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2 🎀 L'heure du one man show !

  En proie à un soupir dépité, je me détourne lentement du miroir. Pile au moment où oummah se décide à lâcher Raymond. Un large sourire égayant toujours son visage joufflu, il serre la poigne offerte de mon père et pose machinalement sa main libre sur sa poitrine, sans doute une preuve qu'il a fréquenté des personnes arabes auparavant.

  Issu d'une famille catholique blanche originaire de Liège, en Belgique, papa ne s'est jamais converti à l'Islam. Au grand dam de mes grands-parents maternels... Mais il a assimilé cette même gestuelle communautaire en plongeant dans le quotidien de ma mère. Toutes dents dehors, Raymond et lui échangent quelques politesses sous le regard brillant de oummah.

  Excitée comme une puce, Alina remonte prestement la chaînette dorée de son sac à main sur son épaule et avance jusqu'à eux d'un pas tout aussi impatient. Compte tenu de la situation, je m'engage sur ses talons avec une gaieté de façade. Mes parents, enchantés, et Raymond se tournent vers nous. Ce dernier prend cependant les devants de la scène d'un sifflement admiratif.

  — Wow ! Tu as vraiment mis le paquet, ma sœur, flatte-t-il Alina.

  — T'as vu ! s'enjaille ma copine en enchaînant les poses comme si elle s'exposait sous les objectifs de paparazzis.

  Habitué à son petit brin de folie, j'esquisse un sourire amusé.

  Raymond poursuit sa scène. Lui tendant une main galante, il la fait pivoter dès qu'elle la saisit.

  — Tu es vraiment superbe, Alina. D'ailleurs, comme je le confiais tout juste à Monsieur et Madame Léonard, vous l'êtes tous !

  Il a le mérite de dire la vérité sur ce point.

  Alina resplendit dans ses cuissardes imitation daim et sa tenue « So British ».

  Cela fait des lustres qu'elle veut porter cette jupe damier en tweed, sans jamais trouver « la bonne occasion ». Un resto avec mes parents au cœur des Alpes semble remplir ses conditions farfelues. La couleur moutarde de son pull duveteux sublime au possible le maquillage nude de sa peau marron. Il se marie tout aussi bien avec le doré de ses yeux et les boutons alignés sur sa jupe super chic.

  Du côté de mes parents, mon père est celui qui paraît avoir mis le moins de réflexion dans son choix vestimentaire. Une doudoune et un pull à col rond par-dessus une chemise blanche qui tombe sur un jean basique... Je devine pourtant qu'il a fait un gros effort pour l'occasion, puisqu'il n'est pas du tout branché mode. Contrairement à ma mère, qui assortit toujours ses hijabs à ses robes et son maquillage. Ce soir, toutefois, elle a opté pour un pantalon droit, aussi blanc que le foulard brodé entourant son visage rondelet, et un très long pull tricoté s'alliant au camel de ses bottines.

  À coup sûr, c'est son sens du style qui coule dans mes veines. Nos tenues plutôt sobres traduisent nos personnalités discrètes.

  — Tu peux nous appeler Nour et Damien, propose-t-elle spontanément à Raymond.

  — Merci beaucoup, Madame Nour, répond ce dernier, les prunelles plongées dans les siennes et une main sur le cœur. Neyl m'a dit que votre prénom signifie « Lumière » en arabe.

  Mes yeux s'arrondissent comme des soucoupes. Jamais je ne lui ai parlé de cela !

  Lui, par contre, je me le rappelle clairement se targuer d'abuser de l'idée reçue affirmant qu'un regard franc ne ment jamais.

  Quel escroc !

  — Permettez-moi de vous dire qu'il vous va à ravir, enchaîne-t-il naturellement.

  — Oh, merci, mon fils, se réjouit oummah, avant de remonter sa paume devant sa bouche afin de masquer son sourire charmé.

  Génial. Voilà qu'elle rougit...

  — Je tiens aussi à m'excuser auprès de tout le monde pour mon retard, reprend respectueusement Raymond. Ma mère m'a appelé un peu à l'improviste.

  Son excuse est ponctuée d'une moue navrée. Je me mordille la lèvre, irrité, alors que ma famille tombe droit dans le panneau.

  L'assentiment de oummah succède celui d'Ali et de mon père.

  — Oh, ne t'en fais pas.

  — Ce n'est rien, mon garçon.

  — Oui, merlish¹, mon fils. On sait que la famille est importante. Surtout quand on est seul à l'étranger.

  Ah, oui... Cet arnaqueur dit être né dans le Queens, un quartier populaire de New-York. Il y aurait grandi, avec ses parents d'origine Sainte-Lucienne², et se serait envolé à la conquête du monde au lieu d'aller au bout de ses études, devenant globe trotteur, entre autres choses ; passion qui a nourrit son métier d'influenceur.

  — Oh, vous savez, Madame Nour, je suis installé en France depuis bientôt quatre ans ! Je voyage encore beaucoup, mais j'ai un peu l'impression que ce pays est devenu mon nouveau chez moi. Même si mes parents me manquent, je ne me sens pas seul ici. Je me suis fait des amis et, maintenant, j'ai aussi votre fils.

   Rictus avenant aux lèvres, il me caresse quelques instants du regard et poursuit son baratin dans la bonne humeur. Puis il joue encore les types humbles en remerciant ma famille de sa compréhension concernant ce retard d'une bonne vingtaine de minutes. La façon dont cette dernière boit ses paroles est affligeante.

  — Au fait, toi aussi, t'es super canon ! le complimente Alina, pétillante. Peu d'hommes osent porter du rose. Laisse-moi deviner, c'est ta couleur préférée ?

  — Ça aurait pu, rit doucement Raymond en écartant un peu les mains. Mais non. L'idée des tenues assorties vient de notre cher Neyl. Je dois avouer que ça me plaît bien, même si ce n'est pas mon style habituel.

  Je ne m'attendais pas à récolter un clin d'œil insolent à la fin de sa phrase. Ni à ce que mes parents secondent spontanément la remarque d'Ali.

  Qu'est-ce qu'il peut m'énerver, ce type ! 

  Le costume rose était censé être ma vengeance pour son attitude exécrable lors des entrevues destinées à préparer ces quatre jours avec mes parents, pas un aimant à éloges sur le ô combien cette teinte met en valeur sa peau noire satinée.

  Ennuyé par ce cinéma, je croise les bras sur mon buste sans pouvoir empêcher mes yeux de rouler vers le plafond.

  D'accord, j'ai pris à cœur de mentionner son existence et de développer les détails fantaisistes de notre fausse relation depuis la fin du mois d'août. Mais il ne les a rencontré pour la première fois que ce matin, au départ de mon appartement, lorsque mes parents sont passés nous chercher avec Alina !

  La vitesse à laquelle ce Raymond Jones se les ait mis dans la poche est hallucinante. J'aimerais prétendre que ma famille l'a tout de suite accepté parce qu'elle m'aime, et qu'elle accueillera toujours à bras ouvert l'homme qui fait mon bonheur. Seulement ce n'est qu'en partie vrai. Si ce charlatan les a charmés, c'est parce qu'il est effroyablement doué pour ça.

  J'en ai presque des frissons de dégoût.

  Pourtant, son excellent taux de satisfaction clients et les retours enjoués des nombreux anonymes ayant eu recours à ses services ont lourdement pesé dans la balance lorsque l'agence m'a proposé son profil. Et elle porte très bien son nom, cette agence.

  « Conquiers-les ».

  C'est exactement ce qu'accomplit Raymond.

  En toute honnêteté, je dois avouer que sa personnalité le rend très séduisant en dépit d'un faciès aussi commun que le mien. Il n'est pas si grand, mais bien bâti malgré son visage joufflu et ses poignées d'amour. De plus, son léger accent lui confère parfois un attrait particulier. Le plus important, toutefois, est qu'il sait animer les conversations, est éloquant, drôle et se montre incroyablement bien éduqué auprès de ma famille – je n'ai pas toujours ce plaisir lorsque nous sommes seuls.

  C'est la raison exacte pour laquelle je l'ai choisi. Alors pourquoi ce succès m'agace-t-il au plus haut point ?

  Remarquant que je fais la tronche, l'acteur chevronné se détourne des autres pour m'accorder toute son attention.

  — Tu boudes, mon prince ?

  Je ravale un grondement à l'entente de ce surnom.

  — Non, prétends-je tandis que mon amoureux factice se rapproche de moi.

  Les trois regards intéressés que je sens se gluer sur nous me poussent cependant à mettre du mien dans cet acte.

  Serrant les dents, je laisse Raymond me frictionner « affectueusement » les bras.

  C'est fou ce qu'il est tactile !

  — Je comprendrais, si c'était le cas, et tu aurais bien raison, décrète-t-il d'une voix mielleuse, ses yeux noisettes panachés noyés dans mes orbes noires. La première personne que j'aurais dû complimenter est l'élu de mon cœur. Tu es magnifique, Neyl.

  Il prononce encore mon prénom avec cet accent américain qui enrobe certains de ses mots. Cela me dérange toutefois moins que lorsqu'on s'acharne à m'appeler « Nil ».

  — Aw, vous êtes adorables ! exulte ma meilleure amie. Et vous êtes debout sous du gui. Vous savez ce que ça veut dire.

  Zut !

  Je lève la tête, en catastrophe, pour constater qu'elle dit vrai. Raymond et moi nous tenons devant le guichet de réception vide, pile sous cette fichue branche de gui !

 Mes parents ont eu le malheur d'être à notre place, lors de notre enregistrement au chalet, et Alina leur a fait le même coup.

 Quelle idée, aussi, de piéger les clients de la sorte...

  — Allez, faites-vous un bisou, les amoureux, insiste gaiement Ali.

  Je sais que cette fanatique de romance n'en démordra pas. Je n'ai d'ailleurs aucun intérêt à me défiler. Alina n'est pas la seule à attendre, un sourire radieux illuminant son visage impatient.

  Une œillade en direction de mes parents et ma poitrine s'atrophie, raccourcissant mon souffle par la même occasion.

LEXIQUE

Merlish¹ – expression arabe signifiant « Ce n'est pas grave ».

Saint/e-Lucien/ne² – personne originaire de Sainte-Lucie, île des petites Antilles.

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