❧ Chapitre 19 ❧
« Construire peut être le fruit d'un travail long et acharné. Détruire peut-être l'oeuvre d'une seule journée. »
— Winston Churchill
Cette nuit de sommeil n'a visiblement pas eut l'effet escompté. Si on peut appeler cela une nuit de sommeil. Tant de questions m'ont retourné l'esprit, -m'empêchant de dormir- que c'est un miracle que je tienne debout. Mes pas me guident vers le miroir qui surplombe ma coiffeuse et ce que j'y vois me désole. Mes cheveux s'emmêlent en tout sens sur mon crâne, de gros cernes alourdissent mes yeux alors que mon teint blanc les accentue. Ensuite, je remarque mon cou. De gros hématomes d'un bleu-violacé marquent ma peau si bien que je crois remarquer l'emplacement précis que les doigts de Northwood ont touché. Une pensée s'impose à moi : impossible de ne pas le remarquer. Marie-Anne n'est pas encore là. Non que je doute de sa discrétion mais je préfère que personne ne soit au courant. Après plusieurs fouilles infructueuses dans les armoires de Cécilia, je trouve enfin un carré de soie aux divers motifs ornementés. Je le noue autour de mon cou en prenant bien soin de cacher chaque centimètre de peau meurtrie. Je me vêts alors ensuite, toutes mes pensées convergeant pourtant vers Aydan. Je me remémore notre première rencontre, toutes nos entrevues, nos conversations, nos rires mais aussi nos disputes, nos peurs et notre but commun. En ressuscitant à cette époque, je n'aurais jamais imaginé trouver quelqu'un dans la même situation. Et pourtant... Je mesure aujourd'hui la chance que j'ai eu. Mais seulement, je ne crois pas aux coincidences. Une part de moi veux croire que ma rencontre avec Aydan n'était pas le fruit du hasard mais que notre destin était de nous rencontrer.
Il a toujours su quoi dire lorsque cette situation me pesait trop sur les épaules, lorsque je n'avais plus la force de la supporter. Sa simple présence rend toutes mes journées plus supportables alors que son absence me laisse comme une sensation de vide au creux de l'estomac. Soudain, son visage se dessine très nettement sous mes paupières closes. Je le connais par coeur à présent : une mâchoire carrée, un menton fier, un nez fin et arrondie, des yeux perçants mais à la lueur si douce, d'épais cheveux bruns parfaitement coiffés, une peau halée... Sa présence m'est devenue vitale en si peu de temps que cela me surprend. En quoi la perspective de partir avec Aydan m'effraie-t-elle ? Aucunement à présent. Il a toujours voulu me protéger et parfois même jusqu'à s'en vouloir le cas échéant.
— Bonjour Elie, murmure poliment ma chambrière, interrompant au même moment le cours de mes pensées. Vous êtes déjà habillée, constate-t-elle, surprise.
— Tu tombes à pic Marie-Anne ! Oui, comme tu peux le voir...
Alors qu'elle s'avance vers moi, je lui tends la brosse. Ma gouvernante s'applique à brosser délicatement mes cheveux précédemment mêlés. Si je partais, me regretterait-elle ?
— Dis-moi Marie-Anne, commencé-je en l'observant dans le reflet du miroir : elle est toute ouïe, qu'envisages-tu de faire dans quelques années ?
— Mon travail vous aurait-il déplu Madame Elie ? s'empresse-t-elle de demander, les doigts crispés autour d'une mèche brune, ma question la prenant de court.
— Non non rassures-toi... Je me demandais simplement si tu espérais trouver un autre emploi ou fonction dans une voie différente que celle d'être au service d'une famille ?
— Oh, se détend-t-elle en baissant les épaules. Je n'y avais jamais réfléchis Elie... Je resterais à votre service aussi longtemps que vous aurez besoin de moi...
— Et tu peux être certaine d'être appréciée comme il se doit partout où tu seras, affirmé-je en serrant sa main sombre dans la mienne, ce qui à le don de la rassurer comme le montre son sourire que je ne vois que trop rarement.
Elle reprend ma coiffure. Je lui souris tout du long. J'ai à présent la certitude que Marie-Anne sera toujours employée ici en temps que chambrière personnelle de Cécilia. Si Aimée doit endosser le rôle de cette dernière, il faut que je lui fasse promettre de toujours garder un oeil sur celle qui est devenue au fil des jours ma confidente et amie. Je connais la difficulté de la vie des américains de couleur en ces temps troublés et ce phénomène est malheureusement encore loin de s'arrêter. Cette maudite ségrégation s'en chargera. Si je peux au moins garantir une existence plus tranquille à la jeune fille, cela me permet de la quitter sereine. Car oui, je pars.
— Ne m'as tu pas parlé d'un nouveau fer à bouclé que tu voulais essayé ? m'exclamé-je avec un rire.
— Oui, s'enchante la frêle jeune fille non moins excitée que moi, l'espoir brillant dans ses prunelles couleur de nuit.
— Et bien j'imagine qu'aujourd'hui est un bon jour pour l'inaugurer !
Après plusieurs essais infructueux et de nombreuses frayeurs pour mes cheveux et ma peau, Marie-Anne est parvenue à créer de belles ondulations régulières sur le haut de mon front. Je reconnais là le fameux style capillaire des années folles. Au fond de moi, je veux rayonner extérieurement autant qu'il est vrai que je le fait intérieurement. J'espère impressionner Aydan, car le résultat est unanime dans cette chambre : les ondulations sont adoptées. Ma voix trahit ma joie lorsque je me lève du siège :
— Merci beaucoup Marie-Anne, je crois que je n'aurais jamais pu trouver meilleure aide que toi ! (Elle frémit alors que je la prends dans mes bras, réprimant certainement toutes ses craintes du protocole et des différences entre classes sociales.) Je ne sais pas ce que je ferais sans toi...
— Ce serait plutôt à moi de vous remercier Elie, murmure-t-elle en me rendant mon étreinte. Vous êtes de loin la meilleure maitresse que quelqu'un puisse avoir...
Je ris à sa dernière remarque alors que je m'écarte :
— Nous sommes égales Marie-Anne ! Et ne laisse jamais quelqu'un te dire le contraire !
Je vois au froncement de ses sourcils et de son front qu'elle n'a pas tout compris à ce revirement mais je ne lui en veux pas. Nous nous rendons ensuite dans la salle du petit-déjeuner où la famille Bloomingdale nous attend au grand complet. Marie-Anne me quitte et je prend place face à Ann, James et Morris siégeant à chaque extrémité de la longue table en chêne. Je dois reconnaitre que les petit-déjeuners en leur présence sont plus pompeux. Les deux hommes se contentent de lire leur journal, une tasse de café fumant à la main. Je suis d'ailleurs surprise de ne pas voir James ses lunettes de soleil fichées sur son nez, se tenir la tête à cause d'une migraine. Au contraire, il défroisse bruyamment son journal d'un coup des bras, pour énerver ses parents sans aucun doute. Cela lui vaut ainsi un regard de travers de sa chère mère.
— Il semblerait que la bourse connaisse une légère chute ces temps-ci, constate le père de Cécilia, le nez toujours penché sur les feuilles.
— Ne vous inquiétez pas Père, nous avons des réserves et les placements précédents ne devrait aucunement tarder à porter leurs fruits, affirme James en bon chef d'entreprise, toujours aussi passionné par sa propre lecture.
— Violet m'a invité à me joindre à elle cet après-midi, enchaine la mégère devant moi. Il semblerait qu'elle soit décidée à faire taire les rumeurs de la faillite de son mari et visiblement, cette opportuniste n'a rien trouvé de mieux qu'une garden party...
— Il est vrai que vous semblez bien placée pour parler d'opportunisme Mère, asséné-je avec un sourire. Et il se peut même que vous soyez vous-même à l'origine de ces rumeurs, je me trompe ?
Les hommes concentrent finalement leur attention sur un fait bien plus intéressant que la bourse. Ann Bloomingdale cache bien sa honte sous un faux sourire triomphant mais je sais que j'ai raison. Au moins une personne qui ne me manquera pas le moins du monde lorsque je serais partie ! Je ne lui laisse pas le temps de répliquer et me tourne vers mon frère, maintenant que j'ai toute son attention :
— Pourrais-tu me conduire chez Monsieur Costerhidge ce matin James ? C'est assez urgent et...
— Je suis désolé Céci' mais ce ne sera pas possible avant cet après-midi, me coupe-t-il en pliant son journal avant qu'un valet de pied ne le débarrasse. Nous avons beaucoup d'affaires urgentes à régler ce matin avec d'autres entreprises, se justifie-t-il. Mais c'est promis !
Puis il se lève et embrasse le haut de mon crâne avant de quitter la pièce. Je ne m'attendais pas à un refus, je dois l'avouer. Mais le plus important est que je vois Aydan aujourd'hui, tant pis pour le reste. En face de moi, ma « mère » ne peut réprimer un rictus fourbe car elle croit avoir gagné, elle pense que je vais me jeter à corps perdu dans un mariage avec un bon parti pour protéger l'avenir de James et de Kathreen. Mais à la fin, c'est moi qui aurait gagné puisque je serais avec Aydan quoi qu'il en soit et qu'Aimée se mariera à coup sûr avec un homme riche tandis que James pourra filer le parfait amour avec la femme qu'il aime. Je souris à mon tour. Officiellement, Aydan et moi allons devoir prétendre ne plus nous fréquenter pour justifier le départ à l'étranger de ce dernier et l'éloignement de Cécilia. Une dispute sera le prétexte parfait. Et aujourd'hui est l'occasion parfaite.
Fin prête, j'attends mon frère dans le hall de la demeure, l'un de mes pieds tressautant sur le sol en marbre en un claquement de talon. Après le petit-déjeuner, j'ai passé le reste de la matinée à regarder les aiguilles tourner sur le cadran de l'horloge du salon, l'angoisse me rongeant les nerfs. James ne devrait plus tarder maintenant, cependant cette pensée ne m'empêche pas d'angoisser. Des papillons prennent leur envol au moins une centaine de fois dans mon ventre avant que je n'entende enfin le grondement de la voiture sur les graviers. Je sors en trombe non sans vérifier une dernière fois mon apparence dans un miroir. Je cours presque jusqu'au cabriolet flambant neuf, sous le regard amusé du jeune homme.
— Je crois que je ne t'ai jamais vu aussi impatiente, sauf peut-être la fois où nous avons échappé à la vigilance de la nourrice pour nous balader en ville sans sa permission... qu'est-ce qu'on a pu rire ce jour-là !
— C'était le bon temps, complété-je alors qu'il démarre le véhicule dans un ronronnement familier. Je me rappèle aussi que nous nous étions déguisés avec les vêtements de Père et Mère en leur absence : Nancy ne pouvait nous rattraper tant nous courrions vite...ris-je en comprenant que les souvenirs de Cécilia sont remontés à la surface aussi aisément qu'une brindille jetée à l'eau.
— Oui et je me remémore surtout ta chute mémorable dans le jardin alors que tu ne parvenais pas à courir avec les talons de Mère...
— Ces choses-là n'ont jamais été pratiques, me justifié-je en riant tandis qu'il se joint à moi.
À ce moment, je constate qu'en quittant la Nouvelle-Orléans et les Bloomingdale, je forcerais Cécilia à quitter sa famille et plus particulèrement son frère avec qui elle entretient une relation si fusionnelle. J'observe James à la dérobée, plus pour la jeune fille qui vit en moi que pour moi-même. Je veux me rappeler chacun de ses traits, son sourire arrogant, ses yeux rieurs, ses cheveux bruns toujours soignés et sa posture nonchalante.
— Vas-tu cesser de m'observer de la sorte ! On dirais que tu me découvres pour la première fois, s'amuse-t-il en quittant la route des yeux une seconde.
Je me détourne en laissant échapper un soupire amusé. Il ne peut pas s'empêcher de faire le pitre décidément. Mais au fond, ses plaisanteries et sa protection vont énormément me manquer. Plus que je ne l'aurais cru. Je me souviens de mon premier jour en 1920, lorsque je l'ai pris pour un fou lorsqu'il m'a appelé « chère soeur ». Maintenant, je crois que je regretterais sa présence ces cent prochaines années. J'empêcherais également Cécilia d'assister au mariage de son frère, et je trouve cela cruel. Mais je me sais que cette situation n'est que provisoire : dans cent ans, je me sauverais de ma mort et tout ce que j'ai accompli ici sera effacé. Cécilia pourra épouser qui elle voudra et pourra assister au mariage de James. De plus, rien ne changera après mon départ puisqu'Aimée sera là pour nous remplacer, Cécilia et moi. Seulement, je crois que je suis un peu jalouse d'elle de pouvoir profiter d'une relation pareille avec « son frère ». D'un autre côté, je suis impatiente de vivre une parenthèse dans ma très longue vie. Je me sens intrépide de découvrir tant de choses car j'ai la chance de pouvoir découvrir le monde grâce à une autre vie dont la plupart de l'humanité voudrait bénéficier. Je pense alors à Aydan et je me demande quelle destination nous choisirons en premier. J'ai toujours rêvé de voir la France, la terre de naissance de ma grand-mère. De plus, c'est un pays très romantique à ce que l'on en dit. A cette pensée, je rougis. Je crois que je suis amoureuse d'Aydan. En constatant cela, je souris comme une idiote. J'ai envie de crier que je suis amoureuse, que j'aime Aydan. Et je compte bien lui avouer aujourd'hui. Et dire qu'il y a à peine quelques jours, je n'aurais jamais imaginé révéler mes sentiments à un garçon, ou même lui adresser ne serait-ce que quelques mots, pensais-je. J'ai changé depuis que j'ai rendu mon dernier soupir, une nouvelle Elie est née.
— Je peux savoir pourquoi tu voulais tant te rendre chez Aydan ? s'enquiert mon frère oscillant de la tête pour mieux appréhender un carrefour.
— Il m'a invité à prendre le thé, mentis-je, peu sûre de moi.
— Comme cette vieille Violet Bagshaw à inviter Mère aujourd'hui, rit-il avec un air de défi.
— Bon très bien, tu as gagné...soufflé-je en signe de reddition. Il m'a fait une proposition et je dois lui donner une réponse... Heureux ? me moqué-je.
— Attends Céci', tu es entrain de me dire que le petit Costerhidge t'as fait sa demande en mariage ?! s'enthousiasme-t-il en me jetant un regard fier.
— Et bien oui on peut dire cela, mentis-je non sans remord, même sicette idée n'est pas si loin de la vérité.
— Tu l'as envouté, ma parole ! Je suis très heureux pour toi Céci', vous avez l'air de beaucoup vous aimer l'un l'autre !
— Quoi ? Tu penses qu'il m'aime vraiment ?
— Oui cela saute aux yeux, sinon pourquoi t'aurait-il demandé de l'épouser ? me demande-t-il d'un air si ingénu que cela me surprend.
— Je croyais que les personnes de la haute société ne se mariaient jamais par amour mais pour rassembler des familles puissantes... Tu m'as toi même demander de le séduire après avoir fait sa rencontre...
— Je sais, s'apitoie James d'un air désolé. Je regrette de t'avoir demandé cela à présent. Maintenant, tout est différent, je sais que je peux épouser la femme que j'aime et il n'y a rien de comparable à cette sensation. Si tu peux avoir cette chance à ton tour, il faut que tu la saisisses, m'avoue le jeune homme avec un faible sourire.
Que je la saisisse... C'est bien ce que je compte faire ! C'est comme si James m'avait libéré d'un pacte, il m'autorise à m'envoler vers mon propre destin. Je n'ai plus aucun remord désormais. Je vais profiter de chaque jour que la vie m'offrira et ne jamais me retourner. Malgré le fait qu'il conduise, je saute sur mon frère pour le serrer fort dans mes bras. Je l'entend éclater de rire en plaçant sa main libre sur mon épaule. Je ne cesse de le remercier tout en réajustant correctement son chapeau plat sur sa tête. Les papillons dans mon ventre semblent s'être solidifiés en une pierre unique au fond de mon estomac. J'appréhende tellement, pourtant la certitude que cet amour est réciproque me rassure. James gare la voiture devant le porche de la maison d'Aydan. Le soleil alourdit l'air et darde ses rayons brûlants sur chaque parcelle exposée si bien qu'il est impossible de rester à la lumière plus de quelques minutes.
— Bien sûr je devrais te chaperonner mais je ne voudrais surtout pas gêner cette émouvante déclaration d'amour, rit-il, un bras mollement reposé sur le dossier du siège que je viens de quitter.
— Merci James ! Tu sais que je t'aime, pas vrai ? m'exclamé-je en m'éloignant sous son regard bienveillant.
— Je te dois bien cela je crois, l'entends-je crier derrière moi.
Je cours presque à l'intérieur de la demeure, enjambant les marches quatre à quatre, ignorant avec un sourire triomphant les nombreux valets de pied et domestiques me demandant si je souhaite patienter dans un petit salon. Je déambule furieusement à travers les couloirs de la maison, à la recherche de la chambre d'Aydan. J'espère le surprendre. Quand enfin, je retrouve la porte de sa chambre qu'il m'a fait visiter lors de mon dernier séjour, je n'hésite pas. Je m'élance et ouvre la porte avec fracas :
— Aydan, je...
Je me fige sur place, la main encore sur la poignet. Devant moi, Aydan, une main sur la taille d'Aimée, l'embrasse passionnément. Étonnement, ma première pensée est que la lumière provenant de la grand baie vitrée derrière eux confère à leur baiser un côté immensément romantique. En m'entendant, celui que j'aime se sépare de mon double et je ne peux m'empêcher de penser : Pourquoi elle ? Mon regard doit exprimer le mélange de déception et de colère qui me traverse car Aydan, ce traitre, m'observe, perdu, avant de se tourner avec une sorte d'incompréhension vers la brune. Ses yeux font l'aller retour entre nous deux, comme si un choix s'imposait à lui. Aimée est toujours langoureusement suspendue à son cou tandis que je recule.
— Elie, ce n'est pas ce que tu crois... se précipite-t-il de dire d'une voix brisée.
— Au contraire, je pense que c'est parfaitement ce que je crois, tranché-je, incapable de soutenir son regard trompeur.
Je ne lui laisse pas le temps de répliquer et reviens sur mes pas en grandes foulées. Je n'arrive plus à respirer correctement, mes larmes brouillent ma vue et je manque de tomber une dizaine de fois dans les escaliers. Une chose est sûre : Aydan s'est joué de moi à la perfection.
Bonjour à vous chers lecteurs ! ce chapitre est un peu plus court mais non moins rebondissant ! Qu'en pensez-vous ? Vous y attendiez-vous ? N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé en commentaire ! Toujours le même petit rappel : une étoile si vous avez aimé ! J'espère que vous allez bien, car il est vrai que je suis plutôt inspirée ces derniers temps.
Bonne journée à vous !
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