❧ Chapitre 7 ❧
« L'intelligence est la capacité de résoudre des problèmes nouveaux. »
- Edouard Claparède
Les invités arrivent dans quelques minutes. Le stresse dans la maison monte et une boule d'angoisse me noue l'estomac. Les employés courent un peu partout pour être à leur poste et je ne peux m'empêcher de tout vérifier.
— Je ne t'ai jamais vu aussi anxieuse avant une fête, s'étonne James. Elle doit être importante pour toi.
Tu n'imagines pas à quel point ! C'est ce soir que doit se dérouler le plan, alors oui j'ai de quoi être anxieuse. Surtout que j'ai passé la journée à préparer le menu, la musique et le décor. En plus d'être la première fête que j'organise, c'est de loin la plus importante.
— Oui c'est vrai, souriais-je. Tu es très beau ce soir James.
— Merci mais je suis toujours aussi beau, dit-il fier de lui en replaçant correctement son noeud papillon noir contrastant parfaitement avec le blanc immaculé de son costume.
— Tu es impossible James !
— Je sais mais c'est pour ça que tu m'aimes...
Je ris. Je crois que finalement je l'aime bien, ce James : il me fait rire et il est très gentil malgré son envie de me voir avec Aydan. En le voyant bien apprêté, je me souviens que je ne suis toujours pas prête pour la fête.
— Excuses-moi mais je dois aller me préparer, dis-je en montant les escaliers. Je te laisse t'occuper des premiers invités...
— A vos ordres chef !
— James, ne fais pas de bêtises, le prévins-je en rejoignant ma chambre.
J'ouvre rapidement une vieille armoire blanche encastrée dans le mur que je n'avais pas remarqué avant et passe en revue une multitude de robes plus belles les unes que les autres en cherchant une robe assez discrète mais qui impose tout de même le respect. Après quelques minutes de recherche, je trouve enfin une magnifique robe noire aux reflets argentés, échancrée sur les deux côtés de la jupe et aux manches s'arrêtants au début de l'épaule. Je l'enfile mais je ne peux pas atteindre la fermeture éclair dans mon dos, tans pis je la laisse comme ça pour le moment et verrais plus tard. En attendant j'enfile une paire de salomés noires aux bouts ouverts laissant voir les orteils. Je me dirige en courant vers la coiffeuse et orne mon cou d'un collier pendant, mes oreilles de boucles d'oreilles parées de diamants et glisse une bague en diamant à mon index. Pour la coiffure, j'essaye tant bien que mal de reproduire le chignon parfait que me fais habituellement Marie-Anne mais n'y arrive pas. Je décide donc de me faire une tresse et l'enroule sur elle même pour constituer une coiffure un tant soit peu présentable. J'attache quelques mèches rebelles grâce à quelques barrettes puis installe une serre-tête en strass autour de ma tête, barrant mon front maintenant scintillant.
Je passe un coup de rouge sur mes lèvres et maquille mes cils d'une fine couche de mascara et d'un trait léger d'eye-liner qui doit se nommer autrement à cette époque. J'ai volontairement laissé mon maquillage naturel et sobre pour changer du look imposant et excentrique de Cécilia. Enfin je suis prête ! Je me jette un dernier coup d'oeil dans le miroir de ma coiffeuse et me dirige vers la porte que j'ouvre rapidement. Je marche dans le dédale de couloirs devenu maintenant si familier et observe nos invités danser et boire d'un oeil plus ou moins perché.
— Tu compte rester là toute la soirée ?
Je me retourne surprise et fais face à... Aydan. Toujours là à ce que je vois ! Il est très élégant dans son costume noir trois pièces et son noeud paillon de la même couleur. Il me détaille de la tête aux pied avec insistance et pour la centième fois au moins je me mets à rougir. Il s'avance vers moi d'un pas lent et contrôlé.
— Non, j'allais descendre justement, répondis-je de façon neutre.
— Dans ce cas, murmure-t-il à quelques centimètres de moi. Je peux ?
Il montre mon dos de sa main. Oh non ! J'avais complètement oublié que ma robe était restée ouverte à cause de cette fermeture éclair. Je souris faiblement montrant ma gêne et me retourne, toute honteuse d'avoir à lui demander ça. Je me tourne à nouveau vers les invités pendant que les doigts d'Aydan effleure ma peau, créant ainsi des milliers de petits frissons dans mon dos. Il remonte la fermeture tellement lentement que je crois que ce moment dur une éternité. Même après -ma robe étant définitivement fermée- nous restons dans cette position, une étrange tension palpable entre nous. Je décide de mettre fin à ce moment gênant et me retourne pour être face à lui. Je constate que nos visage sont à quelques millimètres.
— Prête à faire ton entrée ?
— Il le faudra bien, dis-je en prenant sa main.
Nous descendons le magnifique escalier en marbre, ma main toujours dans la sienne. La musique joyeuse de l'époque résonne en écho dans l'immense demeure et enchante tous les convives, à mon plus grand soulagement. Je distingue au loin mon frère qui joue de ses charmes auprès d'une jeune blonde. Quel Don Juan celui là ! Je n'y prête pas plus attention et me concentre sur mon objectif.
— Aydan ! Je ne le vois pas, m'inquiétais-je. Et s'il n'était pas venu ?
— Ne t'en fais pas. Et puis je serais plus rassuré s'il ne venait pas, pour tout te dire, articule-t-il alors que nous sourions mutuellement aux nombreux invités que nous croisons, le regard infaillible.
Nous continuons de parader pendant quelques minutes lorsque je le vois enfin. Il est là, il est venu. Mon coeur s'emballe et j'espère de plus en plus que mon plan se déroulera comme je l'avais prévu. Je m'arrête et me tourne lentement vers Aydan, un immense sourire sur le visage, telle une hôte s'adressant poliment à son invité.
— Je le vois, marmonnais-je.
Effectivement Northwood se tient assit sur le magnifique sofa blanc et or sur lequel j'ai fais la connaissance d'Aydan. Il est habillé de son costume blanc qu'il ne semble jamais quitter et ses cheveux poivre et sel sont coiffés en arrière lui donnant un côté entretenu. Je crois que c'est le moment pour moi de quitter le bras de mon ami.
— Fais attention à toi Elie, soupire désespérément le jeune homme.
— C'est à mon tour de te dire de ne pas t'en faire Aydan.
Et je le laisse planté là, à m'observer m'en aller vers l'homme qui veut potentiellement notre peau. Ma gorge est nouée mais je déglutis rapidement pour reprendre toute contenance. Il ne va rien me faire. Il ne peut rien me faire...
— Cécilia Bloomingdale, annonçais-je en me parant de mon plus beau sourire. J'habite ici.
Nothwood lève les yeux vers ma personne en me détaillant de haut en bas. Quel crétin ! J'attends sa réponse mais celle-ci ne vient pas. Et bien, il va falloir que je fasse tout à sa place !
— Et vous êtes...
— Edwin Northwood, déclare-t-il un brin perdu.
— Enchantée. Je crois vous avoir déjà vu quelque part, je me trompe ?
Bien joué Elie ! Je dois lui faire croire qu'il m'intéresse.
— Vous avez sûrement dû me croiser lors de la fête chez Monsieur Costerhidge, j'y étais pour affaire.
Pour affaire... Mais bien sûr !
— Oh vous devez certainement avoir raison, mentis-je en m'asseyant à ses côté sur le sofa. Et que faites-vous dans la vie Monsieur Northwood ?
— Je suis à la tête de l'entreprise familiale, je dirige tous les chantiers de la ville.
— Impressionnant, m'émerveillais-je pour flatter son égo. Et je suppose qu'une jolie femme doit vous attendre lorsque vous rentrez chez vous ?
C'est vrai que ma question peut paraitre indiscrète mais j'ai besoin de connaitre la réponse surtout que je dois feindre être attirée par lui et son argent.
— Et bien non mais j'imagine que vous devez avoir plein d'admirateurs en vue de votre beauté...
— Oh merci, vous me toucher mon chère mais non, je suis libre comme l'air, avouais-je dégoûtée intérieurement par son intérêt pour moi qui aie à peine la moitié de son âge.
— Vous me plaisez Cécilia, avoue-t-il de but en blanc en souriant malicieusement.
Un frisson me parcoure l'échine. Tout son être émane le mal, la fourberie et la cruauté : sa compagnie est un vrai supplice pour moi et je me demande pourquoi je reste une seconde de plus avec cet homme. Je jette un coup d'oeil autour de nous et croise le regard plein d'inquiétude d'Aydan. Le pauvre me regarde avec souffrance, tristesse et...colère envers celui qui est à mes côtés. C'est à ce moment que je me rappèle pourquoi je suis là, avec ce monstre qui me répugne au plus haut point : je fais tout ça pour la vie d'Aydan et la mienne en même temps.
Je lui souris comme l'idiote innocente que je dois faire croire que je suis, ce qui le fait étirer ses lèvres en une grimace qu'il croit faire passer pour un sourire. À vrai dire je crois qu'il est plus doué pour les rires machiavéliques que pour les sourires francs et innocents. Je me souviens de celui d'Aydan qui est si mélodieux et touchant et je ris à cette pensée.
— Je vous fais rire ? aimerais-t-il à croire.
— Oui, mentis-je en sortant de mes merveilleuses rêveries, je crois que je vous apprécie aussi.
— Cela vous dirait-il de venir à la fête que j'organise dans deux jours ?
— Oh oui ! Avec plaisir ! Merci !
À ce moment, c'est un feu d'artifice qui se déroule dans ma tête. J'ai réussi ! Je suis devenue assez proche de lui pour qu'il veuille me revoir : parfait. Aydan ne sera pas forcément ravi mais c'est pour la bonne cause et le bon fonctionnement de la suite de mon plan.
Je crois que l'étape une de mon plan est une réussite.
Voici le nouveau chapitre, en espérant qu'il vous ait plu... (la chanson de la fête en multimédia)
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