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❧ Chapitre 12 ❧




« C'est de la confiance que naît la trahison. »

                            - Proverbe Arabe








Le lendemain, le réveil me paraît plus rude que de coutume. J'entends le cri strident de mon réveil annoncé qu'il est l'heure. Mon réveil ?! J'ouvre les yeux précipitamment pour découvrir ma chambre. Je suis surprise de constater que je suis enroulée dans mes bons vieux draps bleus. La faible lumière matinale traverse la moustiquaire de mes vieilles fenêtres adorées tandis que mon bureau au bois défraichi est toujours en désordre. Je suis revenue en 2020 ! Je saute littéralement de mon lit et cours dans les escaliers.



    — Maman ! Papa ! Je suis revenue ! criais-je en ratant une marche.


    Je rentre en trombe dans la cuisine pour constater que ma mère est bien là à préparer du café. Elle est toujours aussi belle, ses cheveux détachés en cascade brune sur ses épaules et habillée de son vieux pull jaune affreux mais qui lui va pourtant si bien. Je me jète sur elle et l'embrasse sur chaque parcelle de son visage pour son plus grand étonnement, enfin ce qui ne l'empêche pas de me rendre mon étreinte lorsque je la serre contre moi.


    — Tu m'a tellement manquée Maman...Je t'aime !

    — Moi aussi je t'aime mon cœur mais qu'est-ce qui me vaut un tel élan d'amour ce matin ? On s'est vu hier soir...

    — Hier soir ? murmurais-je. Alors je n'ai jamais eux mon accident ?

    — Tout va bien Elie ? J'espère que tu ne couves rien de grave, me dit-elle en posant sa main sur mon front.


    Je suis revenue en 2020 ! Je n'en reviens pas, mais cela veut dire qu'il ne s'est rien passé dans le bayou ? Je ne suis pas morte, à moins que je n'ai rêvé tout ça, mon accident, ma mort...et ce voyage dans le temps en 1920...ainsi qu'Aydan... Je me demande bien pourquoi mon esprit a-t-il été imaginé toute cette aventure dans les années folles. Surement à cause de la fatigue, des cours, de la pression. C'est surement ça !


    — Qu'est-ce qu'il se passe ici ? s'étonne mon père en entrant à son tour dans la cuisine, sa mallette noire dans la main et sa veste de costume sous le bras.

    — Papa ! Tu sais que je t'adore, pas vrai ? criais-je en le prenant dans mes bras au risque de froisser sa belle chemise blanche.

    — Oui ma chérie bien sûr mais qu'est-ce que tu fais encore en pyjama ? Il va bientôt être l'heure d'aller au lycée !

    — Oh oui tu as raison ! Le lycée...et Anna ! Je vais me préparer, ne bougez surtout pas, hein !


    Je cours jusqu'au pied de l'escalier et je ne peux pas m'empêcher de tourner la tête vers mes parents plusieurs fois, comme pour réaliser qu'ils sont bien là, devant moi.


    — Qu'est-ce qui lui arrive aujourd'hui Hélène ? demande mon père lorsque je me suis éloignée.

    — Je n'en ai aucune idée Frank, affirme ma mère, c'est une adolescente et il n'y a rien à comprendre à ça je crois, rit-elle.


    C'est fou comme ils m'ont manqués, même le temps d'un rêve. Et dire que je croyais avoir voyagé dans le temps...quelle idiotie ! J'éclate de rire toute seule devant ma penderie. Tout ce qui constitue le monde moderne m'avait affreusement manqué, qu'il s'agisse d'Internet lorsque je vois mon téléphone portable sur ma table de chevet ou tout simplement mes bons vieux jeans au moment de m'habiller. C'est un immense poids qui s'envole au moment d'enfiler mes vieilles basket complètement usées. Plus besoin de commettre un meurtre pour rester en vie, plus besoin de parler ou d'agir correctement, plus besoin d'être celle que je ne suis pas et plus d'Aydan... Je ne comprends toujours pas pourquoi mon subconscient à créé son personnage. Peut-être représentait-il mon idéal masculin ou la personne qui me soutenait dans ce rêve vraiment étrange. C'est vrai que je regrette un peu de constater que les gens qui m'étaient proches ne sont en fait que des mensonges, de pures inventions de mon esprit...Aydan, Marie-Anne, James, Henry, Aimée : ces noms ne me quittent pas lorsque j'arrive devant la porte d'entrée.


    — Mon cœur, m'appèle ma mère, n'oublie pas ton repas du midi !

    — Non Maman ne t'inquiète pas, dis-je alors qu'elle me met le sac remplie de nourriture dans la main. Tout ira bien, je te le promet...


    Elle me lance un regard intriguée comme elle sait si bien le faire lorsqu'elle ne comprend pas bien quelque chose. Je souris. Si elle savait comme j'ai grandi mentalement, comme je les aime elle et Papa et comme je compte profiter de la vie maintenant. Ce rêve étrange aura eut au moins le mérite de m'ouvrir les yeux sur la vraie valeur de la vie. Cela me fait penser à Alice lorsqu'elle se réveille après avoir voyagé au Pays des Merveilles, elle ressort grandie de cette expérience qui lui a fait prendre conscience de tout ce qui l'entourait avant de rêver. Je suis comme Alice à ce moment.


    — Au revoir Maman, dis-je en croisant ses magnifiques yeux bleu-acier qui me regarde avec une douceur infinie. À ce soir...


     Mon regard glisse ensuite sur mon père, toujours dans la cuisine, une grande tasse de café aux lèvres. Je l'admire un moment dans cette position qui le rajeuni de quelques années. Il m'a manqué, lui et ses opinions politiques devant les informations à la télévision, lui et ses moments de complicité avec Maman et surtout sa gentillesse et sa compréhension lorsque tout ne va pas dans ma vie... Je voudrais tellement passer la journée entière avec eux...

    J'ouvre la porte d'entrée et j'avance. Le soleil m'éblouit et je dois me cacher les yeux de ce grand halo blanc qui semble m'avaler...


    On me secoue légèrement le bras.


    — Le petit-déjeuné est servi Madame Elie, m'informe la voix de Marie-Anne.


    J'ouvre les yeux. Non ce n'est pas possible ! Un rêve ! Ce n'était qu'un rêve ! Un stupide rêve... Je ferme à nouveau les yeux avec l'espoir que la chambre de Cécilia se métamorphose soudain et redevienne celle que j'avais en 2020. C'était pourtant tellement réaliste. Mes parents, ma chambre, ma vie entière... Tout me semblait si réel et pourtant je suis de nouveau coincée ici, en 1920. J'ai soudain l'irrésistible envie de pleurer. Ma vie me manque. Je me lève et me dirige machinalement vers le siège de la coiffeuse où ma gouvernante attend patiemment pour me transformer en celle que je ne suis pas.


    Au petit-déjeuné, je retrouve James assis à l'autre extrémité de la table, ses lunettes de soleil d'après-fête sur le bout du nez et un cachet d'aspirine dilué dans un grand verre d'eau dans la main. Comme tous les matins, on ne distingue plus la jolie nappe blanche bien repassée qui disparait totalement sous la quantité de plats et de carafes qui recouvre la table.


    — Bonjour James ! dis-je d'une voix tonique.

    — Cécilia ! Je t'ai déjà dit un million de fois de ne pas parler si fort !

    — Oups, excuses-moi, dis-je exactement sur le même ton dans l'espoir de l'énerver.


    Je commence à en avoir assez de jouer un rôle. Avec le rêve que je viens de quitter, je ne suis pas d'humeur à supporter les caprices de James ou encore l'étiquette. J'étais si bien dans mon imaginaire que je voudrais seulement retourner me coucher et oublier ce monde encore un moment. Malheureusement c'est impossible. Je suis bel et bien coincée ici pour le reste de ma vie à moins que je ne trouve une solution pour rentrer chez moi. Je fais tourner bruyamment la cuillère dans ma tasse de thé depuis cinq bonnes minutes et je suis surprise que le frère de Cécilia n'ai pas encore prétexté son mal de crâne pour me faire arrêter. Les rayons du soleil caressent mes bras nus tandis que le chant des oiseaux tente de me ramener un peu plus dans ce monde de rêve que j'ai quitté il y a peu. Même si je suis en colère contre tout, je dois bien avouer que ce petit-déjeuné sur la terrasse ne me fait pas de mal, au contraire.


    — Qui était cette femme blonde que tu es allé rejoindre hier soir ? demandais-je en arrêtant de touiller mon thé déjà froid depuis longtemps.

    — Pourquoi veux-tu savoir cela Cécilia ? Ça ne te concerne pas à ce que je sache, soupire-t-il alors que je le sens étrangement anxieux même caché derrière ses lunettes.

    — C'est seulement pour savoir, me défendis-je tandis qu'il prend une gorgée de café. Alors que se passe-t-il entre vous ? Est-ce ta fiancée ?


    Il ne lui en faut pas plus pour manquer de s'étouffer avec son café. Je suis surprise de découvrir que James peut être très arrogant et sûr de lui en ce qui concerne les affaires de l'entreprise familiale mais aussi totalement gêné et penaud pour ce qui est de ses affaires de cœur.


    — C'est une bonne amie, rien de plus, dit-il enfin en essuyant les commissures de ses lèvres avec sa serviette en tissu.

    — Et je suppose que cette « amie » à un nom, le taquinais-je alors que je jurerais que ce n'est pas seulement le soleil qui fait prendre des couleurs à ses joues.

    — Elle se nomme Kathreen Aberworthy, sa famille a fait fortune dans les transports maritimes et particulièrement lors des migrations européennes du siècle dernier...

    — James je dois t'avouer que ce n'est pas vraiment l'histoire de son nom qui m'intéresse mais plutôt sa manière d'être, le coupais-je en me remémorant les sourires aguicheurs qu'elle lui adressait la veille. Comment est-elle ? Est-elle aussi gentille que jolie ? le pressais-je, affreusement curieuse de connaître son opinion.

    — Quelle impolie tu fais Cécilia ! me réprimande-t-il avant de se masser les tempes à cause de la douleur que provoque sa propre voix à ses oreilles.

    — Réponds James !

    — Bien bien...se résigne-t-il. Elle est plutôt bien élevée, polie, cultivée et incroyablement avenante...

    — Je sens venir le « mais », complétais-je avant de me rappeler qu'Aydan m'a dit exactement la même chose quelques jours auparavant dans le speakeasy après que je lui ai avoué avoir trouvé une lettre des parents de Cécilia dans la corbeille à papier de James.

    — Mais son père la destine à un autre homme, finit-il avec une moue triste semblable à celle que ferait un enfant de quatre ans ne devant pas s'approcher d'une part de gâteau au chocolat. 

    — Je suis navrée James, dis-je sincèrement.

    — Ne t'en fais pas pour ton vieux frère Cécilia, rit-il, je ne laisse pas tomber ! Mais qu'en est-il de ton côté ? Ta relation avec le petit Costerhidge avance-t-elle ?

    — Oh et bien oui, enfin je crois, je l'espère...bafouillais-je sans savoir si je le voulais vraiment.


    Des pas claquent sur le carrelage froid pour nous rejoindre sur la terrasse et me sauver d'une réponse embarrassante. Marie-Anne apparait à mon grand soulagement et incline légèrement la tête devant James avant de se tourner vers moi.


    — Madame excusez-moi de vous déranger mais Monsieur Costerhidge est ici et souhaiterait vous voir, dois-je l'inviter à se joindre au petit-déjeuné ou le faire patienter dans le petit salon ?

    — Faites-le attendre dans le petit salon et dites-lui que j'arrive tout de suite,  expliquais-je presque machinalement.


        Je me lève, saisis une tranche de brioche avant de me lever. James me regarde d'un air amusé, un sourire moqueur accroché aux lèvres. J'imagine sans peine ses yeux rieurs derrière les verres teintés de ses lunettes.


    — Je crois que j'ai déjà la réponse à ma question, se moque-t-il en buvant une autre gorgée de son café. Bonne chance petite sœur !


    Sans réfléchir, je prend un couteau à beurre et frappe contre mon verre de jus d'orange vide qui fait un bruit aussi mélodieux à mes oreilles qu'horrible pour celles de James qui grogne à cause du martèlement dans sa tête.


    — Bonne chance à toi cher frère, dis-je avec un sourire malicieux.


    Je pénètre à nouveau dans la maison et laisse les rayons du soleil derrière moi. Je suis Marie-Anne à travers les couloirs fleuris et tapissés de tableaux des ancêtres Bloomingdale. Je ne manque pas de remarquer leurs postures fières qui semblent dater d'une époque plus stricte encore que celle où je me trouve maintenant. Nous arrivons bientôt dans le petit salon qui s'avère être tout sauf « petit ». La décoration de la pièce est assez similaire à celle où Aydan et moi avons pris le thé le jour de notre rencontre mis à part que les couleurs orangées, rose et pâles sont remplacées par des murs blancs aux lourdes dorures peintes sur les sculptures en bois du plafond. Aydan est assis sur un long sofa beige au squelette de chêne lorsque je rentre. Il se lève comme le veut la politesse et me salue d'un signe de tête que je lui rend promptement.


    — Tu peux disposer Marie-Anne, je t'en prie, indiquais-je à la jeune fille qui patientait près de la porte.


    Je rejoins Aydan sur le sofa, en face d'une grande table basse en acajou aux pieds sculptés en forme de griffon. Je fixe mon ami et le simple fait de le voir me rappèle ma situation de Ressuscitée, la recherche de mon double, mon plan pour maitriser notre meurtrier potentiel et ma vie qui m'attend en 2020. Tous mes soucis me reviennent en mémoire aussi violemment que le ferais une vague d'eau glacée en plein visage.    


    — Je suis content de voir que tu vas bien Elie, s'exclame Aydan alors que ses yeux brillent légèrement. Comment s'est passé la soirée de Northwood ? Je suppose qu'il n'y a vu que du feu si tu es encore là pour en parler, dit-il sarcastiquement.

    — J'ai discuté avec lui à propos de sa vie, de lui et je n'ai rien appris à part le fait qu'il aime le billard, les courses hippiques et la chasse... Il m'a aussi raconté l'histoire de sa famille mais je dois avouer que ça n'a absolument aucun intérêt. Seule bonne nouvelle, il a l'air de m'apprécier au point qu'il a même posé sa main sur ma jambe pendant la discussion, marmonnais-je pour moi-même.

    — Quoi ? Bon sang Elie, il a osé te toucher ! s'emporte-il en se levant du canapé brusquement.


    Je suis très étonnée du comportement vif du jeune homme. Je ne pensais pas qu'il réagirait aussi brutalement. On pourrait croire que le simple fait d'imaginer cet homme me toucher le révolte au point de vouloir le tuer. Il n'ose même plus me regarder et préfère contempler la peinture d'un lac accrochée au mur sur sa droite, les mains dans ses cheveux.


    — Calme-toi Aydan, dis-je en me levant à mon tour. Il ne s'est rien passé de plus et je crois que j'ai même trouvé le moyen de nous débarrasser définitivement de lui.


    En disant cela, j'espère parvenir à le calmer. Son regard semble pourtant toujours fasciné par l'oeuvre suspendue à l'autre bout de la pièce. Je pose doucement ma main sur son épaule. Ce geste inhabituel pour moi à au moins le mérite de lui faire tourner la tête.


    — Il faut que nous allions chez la sorcière, Monique Delasseau, annonçais-je. Elle pourra peut-être nous fournir ce dont nous avons besoin...et de trouver enfin le moyen de rentrer chez nous.


    La dernière partie de la phrase semble le ranimer. Il me lance un sourire triste avant de se rasseoir sur le sofa, la tête entre ses mains, ses coudes soutenus par ses genoux. Je le rejoins une nouvelle fois sur le divan.


    — Tu sais depuis combien de temps j'attends ça ? me demande-t-il en se redressant. Trente ans. Ça fait trente ans que j'attends de pouvoir retourner à mon époque, que je n'ai pas revu ma famille. Je ne me fais plus d'illusion Elie, cette sorcière risque de nous dire que c'est impossible. Je ne veux juste pas que tu risques tout jusqu'à te mettre en danger pour quelque chose qui est irréalisable. Tu te fais de faux espoirs, nous sommes condamnés à rester éternellement comme ça, à demeurer jeunes jusqu'à ce que tout notre entourage vieillisse et que nous devions partir pour cacher ce que nous sommes : des monstres. Tu ne sais pas ce que c'est, tu n'as pas eut à affronter le regard soupçonneux des gens, leurs questions sur le fait que tu n'aies pas prit une seule ride en dix ans, tu ne sais pas ce que ça fait de te retrouver seule au monde !


    Je n'avais jamais vu Aydan aussi pessimiste. Ses paroles me font l'effet d'un coup de couteau en plein coeur. Le simple fait d'imaginer ne jamais revoir mes parents m'est insupportable et je refuse de le croire. Il est simplement abattu par le fait que je n'ai rien appris de spécial sur Northwood, c'est tout j'en suis sûre.


    — Non tu as tord, ça n'arrivera pas, m'exclamais-je en me levant d'un bon pour me diriger vers la porte. Je vais rechercher Aimée, que tu sois avec moi ou pas !


    Sur ce je pousse violemment la double porte et quitte cette atmosphère devenue insupportable. Comment Aydan peut-il me dire ça ? Je croyais que nous pensions tous les deux rentrer chez nous, à notre époque, mais j'ai dû visiblement me tromper. Je longe le couloir aux murs défraichis. Il fait une chaleur étouffante, mes mains sont moites, mes vêtements me paraissent soudain trop épais, ma respiration devient courte. J'ai l'impression que même mes yeux veulent suer toute leur colère. Je franchis la porte d'entrée lorsque je sens une larme fraîche tracer une ligne humide sur ma joue brûlante. Je la chasse d'un geste rapide de la main. Dehors, le soleil s'élève doucement en baignant la ville d'un halo blanchâtre qui m'aveugle presque. Je dois retrouver Aimée. Hier, elle a informé Marie-Anne qu'elle allait en ville. Elle n'avait aucune voiture alors cela à dû lui prendre plusieurs heures pour atteindre le centre-ville. Je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi mon double voulait se rendre à tout prix  là-bas. Elle m'a pourtant assuré qu'elle s'était enfuie de l'orphelinat alors pourquoi vouloir y retourner ? Et où a-t-elle passé la nuit ? Le gravier bruisse sous mes pas décidés. Puisque je ne peux pas conduire, je me rendrais en ville à pied, comme Aimée, et qui sait, peut-être la trouverais-je sur le chemin. Mais elle ne te fait pas confiance, me murmure ma conscience. Je me rappèle soudain qu'Aimée ne veut aller nul part sans Aydan.


    Je continue ma progression à travers l'allée des Bloomingdale. Celle-ci est large, un immense chemin de gravier encadré de part et d'autre par des lignes de gazon parfaitement tondues et parsemées de fleurs de toutes les couleurs. J'arrive maintenant au bout du sentier de gravillons. J'admire l'immense barrière en fer forgé noir de la propriété qui semble délimiter la rue et la demeure, isolée par des rangées de saules pleureurs. J'ouvre légèrement un battant de la grille puis sors dans la rue. Je tente de me rappeler le trajet qu'Aydan et moi avons pris lorsqu'il m'a emmené dans le vieux carré. Il faut prendre à gauche, me rappelais-je. Aussitôt ma direction prise, je manque de percuter quelqu'un de plein fouet. Je remarque presque immédiatement qu'il s'agit d'Aimée. Sa présence me trouble toujours autant, j'ai l'impression de me tenir devant un miroir qui transforme mes vêtements. Elle me toise de haut en bas et je crois distinguer une mine de dégoût sur son visage. Alors c'est cela que je lui inspire : du dégoût ? Je lui saisis l'avant bras de peur qu'elle ne détale comme un lapin et j'ai l'étrange sensation que quelqu'un me serre le poignet aussi fort que je le fait avec Aimée. Je desserre un peu ma prise.


    — Où étais-tu passée ? lui demandais-je.

    — J'étais en ville, me dit-elle précipitamment.

    — Je croyais que tu ne voulais plus jamais retourné dans cet orphelinat, dis-je, intriguée.

    — Plutôt mourir, s'exclame-t-elle.

    — Alors qu'y faisais-tu ?

    — Je n'ai pas à me justifier auprès de toi, crache-t-elle si bien que je me rend compte qu'elle n'est plus la petite fille innocente et apeurée que j'ai cachée dans la chambre d'ami hier.


    J'entends le crissement des gravillons derrière moi. Aydan vient se poster à mes côtés, tout sourire pour Aimée. On pourrait croire que l'on ne vient pas de se disputer et pourtant les mots du jeune homme ne cessent de me revenir en mémoire. Tu te fais de faux espoirs, nous sommes condamnés à rester éternellement comme ça... Je constate que mon sosie à soudain changé d'attitude et que son ton amer s'est transformé en voix douce et innocente lorsqu'elle ajoute :


    — Oh Aydan, je suis si soulagée, je croyais m'être perdue dans ce quartier immense hier...

    — Où as-tu passé la nuit dans ce cas ? lui demande l'intéressé.

    — J'ai erré dans les rues, j'ai eux tellement peur, si tu savais...


    En disant cela, je constate qu'elle le regarde d'une manière presque...possessive. Elle incline légèrement la tête vers le bas et lève les yeux vers lui pour le regarder. Je dois dire que je n'aurais jamais imaginé voir mon propre visage utilisé cette technique d'approche pour un garçon. Pour ma part je ne cherche pas à être proche les garçons et eux ne cherchent pas à être proches de moi non plus, du moins c'était le cas en 2020. Je me rappèle encore la discussion que j'ai eux avec ce garçon, Shawn, au lycée et je ne sais pas ce qui se serait passé sans l'intervention d'Anna. Depuis ce jour j'ai été montré du doigt dans les couloirs du lycée pour cause que je ne savais pas faire une simple phrase en présence d'un garçon. Bien sûr il fallait se douter que Shawn et sa bande d'amis allaient faire circuler le fait que j'avais été complètement ridicule et j'imagine qu'ils ont dû ajouter leurs propres détails à l'histoire.


    Je vois le regard inquiet que lance Aydan à mon double et je ne peux m'empêcher de penser que j'aurais voulu que quelqu'un ait ce regard pour moi en 2020. Aimée est satisfaite, cela se voit. Je n'arrive pas à comprendre ce changement de comportement lorsqu'Aydan apparaît : elle est agressive avec moi alors qu'elle devient douce comme un agneau avec lui. Si je connaissais aussi bien ce visage, je dirais qu'Aimée est amoureuse d'Aydan. Je l'ai moi-même arboré un jour pour quelqu'un, pas très longtemps cependant...


    — Il faut que tu retournes dans ta chambre d'ami, je te trouverais d'autres vêtements mais il ne faut surtout pas que Marie-Anne ou James ne te voient avec moi, dis-je en inspectant les alentours.

    — Elie a raison, confirme Aydan et je crois voir une étrange mine résolue sur le visage de « ma jumelle ».


    Je me dirige vers la maison des Bloomingdale d'un pas précipité. J'entends d'autres pas derrière moi, j'en conclus donc qu'ils m'ont suivi.  Nous arrivons devant le perron lorsque le gravier de l'allée crisse plus que d'habitude, comme si un poids plus important écrasait chaque caillou. Comme une voiture. Je fais volte-face pour apercevoir une magnifique voiture couleur bronze avancer vers nous. Je n'ai jamais vu ce véhicule auparavant. Et ce n'est pas la voiture de James. Je veux emmener Aimée à l'intérieur lorsque je me rend compte qu'elle n'est plus à côté de nous. Aydan me lance un regard surpris que je lui rend. Elle était ici il y a à peine une minute. Je la vois se diriger vers le véhicule. Mais que fait-elle ? Elle n'espère tout de même pas trouver de l'aide auprès de ces nouveaux arrivants, si ? Elle essaye de te doubler, me souffle ma raison, il est plus facile de faire passer le deuxième double pour l'étrangère plutôt que l'inverse. J'ai compris. En faisant cela, Aimée à inversé la situation : ce n'est plus à elle de se cacher des autres, mais à moi. Les deux personnes dans la voiture sont un homme -d'une cinquantaine d'année environ- habillé d'un magnifique ensemble de jour blanc accompagné d'un chapeau plat sur la tête, et d'une femme du même âge apprêtée d'un chemisier beige ample ainsi que d'un pantalon blanc large et droit. Ses cheveux noirs coupés courts et ondulés sont en partie cachés par un chapeau cloche blanc entouré d'un énorme ruban noir. De ma position, je ne distingue pas bien ses traits à cause d'une quantité excessive de fard à paupière noir et de rouge à lèvre rouge mais je ne peux que constater sa prestance et le chic dont elle fait preuve. Cette femme doit être redoutable, me dis-je mentalement. Normal, c'est ma mère, m'informe une autre voix de mon subconscient.


    Alors c'est vrai, Cécilia est toujours là, dans ma tête.





Bonjour à tous ! C'était le chapitre 12 de Contre le Temps : 20's ! Je l'ai enfin terminé ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ! Et désolée pour l'attente surtout !


Bonne journée à tous !

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