À toi, toi la petite fille que j'ai vue pour la première et dernière fois ce jour-là. Ce jour de juin, alors que le soleil brillant éclairait mes tremblements. Ce jour où, pendant un instant, j'ai voulu m'enfuir. Fuir, loin de ce lycée devant lequel j'attendais, courir à en perdre haleine et ne m'arrêter que quand la vie serait loin derrière moi.

Toi qui, sans le savoir, m'as donné de la force pour les années à venir. Toi qui as marqué les 3 années qui ont suivi et qui continueras de marquer les décennies futures. Toi qui, par la force d'un sourire, as guéri une partie de moi.

J'attendais, là, à pleurer sous les arbres, dans le vent qui me glaçait le sang. Assise sur la pierre dure, le corps pétrifié, j'avais peur. Comme jamais je n'avais eu peur. Pourquoi d'un coup, pourquoi cette fois-là alors que j'avais survécu à tant d'autres ? Je ne sais pas.

Puis tu es arrivée. Avec ton innocence, ta joie, tes yeux sombres pleins de vie. Tu m'as regardée pendant deux secondes. Deux secondes qui comptent parmi les plus précieuses de ma vie.

Et tu m'as souri. D'un sourire si fort, si beau. Tu m'as souri de toutes tes dents et soudain, je n'avais plus froid.

Tu ne sauras jamais à quel point tu m'as sauvée, ce jour-là. Alors qu'un soleil d'été brillait dans le ciel, tu m'en as donné dix autres.

Si j'avais envie de pleurer c'est parce que tu étais belle. Parce que tu étais si pure, si éclatante, que la vie m'a parue moins angoissante. Deux secondes qui m'ont permis de ne pas m'enfuir.

Tu es partie. Tu ne m'as pas vue franchir le portail, la tête haute, les yeux secs. Tu ne m'as pas vue pousser les portes, tu ne m'as pas vue affronter l'avenir. Si tu savais ce que tu as permis.

Parfois, je me demande où j'en serais, si tu n'avais pas été là, ce jour-là. Je me demande encore quel chemin j'aurais pris. Ce que je serais devenue.

Ton sourire, garde-le. Il est magnifique. 3 ans après, il me suit encore. À chaque épreuve, je le revois gravé sur ma rétine. Et même en souvenir, il me réchauffe le cœur.

J'espère que tu es heureuse, aujourd'hui. Que tu le seras toujours.

Si tu savais ce que tu as accompli, ce matin de juin, en deux secondes. Si tu savais.

Je pense beaucoup à toi ce soir, en pleurant. À toi et ton regard sombre, à toi et ton sourire d'ange.

Tu m'as réconfortée comme personne n'aurait pu le faire. Et tu ne le sauras jamais.

À toi, la mystérieuse petite fille du banc en pierre.

Merci.

Par la force d'un sourire, tu as guéri une partie de moi.

Je ne l'oublierai pas.
Je ne t'oublierai pas.