❧ Chapitre 14 ❧
« La femme amoureuse n'a plus de passé. »
- Georges Perros
Mon installation chez Aydan s'est passée avec étonnement beaucoup de normalité. Et j'apprécie cela. J'ai l'impression d'être de nouveau chez moi pendant quelques douces secondes fugaces. Il n'y a plus de problème, ou du moins je n'y pense plus, et me retrouver seule me rappèle ma vie d'avant. Allongée sur le lit d'une des innombrables chambres de la demeure de mon hôte, j'admire le plafond peint depuis plusieurs minutes ou bien plusieurs heures. Je compte chaque moulure, chaque arabesque, chaque ange représenté sur le mur en murmurant la comptine que me chantait ma mère avant de m'endormir. Les faibles rayons de l'aube commencent à franchir les rideaux entrouverts de la pièce pour venir caresser chaque centimètre de mon visage. Je n'ai pas osé fermer les yeux de toute la nuit qui a suivie notre retour de la boutique de Monique. Revivre ma mort aurait été de trop en vue des révélations de la journée. D'ailleurs la fiole violette est là, qui m'attend sur le bureau pour me rappeler ce qu'il me reste à faire pour parvenir à rejoindre mon époque. Aydan a été plutôt compréhensif en vue de mon mutisme de la veille. Je me demande souvent ce qu'il doit penser de moi et j'arrive presque toujours à la conclusion qu'il me prend pour une antisociale, comme la plupart des gens de mon époque. Du moins, il ne montre pas ce qu'il ressent devant moi. Il m'a conseillé de me reposer et de faire comme chez moi durant mon court séjour ici avant de me guider vers ma chambre et de partir, surement au siège de son entreprise. Ma première occupation fut alors de m'effondrer en travers du lit et de réfléchir. Le noir avait englouti ma chambre lorsque j'ai entendu des pas s'arrêter devant ma porte avant de se diriger vers la pièce adjacente. La même chose se produira surement dans quelques heures et je sais déjà qui sera derrière le battant. Peut-être même qu'il frappera pour prendre des nouvelles.
Je me lève mollement en attendant que mon étourdissement passe puis vais me rafraichir dans la salle de bain de mes appartements. Curieuse je fouille dans l'armoire et je suis surprise d'y trouver toute une panoplie de robes, de pantalons larges et de salomés ainsi que de vestes fines. Mon choix se porte alors sur une robe ample bleue pâle aux longues manches transparentes et des salomés claires. Je tente de coiffer mes cheveux en chignon à peu près présentable même si je suis sûre que Marie-Anne ne me laisserait sortir de cette pièce sous aucun prétexte avec une coiffure aussi peu soigneuse. Je place un bandeau brodé au dessus de ma tête et sors discrètement de la chambre sans prendre la peine de me maquiller car je suis à peu près sûre que je ne croiserais personne connaissant Cécilia. Aujourd'hui, j'ai décidé de retrouver Elie. Je longe les couloirs richement ornés de tableaux en tout genre puis descends les majestueux escaliers à double entrée de la demeure où le bruit de mes pas s'efface sur l'épaisse couche de moquette claire qui recouvre chaque marche.
J'admire de nouveau le plafond où pend le gigantesque lustre que j'avais remarqué le soir de la fête chez Aydan. Aujourd'hui j'apprécie le calme de la demeure où la lumière pâle de l'aube s'infiltre par les grandes vitres du salon sur ma gauche. Je me rappèle parfaitement ma première fête ici : le rythme endiablé de la musique battait à mes oreilles alors que les lumières des chandeliers et lustres rayonnaient à en donner le tournis, le sourire adorable d'Aydan, la sortie dans les jardins avec lui... La fraicheur de l'air me fait légèrement frissonné et pourtant je pourrais rester là des heures durant. Mes talons claquent sur les pavés en rythme avec le chant des oiseaux. Je passe devant les haies parfaitement taillées, les parterres de rosiers rouges, blancs, oranges et roses, les arbres centenaires au milieu des pelouses tondues, les bosquets endormis. J'entre dans la forêt privée du domaine et tente de retrouver le kiosque où nous nous étions assis ce soir-là. Et le voilà, en face de l'étang comme je l'avais quitté. J'entreprends de m'assoir sur le banc immaculé et de contempler la statue qui émerge de l'eau à une dizaine de mètres de moi. Tout est si calme que je pourrais très bien m'imaginer l'observer à mon époque. Parfois je me surprend à imaginer la vibration du moteur des voitures à mes oreilles, l'odeur de pollution dans mes narines, l'humidité qui colle à ma peau, assise dans la voiture de mon père. Je ris tristement lorsque je constate que mes parents ne sont toujours pas nés à cet instant, ni mes grands-parents d'ailleurs. Et si je pouvais rencontrer mes ancêtres ? La famille Sanders doit toujours se trouver à Bâton-Rouge tandis que les Leduc doivent surement toujours être en France. Dans exactement 48 ans, ma grand-mère arrivera ici, aux Etats-Unis et rencontrera mon grand-père. Je ressens, curieusement, une certaine impatience à assister à leur première rencontre et à celle de mes parents. Je suppose qu'il ne faudra surtout pas changer le cours des évènements au risque d'annuler jusqu'à ma propre naissance, comme dans les films que je regardais avant. Quel cliché ! Qui aurait un jour crut que les films de science-fiction allaient m'aider à affronter une telle situation...
- Tiens, je ne m'attendais pas à te trouver ici à une heure pareille, me surprend Aydan en surgissant sur ma droite.
Son costume beige cintré lui va parfaitement, comme toujours, tandis qu'il tient nonchalamment une tasse de café.
- Dis plutôt que tu m'as suivie, ris-je.
- Pris la main dans le sac, je l'avoue, sourit-il en me tendant la tasse. Tiens j'ai pensé que ça t'aiderais à te réveiller...
- C'est gentil mais je ne bois pas de café, avouais-je à contre coeur devant sa mine attristée.
- Ce n'est rien, j'en aurais plus pour moi dans ce cas, affirme-t-il en buvant une gorgée.
Je le regarde ensuite attentivement poser la tasse sur le banc pour enlever sa veste immaculée, le laissant en gilet de la même couleur d'où seules les manches de sa chemise blanche ne dépassent. Puis il s'assoit à côté de moi avant de reprendre une gorgée de sa boisson calmement, le regard fixé sur l'étang devant nous. Je m'empresse de faire de même.
- Une nuit blanche je paris ? devine-t-il calmement.
- Comment fais-tu pour tout savoir de moi ?
- Simple question d'observation. Surtout qu'il m'est arrivé la même chose... L'explication de Monique nous a tous les deux pris de court je dois dire.
- J'aimerais tellement rentrer chez moi, si tu savais !
- Je te comprend mieux que personne, crois-moi, souffle-t-il avant de boire une gorgée de café. Je me demandais, comment est la vie en 2020 ? Racontes-moi. (Je le regarde, surprise, puis m'élance.)
- Par où commencer ? Tout est plus évolué, les voitures sont plus performantes et rapides, les téléphones portables ne se réduisent qu'à un simple écran dont personne n'arrive plus à se détacher, on peut effectuer la moindre recherche sur Internet qui est de plus en plus rapide, les gens étalent toute leur vie sur les réseaux sociaux en espérant avoir le plus d'amis qui aimeront ce qu'ils ont publié, il y a de plus en plus d'humains sur la Terre qui ont besoin de plus de ressources qu'il n'y en a... Et nous avons un président ridicule qui se fait tout un tas d'ennemis à travers le monde avec une histoire de mur à une frontière, je crois avoir bien résumer, dis-je en choisissant soigneusement mes mots alors qu'Aydan boit son café avant de se tourner vers moi, les sourcils froncés et un air d'incompréhension digne d'un enfant.
- C'est quoi « les réseaux sociaux » ? demande-t-il avec un air si mignon que j'éclate de rire. Je suis sérieux, ne te moques pas de moi comme ça, affirme-t-il en souriant adorablement.
- Un réseau social est un site sur Internet sur lequel chacun peut mettre ses photos personnelles, ses idées, ses créations, ses pensées. On peut même y faire de la publicité.
- Waouw, je ne pensais pas avoir raté tant de choses que ça, dit-il en se passant une main dans les cheveux.
- Et je t'épargne le fait que certains adolescents ont toujours connu les réseaux sociaux et ne peuvent pas vivre sans.
- Et toi, tu te servais de ces réseaux sociaux ?
- Non... Je n'y trouvais aucune utilité après tout, les gens n'auraient fait que me critiquer, dis-je difficilement en me concentrant sur l'étang. Je ne parlais qu'avec Anna, ma meilleure amie, et cela me suffisait bien. Et toi ? Comment était la vie dans les années 90 ?
- Tu sais, tout avait l'air plus simple qu'à ton époque. Tous les jeunes se retrouvaient le soir dans des lieux qu'ils aimaient beaucoup, pour ma part, on se retrouvaient tous les cinq au café de la ville en semaine ou au bowling le week-end. On s'amusaient autant qu'on le pouvaient, notre vie était simple, notre seul objectif était d'avoir notre diplôme à l'époque. Je me rappèle que j'avais un faible pour Samantha, une fille de notre groupe, mais je n'ai jamais trouvé l'occasion de le lui dire, ajoute-t-il en se rembrunissant légèrement, l'air abattu.
J'imagine très bien qu'il a dû réfléchir depuis très longtemps à la vie qu'il aurait eut s'il n'était pas mort ce soir-là.
- Et qu'est-ce qu'il te manque le plus ? demandais-je en tentant de croiser son regard, en vain.
- Ma famille, me dit-il du tac au tac. J'avais une petite soeur, tu sais, elle s'appelait Jessie, je faisais tout pour la protéger et un jour, je suis même allé jusqu'à terroriser un pauvre garçon pour qu'il ne lui fasse pas de peine, rit-il doucement tandis que je souris immédiatement. Tu aurais vu sa tête lorsqu'elle l'a sut ! Elle m'a fait promettre de ne plus recommencer même si ça ne m'empêchait pas de toujours garder un oeil sur ses fréquentions. Je me rappèle aussi que j'ai toujours voulu être mécanicien, depuis que je suis tout petit.
- Et tu pourras le devenir Aydan, je t'assures, tentais-je de le rassurer avant qu'un silence ne nous plonge à nouveau dans nos pensées.
- Est-ce que ça t'arrives à toi aussi ? me demande-t-il enfin.
- Quoi ?
- De te demander ce qu'est devenue ta famille ?
- Tous les jours... Je voudrais savoir s'ils ont réussi à surmonter ma disparition, si cela ne les a pas détruit ou alors même séparé. Je voudrais tellement dire à ma meilleure amie que je vais revenir ou que je ne suis tout simplement jamais partie. Tu comprends, j'aurais seulement aimé leur épargner une souffrance aussi grande !
- Tu le pourras aussi Elie, lorsque tu reviendras en 2020 tu feras payer à celui qui t'a causé tous ces malheurs et tu retrouveras ta famille, affirme-t-il en appuyant un regard troublant sur moi. Racontes-moi comment sont tes parents ?
- Ils sont les meilleurs du monde. Mon père est journaliste, le meilleur que je connaisse. Il me faisait lire ces articles qu'il écrivait pour le journal de la ville. Je me rappèle qu'il me ramenait toujours des crayons de couleur, des feutres et des stylos de son travail. Il a toujours été adorable avec moi, j'étais sa petite protégée. J'ai remarqué qu'il devenait de plus en plus sévère avec moi au fur et à mesure que je grandissais mais je suppose que c'est normal pour un père de s'inquiéter autant pour sa fille, souriais-je en regardant mes pieds se balancer dans le vide. Ma mère est pâtissière, elle tient une boutique à Bâton-Rouge qui fait les meilleurs gâteaux de toute la Louisiane, crois-moi. Elle a des origines françaises par ma grand-mère qui est arrivée -enfin qui arrivera- ici en 1968. Elle a toujours été plus calme que mon père et c'est toujours elle qui le fait changer d'avis lorsqu'il est intransigeant sur un sujet. Elle m'a aussi appris le français, tu sais, je le parle avec ma grand-mère pour m'exercer lorsqu'elle passe nous voir.
- Et je pourrais en avoir un avant-goût Madame ? me dit-il en terminant sa phrase en français.
- Mais bien sûr Monsieur, tout ce que vous voudrez ! riais-je en français. Tu le parles également ?
- Un peu, m'annonce-t-il gêné. C'était une option au lycée. Mais je suis impressionné, je suis toujours ravi d'apprendre à vous connaître un peu plus à chaque minute Mademoiselle... Quel est ton vrai nom d'ailleurs ? Nous n'avons jamais eut l'occasion de vraiment nous présenter à ce propos ! constate-t-il, visiblement surpris.
- Elie Sanders, m'exclamais-je en tendant ma main droite vers lui.
- Aydan Everend, réplique-t-il en la serrant doucement me faisant frissonner aux contact léger et doux de sa peau.
Je ne peux m'empêcher de répéter son nom en boucle dans ma tête pendant que nous rejoignons la demeure en traversant les jardins fleuris. Il me lance des regards amusés tandis que je les lui rend, déstabilisée.
- Au fait, je me demandais, qu'est devenu Michael Jackson ? Est-il toujours aussi connu qu'en 1990 ?
Sa question me prend tellement au dépourvus que j'ai du mal à cacher ma gêne.
- Comment te dire Aydan...Michael Jackson à connu un immense succès jusqu'à sa...sa mort en 2009.
- Et bien je ne sais plus quoi dire... C'était un de mes chanteurs préférés.
- Je suis désolée Aydan...dis-je en ne sachant plus quoi dire pour lui remonter le moral. On peut dire qu'il a quand même eut une vie géniale, continuais-je peu convaincue.
- Oui tu as raison ! Et puis c'est le sort qui attend chacun de nous, et nous le savons mieux que quiconque, conclut-il tristement.
Ma main rejoint son épaule bien plus vite que je ne met de temps à réfléchir et je suis moi-même surprise de voir que ce geste ranime la lueur de joie dans le regard brun de mon ami. Je baisse les yeux immédiatement mais je sens qu'Aydan m'observe toujours intensément d'une manière que je n'arrive pas à cerner. Je me remet alors en marche sans attendre plus de réaction de sa part. Il me rattrape en trottinant alors que nous arrivons enfin dans le hall. Je le vois poser sa tasse de café sur une table en bois aux pieds courbés.
- Elie attends, pas si vite ! Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Rien je... Je me disais que je devrais peut-être rentrer chez les Bloomingdale, débitais-je à toute vitesse, c'est vrai que je ne peux pas me permettre de laisser Aimée trop longtemps toute seule, après tout il pourrait se passer quelque chose de grave ou...
- Doucement Elie, calmes-toi, respires ! Ne t'inquiète pas, je pense qu'Aimée est assez grande pour se débrouiller seule. En attendant, tu as besoin de te reposer un peu après tout ce que tu viens d'apprendre, toute cette histoire de résurrection fait beaucoup à digérer pour une seule personne. Pour une fois, laisse quelqu'un d'autre assumer le rôle de Cécilia. Crois-moi, je veux simplement t'aider, je sais ce que ça fait de passer par là : cette solitude, cette tristesse de ne pas être aux côtés des personnes qu'on aime, ce désespoir d'être éternellement incompris. Mais je t'en pris, laisse moi être là pour toi comme j'aurais voulu que quelqu'un le soit pour moi quand je traversais cette même situation !
Son discours me touche vraiment. Tout ce que je ressens maintenant, il l'a ressentis avant moi et lui à été terriblement seul pendant trente ans tandis que j'ai la chance inespérée de connaitre une personne dans ma situation. Je reconnais cette peine dans ces iris ambrée car je la vois tous les jours devant le miroir. Aydan se rapproche de moi de sorte que nos visages ne soient qu'à quelques centimètres.
- Fais-moi confiance Elie, chuchote-t-il. Je sais que nous ne nous connaissons que depuis quelques jours mais je sais qu'au fond de toi tu sais que j'ai raison. Je ne connais pas tout ce que tu as traversé ni ce que tu as ressentis par le passé mais je peut te garantir que tu peux surmonter tous tes démons. La confiance est quelque chose de très dur à accorder mais je te demande de surmonter cette peur de la trahison pour moi. J'ai autant besoin de toi ici que toi de moi.
Cette lueur dans le regard, je ne l'ai jamais vu auparavant. Et je ne sais ce qu'elle signifie. Je me tais simplement. Aydan est légèrement essoufflé après sa longue tirade et je suis sûre que si je m'avançais un peu, je pourrais toucher ses lèvres du bout des miennes. Je m'abstient pourtant. Je baisse la tête, rompant ainsi tout contact visuel avec lui. Je sais au plus profond de moi qu'il a raison mais ce que j'ignore c'est si je pourrais maîtriser mes sentiments pour lui. Je relève la tête, un peu plus sûre de moi cette fois.
- C'est d'accord. (À ces mots, il semble surpris mais se ressaisis vite devant moi.) Je reste encore un peu ici avec toi !
Je me dirige vers le grand salon d'un pas décidé avant de voir se dessiner un sourire triomphant sur ses lèvres parfaites. Bien sûr, j'entends ses pas suivrent les miens jusqu'au canapé qui trône au milieu de la pièce tapissée de tableaux de maître et de mobilier en chêne massif verni. Aussitôt, j'entends une mélodie aussi douce que romantique à mes oreilles. Aydan à poser sa veste et est à présent à côté d'un vieux tourne-disque relié à une grande corne en or.
- C'est un phonographe, m'annonce-t-il, on peut dire que c'est l'ancêtre du Walkman.
- Et de bien d'autres choses à mon époque, marmonnais-je.
Il me tend une main que j'accepte sans vraiment savoir à quoi tout cela va nous mener.
- Qu'est-ce que...
- Chuut, m'intime-t-il en souriant. Laisse toi guider.
La dernière fois que quelqu'un m'a dit de me laisser guider, c'était Henry, à croire que cela devient une habitude. Être guidée par quelqu'un d'autre que moi est quelque chose que j'ai du mal à concevoir, j'ai toujours été habituée à ne dépendre que de moi-même. Il enlace ma taille d'un bras et je ne peux m'empêcher de me tendre, tous mes muscles sont crispés et la seule chose à quoi je pense est la chaleur qui se dégage de son corps. Au contraire, Aydan semble être maître de lui-même, serein et souriant comme à son habitude. Ses yeux cherchent les miens même si je les évitent. La tension qui nous entoure est différente de la fois où j'ai danser avec Henry à la fête de Northwood, celle-ci est plus intense, presque électrique. Mon coeur bat de la même façon que si je me trouvais au bord d'un gouffre de plusieurs centaines de mètres pourtant je crois que même dans cette situation, il ne s'affolerait pas autant. Les notes tranquilles du piano se mêlent à la voix mélodieuse de la chanteuse enregistrée sur le disque qui tourne à un rythme régulier sur le plateau du phonographe. Seuls quelques petits grésillements troublent cette musique absolument sublime. Cette ambiance pourrait m'apaiser si je ne me trouvais pas en face d'un garçon si...beau. Il place ma main gauche sur son épaule et serre l'autre dans la sienne en position de valse tandis qu'il rapproche nos deux corps d'une simple pression au bas de mon dos. Le soleil accompagne nos mouvements de ses rayons dorés à travers la grande fenêtre et seules nos ombres parsèment le sol de tâches sombres. Un pas à gauche puis à droite, la lenteur avec laquelle nous bougeons est apaisante et presque belle.
- Tu vois quand tu veux ! rit doucement le grand brun en m'observant.
- Ne commences pas ! le prévins-je en secouant la tête, ce qui le fait sourire de plus belle.
- Et sinon, je me demandais...commence-t-il en regardant enfin ailleurs alors que nous continuons à nous balancer d'un pied à l'autre.
- Oui...l'encourageais-je narquoisement.
- Et bien...est-ce que tu as un petit-ami en 2020 ?
Je suis surprise par sa question mais je pense deviner les intentions cachées sous sa question. Je crois qu'il voit que je me rembrunis suite à ses mots.
- Excuses-moi, je ne voulais pas être aussi indiscret, laisses tomber, s'empresse-t-il d'ajouter, confus.
- Non, ce n'est pas grave, je t'assures... Non, je n'avais personne, non.
Je baisse une nouvelle fois la tête, honteuse d'aborder ce sujet avec lui. La souffrance ressurgit aussi vite qu'elle avait disparue et avec elle les souvenirs. Le rejet, la honte, le chagrin, tout cela a fait partie de ma vie. Je m'en rappèle comme si c'était hier.
- Elie, regarde-moi. Tu n'es plus seule maintenant, tu m'auras toujours à tes côtés et tu peux être sûre de ça puisque nous risquons de nous côtoyer encore pendant un sacré petit moment, ou du moins 70 ans...
Je souris faiblement. Je n'ai plus qu'à me fier à Aydan maintenant, il est le seul qui me comprenne réellement ici. Jusqu'ici, il a été plus gentil, aimable et compréhensif que n'importe quel garçon que j'ai pu rencontré à mon époque.
- Merci Aydan.
Il me sourit encore pour toute réponse et nous continuons à danser en silence sur un autre air tout aussi doux que le premier. Bientôt, mes mains entourent son cou alors que les siennes se rejoignent autour de ma taille. Je ferme les yeux paisiblement lorsque ma joue rencontre le tissus de son costume. J'oublie tout pendant un instant, bercée par la musique rêveuse, l'odeur rassurante d'Aydan dans l'air et les pensées m'emmenant ailleurs. Nous pourrions parfaitement être un couple dansant un slow au bal du lycée en 2020. Aydan appuie délicatement son front contre ma tête et nous restons ainsi pendant de longues minutes. Étonnement, cette proximité ne me gêne pas, au contraire, je l'apprécie. Au fur et à mesure, nos visages se rapprochent, nos respirations se mélangent alors que mes yeux restent clos pour apprécier ce moment. Je ne me suis encore jamais trouvée aussi proche d'un garçon, c'est la première fois. Le piano s'arrête, l'aiguille sur le disque saute. La bulle dans laquelle nous nous trouvions jusqu'à lors disparait, je reviens à la réalité. Cependant aucun de nous deux n'ose bouger. Aydan prend l'initiative de rapprocher nos lèvres alors que ses yeux trouvent enfin les miens. Il murmure mon prénom de telle sorte que je ne me lasserais jamais de l'entendre. Je suis prête. Je crois même à l'imminence d'un baiser jusqu'au dernier moment...jusqu'à ce que je tourne la tête et que ses lèvres douces frôlent ma joue dans un souffle.
- Je...je suis désolée...
- Ce n'est rien Elie, m'assure-t-il en caressant ma joue chauffée par le soleil.
Ce n'est rien... Mais c'est tout pour moi ! Cette lutte intérieure continuelle entre moi et Cécilia... Nous sommes tellement différentes que nous nous gênons continuellement. Est-ce elle qui vient de contrôler mon geste ou simplement une part de moi qui ne voulait pas embrasser Aydan par peur. Je ne sais plus.
- Suis-moi, m'enjoint Aydan en me tendant la main, un sourire malicieux au coin de la bouche et les yeux rieurs.
- Où ça ?
- Dans mon antre...rit-il en m'entrainant dans le hall.
Quelques minutes plus tard, dans la chambre d'Aydan, je découvre une pièce rangée impeccablement avec un lit au carré, un bureau sur lequel s'entassent des tas de feuilles et de contrats ainsi qu'une grande armoire en bois sculpté où j'imagine des piles de chemises blanches et de pantalons parfaitement amidonnés. J'admire à présent sa collection d'objets précieux qui l'ont suivi jusqu'à maintenant.
- C'est vraiment un haut-de-forme que tu as porté en 1910 à Londres ? m'exclamais-je en collant mon visage à la vitrine richement fournie.
- Un vrai de vrai, plaisante-t-il en m'observant complètement fascinée devant autant de trésors de l'Histoire tels qu'une montre à gousset en or, un journal authentique annonçant le départ du Titanic de Liverpool et une photo de la Tour Eiffel à Paris.
- Où as-tu eux tout ça ?
- Pendant mes voyages. J'aimerais tellement t'emmener faire une balade en gondole sur le fleuve Amstel à Amsterdam, visiter le vieux quartier de Londres au printemps ou la Galleria Vittorio Emanuele II à Milan, marcher le long de la rue Serrano à Madrid ou même prendre à un café en face de la porte de Brandebourg à Berlin devant un magnifique couché de soleil...
- Tout ça à l'air plus que tentant pour quelqu'un qui n'a jamais quitté ne serais-ce que sa ville de naissance, souriais-je tristement.
- Je me disais, commence-t-il sérieusement, que nous pourrions faire le tour du monde ensemble étant donné que nous sommes condamnés à attendre patiemment l'arrivée de notre époque. Bien sûr il faudrait éviter l'Europe à partir de 1933 mais je pense que l'Angleterre nous accueillera volontiers, et puis nous avons encore treize ans devant nous pour visiter tous ces endroits, relativise-t-il en attendant une quelconque réaction de ma part.
- Tu veux que je parte avec toi ?
- Oui c'est bien ça. En plus, nous serrions à des milliers de kilomètres de Northwood et de toutes ces histoires de meurtres... Qu'en dis-tu Elie ?
Ses yeux ne me quittent pas un seul instant tandis que l'idée de tout quitter pour partir avec lui m'effleure l'esprit. Il est vrai que je meure d'envie d'abandonner ce personnage de jeune fille riche de la noblesse américaine de 1920 et de me retrouver enfin. Celle que je suis véritablement, sans rôle ni artifice. Je vois au fond de ses prunelles que je serais bien capable de le faire mais...
- Et Cécilia ? Qu'est-ce qu'elle deviendra ?
- Sa famille pensera qu'elle sera partie avec Aydan Costerhidge en voyage. Bien sûr il faudrait qu'ils soient mariés pour annoncer leur départ mais cela se ferait en tout bien tout honneur, je te l'assures, se précipite-t-il d'ajouter nerveusement.
- Tu veux dire que nous devrions être mari et femme ? m'exclamais-je, choquée.
- Oui pour la convenance. Après rien ne nous empêche de partir sans prévenir quiconque mais la réputation de Cécilia serait ruinée...
- Je ne peux pas lui faire cela, songeais-je en arpentant la chambre d'Aydan de long en large. Je ne lui laisserais même pas la possibilité de choisir sa vie, ses amitiés, ses amours, ou même de voir sa famille. Je ne peux pas lui faire ça Aydan. Je ne devrais même pas me trouver là, dans ce corps. Cette vie n'est pas la mienne, haussais-je le ton en désignant la pièce.
- La mienne non plus, reprend calmement le brun. Seulement cela fait plusieurs années que je décide par moi-même de la vie d'un autre.
Je me tais. Je dois faire un choix : utiliser ces cent prochaines années à faire ce que bon me semble ou bien jouer la figurante pour les dix prochaines années avant de devoir mentir à tout le monde en permanence. Aydan partirait-il sans moi et avec lui la possibilité de gouter à la liberté d'une existence sans soucis ?
- Je dois réfléchir, laisses-moi un peu de temps. Je ne peux pas prendre de décision à la légère.
Aydan acquiesce cependant, l'air déçu. Je ne veux pas lui faire de peine mais je dois aussi penser aux conséquences de mes actes sur Cécilia. « Quand tu auras repris ta vie, tout ce qui se passe en ce moment sera alors effacé et Cécilia vivra sa vie comme elle l'entendra comme si rien ne s'était jamais passé. », m'a dit Monique. Après tout, une part de moi m'enjoint de vivre comme bon me semble pour ensuite pouvoir rétablir le cours naturel des choses. Peut-être que modifier le futur me permettra de mieux changer le passé en fin de compte. Je regarde Aydan avec des yeux désolés qu'il semble comprendre.
Nous descendons finalement dans la salle à manger pour le déjeuner que le personnel nous sert avec une gentillesse incroyable. Je ne peux m'empêcher de ressentir une gêne à chaque fois qu'un valet pose une assiette devant mes yeux alors que je ne mérite pas à un tel service ou qu'Aydan me scrute intensément lorsque je remercie beaucoup trop ses employés. Je l'amuse apparemment. Nous passons le reste de la journée dans le salon situé au sud de la maison par où le soleil nous nimbe de ses précieux rayons dorés. Dans la salle se trouve un piano devant lequel Aydan s'assoit pendant que je le regarde, assise sur le sofa en velours rosé en face de lui. Il me dédit un sourire avant de laisser ses doigts se balader sur le clavier. La mélodie douce mais rythmée me surprend au même titre qu'elle me détend. J'observe Aydan à la dérobée alors qu'il se laisse transporter par la musique. J'ignorais qu'il jouait aussi bien mais on dirait qu'il a le don de toujours me surprendre dans les moments critiques. Il me lance des regards appuyés accompagnés de sourires espiègles à chaque fin de morceaux avant d'en enchainer un autre. J'allonge mes jambes sur le sofa et bascule ma tête en arrière en fermant les paupières pour profiter au mieux de la chaleur du soleil sur mon visage et de la tiédeur de l'air qui entre par la grande fenêtre sur un fond de piano envoûtant. J'imagine les mains d'Aydan se mouvoir au-dessus de l'instrument avec l'aisance naturelle qui lui est si particulière tandis que ses sourcils froncés trahissent sa concentration...
Je ne sais pas exactement à quel moment je me suis endormie mais à mon réveil, le soleil n'est plus là et l'air, à présent frais, me fait frissonner. Mes yeux endormis cherchent la silhouette si familière de mon hôte mais ne trouvent que les murs de la chambre que j'ai occupée la nuit dernière. Une couverture me recouvre jusqu'à la poitrine et je suis quasiment sûre de savoir qui l'a disposée. Je me redresse sur le lit, encore ensommeillée, puis me lève pour enfiler une chemise de nuit plus confortable. Mes pieds sont nus mais je suis tout de même soulagée de savoir qu'Aydan ne m'a pas vu dans une tenue inappropriée même si j'espère que je n'ai pas dormi la bouche ouverte. Je n'espère vraiment pas ! Je pense seulement au fait qu'il m'ai porté dans ses bras pour m'amener ici et un drôle de sentiment s'insinue dans ma tête, celui de souhaiter avoir été éveillée à ce moment pour profiter de la proximité de son corps avec le mien. Quelle idée absurde ! Redescends un peu sur Terre, Elie ! Je crois que je suis vraiment fatiguée. Je m'allonge sur le lit, les yeux désespérément ouverts et l'esprit plus agité que jamais. Est-ce qu'il m'a observé longtemps alors que je dormais ? Est-ce qu'il a regretté le fait que je ne lui ai pas répondu tout de suite pour cette histoire de mariage et de fuite ? Est-ce qu'il était vraiment sérieux ? Et si nous ne pouvions pas revenir à temps en Louisiane pour empêcher notre mort de se produire ? D'un côté, je ne me vois absolument pas m'éloigner de Krick River et de Bâton-Rouge, ma ville natale et le seul endroit que j'ai jamais connu, mais d'un autre côté, je meurs d'envie de parcourir le monde et d'oublier tous mes problèmes avec Aydan. Je n'arrive pas à croire moi-même qu'une part de moi serait prête à vivre avec un garçon que je connais à peine sous prétexte d'une soudaine attirance qui me pousse toujours vers lui. Ce sentiment est-il partagé d'ailleurs ? Ma conscience -ou peut-être même Cécilia- me chuchote que toute cette relation n'est qu'illusion et qu'Aydan se moque de moi depuis le début. Mais je ne peux pas me résoudre à penser que son histoire, son passé, ses regrets et notre complicité ne sont que des mensonges pour profiter de moi. Je ne peux pas. Je refuse d'être trahie une seconde fois comme je l'ai été en 2020. À cette pensée, j'enfouie ma tête sous la mince couverture en ramenant mes genoux contre moi. Je suis résignée à dormir maintenant, cela me permet d'oublier jusqu'à ma propre existence. Et je suis prête à revivre ma mort. Encore.
Le trajet jusqu'à la demeure des Bloomingdale se fait en silence. Aucun de nous ne veut reparler du projet de départ. J'ai dit à Aydan que je lui donnerai ma réponse très bientôt et il respecte mon choix, je le sais. Nous arrivons dans le quartier résidentiel de la maison.
- Gares-toi ici, dis-je en lui indiquant le trottoir à dix mètres de la barrière de la maison. Je vais essayer de rentrer discrètement même si je doute que tout le monde soit réveillé à cette heure.
- Je peux les distraire si tu veux !
- Non ça ne sera pas nécéssaire mais merci, souris-je faiblement en évitant son regard brun.
J'ouvre ma portière et m'apprête à sortir lorsqu'il attrape doucement mon poignet. Je fais volte-face.
- Elie, promets-moi de bien réfléchir à ma proposition... souffle-t-il légèrement hésitant, ce qui ne lui ressemble pas.
- Je te le promet Aydan. J'essaierais de te donner ma réponse le plus vite possible. Merci encore de m'avoir hébergé aussi bien, je t'en suis très reconnaissante...
Je me lève et quitte la voiture un peu précipitamment. La dernière vision que j'ai de lui est celle de son visage anxieux alors que je marche sans me retourner le long de la haie qui délimite le terrain verdoyant de la demeure. J'essaie de rester calme, mesurée, parfaitement sereine jusqu'à ce que je disparaisse derrière le portail. J'entends le moteur de sa voiture démarrer et s'éloigner au coin de la rue et je m'autorise enfin à souffler. Le soleil m'écrase alors qu'il n'est que sept heures du matin. Le gravier crisse sous mes pas lourds tandis que je me dirige vers la porte d'entrée. Cette dernière s'ouvre d'ailleurs sans un bruit, pour mon plus grand soulagement. Personne dans le hall. Je m'empresse de monter les marches de l'escalier trois par trois pour rejoindre le plus vite possible la chambre de Cécilia. Marie-Anne ne vient me réveiller qu'à huit heures donc Aimée doit encore dormir en ce moment. J'entends des pas s'approcher de ma position alors que j'enclenche la porte d'un coup d'épaule. Aimée dort à poing fermé comme je l'espérais. Je suis assez surprise de constater qu'elle a investi les lieux comme chez elle. Malgré une pointe d'amertume, je me rappèle qu'elle a toujours vécu dans la pauvreté et la solitude. Bien sûr, tout ça n'est qu'une invention de l'univers pour rétablir l'équilibre de ma mort. Je lui secoue doucement l'épaule, ce qui la fait légèrement sursauter. Elle peine à cacher sa surprise lorsqu'elle me voit.
- Aimée, après le petit-déjeuné, rejoints-moi dans la chambre d'ami, il faut que l'on parle.
Elle acquiesce, encore brumeuse de son sommeil. Je quitte la chambre et me glisse dans celle adjacente. L'attente me parait durer une éternité et pourtant quand Aimée entre enfin dans la pièce, toutes mes pensées ruminées se bousculent pour franchir mes lèvres.
- Que voulais-tu me dire ? dit-elle d'un ton impatient en regardant frénétiquement la porte.
- C'est plutôt à moi de te poser cette question. Comment ce sont passés ces deux derniers jours ? Ma famille n'a rien remarqué ? Pas de changement, de réflexions ou de questions particulières ?
- Non rien, il n'y ont vu que du feu. Mis à part que j'ai dû corriger quelques fois la domestique sur le nom qu'elle me donnait...
- Tu veux dire Marie-Anne.
- Peut-être, je ne lui ai pas demandé, affirme-t-elle nonchalamment. Elle n'arrêtait pas de m'appeler Elie alors que je n'arrêtais pas de lui dire de m'appeler Cécilia, cela devenait ennuyeux à la fin...
- C'est moi qui lui ai demandé, murmurais-je, intérieurement touchée du fait que Marie-Anne a utilisé mon surnom pendant mon absence.
- Enfin, reprend-t-elle, on peut dire qu'être toi à du bon !
- C'est certain. Mais en as-tu appris plus concernant l'envie de mes parents de me marier à Aydan ? demandais-je en me rappelant qu'aux yeux d'Aimée je suis Cécilia.
- À Aydan ? s'étonne-t-elle soudain. Je... Je ne le savais pas ! Et comment prend-t-il la nouvelle ? Envisage-t-il vraiment cette idée ? T'a-t-il déjà fait sa demande ? s'impatiente-t-elle curieusement d'un air d'intérêt que je ne saurais déchiffrer.
- Il n'a pas l'air de s'en être offensé, dis-je quelque peu hésitante en pensant à sa proposition de fuite et sa demande en mariage dissimulée pour préserver la réputation de Cécilia. Mais non, finis-je par avouer, il ne m'a fait aucune demande et je ne pense vraiment pas qu'il m'en fera une...
Je ne peux pas m'empêcher de lui jeter un regard interrogateur lorsqu'un faible soupir de soulagement s'échappe d'entre ses lèvres. Il semblerait que quelqu'un soit véritablement intéressée d'être un jour appelée Madame Costerhidge. Je chasse rapidement l'image du charmant petit couple formé par Aydan et Aimée de ma tête, surtout que physiquement, je pourrais tout à fait être à sa place. Non, je n'ose même pas imaginer cette scène : mon propre corps collé à celui d'Aydan s'embrassant devant le coucher de soleil... Non ! Aimée semble avoir réellement apprécié son séjour ici : son teint frais et légèrement coloré ainsi que son apparence soignée en sont les plus flagrants exemples. La jeune fille apeurée et malheureuse que nous avons trouvé dans le vieux carré semble désormais bien loin.
- Mais que viens-tu faire ici ? me demande-t-elle posément même si la lueur amère dans ses yeux me montre bien qu'elle sait d'avance ce que je vais dire.
- Je viens reprendre ma place.
Bonjour à toutes et à tous chers lecteurs ! Voilà encore un nouveau chapitre ! Alors qu'avez-vous penser de ce rapprochements entre Aydan et Elie ? N'hésitez pas à me donnez votre avis en commentaire et à voter si vous avez aimé le chapitre ! J'espère que l'histoire vous plait toujours en tout cas car je fais tout mon possible pour la rendre la plus attractive possible même si mes publications sont loin d'être régulières et je m'en excuse !
Bonne journée ou soirée !
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