés par la vie contraignante et son rythme frénétique. Kate et Simon traverse la zone botanique du parc grâce à une allée faite de bûches de bouleau juxtaposées régulièrement couvertes de motifs lumineux en forme de lierre. Le bâtiment qui abrite la bibliothèque apparaît derrière une allée de platanes pour la plupart bicentenaires. Une légende veut que le premier de ces arbres à être planté était une pousse directement importée de Terra par un général terrien en signe de paix après la reconnaissance de l'indépendance de Themys.
Arrivés au sommet du large perron en marbre rose et bordé de part et d'autre d'une allée d'ifs qui conduit à l'entrée principale de la bibliothèque, les lieutenants marque un temps d'arrêt et observent les alentours. Le cadre propice à la détente qu'offre le parc dénote vraiment du reste de la ville en perpétuel mouvement. Personne ne leur paraît suspect et aucun Patrick Titus ne leur est visible. Kate et Simon entre dans la bibliothèque dont l'atmosphère digne d'un temple obligerait au plus bruyant des énergumènes à faire le silence. Ils se présentent à l'accueil occupée par un binôme humain-droïde. Après une brève discussion avec ce duo que Simon trouve des plus étranges, les lieutenants s'aventurent dans les nombreuses allées réparties sur trois vastes étages que compte ce temple culturel.
Une demi-heure s'écoule facilement jusqu'à ce qu'ils trouvent la personne indiquée plus tôt par le duo de l'accueil. L'étudiant est attablé devant sa console de travail et une pile de livres numériques. Ils s'en approchent, l'étudiant tourne la tête et les dévisage un instant avant de relever ses lunettes sur le front.
« Bonjour, engage Kate en montrant son badge, nous sommes les lieutenants Taylor et Masson, de la DSI.
- Bonjour, répond le jeune homme. Vous devez venir pour Freeya ?
- Oui, dit Simon. Ses parents sont inquiets et nous sommes à sa recherche. Avez-vous quelques minutes à nous accorder ? Nous voudrions vous poser des questions sur Freeya et son emploi du temps.
- Bien sûr.
Le jeune homme les invite à s'asseoir, ce que font les lieutenants avant de poursuivre la discussion.
- Nous avons eu l'information comme quoi vous et Freeya aviez l'habitude de travailler ensemble. Pouvez-vous nous le confirmer ?
- Oui, c'est le cas. On est dans la même promo et on s'entraide depuis quelques mois. Mais hier soir, je ne pouvais pas venir à cause de mon travail.
- Quel travail ? demande Kate.
- Je bosse dans une petite épicerie pour payer mes études. Elle se situe au croisement de la cinquième et de la trente-deuxième dans le quatrième district. Un collègue était malade et mon patron m'a appelé pour le dépanner.
- D'accord, dit Simon. Mais c'est un peu loin d'ici. Vous ne trouvez pas ?
- Je n'habite pas le quartier.
L'étudiant balaie rapidement les alentours du regard.
- Ecoutez, je ne peux pas trop vous en dire ici. Si vous voulez en savoir davantage, j'accepte de vous suivre au poste si vous me garantissez ma sécurité.
- Pourquoi devrions-nous vous amener au poste ? demande Kate.
- J'habite à deux rues de chez Freeya, mais dans le cinquième district.
- Là où les trois Familles se disputent le marché de l'oxygène ?
- Oui, exactement. Ils s'y passent des choses très étranges depuis un moment.
A ces mots, Simon se lève et vérifie les environs au cas ils seraient épiés ou écoutés.
- Comment le savez-vous ? demande Kate.
- Il y a quelques jours, j'ai vu certaines choses en rentrant chez moi. Mais je ne peux pas en dire plus ici. Ecoutez, il faut vraiment me mettre sous protection.
- Très bien, dit Simon. Nous allons vous escortez au poste et demander une garde rapprochée si vos renseignements en valent la peine.
- Merci.
L'étudiant commence à ranger ses affaires mais Simon le coupe dans son élan avec une nouvelle question.
- Mais avant, que pouvez-vous nous dire sur un certain Patrick Titus ?
- Pat ? C'est le jardinier en chef de la section nature du parc. Tout le monde ici le connaît. Pourquoi cette question ?
- Il semble qu'il soit lié de près ou de loin à la disparition de votre amie, dit Kate.
L'étudiant réfléchi quelques secondes.
- Dans ce cas, il vous faudra revenir dans deux heures. Son service n'a pas encore commencé.
- Comment le savez-vous ?
- Je vous l'ai dit. Tout le monde le connaît, ici.
- D'accord. On part sur le principe qu'on peut vous faire confiance. Venez. »
De retour au poste, les lieutenants amènent l'étudiant dans la salle de repos où se trouvent déjà les parents de la disparue. A leurs réactions respectives, Simon voit bien que le jeune homme ne leur avait pas menti à propos de son lien avec Freeya. Mais c'est justement ce qui le rend perplexe. Il fait signe à Kate de le suivre dans leur bureau et se plante à nouveau devant leur tableau en croisant les bras et en fronçant les sourcils.
« Quelque chose te dérange ? demande la lieutenant.
- Oui, lui répond Simon. Je ne sais pas si c'est important pour la suite, mais cet ami n'apparaît nulle part sur notre tableau. Tu es sûre d'avoir bien vérifier les connexions sociales de Freeya ?
- En effet, c'est assez étrange. J'ai pourtant vérifié plusieurs fois les informations.
- Attends... je crois qu'on doit vérifier à nouveau certaines choses chez les Colbert.
- Quoi ?
- Je t'en parlerai sur le trajet. Pour l'instant, suis-moi et agis normalement. »
Simon se dirige vers la salle de repos et aperçoit l'homme à l'imperméable dans le bureau de Fitzgerald. Il ouvre la porte de la salle et annonce aux parents de Freeya et son ami qu'une piste les amène à s'absenter du poste et qu'ils vont être placés sous protection rapprochée dans une poignée de secondes. Kate s'interroge sur les motivations de son partenaire qui semble savoir ce qu'il fait. Elle ne peut que le suivre en agissant de concert avec lui.
Trois quarts d'heure plus tard, Simon sort son passe et l'applique sur la serrure de la porte d'entrée des Colbert. Kate, son arme à la main et prête à faire feu, est à ses côtés. Les diodes électroluminescentes de l'étrange boitier mis au point par leur section scientifique ne cessent de clignoter en prenant des teintes rouge, bleu, jaune et vert, et ce, de façon aléatoire pour un utilisateur non averti. Un bruit sec se fait entendre : le verrou est neutralisé et il suffit aux lieutenants de pousser la porte pour pénétrer dans l'appartement. Avant, Simon recule, s'arme et enclenche son kronikisto et sa technimati en mode sentinelle sous le regard curieux de Kate.
« C'est vrai que tu n'as pas encore reçu tes jouets, lui chuchote Simon.
- Non. J'ai rempli le formulaire et je devrais les recevoir dans deux jours. J'ai hâte de pouvoir les utiliser.
- Tu verras, l'attente en vaut la chandelle, dit Simon en faisant un clin d'œil. Prête ?
- Prête. »
Il pousse la porte et entre lentement dans l'appartement, suivi de près par Kate. Ils se trouvent dans le salon, là où ils ont discuté plus tôt avec les Colbert. Le pinceau enroulé dans un chiffon est toujours posé sur la table basse. La technimati reste muette. Ils se séparent pour inspecter plus rapidement l'appartement. Simon entre dans la cuisine. A part un peu de la vaisselle laissée au fond de l'évier, il n'y a rien à signaler. Il repasse par le salon pour rejoindre Kate. Il emprunte alors le couloir d'où était sorti le père de la disparue. Il y voit deux portes au fond.
« Simon, vient voir !
Le lieutenant toujours à l'affût se dépêche de rejoindre sa partenaire dans l'une des chambres.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demande-t-il une fois dans la chambre.
- Et bien je te laisse voir par toi-même. »
Simon baisse son arme devant la scène d'horreur qui s'offre à lui. Deux corps inertes et mutilés, une femme et un homme, sont littéralement cloutés sur l'un des murs, les membres écartés en étoile. Et à droite, quelques mots peints en rouge sous lesquels figure un étrange symbole. A cette vue, Simon est pris d'un vif vertige et sa respiration devient difficile au point qu'il doit poser sa main sur le mur pour éviter de fléchir.
« Ça ne va pas Simon ?
- Ça va aller, dit-il en lui faisant signe de la main de ne pas s'approcher davantage. »
Il ferme les yeux et se concentre pour réguler son rythme cardiaque. Il peut encore voir des étincelles danser à travers les paupières clauses. Il pense à un souvenir agréable mais de nouvelles images d'horreur lui apparaissent par à-coups. Un restaurant incendié. Deux corps carbonisés. Un troisième suspendu à un mur avec les membres écartés en étoile. Un symbole dessiné au sol. Une sensation de chaleur le submerge depuis son ventre et remonte de plus en plus vite. Il se met à suer à grande eau des frissons parcourent subitement sa colonne du bas vers le haut, le forçant à s'incliner en avant pour régurgiter de la bile.
Simon se sent mieux, se redresse et regarde sa partenaire inquiète en s'essuyant la bouche.
« Il faut qu'on se dépêche de retourner au poste.
- Pourquoi ? l'interroge Katelyn.
- Ceux qui s'y trouvent ne sont pas les vrais parents. On s'est fait avoir.
- Quoi ? Mais... mais comment ?!
- Seuls les vrais humains ont le sang rouge. Et de ce qu'on peut voir, nous sommes en présence de madame et monsieur Colbert, les vrais parents de Freeya.
- Alors qui sont les personnes que nous avons amené au poste ?
- J'ai déjà ma petite idée là-dessus mais on ne doit pas perdre de temps. Chaque seconde est cruciale. »
Les deux lieutenants se précipitent en dehors de l'appartement, rejoignent leur voiture et retournent au plus vite au poste en espérant que rien ne leur gênera la route.
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