Chapitre 7~ tome 2
Kaylee
— Ici c'est ta chambre. J'ai préféré te mettre en bas, comme ça tu ne risque pas de faire une chute d'escaliers.
Peut être qu'elle devrait. Et qu'enfin elle sortira enfin de vos vies. Suggère sournoisement, la voix diabolique qui loge dans ma tête.
Sonia, inconsciente de ce que qui se passe dans ma tête, balade son regard inexpressif dans la chambre d'invité que j'ai fait expressément aménager pour son confort. Des yeux elle parcourt le lit bien dressé, les murs mauves, la fenêtre qui donne directement sur le jardin, et revient les poser sur moi.
— Merci Kaylee.
— J'ai engagé une infirmière à plein temps qui surveillera ton état comme me l'a recommandé le docteur Dubois.
Elle hoche la tête en signe de compréhension et se dirige vers la fenêtre. Son visage pâle est parsemé de bleu, et ceux de son bras prennent une teinte violacé. Ceux des membres inférieurs sont recouverts par le pantalon ample que je lui ai prêté. Ses cheveux recouvre le bandage qui résulte de son opération. Elle est dans un bien piètre état. Je grimace en imaginant la brutalité du choc qu'elle a subit lors de l'accident.
La pauvre.
Ta gentillesse te perdra.
— J'ai déjà vécu dans cette maison ?
— Je ne sais pas... Mais tu y es sûrement déjà venue. Pourquoi ?
— J'ai eu quelques bribes de souvenirs, quand nous y sommes entrées.
— Des souvenirs... Tu te rappelles de quoi ? Fais-je vivement.
— Pas grand chose. Des voix, des sourires, Travor et moi. C'est tout.
— Je vois. Ben... J'y vais, j'ai dû travail.
— Travor sait que je suis ici ? Observe t-elle sérieusement en se tournant vers moi.
Je déglutis. Bien sûr qu'il n'en sait rien. Je profite de son absence pour t'héberger. Depuis son départ il y a deux jours, j'ai tout mis en oeuvre en cachette avec l'aide de Franck, pour que Sonia vienne habiter chez nous. Après l'avoir convaincu de signer les documents d'autorisation de sortie, j'ai pris les choses en mains.
— Pas vraiment.
— Pas vraiment ? Ou... Du tout pas ?
— Du tout pas. Avoué-je malgré moi.
— Pourquoi, décides tu de m'aider au dépend de ton mariage ?
Bonne question !
— À vrai dire... Je n'en sais rien. Je suis juste mon intuition.
— Elle te dit quoi ton intuition ?
— Que tu as besoin de mon aide.
— Je ne sais pas ce que tu cherches véritablement. Mais je te préviens qu'il vaut mieux ne pas chercher à déterrer les secrets du passé. Ils peuvent t'éclater à la figure.
— Merci pour l'avertissement. Marmoné-je, affablement.
— Je peux avoir un verre d'eau ? J'ai la gorge sèche.
— Sers toi. Il y a une carafe sur la table basse juste devant toi. Indiqué-je en lui pointant du doigt la table.
Un sourire que je ne saurai qualifier, éclaire son visage et s'éteint aussitôt qu'il est venu. Pensive je sors de la pièce.
Rien ne prouve que j'ai pris la bonne décision en la ramenant chez nous. Le future me donnera raison... Ou non...
Après les dernières recommandations, faites aux employés, je me rends à l'entreprise pour vaquer à mes occupations diverses. Il faut bien que je pense à autre chose à part Sonia et son histoire trouble. Une fois dans mon bureau, je consulte mes mails. Il faut que tout soit parfait pour l'ouverture de l'orphelinat.
Heureusement, l'ombre de David ne plane plus sur moi, je peux enfin être moi même. Les enfants ne courent plus aucun danger maintenant.
Mes idées dérivent étrangement sur Nel. Il serait si fier d'assister à la consécration de nos efforts.,
Je me demande ce qu'il fabrique. Est ce qu'il pense à moi ? Devrais-je le contacter ? J'ai l'impression qu'il a coupé tous les liens avec moi. Comme s'il avait besoin de mettre de la distance entre nous.
Je m'en veux tellement de le faire souffrir, mais je m'en veux encore plus de n'avoir aucune de ses nouvelles.
Qu'elle piètre amie je fais ! Même sa sœur ne veut rien me dire sur lui. Et si je lui envoyais un mail ? Oui... Peut être que je devrais même lui raconter pour Sonia. Il a toujours des pensées réfléchies et bien mûries.
Est-ce une bonne idée de lui en parler ? Il a tant fait pour moi. La meilleure chose que je peux faire, c'est rester à l'écart et lui permettre de vivre enfin pour lui.
L'icône en forme d'une grande enveloppe fermée, clignote et me sort temporairement de ma réflexion.
Sans me presser, j'ouvre le mail en un clic.
Ma respiration se bloque un moment, et je cligne des yeux pour mieux relire, le message assez terrifiant qui se dessine devant moi:
Expéditeur : inconnu
Objet : Vengeance
« Savoure bien les derniers instants de tranquillité que je te permets de vivre. Si tu pensais avoir souffert dans le passé, ce n'est rien comparé à ce que je vais te faire subir. Avant tu n'avais rien, aujourd'hui tu as tout. Un mari, une famille, des gens qui t'aiment, un travail, une renommée. Je te prendrai tout jusqu'à ce que tu me supplie de t'achever. Je n'aurai aucune pitié pour toi, comme tu n'en a pas eu pour moi.»
P.S : Ne te creuse pas la tête pour savoir qui je suis. Tu le sauras quand je le voudrai. Et ce jour là, il sera trop tard.
Je relis le mail, pour la millième fois sans rien y comprendre. Qui est ce ? Et pourquoi cette personne me voue t-elle autant de haine ? Colère, peur, appréhension, une multitude de sentiments contradictoires, s'emparent de moi et j'en tremble. Je suis prise d'un rire histerique.
— Ça ne va pas recommencer ! Murmuré-je, pour moi même. J'essaie sans y arriver de me convaincre que c'est une mauvaise blague. Juste une mauvaise blague.
Je referme brusquement l'écran de l'ordinateur, après avoir effacer le mail perturbateur.
Reprend toi Kay. C'est juste un message, rien du tout. Combien de personnes reçoivent par jour des messages de menaces ?
Une centaine !
Je n'ai donc pas à m'en faire. Tout ce passe bien actuellement, je n'ai pas d'ennemis, David est mort.
Tu oublies Victoria?
Victoria ?
Et Sonia !
Sonia ? Mais pourquoi ? Que lui ai je fait ? Et puis, je préfère ne pas me faire un sang d'encre pour rien. Il faut que je marche.
— Détends toi Kaylee, ce n'est rien.
Il faut que j'appelle Travor. Sans perdre une seconde, je me mets à la recherche de mon portable. Ma main tremble tellement qu'il me glisse des mains.
Je parviens enfin à me calmer et à lancer l'appel.
Il décroche à la deuxième sonnerie.
— Allô ma chérie ?
— Travor ! Lancé-je avec angoisse.
— Que se passe-t-il ?
— J'ai reçu...
Un éclair de lucidité me traverse l'esprit. Si je le lui raconte pour le mail, il va rentrer par le prochain vol. Alors que Sonia vient juste d'emménager. À cause de ma paranoïa, je risque de foutre en l'air ses chances de guérison. Travor ne tolérera pas sa présence, et elle devra partir. Mais je crains pour sa santé, et j'ai justement rendez-vous demain avec son médecin, le docteur Calvin.
— Kaylee ? Tu vas bien ? C'est le bébé ? S'affole t-il au bout du fil.
Il faut que je me décide rapidement.
Lui dire ou ne pas lui dire.
Lui dire ! Me crie ma conscience.
Ma décision est déjà prise, je prends une grande inspiration et adoucie le ton de ma voix.
— Tu te fais trop de soucis pour moi. Je voulais te dire que j'ai reçu la maquette finale du design intérieure de la DavCoy Sirax.
— C'est une excellente nouvelle ! Mais, au son de ta voix j'avais l'impression que tu étais dans tous tes états. Elle ne te plaît pas ?
— Tu te fais des idées. Elle est splendide. Le rassuré-je, en refreinant mon besoin d'être moi même rassurée.
— Tu es certaine que c'est la véritable raison de ton appel ? Je peux rentrer si tu...
— Non, ne fait pas ça. Il ne faut surtout pas interrompre les négociations, pour moi.
— Combien de fois vais je devoir te le dire pour que tu comprennes. Toi et notre enfant êtes ma priorité princesse. Rien n'est plus important que votre bien être.
L'émotion me noue la gorge, et je nettoie précipitement les larmes qui dévalent sur mon visage. Dans quoi me suis je encore fourrée ?
— Kaylee... Tu m'écoutes ?
— Oui... Oui... Évidemment ! Réponds - je précipitement.
— Je vais écourté mon voyage.
— Non ne fait pas ça s'il te plait. Je vais bien, et puis ma mère est là, il y a Sol, Zack et même Jared pour prendre soin de moi.
— Ne sors pas sans Franck d'accord ? Finit-il par capituler.
— Oui.
— Reste loin de Sonia. Je ne veux pas d'un quelconque rapprochement entre vous. On a fait ce qu'on avait à faire, pour sa santé.
Je mords un doigt, en grimaçant.
Oh la la ! Si seulement tu savais qu'elle offre le gîte à ton ex sous votre toit !
— Humm...
— Kay !
— Oui ?
— Promets moi de rester en dehors des histoires de cette femme. Je sais que tu veux l'aider mais c'est fini, on ne peut rien faire de plus.
— Et si... Elle avait besoin de compagnie ?
— Qu'elle s'achète un chien ! Ironise t-il cruellement.
— Travor !
— Crois moi Kaylee, si elle a été capable de me tromper et de laisser mourir sa fille par pure égoïsme, je ne pense pas qu'elle mérite la moindre compassion de ta part. Vous n'êtes pas pareilles. Tu es aussi généreuse, qu'elle est égoïste.
— Elle m'a dit qu'elle t'aime toujours.
Un silence se fait au bout du fil et, un rire narquois me parvient ensuite aux oreilles.
— C'est tant mieux pour elle.
— Elle semblait sérieuse. Insisté-je.
— C'est le cadet de mes soucis.
— Et si tu découvrais que tout ce qu'elle à fait était justifié d'une certaine manière et que... Tout ne s'est pas déroulé comme tu le penses. Tu reviendrais sur ta position à son égard ? Demandé-je douloureusement.
— Il n'y a pas d'explication plausible à sa cruauté kaylee !
— Je sais mais et s'il existait une infime chance que tu te sois trompé sur son compte ?
Je l'entends soupirer.
— Si c'était le cas, ce qui tout à fait impossible, je crois que je serai le plus gros con que la terre ait porté. Pour ne pas avoir vu ses véritables motivations. Ça y est tu es satisfaite ?
Ce n'est pas ce qu'elle veut savoir. Elle veut savoir si tu regretterais ton mariage avec elle si tu découvrais la vérité sur l'histoire de Sonia.
— Et c'est tout? Remarqué-je d'une petite voix.
— Ma chérie, pourquoi te torturer l'esprit avec ces idées ? Sonia est comme elle est. Rien ne justifie ses actes. Oublions la, ne parlons plus d'elle s'il te plait.
— J'aurai du mal à l'oublier tant que le spectre de votre passé plane sur notre relation.
Il soupire une nouvelle fois, plus bruyamment que la première fois.
Malgré tout, je crains qu'il ne l'a reprenne un jour si mes doutes sont avérés. Et s'il retournait avec elle ? Et si sa culpabilité le jettait tout droit dans ses bras à elle ? Et si cette nouvelle menace, détruisait notre couple ?
Pourquoi cherches tu alors a découvrir la vérité si tu crains qu'il t'abandonne ?
Parce que je ne dois pas prioriser ma sécurité. Parce qu'il mérite de connaître la vérité et parce que je sais qu'il se mépriserait s'il s'avérait que toute la rancœur qu'il a entretenu pendant toutes ses années n'avait en effet aucun lieu d'être. Et je sais qu'il m'en voudrait si je le lui cachais. Mais aussi parce que réellement Sonia n'est pas à blâmer, je voudrais qu'il me choisisse par amour et non à cause de ce foutu testament ou du bébé.
Mettre son amour à l'épreuve...
C'est risqué.
Mais nécessaire pour moi. Ce serait l'ultime preuve de son amour.
— Kaylee ?
— Oui ?
— Notre mariage ne devrait plus tenir à la date convenue.
Quoi ?
— Pardon ? Tu veux qu'on repousse la date ?
Je bredouille en me m'aggripant à la table de mon bureau pour ne pas vaciller.
— Bien sûr que non, petite peureuse. Au contraire. Je voudrais qu'on l'avance. Je te propose d'aller à Vegas nous marier à mon retour. Rien que toi et moi et notre enfant.
De la peur, je passe à la stupeur. Un rire nerveux m'échappe. Qu'est qu'il peut être extravagant et créatif.
— C'est fou comme idée !
— Elle te plaît ?
— En réalité tu es pire que Jared. Tu es fou ! Je glousse ravie.
— Je suis fou d'amour pour toi ma princesse. Je t'aime, et s'il faut que je te kidnappe pour faire de toi une nouvelle fois ma femme je le ferai.
Mon cœur se serre et une sensation de bien être se répand en moi.
— Oh...
Murmuré-je à défaut de paroles sensées. Submergée par un raz de marée d'émotions je me sens étrangement légère. Je flotte.
— Tu es d'accord pour ma proposition ?
— Je vais y réfléchir. Minaudé-je avec une légèreté feinte.
— Je saurai te convaincre.
Dis lui pour le mail... Dis lui !
— Travor... Il y a quelque chose que je ne t'ai pas dit.
— Quoi, dis moi.
— Aujourd'hui je...
— Quoi ? Pourquoi hésites tu ? Ah je sais, tu regrettes de ne m'avoir pas accompagné c'est ça ? Suggère t-il, taquin.
Détrompe le, et explique lui tout.
— Non... Enfin oui c'est bien ça. Je regrette. Tu me manques énormément.
Kaylee, Kaylee, Kaylee ! Tu n'apprendras donc jamais ?
— Je rentre très bientôt. C'est promis mon amour.
— Tu vas rentrer pour l'ouverture officielle de l'orphelinat ? C'est dans trois jours. Demandé-je habilement pour savoir de combien de jours je dispose.
— Malheureusement non, tu sais que j'aurai voulu y être. Mais les échanges avec cet homme ne sont pas encore fructueux. Je sais combien ce jour est important pour toi et je m'en veux terriblement.
Naturellement je suis déçue, mais rassurée. Il ne rentre pas cette semaine. Dans trois jours nous serons samedi.
— C'est dommage, j'avais réservé une lingerie sexy et très spéciale pour qu'on célèbre l'événement dans notre chambre.
Je perçois clairement qu'il se râcle la gorge et je sens naître sur mon visage un sourire béat.
— Que dirais tu d'un report de date ? Garde cette lingerie bien au chaud pour mon retour. D'accord ?
— D'accord.
— Tu me manques aussi ma chérie ! Ajoute t-il, avec un ton plus sérieux et plus entraînant.
— Je t'aime...
— Je t'aime bébé.
C'est tout ce que je veux... Que tu m'aimes. Envers et contre tout...
Coucou !
Un nouveau chapitre plutôt curieux. Qui se cache derrière ce ✉ mail ? Vous comprenez mieux les intentions de Kaylee ? Elle cherche à être certaine des sentiments de Travor, mais est ce la bonne manière ?
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