4. Cruel Zéphyr ou Ωμον Σεφυπεισ
ATTENTION, ce conte antique contient une scène de sexe explicite homosexuelle, si vous êtes sensibles, cardiaques, je vous conseille de vous abstenir. Vous êtes avertis. Bonne lecture !
Bel éphèbe, Hyacinthe fils de roi se montra si rayonnant, si attirant que tous les dieux se mirent à le convoiter, Aphrodite, Hermès et le solaire Apollon. Superbe jeune homme, semblable à Adonis ou Narcisse dont chaque divinité chercha les faveurs. Ce fut Apollon qui obtint son cœur, il n'eut pas à vaincre quiconque, ni même à terrasser un python pour se montrer conquis. Le dieu, frère de la lunaire et chasseresse Artémis prit plaisir à le contempler flâneur, jouant au javelot et au lancer de disque.
Ce fut heureux que le jeune prince ait cédé aux ardeurs de Phoebus, celui-ci n'est guère réputé pour sa tempérance ou son bon tempérament lorsque les mortelles se refusant à lui. Ainsi une vestale ne souhaitant pas rompre ses vœux de chasteté le paya amèrement, il la maudit en lui conférant un don extralucide qui jamais ne sera pris en compte par autrui et causera le malheur de la prophétesse. Daphné pour échapper aux caresses divines dut renoncer à sa forme humaine, constatant sa peau se changer en écorce, sa chevelure en feuilles et son sang en sève.
Vraiment, il ne vaut mieux pas décliner les faveurs du dieu solaire se faisant si souvent vengeur. L'amour vivace, vertigineux meurtrissait le cœur du mortel, le bel éphèbe fascinant le divin Phoebus car étant un formidable athlète et un apprenti philosophe.
Ainsi, il forme le prince aux Arts, aux chants primordiaux, à la danse et lui apprend à jouer de la lyre. Également, il l'entraînait à la métrique complexe de la poésie épique pour rivaliser avec Hésiode et Homère.
Bienheureux jours à l'ombre des regards et du soleil ; à écouter la nature s'éveillant, à profiter d'une brise légère et de la compagnie d'autrui. Hyacinthe se lovant dans les bras puissants,souhaitant faire corps avec Apollon, ne jamais le quitter, or il fallait bien rejoindre l'olympe, laisser son mortel adoré se languir un peu de son absence pour revenir triomphant.
La course du soleil n'en est que plus séduisante, accompagnée par son représentant, ses rayons désirés, cherchant à se dorer la peau. Lorsqu'il parcoure le corps d'éphèbe, n'omettant aucunes parties, il lui donne des coups au cœur et des coups de soleil. Hyacinthe s'en moque, c'est là le prix à payer pour obtenir ses caresses, se sentir désiré, il se blottit tout contre lui, apaisé, se nourrissant de son aura majestueuse, confiant à l'avenir, rayonnant de joie. Mais elle ne dura pas, car sur le jeune homme veille un autre dieu jaloux, voulant le réclamer, donc s'attirer les foudres du rejeton de Zeus.
Il s'agit de Zéphyr, vent de l'ouest, grand insatisfait de ce monde, il se sent abusé par les olympiens, lui à courir le monde, tel un vagabond, à souffler à tous vents, il aimerait tant avoir un peu de repos, respirer aux côtés d'un splendide mortel. Voilà pourtant que l'objet de ses désirs tombe dans les bras d'Apollon qui le câline, baise ses belles lèvres frémissantes ! Et Zéphyr, impuissant devant ce spectacle enrage. Pourquoi lui ne peut se voir accorder un peu de bonheur en ce bas monde ? Pourquoi il s'agit inlassablement des mêmes qui voient leurs efforts récompensés ? Comment inverser la tendance ?
Il eût beau réfléchir, rien ne lui vint à l'esprit pour fléchir Hyacinthe, le rallier à sa cause et changer son amour en haine. Il voulut se venger du dieu, lui prouver que l'on ne peut sans cesse s'abroger du destin, le contempler verser des larmes devant une dépouille aimée, un amant inanimée bercé par la nature, car si Zéphyr ne pouvait posséder pas l'éphèbe, il jura que personne ne le pourrait et surtout pas ce bellâtre d'Apollon. Ainsi, il ruminait de sombres desseins, de plans tortueux, sa jalousie se montre venimeuse et déclare à qui veut l'entendre qu'une telle chose ne peut demeurer et qu'il est prêt à commettre tous les crimes passionnels pour soutirer le jeune prince des griffes solaire de ce Don Juan de pacotille, ce m'as-tu vu se pavanant avec des muses lui étant toutes dévouées !
Puisque le vent de l'ouest, non démuni avait une idée terrible pour souffler sa vengeance en un vent mauvais. Après tout, ce n'était que justice à accomplir face à tous les méfaits du dieu qu'il se plut à énumérer : « Apollon, meurtrier de python, fondateur de l'école des pythies, tu es un piètre dieu ! Tu ne souffres aucunes éclipses à ton talent, lorsque lors d'un concours Marsias, le maître silène charme son auditoire par une musique envoûtante, tu ne fus pas bon joueur, tu ne lui accordes pas la victoire. Non tu préféreras l'attendre et l'écorcher vif ; suspendre sa peau à une branche à l'entrée d'une grotte, tel un avertissement à l'égard des futurs concurrents, que personne ne s'avise à te ridiculiser, sinon voici le sort réservé !
Comment vénérer une telle cruauté ?
Je me défie de toi Phoebus, tu feins le calme pour mieux brûler tout opposant à ton règne ! Souviens-toi de tes amours passés !
Ne prends pas pour excuse la flèche d'Éros décochée à ton endroit, t'ayant rendu furieux d'amour pour une belle nymphe, Daphné a dû pour s'échapper à tes étreintes se métamorphoser en arbre. Qu'as-tu éprouvé devant cette écorce rugueuse ayant pris la place de sa douce peau, devant ses fines branches étant ses frêles bras et ce feuillage qui remplace autrefois sa belle chevelure dorée ? N'as-tu pas ressenti de la culpabilité ?
Non, ce serait trop t'en demander ! Par ta faute, elle s'est condamnée à une vie végétative, les racines fermement ancrées dans la chair de Gaïa. Et toi, aussitôt, tu recherches une nouvelle victime !
Non content de t'en prendre aux nymphes, faut-il que tu jettes ton dévolu sur une prêtresse de vestale. L'infortunée Cassandre s'est refusée à ton charme, elle a osé ne pas céder à ta lumière ayant pourtant fit succomber de si variées mortelles, naïades et dryades ; pis elle a hurlé à l'aide et vert de rage, tu la maudis. En lui offrant le don de prédiction accompagné de l'incapacité à convaincre son auditoire, tu savais l'ostraciser des siens, lui livrer la peine capitale. Te venger de son refus t'as apaisé, personne ne peut impunément se soustraire à Apollon ! Dis-moi, ô dieu solaire, as-tu ressenti de la tristesse de l'apprendre captive ? As-tu versé des larmes sur son beau cadavre nu, baignant dans la baignoire, chair blafarde de vierge dans une eau d'où son sang s'écoule ?
Non, tu as détourné les yeux pour mieux justifier tes actes, tu ne risques pas te remettre en question ou en cause. Combien furent-ils nombreux à périr de ton fait !
Et tu aimerais, en dépit de tout tes crimes passés, obtenir du tendre Hyacinthe les affections, les charmes lascifs à ton seul usage, t'en constituer un amant ! N'as-tu pas retenu la leçon ? Essayes-tu de concurrencer ton père dans le domaine des conquêtes amoureuses ? Moi, Zéphyr, je me refuse à te voir de nouveau triompher et je m'engage à venger tes victimes, quitte à en payer un tribut, verser à mon tour le sang ! »
Ainsi, il ne tergiversa pas davantage, attendant son heure avec une patience infinie.
Il contemple l'amour et les ébats avec une suprême révulsion. Il se révolte de savoir ce fruit défendu croqué si facilement accordé. Il voit Hyacinthe, fiévreux d'érotisme, frémir au toucher de Phébus, se tendre sous ses caresses, ployer en se sentant si choyé, gémir lorsque son amant palpe son membre érigé et crier son plaisir quand il sent entre ses reins le sexe rigide de son amant le percer. Se laissant malmener, caresser et fourrer sans protester. Au contraire, les cuisses ouvertes, la bouche offerte, il l'accueille avec un indicible ravissement, subi avec délice les assauts répétés contre sa prostate.
Gémissant, brûlant, enfonçant ses ongles dans le dos musculeux, agrippant ses fines jambes d'albâtre autour de son bassin, accompagnant le mouvement de balancier, tout palpitant et suppliant envers son amant d'achever son supplice, l'amener à la délivrance de l'orgasme. Les boucles d'ambre de sa chevelure s'accroche à son front maculé de sueur, son corps adhère à la tendre herbe verte, sa tête se tourne sur le côté et il semble à chaque instant à deux doigts de répandre sa semence sur son ventre laiteux. Il endure une pénétration douce puis effrénée, ses chairs s'écartent un peu plus pour faciliter l'accès et quand il sent la paume s'attarder sur son pénis si solide qu'il en est douloureux, il ne se retient pas. Il se mit à jouir de façon peu virile, appréciant de sentir la hampe cognant fortement en lui, ses hanches sont soulevées au bon vouloir de son amant qui prend un plaisir manifeste à le voir si réceptif.
Ainsi, Apollon en amant insatiable ne se contente pas d'une seule position, il la change régulièrement, s'ancre désespérément excité dans la chaude moiteur d'un anus dilaté, il cogne en lui contre un arbre le faisant haleter, le place en lordose pour l'enculer tel un animal en rut. Au comble d'une joie lubrique, Hyacinthe tend sa croupe levée, ses bras ankylosés le lâche, il demeure à demi allongé, sa belle tête au profil grec, à la bouche charnue enfouie dans un tapis de feuilles, ses yeux céruléens tantôt se fermant tantôt s'ouvrant avec la violence d'une sauvage sodomie dans ce cadre champêtre.
L'éphèbe ne se soucie plus de la possibilité d'être entendu, il s'en fêle la voix tant il soupire, hurle avec en écho les râles d'Apollon. Bientôt, il jouit de nouveau, maculant la terre d'une semence abondante, se surprend à désirer encore la poursuite de cet ébat. Ce n'est qu'au terme de longues minutes qu'enfin Phoebus se décharge entre les fesses de Hyacinthe, exsangue de l'exercice, retombant mollement dans l'herbe et les bras apaisants de Morphée. Son amant lui sourit, telle une nourrice, il le cajole, le couve du regard et le berce.
Une telle scène érotique fit bouillir de fureur Zéphyr.
Ce n'était pas tout de le torturer avec toutes ses marques d'affections, ses rires et ses chants ; il fallait en plus qu'il le ravisse de la sorte avec un appétit inextinguible devant ses yeux horrifiés et surtout très envieux.
Lui aussi rêve de caresser ce corps de ses mains et de son souffle; de l'amener à la jouissance à de multiples reprises, de contempler son visage gonflé par le plaisir, si sensuel, de boire à ses lèvres un feu palpitant d'érotisme puis d'entrer avec d'infinies précautions dans son corps aux galbes parfaites, si bien ciselé.
Au lieu de quoi, tel un voyeur, il assiste impuissant à leurs ébats, à cette vulgaire manière d'asservir son partenaire à l'humus et à violemment le prendre. Comme il enrage d'observer son rival imbu de lui-même, tout bouffi d'orgueil et de contentement. Il jure de ne pas lui laisser de répit.
C'est ainsi que lors d'une après-midi exquise, sous les rayons bienfaiteurs du soleil, Zéphyr mit sa vengeance à exécution. Apollon ne se méfie pas de ce vent traître soufflant si fort, il lance le disque à son tendre prince. Et c'est là qu'intervint Zéphyr, changeant la trajectoire, modifiant la course de l'objet qui faucha à la tête l'infortuné éphèbe. Phoebus se précipite, s'en voulant d'avoir bien malgré lui blessé son amant.
Pourtant, il ne s'agit pas d'une blessure superficielle, un sang épais si rouge se répand sur l'herbe verte. Alors le dieu se désole, il verse toutes les larmes de son corps, penché sur ce corps auparavant débordant de vitalité. Puis après avoir veillé Hyacinthe, lui avoir accordé les derniers rites, effectué un chant funèbre résonnant dans la nature impavide, il le métamorphose en une fleur qui portera son nom. Ainsi, personne ne l'oubliera, il pourra le retrouver poussant, s'épanouissant et songer à sa beauté passée. En regrettant la mort de son amant, se sentant responsable, sous les ricanements vifs du si cruel Zéphyr.
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