-- Chapitre 11 - [en réécriture]
* * *
L'interrogatoire mené par Katelyn a été plutôt instructif. L'étudiant est bien une connaissance de Freeya Colbert. Les renseignements qu'elle avait réuni avec Simon à son propos sont de très loin incomplets. Freeya et le jeune homme, Tchad Potters, font partie d'un groupe activiste qui lutte contre certaines décisions du Sénat. Selon Tchad, les idées plus extrêmes de Freeya que les siennes peuvent la conduire dans des situations délicates. Il la soupçonne d'agir pour une cause encore plus extrémiste mais ne sait pas laquelle.
A la suite de l'interrogatoire, l'étudiant a passé avec succès une batterie de tests mis au point par Doc afin de déterminer si oui ou non il est humain. Rassuré sur ce point, Simon a pris la décision d'accorder du crédit aux informations livrées par l'étudiant. Comme promis, il a été emmené dans un endroit sûr et une protection rapprochée a été constituée. A présent, une question est en droit d'être posée : quelle est la nouvelle priorité à la recherche de Freeya Colbert ? Simon, assis à son bureau, sursaute à la sonnerie qu'émet son bracelet qui scintille. Il ouvre la communication.
« Bonjour monsieur Taylor, fait une voix étouffée.
-Bonjour, répond Taylor.
- Avez-vous visionné le message que je vous ai laisser ?
- Quel message ?
- Celui que vous avez récupérer ce matin en partant de chez-vous.
Simon se fige, le regard hagard.
- Qui êtes-vous ?! Et comment avez-vous eu ce numéro ?! »
Trop tard. La voix mystérieuse vient de raccrocher.
« Quelque chose ne va pas ? demande sa partenaire en entrant dans le bureau.
Simon prend sur lui et tente de reprendre une attitude normale.
- Non. C'est bon. Tu n'as pas à t'inquiéter.
- Tu es en sûr ?
- Oui oui.
Katelyn fait une moue de doute et enclenche une carte mémoire dans un dock relié à son ordinateur.
- Au fait, je viens de parler avec le capitaine et on laisse tomber la recherche de Freeya Colbert.
- Quoi ?
- On a pour ordre de poursuivre l'affaire de l'attaque de la CTB.
Simon souffle et s'enfonce dans son fauteuil avant d'en sortir aussitôt et prendre ses affaires.
- J'espérais retarder au maximum ce moment. Mais visiblement, je vais y avoir droit aujourd'hui.
- Que veux-tu dire ?
- J'avais l'intention de rendre une petite visite à SupChronics pour leur poser des questions sur les androïdes mis en arrêt.
- Oh ! Hé bien dans ce cas, on pourra peut-être en profiter pour glisser quelques questions sur les appareils qu'on a rencontré aujourd'hui ?
- C'est une excellente idée ! »
Les voilà en route pour SupChronics, forteresse des nouvelles technologies et plus grand berceau d'androïdes que Themys ait vu. Si le lieutenant peut aller sur le terrain, c'est grâce à la présence Katelyn. Même si elle sort tout juste de l'académie de police, elle a déjà fait preuve de compétences indéniables. Perplexe, Simon repense à la matinée de fou qu'il vient de vivre. Il revient peu à peu à l'instant présent en voyant par le pare-brise une immense tour émerger lentement au-dessus des autres gratte-ciels en donnant l'impression de s'approcher d'eux.
L'immeuble de SupChronics est tellement haut qu'il toise les autres gratte-ciels de plusieurs fois la hauteur du plus élevé d'entre eux. Ce gratte-ciel, situé juste en face d'eux, au bout de la longue avenue régulièrement agrémentée d'arbres et de fontaines, semble toujours se dresser davantage vers l'infini à mesure qu'ils en approchent. Ce qui, de par la définition même du mot infini, est impossible étant donné que cet immeuble bien qu'immensément grand, est d'une taille belle et bien finie. Après cette énième divagation, Simon met enfin les pieds sur le parvis qui fait face à l'entrée principale de la tour.
En attendant que Katelyn aille garer la voiture quelques centaines de mètres plus loin, il jette un œil à l'immeuble et son architecture. Elle lui rappelle celle d'une célèbre tour à New-York, sur Terra, peut-être le Chrysler Building pour sa structure générale. En levant les yeux vers la flèche de la tour, il remarque que la façade du bâtiment est régulièrement parée de verdure exotique et de petites fontaines. Katelyn l'ayant rejoint, ils s'aventurent vers SupChronics en passant par une passerelle qui enjambe une sorte de jardin extrême-oriental comme on en trouve sur Terra. Décidément, se dit Simon, les références à la planète-mère ne manquent pas. A croire que les fondateurs de SupChronics étaient nostalgiques de Terra.
Ils franchissent les portes et arrivent dans un hall d'entrée dont le centre est occupé par une grande fontaine bordée d'une végétation luxuriante et d'arbres exotiques hauts de plusieurs étages standards. Le sol, composé de multiples variétés de marbre et de granit, reflète parfaitement les luminaires se trouvant au plafond du hall. Ce hall d'entrée est d'ailleurs suffisamment vaste pour que l'immeuble où habite Simon puisse y loger. A droite comme à gauche de l'entrée, des exemples de découvertes scientifiques majeurs faites par l'entreprise ne manquent pas, transformant presque ces parties du hall en musée. Devant eux, un très long comptoir à l'aspect métallique occupé par plusieurs personnes en uniforme fait office d'accueil.
Les lieutenants s'en approchent quand une femme vêtue d'une blouse blanche et une tablette informatique à la main les aborde au dernier moment.
« Sauf erreur de ma part, vous devez être mademoiselle Masson et monsieur Taylor, fait-elle en leur tendant la main. Bonjour, je suis Rebecca Foxter. Comme vous devez déjà le savoir, je suis ingénieure et directrice du département de recherche en neuro-informatique.
- Bonjour, répondent Katelyn et Simon en lui empoignant sa main à tour de rôle.
- Dîtes-moi, comment étiez-vous au courant de notre venue ?
- La voiture de votre collègue, mademoiselle Masson, est équipée d'un traceur et nos services de régulation de la circulation urbaine m'ont tenu informée de votre venue.
- Tu as une balise sur ta voiture ? demande Simon à sa collègue.
- Je ne le savais pas, lui répond la jeune femme, décontenancée.
- Je vais donc avoir une demande envers vos services, dit Simon à l'encontre de la scientifique.
- Je crains malheureusement qu'il soit impossible de retirer la balise de votre voiture. Vous devriez savoir que la loi stipule depuis deux ans que tout véhicule neuf doit être équipé d'un système de guidage et accessoirement de pilotage à distance afin de fluidifier la circulation dans la ville et limiter la...
- Nous en rediscuterons plus tard. Nous sommes ici pour une affaire plus importante que la balise dans ma voiture. Madame Foxter, avez-vous connaissance d'une enquête au sujet d'un braquage qui s'est déroulé à la Central Themys Bank récemment ?
- Oui, évidemment. Je crois savoir aussi qu'elle est menée par monsieur Taylor, fait-elle en lui servant un faux-sourire. Veuillez me suivre. Nous en discuterons mieux dans mon bureau, continue-t-elle en jetant des regards furtifs aux alentours. Des oreilles indiscrètes pourraient nous écouter.
- Entendu, nous vous suivons », dit Katelyn, décidément plus diplomate que Simon.
L'ascenseur ayant avalé un peu moins de trois cents étages en un rien de temps, la scientifique et les lieutenants arrivent dans un hall vitré qui donne d'un côté, sur plusieurs bureaux administratifs, et de l'autre sur ce qui ressemble davantage à un laboratoire. Rebecca Foxter en prend la direction et les lieutenants continuent de la suivre en regardant avec curiosité ce qui les entoure.
« Votre département de recherche est-il seulement situé à cet étage ? demande Simon.
- Non, il en occupe deux autres au-dessus. Le premier se compose uniquement des bureaux du personnel de recherche, et le second est constitué de plusieurs laboratoires. Cet étage est dédié à l'administration du département. Et ici, nous sommes dans mon bureau et laboratoire personnel.
- Vous avez de la chance de pouvoir travailler ici, toute seule, n'est-ce pas ?
- Euh... Simon, ne soyez pas aussi... euh désobligeant... fais timidement Katelyn.
- C'est bon Kate, je vais te laisser discuter avec ma-de-moi-selle Fox-ter pendant que je vérifierai son laboratoire. »
Sur ces paroles, Simon s'éloigne des deux femmes pour s'intéresser de plus prêt au laboratoire. Pendant qu'il effectue un premier tour succinct de la pièce, les deux femmes sont parties s'installer au bureau de la scientifique, près de la baie vitrée à partir de laquelle on peut admirer le parvis de la tour et la grande avenue, tous deux précédemment empruntés par les deux agents.
Simon débute une seconde inspection du laboratoire en prêtant plus d'attention au matériel : ordinateurs, microscopes, plantes en tout genre sous serre et aquariums contenant divers animaux aquatiques. Un espace un peu à l'écart du laboratoire l'interpelle. Simon ne l'a pas remarqué lors de sa première inspection à cause de son agencement discret par rapport au reste du laboratoire. Cet endroit ressemble à un atelier de mécanique : outils de bricolage conventionnel, outils d'assemblage de pointe, tas de pièces détachées et bustes de droïdes suspendus au plafond par des palans. Le lieutenant s'interroge sur les travaux menés par la scientifique. Conçoit-elle et expérimente-t-elle elle-même des robots ? Il ne saurait le dire.
« Nouvelle entrée du jour, fait Simon à voix haute après avoir pressé un des boutons de sa montre. Numéro attribué : SC01. Intitulé : atelier exotique dans laboratoire. Raison : zone suspecte. Consultants possibles du fichier : le capitaine Fitzgerald, la lieutenante Masson et moi-même. » Tout ce que dit Simon est désormais enregistré dans son kronikisto. Bien qu'il sache qu'il mémorise directement les pensées, il préfère conserver son habitude de les énoncer à voix haute afin d'être sûr de ce qu'il enregistre. D'une autre pression sur sa montre, Simon a déclenché la synchronisation du kronikisto avec sa technimati pour être certain de ne rien manquer.
Une fois que Simon a fait une description détaillée de ce qu'il voit dans l'atelier et enregistré tout ce qui lui passe par la tête, il retourne vers le bureau de l'ingénieure. « Cette miss Foxter en blouse blanche est d'un tel cliché qu'elle mérite d'être arrêtée. » se dit Simon en voyant sa partenaire prendre congé de l'ingénieure et le rejoindre aux portes de l'ascenseur.
« Alors ? t'as appris des choses intéressantes ? lance-t-il à Katelyn.
- Plus ou moins. Et vous de votre côté, qu'est-ce que ça a donné ?
- Figures-toi que cette Foxter mène des travaux de recherche peu conventionnels dans son laboratoire. J'ai tout enre... »
Ses oreilles se mettent à siffler. Il rouvre quelques secondes plus tard et distingue à peine une Katelyn titubante dans un épais nuage de fumé. Il s'approche d'elle et voit du sang ruisseler sur son visage recouvert de poussière grisâtre. Simon regarde ses mains. Elles aussi sont couvertes de cette épaisse poussière. Il regarde alentour mais ne voit qu'un épais nuage gris. Son observation est interrompue par un bruit sourd à ses pieds. Son regard s'y porte : sa partenaire est au sol, inconsciente.Il s'accroupie pour vérifier son état quand il perçoit faiblement le signal d'ouverture des portes de l'ascenseur. Il décide d'y placer Katelyn, faire descendre l'ascenseur et d'inspecter l'étage.
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