♔Chapitre 2♔
Voici le second chapitre, pour donner un peu envie ! Pour rappel, la suite est disponible sur Fyctia ;) N'hésitez pas à aller m'y soutenir, se créer un compte ne prend qu'une minute.
Bon dimanche <3
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Après un monologue sans attrait, je me suis mise en marche. Pour ne pas penser, ne pas réfléchir, éviter de prendre conscience de la réalité proche de me percuter. Je marche vers la tâche, au loin, en restant sur le coteau de la route pour soulager mes pieds rapidement meurtris. Comme mon père, j'aime être pieds nus. Mais pas sur des gravillons qui pénètrent ma chair pour me rappeler à chaque seconde combien la douleur est bien là.
Histoire de ne pas trop m'attarder sur cette situation improbable, je discute avec Poké, étrangement resté à mes côtés. Je peux dorénavant le toucher, certes, mais j'aurais apprécié qu'il sache parler. Peut-être qu'il aurait pu m'expliquer ce qui m'arrive. Peut-être que c'est lui, le responsable. Il m'a emmené dans son monde onirique. Oui, c'est ça.
Je frissonne sous le vent vif.
J'espère, tout en avançant et en prenant conscience de la soif qui s'installe désagréablement au fond de mon gosier en plus du froid, que tout ça va bientôt disparaître et que je vais me réveiller dans la pièce de culte, entourée par des pratiquants ou des lamas inquiets par mon évanouissement. Mais le temps passe, le soleil décline, et la tache s'avère être un mur.
Non, plutôt une enceinte, un très long mur érigé sur des mètres de long. À mesure que j'approche, je distingue de nouveaux rempart, d'autres fortifications. Surélevé et au loin, j'aperçois des tours et leurs courtines.
Une cité médiévale, conclus-je en me concentrant sur la ceinture face à moi. Mes pieds me font souffrir le martyr, maintenant. La bonne nouvelle, c'est que mon cerveau cesse de chercher de la rationalité dans ce qu'il voit, trop occupé à occulter la douleur et à enfouir la peur.
Parvenue à une encablure environ des édifices, je m'arrête. Les portes dans la muraille sont ouvertes. Devant, de part et d'autre de la route, des cabanons de bois, des charrettes et des bêtes équines s'entassent dans un joyeux fouillis. Parmi tout ça, des gens évoluent, parlent fort, s'accostent à coups d'accolade, les habits à des années lumières de ce à quoi je suis habituée. Enfin, pas tant que ça, estimé-je en baissant les yeux sur ma propre tenue. Etant donné que je porte la tunique favorite de ma mère, je pourrais presque passer inaperçue. Je flotte dans le grand drap rouge au col si large qu'une de mes épaules en sort à presque chacun de mes pas. J'ai dû en retrousser les manches, aussi : elles sont supposées être bouffante et arriver presque aux poignets, mais elles couvrent mes mains.
Maman était bien plus grande que moi ; plus en formes, aussi. J'ai hérité de la corpulence rachitique de mon paternel, et je ne peux nier que mes nombreuses semaines de jeûne non désirés n'ont fait qu'aggraver les choses. Avant de partir, maman m'avait même dit que j'étais le portrait craché de mon père au même âge.
J'en ai conclu que j'avais une tête de garçon avec mes cheveux courts et mon visage poupin aux traits androgyne. Aujourd'hui, je me dis que c'était peut-être mon air de chiot battu qui a dû lui faire penser à lui.
Les minutes s'écoulent. Je reste planté en amont de la route, bancale sur mes jambes, à ne pas savoir quoi faire. Je baisse la tête vers Poké, comme pour chercher une influence de sa part. Mais il a disparu. Je pivote, le cherche du regard, en panique. Il n'est nulle part.
Une envie de fondre en larmes me saisit. Je suis solitaire et pourtant j'ai horreur d'être seule. Mon père travaille beaucoup, et ma mère a toujours fait en sorte de rentrer tôt du travail pour que je ne passe pas mes soirées seule. Elle a toujours su que mon manque de sociabilité me pesait.
Je ne sais pas ce qui me pousse à avancer, pas après pas, plutôt que me rouler en boule pour m'apitoyer sur mon sort, mais je le fais.
En quelques minutes, je me retrouve au milieu des gens. Tête rentrée entre les épaules, je me fais toute petite, dans la crainte d'être apostrophée, peut-être encore plus de passer inaperçue. Suis-je visible ? Ou est-ce que je suis un spectre ?
Quand je finis par heurter le dos d'un monsieur en plein hennissement de rire, je manque de finir sur les fesses. Il ne se retourne pas, mais la femme en face de lui me sourit d'un air penaud. Je baisse aussitôt les yeux, le cœur prêt à exploser, et accélère mon pas pour m'éloigner. Je ne sais pas où je vais, le regard à la fois fuyant et actif pour décrypter ce nouvel environnement. Je suis très mauvaise en histoire – et dans la plupart des cours, en fait – donc je me trouve bien en peine de reconnaître l'époque que m'offre ce tableau insolite.
Si le moyen âge est la première période qui me vient en tête, dès l'instant où je passe les remparts sous le nez de gardes en armures flanqués d'épées, je vrille. L'intérieur des fortifications ressemble à une ruche en activité. Si je trouvais l'entrée fréquentée et bruyante, ce n'est rien en comparaison de l'intérieur, où l'allée centrale dallée déborde de vie.
Ici, les habits de cuir et tuniques rentrées dans les pantalons troquent peu à peu la place à des vêtements de tissus bien plus lumineux et colorés, plus sophistiqués aussi. Les bijoux se font plus fréquents et des robes voluptueuses font leur apparition. Je me rends compte toutefois que c'est en m'éloignant des portes et en m'enfonçant dans la ville que l'aspect moderne se creuse une place. Les étalages sur les bords de la route centrale, d'abord envahis de denrées, deviennent peu à peu des marchandises non nécessaires et les piétons se font plus rares, moins bruyants et plus propres sur eux.
L'odeur était odieuse à l'entrée de la ville médiévale, mais ici, elle est bien plus supportable. Peut-être parce que des stands de bougies s'enchaînent, avec de l'encens et des épices.
Mes sens sont si saturés de tous les côtés que j'en oublie mes pieds. J'arrête aussi tout simplement de réfléchir. La question n'est plus de savoir ce qui m'arrive, mais d'étudier tout ça. Mon attention s'exacerbe et je commence à prêter attention à des détails plus poussés : la couleur de peau des gens, par exemple. S'il y a bien une chose que j'ai retenu de l'histoire, c'est que les peuples de couleurs sont arrivés au fil des siècles et qu'ils étaient tous, dans l'ensemble, victime de leur différence.
Je suppose qu'avec mes gênes du Sri Lanka, hérité de mon père, c'est un facteur qui me tient à cœur. Ou peut-être aussi qu'une certaine crainte me pousse à me méfier des regards qui s'attardent sur ma personne...
Toujours est-il qu'après de longues minutes, ma constatation me laisse perplexe : il semble y avoir de nombreuses origines décomplexées. Si les traits asiatiques ne sont pas monnaie courante, j'en aperçois toutefois. Les caucasiens ne sont même pas en majorité, et beaucoup ont la peau briochée, des airs hispaniques ou oriental.
Un mal de crâne commence à poindre derrière mes globes oculaires. Les personnes typées ne paraissent pas appartenir à une classe plus basse que ceux à la peau pâle.
Puis, peu à peu, je commence à discerner de nouveaux détails qui me sautent aux yeux par leur étrangeté. La plupart des gens portent un bandeau sur le front, qu'il s'agisse de femme, d'hommes ou d'enfant. Ceux qui n'en portent pas sont aléatoire. Les bandeaux sont tous rouges, orné d'un symbole familier. Je mets longtemps à le reconnaître : c'est la croix occitane ! Très semblable à la croix de malte, dont chacune de ses quatre branches est composée de trois boules aux pointes, avec des pointes vers l'extérieur plutôt que l'intérieur.
Je classe cette information dans un coin de mon esprit et poursuis mon chemin. Je repère des auberges, passe sous des enseignes en bois indiquant le contenu de magasins – parfois devant des vitrines faites de peinture ou de fenêtre quadrillée – note l'absence de fil électrique au-dessus des toitures en ardoises usées, ou encore les nombreuses cheminées évacuant des fumées... c'est à ne rien y comprendre en terme de modernité ou d'époque.
Je m'arrête sous l'auvent d'un bâtiment. Des feuilles épaisses sont cloutées à un panneau de bois d'affichage, certaines représentent des illustrations, d'autres des pages de gazette d'une qualité d'impression médiocre, presque illisible. Je m'y attarde pourtant, tentant de décrypter l'écriture – ou plutôt la langue. J'échoue misérablement.
Mon regard accroche un dessin de bonne facture cette fois, peint avec des couleurs fade. C'est le portrait d'une jeune femme, aux traits indéniablement asiatiques et au front ceint d'une tiare épaisse, ornée de la croix occitane.
Un malaise me saisit. Il me faut de longues secondes pour que ce visage rond aux joues pleines fasse écho dans mon esprit.
Elle me ressemble, réalisé-je, le cœur battant. Ou plutôt, c'est mon portrait craché, peut-être en plus jolie, plus féminine : et surtout plus de kilos.
Je pose les doigts sur l'écriture calligraphique sous la représentation : Princessa Rheane.
Quelque chose tire sur ma manche, provoquant un sursaut si violent que je bondis de côté en glapissant. Ce n'est qu'un stupide enfant ! Ses yeux sont arrondis, comme s'il était plus surpris que moi par ma réaction. Il tend la main et dis quelque chose. Je fronce les sourcils.
— Quoi ?
— Quoi ? répète-t-il en plissant son nez avant d'ajouter d'un ton plus agacé : Quoi ?!
— Je n'ai pas compris, tu peux répéter ?
Il fait la moue en agitant sa main sous mon nez, paume à plat. Dans une langue universelle, je devrais en conclure qu'il me demande de lui donner quelque chose. J'agite les épaules et flatte mes flancs pour lui indiquer que je n'ai ni poche, ni rien sur moi. Il me dit autre chose d'un ton agressif, si vite que je ne saisis pas même un mot au vol. Je lui montre mes pieds nus et couvert d'écorchures en espérant qu'il saisisse le message.
Moi, SDF, perdue dans mon propre rêve.
Mais, aussi incroyable que cela puisse être, il plante ses poings sur ses hanches et tape du pied, m'offrant une nouvelle envolée de paroles incompréhensibles. Les inflexions des mots me sont familières, à la manière d'un espagnol étrange, ou peut-être d'un latin moderne, ou d'un vieux patois français du fin fond de la campagne...
— Bon sang, je ne comprends strictement rien à ce que tu dis, tu peux parler plus doucement ?
Il me fixe, perplexe. Ses boucles rouquines forment un tas informe sur son crâne, lui offrant du charme là où ça devrait le desservir. Ses yeux noisette brillent d'intelligence, un peu comme s'ils disaient au monde qu'on ne la lui ferait pas à l'envers. Son petit gilet marronnasse a connu des jours meilleurs, et la chemise qu'il porte dessous semble fait en chanvre. Je le devine car mon père en a une similaire, avec le même petit lacet au niveau du col.
— Pardonnez-nous, ma dame, il vous importune ?
À nouveau, je sursaute et pivote pour faire face à la femme qui vient de m'adresser la parole. Elle porte un chapeau aux bords si larges qu'ils retombent autour de son visage et sur son front pour l'enrober d'un ruban rouge, le tout surmonté de dentelle et de plumes d'oiseaux exotiques.
Je dois passer pour une folle car ma voix se verrouille au font de ma gorge et que je me retrouve incapable de lui parler, le cœur au bord des lèvres. Discuter avec l'enfant avait quelque chose de si naturel que j'en ai oublié l'aspect rocambolesque de la situation. Mais là, j'en perds totalement mes moyens. Sa présence m'ancre un peu plus dans cette réalité alternative, et j'ai le sentiment que lui parler ne fera que renforcer ce qui m'arrive.
— Ma dame ?
Je déglutis.
— Non, non, ça va, il est gentil, je ne comprends juste pas ce qu'il me dit...
La femme me sourit avec tendresse, avant de jeter un œil agacé au garçon.
— Les pichouns ne parlent pas souvent français, sauf les enfants des nobles, bien sûr.
— Bien sûr, confirmé-je en souriant, avec l'air de perdre la boule.
— Vous êtes du coin ? poursuit la femme. Votre visage me dit quelque chose.
Le sang quitte mon visage comme si on avait poussé un piston sur mon crâne. Version café italien. J'aurai dû bouger, dire quelque chose, partir à toute jambes sans doute, mais je reste aussi rigide qu'un chandelier.
Evidemment, le regard de la femme glisse brièvement sur le mur, s'attarde sur la fiche, puis revient vers moi. Un grand sourire illumine son visage.
— Mais oui, c'est ça ! Vous êtes le portrait craché de notre princesse !
Bah voyons. Une princesse, rien que ça. Mon subconscient fait de l'excès de zèle. La seule princesse que j'ai aimé, c'était Pocahontas. Qu'est-ce qui lui prend, aujourd'hui de vouloir me faire passer pour une princesse dans mes rêves ?
— Vous devriez faire attention à vous, susurre la dame en se rapprochant de moi comme si elle me confiait un secret. Il paraît qu'elle déteste que des femmes lui ressemblent.
Evidemment, pensé-je intérieurement alors que je reste figée dans une posture devenue désagréable.
— Enfin, je vous dis ça mais il paraît qu'elle n'apparaîtra finalement pas au Carnaval, alors je suppose que vous êtes tranquille.
Elle m'offre un clin d'œil avant de reculer, de remettre correctement son chapeau – qui n'a pourtant pas bougé – et de me contourner. Je la vois plonger la main dans le panier en osier qu'elle tenait pendant tout ce temps au creux de son coude et lance un machin jaunâtre au garçon resté à nos côtés.
— Tiens, petit garnement, dit-elle avant d'ajouter quelque chose qu'à nouveau, je n'arrive pas à comprendre.
Prise d'un subit reflexe, je l'apostrophe avant quelle n'ait disparu dans la foule. Elle se retourne, interrogative. Gênée, tortillant maladroitement les mains dans la crainte de passer pour une folle, j'ose enfin demander :
— Vous lui avez dit quoi, à la fin ?
La femme me dévisage un instant, et j'ai le sentiment qu'elle étudie ma question avec une pointe de soupçon. Pourtant, elle me répond finalement :
— Je lui ai dit de filer, et de ne plus vous embêter, dit-elle avec une lenteur calculée. Vous comprenez vraiment très mal l'Occitan, pour quelqu'un qui parle si bien français, vous devriez prendre des cours.
Elle me guette encore une seconde de trop, et j'ai la sensation qu'un prédateur s'est éveillée en elle, méfiant. Quand elle tourne enfin les talons, tout mon corps paraît se relâcher. Je baisse les yeux sur mes pieds nus et constate que le long pantalon ample que je porte les masque partiellement. J'ignore si l'absence de chaussures m'aurait porté préjudice, ou plutôt le contraire...
Au départ de mes interlocuteurs, un mouvement de foule se met en branle, et je me retrouve bientôt emportée par le mouvement. Des cris de joie résonnent et des hurlements d'enfants s'y mêlent bientôt, portés par la mélodie d'instruments à corde et à vent, dont le son reconnaissable entre mille de l'accordéon. Je fronce les sourcils, perplexe. Dommage que je ne sois pas meilleure en histoire de la musique, j'aurais peut-être pu deviner l'époque avec ce nouveau détail...
Enfin, pour ce que ça change, de savoir en quelle année je suis...
Soudain, les gens autour de moi lèvent les mains au ciel, et tous les regards se dirigent vers là où nous avançons, le centre d'une très large place. Une ombre titanesque survole la foule. Je me fige, bousculée par des corps au point que je dérive vers la ligne de délimitation formée par les gens. Au centre du cercle ainsi formé, des gens déguisés déambulent sur des échasses, dans des costumes si variés et conçus dans des étoffes si belles que mon instinct me souffle qu'il s'agît de vraies personnalitées.
Peut-être des dieux ? Certains, d'ailleurs, me rappellent des divinités grecques. Comme cette femme élégante avec une crinière de cheveux et son arc, qui pourrait être Artémis, ou encore ce bonhomme replet aux couleurs vives et à la démarche vacillante, semblable à Dionysos. Tous les artistes portent des masques reproduisant leur visage, mais en plus grand, leur offrant une allure de géant renforcés par leurs jambes longilignes et leurs bras rallongés par des bâtons. Chacun de leur front est décoré d'un symbole impossible à reconnaître de là où je suis.
Derrière ces douze étranges personnages, le colosse à l'ombre qui s'étire sur la foule est aussi laid qu'il est réussi. C'est une création, indubitablement faite de paille, de tissu et de peinture, le tout monté sur un engin de bois aux petites roues. Son faciès a des allures de papiers machés et des traits monstrueux, inhumains.
C'est au bout de longues minutes que je comprends enfin à quoi j'assiste. C'est un carnaval ! Et la créature est Monsieur Carnaval, l'être qu'on brûle pour fêter la fin de l'hiver !
Mon cerveau a décidemment pété une durite.
Un frisson remonte le long de mon échine. Si, en première instance, je crois que c'est le froid qui s'immisce par la plante de mes pieds, je réalise bien vite qu'autre chose ne va pas. Mon instinct, sans doute, me souffle de me méfier.
De l'autre côté de la place, partiellement masqué par le spectacle offert par les artistes sur leurs échasses, j'aperçois la foule se rompre pour dégager un espace à l'arrivée de cavaliers.
Leurs montures marchent lentement, et c'est à peine si je perçois le bruit de leurs sabots sur les dalles irrégulières du centre-ville. Les cavaliers sont tous en armures, drapés dans du tissu rouge sang dont l'emblème central est une croix occitane tissée d'une couleur or. Leurs visages sont tous découverts, sauf un seul, celui en tête de file, dont le heaume orné de cornes recouvre ses traits. Si les autres chevaliers sont protégés par leur armure, celui-ci a les bras nus, ce qui le démarque davantage encore, d'autant que le reste de son corps est en majorité composé de cuir, hormis la cape drapant ses épaules.
Je ne sais pas pourquoi je l'observe. Peut-être sa prestance. Toujours est-il que lorsqu'il tourne la tête dans ma direction, je m'en rends compte. Ou du moins, je le devine. Il semble me fixer. Longtemps. Beaucoup trop longtemps. Je suis incapable de bouger ou de m'arracher à sa contemplation, à la manière dont il a fière allure sur le cheval qui écume en piétinant.
La foule autour de moi l'observe aussi, bien qu'elle soit principalement concentrée sur les costumes des personnes au centre de la place.
Mon cœur se met à tambouriner, en symbiose avec la musique des percussions des musiciens. Bientôt, la foule entière se met à chanter.
Carnaval es arribat,
Farem la fèsta, farem la fèsta,
Carnaval es arribat,
Farem la fèsta dins lo prat
Mon corps vibre à l'unisson des tambourins. Le chevalier détourne la tête. Je relâche ma respiration, tremblante. Il se penche vers le cavalier à ses côtés, à la peau mate et aux cheveux frisés, qui fait de même, sans doute pour percevoir ses paroles malgré le bruit. Puis, à son tour, celui-ci parcourt la foule du regard.
Son attention s'immobilise. Pile poil dans ma direction.
De nouveau, mon cœur caracole.
Soudain, les chevaliers lancent leur monture au trot. Droit sur moi.
Je n'attends pas une seconde de plus.
Je tourne les talons et m'enfonce dans la foule en poussant sans ménagement les gens.
La cavalcade des sabots retentit dans mon dos, en même temps que des cris scandalisés.
Agile, je me faufile dans la masse agglutinée, les paroles de la femme croisée plus tôt résonnant dans ma tête : « Vous êtes le portrait craché de notre princesse ! »
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