7. La druidesse
La druidesse n'a rien d'une devineresse.
Elle passe dans les bois silencieuse ou au travers des chants celtes si doux que cela ne risque pas d'offenser les divinités, villageois, confrères ou chefs.
La druidesse n'a pas le droit d'exercer le druidisme.
Elle a beau respecter la forêt millénaire, préparer des concoctions, tenir son savoir secret, hérité de la tradition des érudits et doctes druides ; avoir eu pour maître un druide renommé : non jamais, la druidesse n'a pu véritablement être acceptée comme ses confrères masculins.
Ils la nomment guérisseuse, sage-femme, parfois sorcière, mais point druidesse.
Elle s'habille pourtant comme l'un d'entre eux, elle n'a rien révélé aux profanes, elle n'a pas usé de son talent, son savoir à des fins personnelles, complètement impliquée pour le bien de la communauté.
La druidesse patiente, un beau jour, ils la reconnaîtront pour ce qu'elle est et ne la jugeront pas à sur le critère de son sexe. En attendant, elle est tenue éloignée, méprisée or cherchée dès que la maladie les touche ou qu'il faut éduquer les enfants ou interpréter les signes divins sans lui accorder son titre honorifique.
Qu'est-ce que cela a d'horrifique que de la considérer en druidesse ?
Qu'a t-elle commis ou non commis pour les déplaire ?
La réponse, par avance, elle la connaît, elle n'abandonne pas son combat et parcourt la forêt. Finalement, cela lui importe peu d'être reconnue, tant qu'elle demeure en son âme druidesse, que personne ne la retient d'exercer, d'aider la population et de rendre les rites !
Sa rousse chevelure longue si elle avait été accompagné d'une barbe, sans doute aurait mieux convenue au druidisme, ils la nomment tous par défaut sorcière, elle leur a pardonné. D'albâtre sa tunique ample flotte, elle déambule dans les bois, bienheureuse de tenir compagnie à la nature frémissante, d'avoir échappé au sort des autres femmes, ne pas avoir de marmaille sur les bras. Parfois, elle regrette de ne point connaître les frémissements de l'amour, oh, elle a connu des hommes, vécut des aventures mais rien de palpitant ni de passionné.
Elle passe en spectatrice bienveillante dans la vie.
Caressant l'écorce des arbres, elle susurre des poèmes coulant dans la sève, palpant les fruits de ses longs doigts marqués par la manipulation de diverses essences naturelles, la maîtrise de l'alchimie qui lui a mordu la chair de quelques brûlures, elle sait sans même les observer lesquels sont murs ou verts et lesquels sont rongés par les vers. Elle connaît tous les maux atteignant les chênes centenaires, les parasites vivant à leurs dépends et comment les purifier du mal.
Quand elle respire l'air pur de la forêt ancestrale, ses doutes disparaissent et elle s'apaise.
Après tout, il vaut mieux vivre en marge de la société en sachant pertinemment son utilité pour la faune, la flore et l'avenir de l'humanité ; que de vivre une gloire éphémère, fragile et mortifère.
Elle vit paisiblement, elle a appris une partie du secret du soin par les plantes, le dieu de la médecine Diantecht, jaloux du talent de son enfant Miach dont il a fendit le crâne pour l'avoir ridiculisé en réussissant la prouesse de greffer sur le roi estropié Nuada un bras vivant, là où il n'avait réussi qu'à greffer une prothèse d'argent, il a eu beau disperser aux quatre coins du monde les trente-cent soixante cinq sortes de plantes curatives poussant sur la tombe de son enfant prodige, les druides sont parvenus à percer une partie des secrets du savoir du talentueux Miach, génie sacrifié pour son trop grand talent qui aurait pu sauver l'humanité et sa sœur grande guérisseuse en conserva les arcanes de l'herboristerie.
Ainsi, elle connaît les vertus inattendues de l'ortie, ses propriétés médicinales insoupçonnées : améliore la digestion, le sommeil, la concentration, réduit l'anxiété, elle est hémostatique, dépurative, galactogène, régénératrice du sang ; qu'il faut en mettre des sachets de la plante fraîche près du lit du malade pour accélérer son rétablissement.
Elle sait l'armoise alliée de la femme, régularisant et provoquant le cycle menstruel, améliorant le labeur de la femme accouchant, permet de calmer douleurs nerveuses et utérines.
Elle connaît l'arbre de lumière, le goût de sa tendre écorce au goût sucré au printemps, arbre des shamans sibériens, dont l'écorce permet de purger l'organisme de ses toxines.
Elle récolte la bruyère d'été à automne, elle la conserve précieusement pour attirer les averses lors des périodes de sécheresses, la fait fermenter pour créer un hydromel au goût de soleil, l'utilise en tisane pour soigner les problèmes rénaux, agi régalement en antibiotique naturel.
Elle use de la camomille romaine pour permettre d'apaiser le corps et l'esprit ; pour améliorer la digestion..
Le millepertuis lui permet de protéger les toits de la foudre, éloigner les mauvais esprits, chasse-démon, soleil végétal rayonnant permettant d'extraire tout individu de la noire mélancolie.
La harpe des anges adoucit la voix, soigne des angines, rhumes, sinusites, toux, laryngite, elle lutte contre l'anémie, la fatigue et l'asthénie. Plantain servant de pommade, cataplasmes aux mêmes vertus que le bleuet.
La reine des près soulage des douleurs, également des morsures de serpents, ses effluves permettent aux magiciens de se dédoubler, elle en a à usé régulièrement pour ses patients et la ronce lui a appris la patience, la ténacité et à protéger autrui.
Elle rend grâce à l'aubépine, arbre sacré, protecteur des jeunes mariés, calmant les angoissés au rythme cardiaque effréné,apporte le sommeil salvateur, les couronnes d'aubépine sont à offrir aux fées pour les remercier de venir fêter l'éclosion en dansant dans les buissons odorants, arbre permettant l'accès au monde surnaturel, celui des esprits de la nature.
La vigne devient un breuvage sacré pour qui connaît la manière de la préparer, améliorant la circulation sanguine, lien spirituel et matériel, associé au mois de septembre et à l'équilibre.
La druidesse connaît également mère sureau, épouse de Pan ou mère-terre selon les traditions, gardienne de la nature, treizième arbre,rustique végétal à la croissance rapide pouvant s'accommoder de tous les sols, elle sait la différencier de l'yèble et du sureau rouge. C'est heureux quand on sait les fruits de l'yèble toxiques..Le sureau, lien entre la mort et la vie ; associé au culte de la mort, incarnant la renaissance dont le bois taillé confectionne des flûtes pour converser avec les morts, se régénérant toujours, il symbolise la vie éternelle.
Jamais au grand jamais, il ne faut couper l'arbre sous peine d'attirer le malheur sur tous car dans le creux du tronc vivent esprits de la forêt et fées. Et elle veille bien qu'aucun bûcherons n'osent commettre ce délit ! Le bois de sureau, elle en possède pour tous un tas d'objets aux pouvoirs de guérison magique.
Et que dire du gui, plante rare poussant en hauteur des arbres, associée aux druides dès leur naissance, végétal sacré aux propriété mortelles pour l'Homme qui pourtant se porte en talisman à la ceinture, symbole de vitalité et même d'immortalité car jamais ne fane, toujours demeure d'un vert éclatant. Elle sait comment le cueillir, ne point user le fer de sa serpe, toujours à la main tenir délicatement la belle plante, quand accomplir le rituel de découpe, sous quelle lune et quels auspices favorables.
Plusieurs printemps passent, les chefs se succèdent, inimitiés et amitiés se forgent. Tout se fait et se défait dans une accalmie, une tranquillité parfois feinte et souvent vraie.
Ils ont appris à la respecter, tandis qu'elle à les supporter et aimer.
Qu'ils ne la nomment point druidesse ne l'affecte plus, ses cheveux d'un roux vif se sont éclairci, avec la blancheur de sa tête, vint le temps de l'hiver, de la sagesse, sans pour autant abandonner ses prérogatives ou décliner, elle sent paradoxalement au crépuscule de sa vie, sa force s'accroître et non chuter.
Tandis qu'elle se rend, de sa voix toujours jeune, en entonnant les chants des druides, encore dans les bois, converser avec la nature, esprits et se ressourcer ; un petit enfant vint l'aborder.
Elle le connaît car à la vérité, il n'y a pas de membres de la communauté qu'elle ignore, elle a aidé à mettre au monde la progéniture de toutes les femmes du village.
Celui-ci toujours esseulé, cela ne l'étonne pas qu'il vienne à sa rencontre, profiter de sa vieillesse sûrement pour obtenir de l'attention et des conseils.
Mais ce qu'il lui déclare à l'orée du bois la surprend grandement :
« Madame la druidesse, puis-je devenir votre disciple ? Personne ne souhaite que je devienne leur apprenti, je suis trop maladroit ou trop effronté, trop paresseux ou trop appliqué, trop perfectionniste ou trop peu soigneux.. J'ai toujours rêvé d'être barde ! S'il vous plaît, enseignez-moi le druidisme ! Vous avez toujours été bonne pour moi. »
Étonnée, elle rit, enfin on la nomme druidesse !
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro