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- 4 - Les Préparatifs


C'était à la même conclusion que tout le reste du château avait abouti le lendemain matin. Dès lors, arpenter le palais devint un véritable défi. À chaque instant, on pouvait se faire renverser par des valets ou des femmes de chambre qui couraient dans les couloirs, les bras chargés. Habituellement, un tel comportement n'était pas admis, mais au vu de la masse de préparatifs à faire, une certaine tolérance s'était installée. La cour bourdonnait de la même fébrilité. Les chevaux devaient être sélectionnés et bichonnés, les carrosses astiqués avec soin.

Même si personne n'attendait de lui qu'il participe, Jaspe se trouva lui aussi fort occupé. Chaque jour qui s'écoulait, il passait davantage de temps dans son bureau à traiter les demandes qui s'y accumulaient.

— Les gens s'inquiètent de votre départ prochain, lui avait dit le jeune noble qui lui servait de secrétaire.

Jaspe se rendit compte qu'il avait sous-estimé son influence. Depuis deux ans, il avait commencé à s'investir dans le bien-être de la population et ce n'est que maintenant qu'il comprenait à quel point son action importait.

La plupart du temps, il était interrompu au moins trois fois à chaque séance de travail par des valets venus lui apporter de nouveaux messages. Les requêtes se suivaient, mais ne se ressemblaient pas. Invitations à des bals de bienfaisance qu'il déclina à regret ; demande de subvention pour l'orphelinat de guerre dont il était le parrain ; sollicitation de rendez-vous de la part d'un ingénieur voulant lui présenter sa toute nouvelle et révolutionnaire invention... Toutes les activités du royaume défilaient sous ses yeux.

— Quand vous serez marié, vous devrez déléguer une partie de vos occupations présentes à votre épouse, où vous ne vous en sortirez jamais, remarqua un jour son secrétaire en remontant ses lunettes sur son nez. En tant qu'héritier, vos devoirs ne feront que s'alourdir.

— Nous verrons avec elle, je m'en voudrais de la charger avec des responsabilités qu'elle n'a pas choisies, répondit Jaspe avec une légèreté qu'il était loin de ressentir.

Il essaya d'imaginer la princesse Acacia, installée au bureau voisin, les sourcils froncés devant une pile de courrier. Ils deviseraient tous deux des affaires du royaume en grignotant des sablés. Peut-être même dresseraient-ils ensemble des listes de tâches à accomplir ? Un frisson le parcourut à cette image idyllique. Attention, danger ! lui souffla son esprit. C'était exactement ce contre quoi Mère les avait mis en garde.

Jaspe se sortit de sa rêverie et se hâta de terminer son travail. Il ne lui plaisait guère de constater son absence évidente de concentration.

La veille du départ arriva bien trop vite. Jaspe passa la journée à tourner comme un ours en cage dans sa chambre. La malle grande ouverte au milieu du tapis semblait particulièrement lui poser souci. Il compta plusieurs fois les paires de gants qui y avaient été chargées. Y en avait-il assez ? Pour monter à cheval, pour un bal formel ou pour une sortie plus détendue... il aurait été impensable d'utiliser les mêmes pour toutes les occasions.

Il sortit plusieurs de ses vestes pour vérifier si les boutons avaient été correctement astiqués avant de les ranger à nouveau.

— Son Altesse préfèrerait peut-être faire mon travail à ma place ? demanda dans son dos la voix pincée de son valet de chambre qui venait d'apparaître, chargé d'une pile de linge impeccablement plié.

Pris en flagrant délit, Jaspe se redressa et croisa les mains derrière lui.

— Pas du tout, Pierre, voyons, se récria-t-il. Votre service est parfait, je ne sais pas ce que je deviendrais sans vous. J'en oublierais sans doute la moitié.

— Je vous confirme qu'une malle remplie de paires de gants ne vous serait pas d'une grande utilité au Royaume du Crépuscule.

Pierre posa la pile de vêtements sur une chaise et vérifia que le contenu de la malle n'avait pas trop été dérangé par son maître, sans se départir de son air offensé. Alors qu'il s'affairait, un coup bref retentit à la porte qui s'ouvrit sans attendre.

— Sa Majesté le roi ! annonça un garde.

Le roi Lapis entra et se dirigea droit vers son fils. Le valet de chambre s'inclina et quitta la pièce par une autre porte.

— Je vois que les préparatifs avancent bien, constata le roi avec un regard éloquent à la malle ouverte.

— Oui Père, mes affaires sont bientôt prêtes à être chargées.

— Que le Puissant Dragon d'Or en soit remercié, tu n'as pas autant de toilettes que ta sœur. Elle en a déjà fait charger trois malles. Ah, les femmes et leur vaine coquetterie...

— Béryl n'est pas vainement coquette ! protesta Jaspe. Elle sait parfaitement qu'elle a besoin de robes adaptées à chaque situation, même celles auxquelles nous ne penserions jamais. Nous devons faire bonne impression et ne rien laisser au hasard, c'est vous-même qui nous l'avez recommandé.

— Certes, certes, tu as raison...

Le roi Lapis déambulait dans la pièce, soupesant ici un bibelot, s'arrêtant plus loin devant la fenêtre.

— Je suis ravi de constater votre implication à tous les deux. J'ai d'ailleurs une dernière chose à te demander. Tu dois évaluer quel type d'homme est le prince Saule et me rapporter tes observations dès ton retour. Ce qu'il aime, ce qui le met en colère. Tâche de t'en faire un ami. Tu ne dois pas perdre de vue qu'il s'agit du futur souverain du Crépuscule.

Jaspe hocha gravement la tête.

— En ce qui concerne tes tenues, continua son père avec un peu d'hésitation, si tu déplores le manque de variété des tiennes par rapport à celles de ta sœur, je t'ai amené un accessoire qui devrait te plaire. Et qui donnera de l'apparat à n'importe quel costume.

Il fit un geste et le garde qui se tenait en retrait lui apporta un paquet allongé, très étroit. Il écarta le tissu protecteur, révélant un éclat doré. Jaspe recula d'un pas en comprenant de quoi il s'agissait.

— Votre fourreau ! Père, je ne peux accepter !

— Bien sûr que si, tu peux, insista le roi en tendant l'objet à son fils. Tu peux et tu dois. Nous devons en imposer aux Crépusculaires pour être pris au sérieux, et moi je n'en ai plus vraiment l'usage.

Jaspe se saisit du fourreau avec respect. Ses doigts coururent sur les écailles dorées qui le recouvraient. Les écailles du Puissant Dragon d'Or lui-même. Ce qui en faisait une relique inestimable, une relique que tous les précédents souverains avaient portée depuis un siècle.

Le jeune prince ne pouvait détacher les yeux du fourreau. Il était magnifique. Sous sa main, les écailles étaient lisses et froides, d'un éclat que le passage des décennies n'avait jamais terni.

— Merci, Père, s'exclama Jaspe, la gorge nouée. J'en prendrais grand soin. J'en serais digne, je vous le promets.

— Je compte sur toi, mon fils, mon héritier. Et ce présent est là pour te le rappeler.

Le roi Lapis s'autorisa une brève accolade et sortit en laissant son fils interdit de cette brusque marque d'affection.

Ce soir-là, avant d'aller se coucher, Jaspe tira du tiroir d'une commode le portrait amené par le messager qu'il avait gardé devant le désintérêt manifeste de sa sœur. Il s'assit sur le bord de son grand lit et examina longuement sa promise. Il scruta son maintien, son sourire, à la recherche du moindre indice de sa personnalité.

Serait-elle joyeuse et enjouée ? Timide et effacée ? Aurait-elle l'intelligence affûtée d'une future reine sur laquelle il pourrait s'appuyer ? Comme sa mère pour son père ?

Jaspe savait qu'il n'y avait jamais eu d'amour entre ses parents, mais leur couple formait un duo formidable à la tête de l'État. Nul ne pouvait douter de la complicité qui s'était développée entre eux au fil des années.

C'était raisonnablement la meilleure évolution qu'il pouvait espérer pour son futur couple. Il devait regarder la vérité en face. Les coups de foudre partagés étaient rares et ils ne vivaient pas dans un conte de fées.

Jaspe s'endormit tard. Son sommeil fut hanté par l'ombre gigantesque de son père qui lui rappelait ses devoirs en tant qu'héritier tandis qu'il traversait un désert sans fin.

Dès l'aube, Pierre le tira du lit en ouvrant en grand les lourds rideaux de velours de sa chambre.

— Il est l'heure, Votre Altesse, j'espère que vous avez bien dormi. Un long voyage vous attend.

Jaspe se redressa dans ses oreillers et grommela en se frottant les yeux. La nuit avait été courte. Il inspecta rapidement les vêtements de voyage qui avaient été préparés pour lui sur une chaise et parut satisfait. Il s'habilla devant le grand miroir ovale et arrangea avec soin le jabot de mousseline qui ornait sa gorge. Il quitta sa chambre sur un dernier regard circulaire.

Dans la salle à manger intime qui ne servait qu'à la famille royale, le petit-déjeuner fut vite expédié. Malgré l'élégance avec laquelle Béryl buvait sa tasse de thé, Jaspe vit aussitôt, à ses yeux bouffis, qu'elle avait passé une aussi mauvaise nuit que lui-même.

Leurs parents profitèrent de ces derniers instants en famille pour accumuler les recommandations, dont la plupart avaient déjà été données. Béryl les accueillit avec un visage neutre, tout en grignotant une brioche ronde. Elle hochait la tête régulièrement, les yeux fixés sur un point au-dessus de la tête de leur père. Aussi délicieuses que soient les viennoiseries qui leur étaient servies, Jaspe eut beaucoup de mal à les avaler et en vint à appeler un prompt départ de ses vœux.

Lorsque les assiettes furent vidées, il fut le premier debout.

Dans le grand hall d'entrée, des valets de pied leur amenèrent pèlerine de voyage et couvre-chef. Sur le parvis baigné d'un doux soleil d'automne, les carrosses rutilaient. Ils avaient été dépoussiérés avec soin, et chaque dorure avait été astiquée jusqu'à étinceler. Les chevaux attelés avaient toute aussi fière allure, le poil brossé et la crinière artistiquement tressée. Ils piaffaient d'impatience en attendant les voyageurs.

Les notables qui les accompagneraient étaient déjà arrivés et conversaient par petits groupes. Jaspe et Béryl s'avancèrent pour les saluer. Il y avait là le Grand Prêtre du Dragon d'Or, ainsi qu'un prêtre et une prêtresse qui le suivaient comme une ombre. Il gratifia les héritiers royaux d'une brève inclinaison de la tête.

— Ce voyage est une véritable perte de temps, grommela-t-il. Faire la paix avec des hérétiques est déjà bien assez douloureux, s'il faut en plus leur faire des courbettes et des sourires...

— Car le Puissant Dragon d'Or jamais ne sourit ni ne s'incline ? interrogea innocemment Béryl.

— Tout à fait, Altesse, il piétine ses ennemis sous ses griffes.

Avec un air grave, la jeune fille acquiesça lorsque l'homme écrasa son poing dans la paume de sa main.

— Nous nous en souviendrons en territoire crépusculaire, soyez tranquille, assura-t-elle avant de s'éloigner.

À quelques pas, ils reconnurent la chevelure flamboyante de dame Spinelle dont la propriétaire était en grande conversation avec le représentant du syndicat des marchands, un petit homme à la barbichette solennelle. Tous les deux s'interrompirent en les voyant approcher. Jaspe s'inclina pour baiser la main qu'elle sortit des plis du manteau jeté sur ses épaules.

— Madame, je suis heureux que vous fassiez partie du voyage, lui dit-il avec sincérité.

— J'espère que votre sœur partage votre sentiment, Votre Altesse, répliqua-t-elle. Car elle n'a pas fini de supporter ma présence.

— Que voulez-vous dire par là ? s'étonna Béryl.

— Si je vous accompagne aujourd'hui, c'est pour faire du repérage, expliqua Dame Spinelle avec mystère.

Devant l'air confondu du frère et de la sœur, elle se mit à rire.

— Dès que vos mariages seront célébrés, je m'installerais avec ma famille dans la capitale du Crépuscule en tant qu'ambassadrice, précisa-t-elle. Il faut que je commence à m'accoutumer à leur royaume au plus tôt.

C'était une bonne nouvelle. Dame Spinelle était une femme enjouée et Jaspe espérait que sa présence adoucirait les premiers mois que Béryl passerait loin du pays qui l'avait vu grandir.

Les soldats de l'escorte commençaient à se rassembler et à grimper sur leur monture sous la direction du capitaine des gardes. Ferris et Grès en faisaient partie, Jaspe y avait personnellement veillé. Les hennissements et les piétinements des chevaux, les éclats de voix des voyageurs enflaient peu à peu. Tous les membres de la délégation étaient maintenant arrivés. Les bagages ayant été chargés la veille, il ne restait plus qu'à embarquer.

Craignant que le départ s'éternise, Jaspe décida de donner l'exemple. Sa sœur au bras, il s'approcha du premier carrosse. Dans sa livrée bleue et dorée, la cochère tint la porte à ses augustes passagers avant de se jucher sur son siège. Jaspe aida Béryl à monter dans le véhicule puis il s'installa en face d'elle, le plus confortablement qu'il put sur les coussins des banquettes. L'une des demoiselles d'honneur de Béryl vint les rejoindre. Mademoiselle Agate semblait à la fois ravie et terrifiée de l'aventure qui les attendait.

— Poussez-vous, laissez-moi un peu de place, jeunes gens.

Dame Cornaline grimpa lourdement dans le carrosse et rassembla les plis sombres de sa jupe autour d'elle. C'était la sœur aînée de la reine, la tante sévère que Jaspe avait toujours redoutée dans son enfance. Les rides qui encadraient désormais sa bouche ne faisaient qu'accentuer l'austérité qui émanait d'elle.

Enfin, bon dernier, le comte Pyrite s'installa à côté de Jaspe. C'était un cousin dont son père était proche depuis l'adolescence.

— J'espère que vous avez prévu de quoi vous occuper pendant le voyage, dit-il. Nous ne sommes pas prêts d'arriver.

— Nous comptions sur votre aimable conversation pour nous divertir, cher cousin, affirma Béryl.

Pyrite gloussa de contentement en caressant ses favoris bruns. Ni lui, ni Cornaline n'avaient de rôle politique à la cour ni aucune fonction qui les désignait pour ce voyage, Jaspe en déduisit qu'ils n'étaient là que pour leur servir de chaperon.

Lorsque tout le monde fut installé, les fouets des cochers claquèrent. Enfin, les carrosses s'ébranlèrent en un long cortège que l'escorte à cheval vint encadrer.

Direction, le Royaume du Crépuscule.

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