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❧ Chapitre 13 ❧




« Après un bon dîner on n'en veut plus à personne, même pas à sa propre famille. »

- Oscar Wilde

— Vite caches-toi, s'exclame Aydan en se tournant vers moi.

Il est trop tard pour que je cours jusqu'à la grille de la demeure, je passerais forcément devant les parents de Cécilia. Une seule solution : la maison. J'entre dans l'immense hall d'entrée que j'ai tant admiré le jour de mon arrivée ici. Je ne sais même pas où je pourrais me cacher... Mes pas me guident automatiquement jusqu'au petit salon que je ne connais que trop bien. C'est ici que j'ai pris le thé pour la première fois avec Aydan et ironie du sort c'est aussi ici que nous venons d'avoir notre première dispute il y a à peine dix minutes. Les parents de Cécilia sont arrivés plus tôt que prévu. Ils disaient arriver après le 14 dans la lettre envoyée à James, or nous sommes le 12 juin, ce qui veut dire qu'ils sont arrivés avec deux jours d'avance. Je me jette contre le mur proche de la double porte. J'espère qu'Aydan, Aimée et les parents de Cécilia n'auront pas l'idée d'entrer justement dans cette pièce. Si j'ai de la chance, ils pourraient bien tous aller dans le grand salon, sinon c'en est fini de moi.

— Père, Mère, s'exclame la voix de James d'un ton mielleux à travers la porte, vous voilà de retour ! Avec deux jours d'avance en plus de cela, le président serait-il devenu noir ou bien la chaleur de la Nouvelle-Orléans vous manquait-elle trop ?

— Ne faites pas l'insolent James, ordonna une voix féminine que je devinais être celle de « notre » mère. Nos affaires à New York étaient réglées et un train partait justement hier pour la Nouvelle-Orléans. Je vois que vous n'avez pas transformé cette demeure en maison close en notre absence, cela à dû beaucoup vous coûter dites-moi ?

Même à travers cette porte, je peux juger de la tension glaciale qui s'est installé lors de cet échange. On peut dire que ces deux-là ne s'apprécient pas tellement, pensais-je. Aussi sûr que deux et deux font quatre, me répond Cécilia dans ma tête.

— Nous espérions un accueil plus chaleureux de la part de nos enfants à vrai dire, avoua le père de Cécilia d'une voix grave.

— Et comment se porte notre bâtisse des Hamptons ? reprit James d'une manière absolument hypocrite. Étonnamment je ne l'ai jamais aimé, surement à cause de cette affreuse décoration que vous vous êtes obstinée à refaire il y a des années Mère, asséna mon frère d'une main de maitre.

La guerre entre la mère et le fils a commencé et je ne saurais dire lequel des deux va la gagner. Une chose est sûre, James hait sa mère. Je comprends mieux pourquoi ce dernier à jeté sa dernière lettre à la poubelle. Je me demande d'ailleurs si ce n'est pas dû au fait qu'elle lui demandait dans celle-ci de trouver un mari pour sa sœur. Avant que Madame Bloomingdale ne puisse rétorquer une parole des plus cinglante à son fils, quelqu'un se racla la gorge bruyamment.

— Ah mais excusez mes mauvaises manières Monsieur Costerhidge, je vous présente mes parents Morris et Ann Bloomingdale. Père, Mère, voici Aydan Costerhidge qui est l'une des premières richesses de la ville et aussi un très cher ami de Cécilia.

Je crois que James cherche à faire passer un message à ses parents. Surement le fait qu'il a su trouver un merveilleux futur gendre à ses parents -et que par conséquent il a bien travaillé durant leur absence. Il doit certainement chercher quelque chose de leur part mais je ne saurais dire s'il s'agit de reconnaissance, de joie ou tout simplement de fierté.

— Enchanté de vous rencontrer, affirma poliment Aydan.

— Nous de même Monsieur Costerhidge, confirma le père de Cécilia et James à la place de sa femme. Nous sommes d'ailleurs impatients d'apprendre à vous connaître, n'est-ce pas Ann ?

— Tout à fait, s'écrie-t-elle soudainement joyeuse. Nous ferons mieux connaissance autour d'une tasse de thé dans le petit salon, qu'en dites-vous ? Veuillez excuser mon fils de ne pas avoir eut la présence d'esprit de nous le proposer avant, il semblerait que nous devions tout lui dire, c'est une habitude assez pénible chez James...

Et un autre point pour Ann Bloomingdale ! Personne de la mère ou du fils ne semble prêt à abandonner le combat. Mais de toute façon je ne vais plus pouvoir constater de leur mésentente très longtemps puisque j'entends déjà les pas du petit groupe sur le marbre du hall se rapprocher de la porte. À chaque pas qui approche, mes pieds me guident vers l'arrière. Bientôt, mes talons se prennent dans une des lattes du parquet et me font atterrir sur l'un des portraits accroché derrière moi. Mon dos se cogne douloureusement contre le lourd cadre doré entourant l'œuvre qui pivote sur le côté. Toute mon attention se focalise alors sur la trappe qui s'ouvre seulement deux mètres devant moi. Le trou dans le parquet est assez large pour que je m'y faufile pourtant j'hésite. Et si je restais coincée là-dessous ? Et si j'étouffais ? Et si personne ne me retrouvait ? Et si... La conversation me parvient de plus en plus nette derrière la porte. Sans réfléchir, je me jette dans la trappe qui se referme derrière moi, me laissant dans le noir. La seule lumière provient des interstices du parquet et me permet de distinguer de la pierre taillée grossièrement sous mes pieds. C'est un passage secret, pensais-je. Aydan, Aimée et James suivi de près par ses parents entrent au même moment dans la pièce. Je colle mon œil entre le bois pour voir ce qu'il se passe. Aydan s'assoit avec aisance sur le sofa où nous nous sommes disputé tout à l'heure et je ne saurais dire pourquoi je ressens un pincement au cœur lorsqu'Aimée s'assoit à ses côtés de manière à coller sa jambe contre la sienne. James choisit de rester debout et se dirige vers une table pour se servir un verre de whisky aux reflets dorés tandis que ses parents prennent place chacun sur un petit fauteuil blanc.

— Et bien parlez-nous un peu de vous Monsieur, enjoint Ann en s'adressant à mon ami. J'ignore comment mais notre Cécilia n'est plus la même qu'avant notre départ, devons-nous vous attribuez le mérite de ce changement ? Il est vrai que tu n'as pas prononcé un seul mot depuis que nous sommes ici Cécilia, ajoute-t-elle en s'adressant à Aimée qui visiblement ne sait comment réagir.

Il fallait y penser avant de prendre ma place, songeais-je. Après réflexion, j'ai l'impression d'avoir fait la même chose à Cécilia. Je lui ai volé sa vie, ses proches, ses émotions. Bien que j'ai l'impression qu'elle est toujours là et que, parfois, elle me fait agir comme bon lui semble, lorsque sa volonté devient trop forte. De la poussière volète autour de moi et je dois me retenir de ne pas éternuer.

— Non Madame, je ne me permettrais jamais de m'attribuer un tel mérite, rit poliment Aydan. Cela vient plutôt de Cécilia elle-même, affirme-t-il et je ne peux m'empêcher de me dire qu'il ment très bien.

Aydan raconte alors l'histoire qu'il m'avait confié lors de notre première rencontre, pourtant je discerne maintenant les mensonges qu'il s'efforce d'articuler encore et encore à chaque fois que quelqu'un l'interroge. Je me demande alors si, moi aussi, un jour, je serais capable de mentir aussi bien.

— Et depuis combien de temps exactement vous connaissez-vous avec Cécilia ? demande Morris avant d'avaler une gorgée de thé qu'un domestique a servi pendant le monologue d'Aydan.

— Cela fait presque une semaine maintenant, annonce fièrement Aydan en coulant un regard malicieux vers Aimée.

— Oh ! Tu entends cela Morris ? s'exclame la mère de Cécilia. C'est précisément le temps qu'il s'est écoulé après notre première rencontre pour que tu me demandes en mariage !

Mon pieds dérape soudainement et je me rattrape de justesse contre les parois qui m'encadrent. Je prie intérieurement pour que personne ne m'aie entendu mais je suis vite rassurée par la voix faussement joyeuse de Ann qui se remémore ses souvenirs de jeunesse. Si elle voulait être subtile, je crois que c'est raté. Je suis sûre que même un mal-entendant aurait compris le message qu'elle cherche à faire passé au « jeune couple ». Je ne sais même pas comment j'aurais réagit à la place d'Aimée ou encore de Cécilia mais en tout cas mon double accueille la nouvelle avec un grand sourire satisfait. Bon jeux d'actrice ou face cachée, je n'arrive pas à interpréter son expression. Et pour ce qui est d'Aydan, il joue à merveille la surprise et l'intérêt, à moins qu'il ne soit réellement intéressé. Cette pensée me donne le tournis. Le mariage n'est pas pour moi, je suis jeune et je compte bien en profiter encore longtemps. En 2020 j'espère. Et si je restais coincée à cette époque et que je devais me marier à Aydan, serais-je toujours aussi dégoutée par les circonstances ? Cette interrogation germe dans mon esprit aussi vite qu'une mauvaise herbe dans un champ, et qui grandie jusqu'à me mettre devant le fait accompli : elle a prit trop d'ampleur. J'aperçois son visage entre deux lattes. Il est vrai que son sourire ferait chavirer plus d'une fille, même en 2020, et que sa présence à mes côtés me rend toujours nerveuse, sans parler de sa gentillesse sans égal. Mais cela suffirait-il ? Il m'a encouragé ce matin même à renoncer à retourner chez moi. Tu te fais de faux espoirs, nous sommes condamnés à rester éternellement comme ça... Sa remarque de tout à l'heure vient chasser tout mon raisonnement. Je ne peux pas rester ici à enchaîner soirées mondaines, mariage, repas de famille et mensonges ! Au dessus de moi, la conversation se poursuit toujours.

— Je me remémore toujours sans peine la naissance de James, débite Ann qui ne semble pas s'être arrêtée dans ses souvenirs. À cette époque, il ne cessait de geindre sans arrêt pour une broutille, rit-elle d'un air suffisant. Mais il semblerait bien que certaines choses soient incorrigibles...

— Comment pouvez-vous affirmez de telles choses Mère alors que nous savons pertinemment tous deux que vous ne vous donniez jamais la peine d'être présente assez longtemps à la maison pour me voir éveillé, indique James d'une voix impassible qui fait hausser les sourcils de sa génitrice.

— Les nourrices se chargeaient très bien de me faire part de vos pleurnicheries James, je n'avais nullement besoin d'y assister.

— J'ose alors imaginer que c'est pour vos invités que vous délaissiez vos enfants Mère !

— James ! s'énerva Morris. Comment oses-tu t'adresser de cette manière à ta mère ? Surtout devant notre invité.

— Je suis certain que Monsieur Costerhidge me pardonnera aisément ce petit écart, n'est-ce pas mon cher ami ? demande-t-il d'une voix redevenue calme.

— Mais bien sûr !

— Et si nous passions à table ? s'écrie subitement Aimée en souriant à son voisin. Il est encore tôt mais midi ne saurait tarder...

— C'est une excellente idée Cécilia, affirme Morris alors que sa femme semble avoir désormais perdu sa langue en même temps que son sourire.

Ils se lèvent tous en direction de la porte, Ann la dernière. Je remercie tout de même Aimée d'avoir eut l'intelligence d'interrompre cette discussion. Cela va me permettre de sortir enfin de ce couloir obscure absolument angoissant. Je pousse l'épaisse couche de bois au-dessus de ma tête qui constitue la trappe dissimulée dans le plancher du petit salon. De la poussière vole autour de moi mais le mécanisme ne semble fonctionner que dans un sens. Seul mon coup de poing contre la plaque dure témoigne de ma colère. Me voilà coincée ici sans aucune aide possible, ou du moins sans que je ne révèle mon identité à toute la maisonnée. Une seule option s'offre désormais à moi. Je fais volte-face pour ne rencontrer que les ténèbres et une araignée pendue à sa toile. Cela m'apprends donc que ce passage secret n'est plus utilisé depuis des décennies. Il semblerait que je sois dotée d'une capacité hors norme à toujours me mettre dans des situations incongrues, me dis-je. Je lève la tête une dernière fois vers la trappe avant de m'enfoncer dans l'obscurité d'un pas hésitant. Mes doigts caressent avidement les parois rocheuses qui m'encadrent dans l'espoir de m'orienter. Ma respiration ne m'est rendue qu'en écho étouffé.

— Je jure de rendre hommage à tous les dieux du monde et de toutes les époques si ce passage n'à pas été condamné il y a des années, soufflais-je en guise d'encouragement.

Je ne connais absolument pas la destination de ce tunnel mais je suis prête à me rendre jusqu'à l'autre bout du monde si c'est pour revoir le soleil. Mes pieds buttent contre le sol taillé à même la pierre un nombre incalculable de fois mais je parviens à me redresser à chaque fois. Je n'oublie pas cette peur qui m'oppresse autant que le noir et poursuit mon ascension qui me parait interminable. Et dire qu'Aydan et Aimée profitent d'un bon repas à l'étage... C'est Cécilia qui aurait dû profiter de ce repas en famille, et non Aimée ou encore moi ! Ma peur dirige alors ma mémoire vers un souvenir des plus douloureux pour moi.


Ma fourchette retourne la nourriture dans mon assiette avec rapidité. Mes yeux font l'aller-retour entre mon père en bout de table à ma droite et ma mère à l'autre bout, juste en face de lui. J'ai répéter la discussion dans ma chambre une bonne vingtaine de fois et étudié toutes les possibilités de réponses possibles de leur part. Je redoute de formuler les mots coincés dans ma gorge et pourtant Anna m'a fait promettre sur mon honneur, comme lorsque nous étions petites, de poser cette fameuse question à mes parents. J'analyse leurs visages, leurs expressions pour savoir si le moment est parfaitement choisi pour aborder le sujet. Je n'ai jamais rien demandé à mes parents qui me paraisse aussi important et j'espère qu'ils comprendront ma demande. Mes pieds se balancent dans le vide à une vitesse qui fait bouger ma chaise à la faire céder. Mon père raconte sa journée de travail comme il en a l'habitude chaque soir, pourtant je l'interromps :

— Dites j'avais une question à vous poser, commençais-je en jugeant leur humeur à travers leurs yeux.

— Oui Elie, sourie ma mère tendrement, qu'est-ce qu'il y a ? Tu sais que tu peux tout nous dire, affirme-t-elle en me tendant la main par dessus la table.

— Oui je le sais Maman.

— C'est à propos du lycée ? me demande mon père en enfournant une cuillerée de légume dans sa bouche.

— Euh non...enfin oui, bredouillais-je. En fait, il y a une fête samedi soir chez l'ami d'une amie d'Anna. (Je sens mon père se tendre à côté de moi mais je poursuis.) Anna m'a invitée et je me demandais si je pouvais y aller. Je vous promet de rentrer tôt et de ne pas boire une seule goutte d'alcool...

— C'est hors de question, tranche mon père d'une voix forte de chef de famille.

— Frank ! proteste gentiment ma mère. Elie à seize ans maintenant, ce genre de fête est de son âge après tout, nous avons nous-même été au lycée, tu ne te rappelles pas ? Les jeunes sont tous pareils, rater une fête implique de rater sa scolarité, rit-elle en se remémorant surement un tas de souvenirs.

— Oui mais ce n'est pas pareil ! s'oppose-t-il en se renfrognant.

— C'est exactement pareil, s'exclame ma mère avec un de ses fameux sourires qui font toujours craquer mon père. Elie est une fille responsable, si elle dit pouvoir rester sobre et ne pas causer de problème, alors je lui fais toute confiance, me soutient ma mère en exerçant une pression réconfortante sur ma main.

— Ce n'est pas en elle que je n'ai pas confiance mais en les garçons présents à cette fête, proteste mon père et je ne peux m'empêcher de trouver sa remarque touchante. Et puis je suis bien placé pour savoir que ce genre de fête peut vite mal tourner !

— Dans ce cas, Elie peut nous promettre de garder son téléphone près d'elle et de répondre à nos appels toutes les trente minutes pour nous assurer que tout va bien, propose ma mère pour le contenter.

Une lutte intérieure semble avoir lieu dans la tête de mon père. Sa mine est indéchiffrable, je m'attends à l'entendre refuser d'une seconde à l'autre pourtant rien ne se produit.

— Et tu nous promet de toujours rester avec Anna et de ne parler à aucun garçon surtout ! exige enfin mon père en signe de retraite.

— Tout ce que vous voulez ! Merci beaucoup à vous deux ! criais-je en me levant de ma chaise pour aller les embrasser tous les deux. Vous ne le regretterez pas, je vous le jure !


Et pourtant... Je réalise à cet instant de la naïveté dont je faisais preuve à mon époque. J'ai presque pitié de cette fille-là maintenant. Je constate que mes pensées sont aussi sinistre que l'atmosphère qui m'entoure à ce moment. Mes doigts se sont écorchés une bonne dizaine de fois contre le mur à chaque dérapage de la part de mes pieds. L'odeur aigre de poussière qui emplissait mes narines jusque là s'estompe soudainement. Un air plus frais la remplace, signe que l'arrivée est toute proche. Mes pieds se précipitent aussi vite que mes pensées furieuses. Un rai de lumière blanchâtre filtre faiblement à travers une plaque en métal assez épaisse au dessus de ma tête. Mes mains trouvent d'elles-même la force de pousser la plaque, assez pour la faire bouger légèrement. Le carré de fonte est plus lourd qu'il n'y parait mais je suis déterminée à sortir de ce labyrinthe souterrain. Un faible grognement s'échappe d'entre mes lèvres lorsque je pousse le panneau de métal de toutes mes forces. De petits morceaux de terre glissent sur mon visage alors que je réussi à pousser la plaque froide sur le côté. La lumière éclaire mon visage et mes yeux ne tardent pas à s'adapter aux rayons du soleil. Mes mains agrippent les bords de l'ouverture et me hissent avec une certaine difficulté à l'extérieur. Et que n'est pas ma surprise lorsque je découvre que je suis arrivée en plein milieu d'un parterre de roses du domaine des Bloomingdale. Les rosiers constituent une barrière entre la pelouse du jardin et la façade de la demeure blanche, derrière lequel je reste accroupie. Je replace la plaque à sa place comme si rien n'était jamais arrivé. Il est bon de savoir qu'un moyen existe de sortir de cette maison sans que personne n'en sache rien. Je me redresse rapidement sur mes pieds et parvient à me faufiler entre le mur de pierre et quelques branches de rosiers assez épineuses. Je m'en tire avec quelques coupures sur mes bras nus et plusieurs accrocs à ma robe. Je constate grâce à un coup d'oeil aux alentours que je me trouve du côté ouest de la maison. Je rejoins le chemin de gravier d'un pas décidé. Me voilà de retour à la case départ. Il faut toujours que je me rende chez Monique mais sans chauffeur cette fois-ci, ce qui est quasiment impossible. La voiture d'Aydan est toujours garée devant la grille, je décide donc d'attendre. Même si notre dernière conversation a été un désastre pour le moral, je n'en oublie pas pour autant que j'ai besoin de lui pour me déplacer sans éveiller de soupçons. Je m'appuie contre la carrosserie brillante du véhicule dans l'espoir d'agacer son propriétaire.

— Qu'est-ce qu'il a bien pu t'arriver pour avoir une mine pareille ? m'interrompt une voix dans mes réflexions après une bonne vingtaine de minutes.

— Rien qui ne te concerne, rétorqué-je d'un air hautain.

— Mais qui t'a rendu d'humeur exécrable à ce que je peux voir, constate le brun avec un sourire tandis qu'il ouvre la portière de sa voiture de collection.

— Je vois que tu n'a pas perdu ta perspicacité Aydan, dis-je en m'installant sur le siège passager.

— On pourrait croire que James et toi êtes vraiment frère et soeur finalement, rit celui que je croyais être mon ami en démarrant la voiture.

— Pourtant je compte bien rendre à Cécilia sa vie, et pour cela j'ai besoin de rendre visite à Monique Delasseau.

Cette simple réponse suffit à lui faire perdre définitivement son sourire. Les maisons du quartier chic de la Nouvelle-Orléans défilent sans interruption alors que le silence s'est abattu sur la voiture. Je n'accorde pas un seul regard au conducteur mais mes oeillades appuyées au rétroviseur me montre qu'il semble toujours aussi détendu et sûr de lui avec ses lunettes de soleil sur le nez et son petit sourire insupportablement craquant.

— Tu es sûre que tu ne veux pas me dire ce qu'il s'est passé depuis que nous nous sommes séparés tout à l'heure dans la maison ? me demande-t-il en tournant furtivement son visage vers le mien qui fuit pourtant sa vue -je remercie le miroir du rétroviseur qui me permet de garder toute contenance tout en l'observant à la dérobée.

— Je me suis simplement cachée à l'étage, dans ma chambre, dis-je platement.

— Et je suppose que c'est ta bataille avec la cheminée qui t'a couverte de suie et complètement échevelée, rit-il de manière tout à fait sérieuse alors que je cherche à arranger mon allure précipitamment grâce à mon reflet.

— Et bien si tu veux tout savoir, oui ! affirmais-je le dos droit et l'air suffisant.

— Écoutes Elie, je respecte le fait que tu ne veuilles pas me dire ce qu'il s'est passé et je n'insisterais pas plus seulement si tu m'affirme que tout va bien, avoue-t-il d'un air triste que je discerne grâce à ses sourcils légèrement plissés et à ses lèvres pincées.

Il attend ma réponse, visiblement. J'observe ses traits que j'ai trouvé si harmonieux le jour de mon arrivée, concentrés sur sa conduite, aller de la route à ma personne qui lui tourne toujours le dos. Malgré ma rancoeur, je trouve le courage de lui faire face. Il a revêtu son masque courtois et jovial malgré sa prévenance.

— Tout va mieux Aydan, souriais-je faiblement.

Sa main gauche quitte le volant pour se tendre vers moi. Je ne comprends pas tout de suite ce qu'il faut faire mais mes doigts se dirigent d'eux-mêmes vers la paume qui m'est tendue. Ils sont hésitants, se rétractent, reculent avant de finalement rencontrer la peau douce du creux de sa main. Aydan serre ma main délicatement dans la sienne et je lui sourie timidement. Je sens mes joues chauffer sous le poids de ses regards. Sa peau chaude quitte la mienne pour se concentrer pleinement sur la conduite. L'air me semble désormais plus léger, mes épaules se détendent et ma tête bascule en arrière. Mon coeur tambourine dans ma cage thoracique comme un fou alors que mon estomac semble avoir prit son envol pour revenir enfin sur terre. Je me concentre sur les bâtiments en pierre du vieux carré et leurs balcons en fer. Je me souviens de ma dernière visite ici et des rebondissements qui y ont eut lieu. J'espère vraiment que cette visite chez Monique me permettra de me sortir de toute cette histoire. Aydan me demande où nous devons aller précisément et je lui indique le croisement entre Bourbon Street et Orleans Street, comme je m'en souviens. Nous sortons de la voiture une fois qu'elle est immobilisée.

— Bon, où devons-nous aller maintenant ? me demande mon acolyte.

— Je me souviens être arrivée ici en sens inverse...donc ce sera par ici, dis-je avant de longer la rue Bourbon, Aydan sur mes talons.

Nous marchons en silence pendant quelques minutes durant lesquelles il me semble reconnaître quelques portes, murs et enseignes pendantes. Jusqu'à ce que je distingue celle qui m'intéresse. Les traits de peinture blancs tranchent toujours autant avec la couleur violette du panneau pendant de la devanture de Monique. Un sourire étire mes lèvres lorsque j'y lis « Chez Monique, Vaudou et Sorcellerie ».

— Prêt à rencontrer une sorcière Aydan ? questionnais-je, la main sur la poignée de l'entrée de la boutique.

— Prête à en apprendre plus sur les voyages dans le temps Elie ? me taquine-t-il avec un clin d'oeil.

J'ouvre la porte, faisant tinter la clochette pour toute réponse. La boutique est telle que je l'ai quitté deux jours auparavant. Aydan regarde d'un mauvais oeil les étagères couvertes d'ossements, de bocaux et de bougies presque entièrement consumées. Son regard curieux passe de la table ronde au milieu des tapisseries au comptoir en bois d'où émerge le haut de la porte violette de ce que je nomme « le dépôt ». Ses yeux s'écarquillent de surprise en apercevant les masques africains aux peintures blanches tandis que je reconnais le jeux de cartes de tarot que Monique m'a demandé de lui apporter la dernière fois, avant qu'elle n'aie sa prédiction. L'atmosphère sombre et occulte est toujours présente dans cette pièce.

— Que puis-je faire pour vous jeunes gens ? nous interroge une voix grave dans notre dos alors que nous sursautons tous les deux -Monique se tient désormais en face de nous.Oh ! Mais c'est ma petite Elie, s'exclame-t-elle en tendant les bras dans ma direction avant de me serrer fort ou plutôt de m'écraser contre elle.

— Oui Monique, dis-je enfin une fois qu'elle a desserré son emprise. Nous sommes ici pour obtenir ton aide à propos d'une affaire délicate... (Elle se dirige vers le comptoir derrière lequel elle disparait visiblement à la recherche de quelque chose.)

— Tu veux dire pour retourner à vos époques d'origine, s'écrie-t-elle en émergeant enfin du meuble.

— Mais comment...? demande Aydan totalement désarçonné par la promptitude de la magicienne à deviner nos pensées.

— J'ai senti vos auras surnaturelles depuis ma réserve, mon petit, annonce-t-elle au jeune homme tout en posant une boule de cristal sur la table. Et ce n'est pas à mon âge que l'on se joue facilement de moi vous savez !

— Cela veut dire que vous savez comment nous y faire retourner, m'exclamais-je en m'approchant de la chaise sur laquelle elle est assise, à côté de la table.

— Je n'ai jamais dit cela ma petite, seulement que je connaissais votre situation...

— Vous voulez dire que vous avez vous aussi voyagé dans le temps ?! l'interrompt mon ami.

— Non bien sûr que non, mais asseyez-vous, nous intime-t-elle en désignant les deux chaises face à elle de l'autre côté de la petite table. Cela faisait très longtemps qu'il n'y avait pas eut de nouveau Passeur temporel, avoue-t-elle en fronçant ses sourcils sombres. Je n'en avais jamais rencontré jusqu'à présent, le dernier Passeur remonte au temps de ma grand-mère, dit-elle les yeux brillants d'excitation. Et à vrai dire, je ne pensais jamais en rencontrer un, alors deux...

— Je crois que l'on ne peut attribuer cette situation qu'au hasard, concédé-je avec un regard à mon voisin.

— Oh non non non, s'amusa la sorcière en s'enfonçant un peu plus dans son siège. Il n'y a jamais de hasard ma petite, crois-moi. Le premier Passeur est mort dans le bayou de Krick River en 1900 avant de revivre un siècle plus tard, d'après ce qu'à raconté ma grand-mère à ma mère.

— Ce bayou serait alors maudit, réfléchit Aydan à voix haute.

— Non, pas maudit, rectifie Monique en secouant légèrement sa tête, bénéfique. C'est sa source qui vous à amené ici, elle vous à sauvé d'une mort certaine, assure-t-elle avec un sourire. C'est la magie présente dans cette source qui vous à fait remonté dans le temps.

— Mais si ce bayou nous a amené ici, il doit forcément y avoir un moyen de retourner chez nous, espérais-je en coulant un regard au brun qu'il ne me rend pas. Comment s'y est prit le précédent Passeur ?

— Je n'en connais aucun malheureusement... Je suppose qu'il a dû patienter durant un siècle.

— Et qu'a-t-il fait ensuite ? cherche à savoir Aydan.

— Je n'en ai aucune idée mon petit. La seule manière de revenir à votre époque que je connaisse est d'attendre le jour de votre mort et de tout faire pour vous éviter de mourir. Et alors cela vous permettra peut-être de retrouver votre vie d'avant.

Je ne sais plus quoi penser ni quoi faire. À côté de moi Aydan cogne son poing sur la table, aussi terriblement soulagé d'avoir enfin de l'aide après trente ans passées dans la solitude mais aussi terriblement frustré, j'imagine. D'une certaine manière je le comprend. Il me reste encore exactement cent ans à compter les jours tandis qu'il lui en reste soixante-dix. Mes larmes menacent de couler mais je les refoulent. La faiblesse de m'atteindra pas, du moins pas tout de suite. La sorcière nous dévisage l'un après l'autre dans l'espoir d'obtenir la moindre réaction. Aydan s'est levé sans que je ne m'en rende compte et se trouve désormais dos à nous, sa main coiffant nerveusement ses cheveux. C'est une habitude chez lui lorsqu'il est nerveux ou en colère, je l'ai remarqué. Pour ma part, je n'ai pas bougé d'un pouce, le regard vide et les bras ballants sur mes genoux. Je me rends compte alors de la nonchalance que j'ai arboré les jours précédents et je me maudis pour cela. Je ne reverrais mes parents et Anna que dans un siècle, autant dire une éternité. Mais tu les reverra au moins, me souffle doucement Cécilia. Cette situation me condamne à errer pendant cent ans et surtout à fuir, cacher mon identité et mentir à mon entourage.

— Je suis vraiment désolée pour vous deux.

— Puis-je vous demander un service Monique ? m'éveillé-je enfin d'une voix molle.

— Bien sûr.

— Je voulais savoir si vous possédiez quelque poison provoquant la mort dans votre boutique.

— Ce que tu me demande là est très délicat Elie, dit-elle -étonnement ses traits se sont durcis comme de la pierre.

— Qu'est-ce que tu fais Elie ? s'étonne Aydan comme pris d'une panique soudaine.

— Je nous assure la vie sauve jusque dans cent ans, lui annoncé-je en croisant ses yeux à la lueur brune si changeante. C'est pour Northwood.

— Une mort discrète je suppose ? demande Monique avant d'entrer dans sa réserve après un hochement de tête de ma part.

— Elie ne fais pas ça, m'implore presque le jeune homme.

— Je n'ai pas le choix, nous devons assurer notre survie...et nous pouvons dire adieu à nos proches si Northwood parvient à nous tuer avant.

Je détourne le regard. Il revient s'asseoir sur sa chaise en bois prêt de la mienne, visiblement calmé. Quelques secondes plus tard Monique revient, une fiole en verre violette dans la main. Elle la pousse dans ma direction en la faisant glisser sur le bois de la table. J'observe attentivement le liquide transparent à l'intérieur du flacon fermé à l'aide d'un petit bouchon de liège, sans pour autant m'en emparer.

— Du lanmò. Incolore, inodore, et imperceptible pour n'importe quel médecin. Les symptômes sont comparables à ceux d'une migraine mis à part le fait que l'on ne se réveille jamais par la suite. La mort est assez douce, la victime s'endort paisiblement. Quelque gouttes suffisent.

— Merci, dis-je en m'emparant de la fiole sous le regard pesant de mon ami.

— Ne connaitriez-vous pas le moyen de Northwood pour nous éliminer définitivement ? l'interroge le grand brun, les deux mains sur la surface de bois lisse.

— Vous êtes tous les deux morts noyés... Et d'après vous, quel est le seul moyen de combattre la magie que vous a conféré l'eau ? nous questionne la vieille magicienne.

— Le feu, répondons-nous tous les deux à l'unisson. Il compte embraser nos corps ou bien même nous brûler vifs, compris-je.

Voilà comment Northwood espère se débarrasser de nous. Peut-être son père a-t-il même trouver la solution à notre mort par de multiple expériences sur le premier Passeur. Il n'est jamais rentré chez lui.

— Cependant, seule Elie peut mourir d'une autre manière.

— Comment ça ? m'exclamé-je.

— Tu as un double si je ne me trompe pas, pressent-elle et je lui confirme d'un hochement de tête étonné. Tu es liée à ce double.

— Vous insinuez que s'il arrive quelque chose à Aimée, cela aura des répercussions directes sur Elie ? semble s'inquiéter Aydan en haussant légèrement le ton.

— Tu as tout compris joli coeur, confirma Monique en le gratifiant de ce surnom qui me fait immédiatement sourire mais qui semble le laisser de marbre.

— Et comment ce fait-il qu'Elie ait un double alors que je n'ai jamais croisé le mien ? questionna Aydan.

— Tu n'en as pas ou du moins il ne se trouve pas aussi près de toi que celui d'Elie. L'univers à créé son double pour fragiliser Elie car elle est morte lors d'une année à double chiffre soit en 2020. Ces années-là sont particulièrement fortes en énergie mystique qui est produite plus intensément par les étoiles tous les 101 ans. Elles l'étaient aussi par exemple en 1717 comme en 1818, 1919 et donc 2020. Les Ancêtres, dit-elle en désignant le ciel, nous confèrent nos pouvoirs en tant que sorcières et en assistant à la mort d'Elie dans le bayou, il semblent qu'ils lui ai attribué une puissance mystique plus importante que la tienne ou encore que celle du premier Passeur.

— Et comment se traduit cette faculté anormale à posséder plus de puissance mystique que les autres au juste ? demandé-je.

— Tu ne peux pas mourir...sauf si ton double meurt, comme je l'ai déjà dit. Elle est ton seul point faible et tu dois à tout prix la protéger si tu veux un jour atteindre ton époque...

— Mais si Aimée meurt de vieillesse ? l'interrompt Aydan.

— Elle ne mourra pas. Le double existe seulement pour fragiliser Elie mais en aucun cas pour la tuer, affirme-t-elle avec un regard agacé à l'intention du jeune homme. Cette jeune fille est aussi immortelle qu'Elie s'il ne lui arrive rien, intentionnellement parlant j'entends.

— On n'a plus qu'à espérer qu'Aimée ne se fasse pas de mal, ironisé-je avec un rire nerveux.

Monique me regarde sérieusement de ses grands yeux blancs qui semblent ressortir légèrement de son visage. Je mentirais si je disais qu'elle n'imposait pas le respect. Je ne me trouve plus devant la vieille femme à qui j'ai fait tomber ses paquets l'autre jour mais bien à la sorcière expérimentée et par dessus tout, déterminée.

— Je dois te parler en privée ma petite ! Si ton ami pouvais nous laisser quelques minutes...

— J'ai compris, soupire ce dernier en faisant racler les pieds de sa chaise sur le sol avant de patienter près de la porte d'entrée.

La sorcière se penche au-dessus de la table et je l'imite. Je me demande bien ce qu'elle a à me dire. Je jette un dernier regard à Aydan qui admire les étagères avant de reporter mon attention sur la vieille femme dont les rides brunes ressortent à chacune de ses paroles.

— Je constate que tu ne lui a rien dit.

— Vous voulez parler de la vision que vous avez eut lorsque vous m'avez toucher ? demandais-je.

Elle hoche la tête. Je me rappèle parfaitement de ses paroles :

« Un lourd secret se découvrira,

Un coeur brisé sera,

Une âme tourmentée deviendra,

Et un malheur emportera... Il n'est pas celui qu'il prétend être ! Quelqu'un te trahira ! ». Je retourne encore ces mots dans tous les sens sans parvenir à en comprendre exactement la signification ou les personnes qu'elles concernent. Monique acquiesce. Je ne vois pas pourquoi j'aurais inquiété encore plus Aydan avec cette « prophétie » alors que nous avons déjà de nombreux problèmes à régler. Je hoche négativement la tête.

— Tu devrais lui en parler...

— Je ne vois pas comment Monique, je ne suis même pas sûre de croire moi-même à cette prédiction, chuchotais-je.

— Tu doutes vraiment de mes pouvoirs alors ! (Elle s'écarte et jette un regard meurtrier à Aydan.) Jeune homme, ne touches pas à ça à moins que tu ne veuilles être maudit pour le reste de ton existence -que je trouve déjà assez longue comme ça pour ma part ! Excuses-moi, me demande-t-elle. Tu sais, avec le temps, j'ai appris que mes visions s'avéraient toujours exactes et qu'il était toujours dangereux de ne pas les prendre au sérieux...

— Je les prends au sérieux -enfin je crois- mais je préfère garder ses informations pour moi. Je ne sais même pas si cette vision concerne Aydan ou non... J'ai toujours favoriser le silence dans ma vie et je compte bien continuer, les choses seront plus sûres comme cela.

— Pour qui ? Pour lui, souffla-t-elle en désignant le brun d'un geste du menton. J'ai senti la souffrance Elie, ce qui t'attends est plus sombre que ce que tu imagines, crois-moi.

Un frisson me parcoure l'échine. Je prends conscience de ses paroles et surtout de la dangerosité de nos vies. Mais je refuse de mettre en danger Aydan. Mais il le faut pour votre sécurité à tous les deux ! me hurle la voix de Cécilia dans la tête si bien que je dois me tenir la tête des deux mains pour retenir un cri de douleur.

— Tout va bien Elie ? intervient la magicienne.

— Oui oui ne vous en faites pas, c'est juste que j'entends parfois la voix de Cécilia, c'est la jeune fille dont j'ai pris le corps. Je ne sais pas si c'est habituel, Aydan ne semble pas avoir les mêmes problèmes que moi... Parfois j'ai l'impression de me perdre moi-même -je sais que cela peut vous paraitre étrange mais je crois que Cécilia prend parfois le dessus sur moi. Il m'est déjà arriver de faire ou de penser quelque chose avant de totalement changer de comportement... C'est très déstabilisant, ça arrive sans prévenir !

— Hmm ! Ce que tu me décris là à l'air en effet de provenir de Cécilia. Ce genre de reprise de contrôle arrive quelque fois dans des cas de possession lorsque le caractère de la personne est très fort et qu'elle arrive à reprendre le dessus, m'annonce-t-elle. Il va falloir que vous cohabitiez toutes les deux dans le même corps pour les prochaines années.

— Cécilia restera présente dans mes pensées et mes gestes pour le siècle prochain ?

— Pas pour toute la durée de ce siècle, non. Un jour, sa voix s'évaporera simplement de ton esprit car son temps de vie sera passé. Elle disparaîtra.

— J'ai souvent l'impression de lui avoir volé son existence, dis-je toute honteuse.

— Peut-être que tu le fais maintenant mais cela s'avère nécéssaire pour que tu te sauves en 2020. Quand tu auras repris ta vie, tout ce qui se passe en ce moment sera alors effacé et Cécilia vivra sa vie comme elle l'entendra comme si rien ne s'était jamais passé, rassures-toi.

Je lui souris. Je suis heureuse d'avoir pu trouver des réponses à mes questions. Je compte bien vivre jusqu'en 2020, de toute façon le poids de la fiole dans ma main me le rappèle bien.

— Merci beaucoup Monique, sincèrement, souriais-je alors que la silhouette d'Aydan se dessine à côté de moi.

— Je t'en pris Elie. Vos deux vies ont été interrompues trop tôt par de grands malheurs qui n'auraient jamais dû se produire, il est normal que je vous aide.

— Et nous vous en sommes très reconnaissant, ajouta mon ami de la voix calme que je lui connais bien.

Je me lève, la précieuse fiole à la main et Monique m'imite aussitôt. Elle nous accompagne jusqu'à la porte non sans me jeter plusieurs regards immédiatement dirigés vers le jeune homme. Je les ignore ostensiblement, ce qui la fait soupirer. Elle nous invite à revenir très vite avant de refermer la porte derrière nous. Une fois dans la rue, Aydan et moi reprenons le chemin de sa voiture sans un mot. Le trajet se déroule dans le même silence et pourtant, il ne me dérange pas. Les idées se bousculent dans ma tête tandis que je retourne la fiole de lanmò entre mes doigts. Trembleront-ils lorsque je tuerais un homme ? Sa mort me restera-t-elle sur la conscience durant les cent prochaines années et même après ? Me ferais-je prendre en tentant d'empoisonner Northwood ? Cela permettra-t-il à Aydan de s'en sortir et de vivre pleinement sa vie ?

— La maison des Bloomingdale n'est plus un endroit sûr pour toi étant donné que Aimée y est. Il va falloir que tu te caches ailleurs quelques temps...

Je suis du même avis que lui mais la perspective de me retrouver sans toit m'attriste encore plus. J'aimerais tellement retrouver mes parents et les serrer contre moi pour le restant de mes jours, si seulement... Si seulement je n'étais pas morte ce soir-là.

— C'est pour ça que tu vas vivre chez moi quelques jours ! affirme-t-il avec un grand sourire en tournant à une intersection.

Je relève la tête brusquement. Décidément Aydan m'étonne de jour en jour. Il m'assure que ce court séjour chez lui me remettra d'aplomb en un rien de temps. Je le crois car je lui fais confiance. La voiture franchi la barrière de sa demeure et je savoure la fraicheur que nous procure l'ombre des chênes de son allée.

Je sais désormais que mon séjour chez Aydan me fera du bien. Mais en ressortirais-je avec le même genre de sentiments pour lui ?





Bonjour à tous ! J'espère que ce chapitre vous aura autant plu que les autres ! Comme d'habitude, n'hésitez pas à me donner votre avis pour m'aider à m'améliorer ou à liker ce chapitre si vous l'avez aimé !


@WhiteFeather04

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