8. Délivrance
Katsuki courait dans les couloirs, entraînant Tora derrière. La jeune femme voyait flou, les larmes coulant abondamment sur son visage, et sa respiration haletante ne l'aidait pas. Derrière eux se trouvait Ochaco et Izuku. L'étudiant soutenait la jeune femme, alors qu'elle avait du mal à avancer, encore choquée par ce qu'il venait de se passer.
— Bougez-vous ! cria Katsuki en accélérant le pas, tirant sur le poignet de Tora.
Ils arrivèrent finalement devant les escaliers extérieurs et le blond ouvrit la fenêtre avant de faire passer les trois autres avant lui. Il jeta un coup d'œil derrière lui, mais étrangement, personne ne les suivait. Izuku commença à descendre le premier, légèrement ébloui par le soleil qui pointait doucement le bout de son nez à l'horizon. Il frissonnait à chaque pas, alors que ses pieds nus rencontraient les marches froides et métalliques de l'escalier. Il ne portait même pas de pantalon. Il avait simplement eu le réflexe de mettre un t-shirt avant de s'enfuir sur le toit. Il avait l'air malin.
Momo avait laissé sa parka à Ochaco, mais la jeune femme, étudiante en médecine, semblait tout de même frigorifiée. Tora la suivait, et en la voyant garder autant son sang-froid, elle se sentit minable. Elle pleurait comme une enfant, alors qu'Ochaco, qui ne comprenait même pas la situation, gardait son calme, malgré son stress apparent. Elle devait se ressaisir. Elle n'avait pas le droit se lamenter alors que ses amies étaient aussi courageuse.
Toujours en descendant les escaliers, Tora frappa ses joues avec ses mains, claquant bruyamment son visage.
— Qu'est-ce qu'y t'prend encore ? souffla Katsuki en la voyant faire, un sourcil levé d'exaspération.
— Rien. Je me reprends, c'est tout.
— Reprends toi plus vite alors, et bouge ton cul !
— Pourquoi faut-il qu'il soit toujours vulgaire avec moi... marmonna Tora en continuant la descente.
Quelques instants plus tard, ils avaient atteint le bas de l'escalier de secours, et ils commencèrent à descendre l'échelle. Après quelques pas, ils se retrouvèrent face à la route, et l'endroit était toujours étrangement calme. Ca avait mal commencé, mais ça avait fini bien trop facilement au goût du blond.
Le quatuor se dépêcha de rejoindre la voiture, et Katsuki se glissa derrière le volant, tandis que Tora s'asseyait à la place passager, claquant rapidement la portière après elle.
À l'arrière, Izuku et Ochaco s'étaient réfugiés. La jeune femme tremblait de froid, et même si Izuku ne le montrait pas vraiment, cela se voyait aussi. Il était frigorifié. Sa mâchoire crispée empêchait ses dents de s'entrechoquer et il avait de la chair de poule sur tout le corps. Tora enleva la veste en cuir rouge que Momo lui avait prêté, et la tendit au garçon à l'arrière.
— C'est pas grand chose mais c'est toujours ça de pris, fit Tora avec un sourire compatissant.
Izuku la remercia d'un geste de la tête, et posa la veste sur ses jambes. L'avantage, c'était que le cuir n'était pas froid, puisque Tora le portait depuis un moment. Le froid ne mordait plus sa peau et c'était déjà plus supportable.
— Bon, on y va, dit Katsuki en faisant tourner la clef pour mettre le contact.
— Attends ! Tu veux aller où ? demanda Tora.
— Moi, j'ai une autre question. C'était quoi tout ça ? répliqua Izuku. Vous avez l'air au courant de certains trucs, ça serait cool de nous dire ce qu'il se passe.
— Et qu'est ce qui est arrivé à Momo ? s'inquiéta Ochaco à son tour. Pourquoi on les a laissés là-bas ?
— Vous saoulez avec toutes vos questions putain, grogna Katsuki, en levant les yeux au ciel.
— C'est ce mec de tout à l'heure, celui avec les cheveux violets, et les cernes... Il a mis une espèce de puce sur toutes les personnes du campus universitaire. Eijiro, Kyoka... J'ai réussi à m'enfuir en sautant par la fenêtre, et j'ai rencontré Katsuki, qui était normal. Enfin, il l'est toujours hein mais... bref. Après, on a croisé un policier dans le même état et... d'ailleurs tu veux toujours pas me dire ce qu'il s'est passé ?
— Ta gueule.
— Toujours aussi sympa, Kacchan, fit Izuku.
— Toi aussi, la ferme !
— Taisez-vous ! cria Ochaco, toujours paniquée. Tora, continue s'il te plaît.
— Oui. Donc on a pas pu aller voir la police parce que, s'ils sont tous comme ça, on peut plus rien faire. Du coup, on est allé chez Momo et Shoto, puis tu nous as appelés, et on est venu vous chercher. En gros, voilà le topo.
Tora jeta un coup d'œil vers l'entrée de l'immeuble où ils étaient peu de temps auparavant, priant pour ne voir personne courir vers eux dans le but de les lobotomiser, et c'est à ce moment là qu'elle laissa échapper un cri de surprise, qui effraya ses camarades.
— Pourquoi tu gueules encore ! râla Katsuki. Il tourna la tête pour voir ce qu'elle regardait, tout comme Ochaco et Izuku : ils écarquillèrent tous les yeux.
Shoto était de l'autre côté de la route, soutenant une Momo mal en point. La jeune femme se tenait la tête, la main contre le front, et une grimace de douleur déformant son joli visage de poupée.
— Momo ! s'écria Tora en les voyant avancer vers leur voiture avec difficulté. Sans hésiter une seule seconde, Tora sortit et partit aider Shoto pour emmener Momo jusque dans la voiture. À l'arrière, bien que serrés, les jeunes adultes étaient contents de se retrouver, sains et saufs.
— Comment tu as fait ? demanda Ochaco, en examinant le front de Momo. Elle saignait, à la naissance de ses cheveux.
— Je sais pas trop, ça s'est passé tellement vite que c'est dur de me souvenir, expliqua Momo.
— Oui, il a tenté de me mettre une puce, et puis tout à coup, tous les autres sont... redevenus normaux. Mais ils paraissaient perdus. Comme s'ils ne savaient pas ce qu'il faisait là, continua Shoto.
— En attendant, faut qu'on bouge d'ici, trancha Katsuki.
— Et tu nous emmènes où ? questionna une deuxième fois Tora.
— Dans un endroit sûr, dit simplement le blond en passant la première vitesse et en appuyant sur l'accélérateur.
***
La voiture s'arrêta finalement face à une espèce de magasin, dans une ruelle un peu sombre et déserte.
— C'est censé être sûr, ça ? chuchota Ochaco en voyant l'enseigne de l'autre côté de la rue. Les murs étaient sales, et la porte d'entrée ne semblait même pas se fermer à clef.
— Oui, ça l'est. Va voir ailleurs si t'es pas contente, se braqua Katsuki, en la fusillant du regard dans le rétroviseur.
— Bon, on se calme maintenant. On peut entrer tout de suite ? demanda Shoto.
— Ouais, ouais.
Katsuki sortit de la voiture et se dirigea vers la petite enseigne. Il ouvrit la porte après avoir mis une clef dans la serrure et lorsqu'il alluma la lumière, les autres furent étonnés de voir à quel point ça paraissait propre et moderne. Les murs et le plafond étaient peints en blanc, et le carrelage gris, bien que froid, brillait de propreté.
Tora le suivit, et entra à son tour. Dans l'entrée, il n'y avait qu'un bureau de secrétaire, quelques chaises faisaient office de salle d'attente et un escalier allant au sous-sol. Katsuki avait sûrement déjà disparu en bas.
— Je me demande bien ce que c'est, comme endroit, fit Ochaco, curieuse, alors qu'elle venait de franchir la porte, les mains enfouies dans les poches de la parka.
— C'est une salle de sport, expliqua Izuku. L'extérieur donne pas envie, mais ça a le mérite de ne pas attirer l'attention. Ici, c'est assez privé comme endroit.
Izuku avait l'air de bien connaitre les lieux, et il fit signe aux autres de le suivre. Momo, toujours soutenue par Shoto, et Ochaco commencèrent à descendre les escaliers à la suite d'Izuku, et Tora, après avoir jeté un dernier regard craintif à l'extérieur, ferma la porte et rejoignit les autres.
Les murs blancs illuminaient l'escalier. En arrivant en bas, la jeune femme fit face à une immense pièce, où traînaient ça et là du matériel de musculation. De nombreux tapis bleus recouvraient le sol, et tout au fond, derrière des baies vitrées, se trouvaient d'autres salles, plus petites. Tora comprit qu'il s'agissait d'endroits pour se battre en un contre un. Cette salle de sport se trouvait dans un quartier un peu craignos, et pourtant, elle avait fière allure. Les appareils rutilants devaient valoir une petite fortune.
— Tu baves, fit soudain la voix du blond dans son dos.
Tora sursauta, ne s'attendant pas à ce qu'il y ait quelqu'un derrière elle. Elle fit un pas sur le côté pour retrouver son équilibre. Et dans un réflexe, elle passa une main sur sa bouche, mais il n'y avait rien. Il se moquait juste d'elle.
— Sacrée nuit hein, continua Katsuki. Personne n'a dû dormir beaucoup, vous avez qu'à pioncer là. Les tapis, c'est mieux que rien.
— Je-... Cet élan de gentillesse me fait froid dans le dos, murmura la jeune fille alors que Katsuki s'avançait vers Momo, une boite de secours en main.
— J't'ai entendu connasse, fit le blond en se tournant vers elle. Il la fusilla du regard avant de se détourner. Puis il donna la boîte à Ochaco. T'es en médecine non ? Occupe toi de ça. Et toi viens avec moi.
Izuku haussa un sourcil, avant de suivre Katsuki. Il se comportait bizarrement, mais il n'allait pas s'en plaindre, pour une fois qu'il était presque supportable... Ils disparurent plus loin dans un autre couloir, et Ochaco s'activa alors. Elle examina rapidement la tête de Momo de ses doigts habiles, puis elle désinfecta le tout, posant un pansement sur sa blessure.
— Quelqu'un d'autre a besoin de soin ? demanda l'étudiante en médecine en regardant Tora et Shoto. Le garçon secoua la tête. Il n'avait pas la moindre égratignure.
— Je... tu peux regarder mon ventre s'il te plaît ? fit Tora d'une petite voix.
— Oui bien sûr. Allonge toi.
Tora s'exécuta, et s'étendit de tout son long sur un tapis, tandis que Momo se plongeait dans les bras de son copain, le visage crispé. Elle avait encore mal au crâne.
— Bon, je te préviens, j'ai les mains gelées.
— Pas grave, sourit Tora. Elle se sentait épuisée. Toutes ses forces des derniers instants s'envolaient doucement.
Ochaco souleva le pull noir de son amie, et tenta de garder un visage neutre en voyant l'énorme ecchymose qui s'étendait entre ses côtes et son abdomen.
— Tora ! Mais qu'est ce qu'il s'est passé pour que tu sois blessée comme ça ?
Momo se releva, et s'approcha de ses deux amies. Shoto fit de même, tout en restant un peu à l'écart. Il fut choqué de voir une tâche violette de cette taille sur une peau aussi pâle.
— C'est à cause du policier qu'on a croisé, j'ai pas réussi à l'éviter. Je pense que j'ai rien de cassé, mais ça fait quand même un mal de chien, se plaignit la jeune femme avec un sourire qui ressemblait plus à une grimace. Heureusement que Katsuki était là, sinon j'aurai fini en petits morceaux.
Ochaco s'occupa de palper les côtes de son amie avec ses doigts froids, à la recherche du moindre problème. Tora accueillit ça avec plaisir, comme si ça atténuait la douleur. Lorsqu'Ochaco eut fini son examen, elle allait poser une question à Tora, avant de se rendre compte d'une chose.
— Hey Ochaco, Kacchan nous a trouvés de quoi nous habi-...
— Chut ! fit Ochaco, un doigt sur ses lèvres. Elle vient de s'endormir.
Izuku s'approcha des autres, et il eut la même réaction que les autres. Sourcils haussés, yeux écarquillés, bouche ouverte. Ochaco se dépêcha de remettre le vêtement de Tora sur son ventre. Elle ne serait pas très heureuse de savoir que tout le monde pouvait observer ses blessures alors qu'elle s'était endormie.
— Comment est-ce que c'est arrivé ?
— Un policier, apparemment.
Le silence prit place pendant quelques instants. Maintenant qu'ils étaient tous en sécurité, ils devaient réfléchir. Qu'est ce qu'il allait leur arriver ? Et ce bordel, avec les puces, comment l'arrêter, surtout en ne sachant pas ce que c'était réellement ?
— Vous feriez mieux de faire comme elle et de pioncer pendant que vous le pouvez encore, fit Katsuki. Ici, on est tranquille pour la journée. Y'a aucune réservation.
Sur ces mots, le blond partit s'enfermer dans l'une des pièces à l'écart, éteignit la lumière, et s'endormit presque immédiatement. La nuit avait été longue. Et le jour ne faisait que commencer.
***
Bon, vous aimez toujours ? :)
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