Chapitre 83
Son regard sombre, sa posture écrasante, il était là, celui qui brisait des milliers de vies sans ne serait-ce s'en soucier une seule seconde.
Il aimait ça, il aimait que l'on remarque toute la cruauté dont il était capable. Car mise à part le Mal, qu'est-ce qu'il connaissait d'autre ? Il avait baigné dedans dès son plus jeune âge.
Maître Evans se leva, reboutonnant le bouton de sa veste de costume avant de s'approcher de l'accusé.
- Vous êtes bien Park Mino, fils de Park Hu-Jun le créateur de LK ?
- C'est exact.
- Tant de questions que le monde entier se pose et si peu de temps. Alors je vous poserais celle-là : pourquoi LK ?
Mino pencha la tête sur le côté avant de pointer du doigt les agents de l'O.I.P.
- Ils n'ont même pas été capables de comprendre. Ce serait trop facile si je vous le disais, non ?
- Monsieur Park, répondez à la question. Demanda froidement le juge Williams.
- Alors pour vous répondre, il se frottait le menton en plissant ses yeux, LK sont des initiales importantes pour mon père et moi. Mais si peu importantes pour le reste du monde.
- Pouvez-vous préciser.
- Mon père était un grand homme, il a lui-même bâtit l'entreprise CAMP, il y a eu des hauts et des bas mais il a fini par réussir sans l'aide de personne. Il était heureux, bien sûr qu'il l'était, il avait tout : l'argent, la santé, une famille. Mais ce qui comptait le plus lui a été un jour enlevé de force, de manière cruelle sans justification. Tout ça a été tellement injuste.
- Qu'est-ce qui lui a été enlevé ?
- Sa vie. Répondit comme une évidence Mino.
- Développez.
- Vous savez, en deux-mille soixante-cinq, il y a eu une vague de rébellion contre les « Lois du Renouveau ». A cette époque, il y avait une récompense pour chaque personne dénonçant une autre faisant partie de ce mouvement extrémiste. Et peu importe si c'était de vraies dénonciations ou non, toute personne accusée était obligatoirement exécutée pour faire peur à la population et que ce mouvement meurt dans l'œuf. Plus de trois cent personnes se sont vu exécuter, certains étaient innocents, d'autres non. Tout ça a été révélé plus tard, mais très vite étouffé par le président en personne, déposant son droit de Veto et gelant tous les médias qui étaient contre lui.
- Ce ne sont que des spéculations.
Mino regardait l'avocat avant de faire un sourire en coin.
- Je suis plutôt bien placé pour dire que ce que j'avance est l'entière vérité. En deux mille soixante-dix, des hommes ont tapé chez nous et on emporté le bonheur de mon père : ma mère. Quelqu'un l'avait accusé de faire partie de ce putain de mouvement de rébellion, alors que c'était entièrement faux.
- Que s'est-il passé ?
- Mon père a payé avocat sur avocat, faisant appel contre les procès de ma mère, mais ce que vous appelez justice n'a rien voulu entendre. Alors après des mois et des mois de lutes judiciaires, elle a été condamnée à mort le premier janvier deux mille soixante-et-onze. Vous ne pouvez pas savoir à quel point ils s'aimaient tous les deux et mon père à tout fait pour la sortir de là, pour la sauver, pour démontrer que c'était une erreur judiciaire, mais personne ne l'a cru.
- Quel rapport avec LK.
Mino souriait en craquant sa nuque.
- Ma mère s'appelait Luna Keller. Ils n'étaient pas mariés officiellement ils étaient tous les deux contre, mais ils avaient fait une cérémonie purement symnolique et sans paperasses. C'est pourquoi ma mère a gardé son nom de jeune fille. Mais si vous cherchez, vous ne trouverez rien sur elle, il a tout fait effacer.
- Toute cette mise en scène, tous ces meurtres pour la mort de la femme qu'il aimait ?
- Il voulait se venger, il voulait que le monde comprenne que la justice de Cole Burton n'en n'était pas une, que ça ressemblait à une dictature. Mais personne ne l'a écouté, alors il a fait entendre sa voix d'une autre manière.
- En tuant des gens.
- En révélant que ce putain de monde ne tourne pas rond. Toutes les personnes tuées jusqu'ici n'étaient pas tout blancs, ils avaient tous des choses à se reprocher, des choses que la justice à ignorer parce que c'était des gens influents. CAMP n'avait pas encore la renommé qu'elle a aujourd'hui, alors ma mère et mon père ne valaient rien aux yeux de cette putain de société.
- C'est de la pure folie, vous vous en rendez compte ?
- Ce qui est de la pure folie, c'est qu'alors que Cole Burton prônait l'égalité pour tous, derrière, il faisait ses propres magouilles, déterminant qui a plus le droit de vivre que d'autre. Si tu es riche et que tu peux m'apporter quelque chose alors tu as le droit de rester en vie, si tu ne m'apportes rien d'autres que des problèmes alors crève dans ton coin, tu n'es pas important. Voilà ce qu'était ma mère pour tous ces enfoirés : rien.
L'avocat regardait Mino qui passait sa main dans ses cheveux en se les arrachant au passage, le rendant encore plus fou qu'il ne le laissait paraître.
La folie l'avait enroulé avec elle, le berçant toute sa vie, le conditionnant à ne ressentir qu'elle, et seulement elle.
- Pourquoi ce schéma : douze personnes par mois pendant cinq ans, puis silence radio pendant cinq ans, puis de nouveau des tueries, toujours à dix-huit heures piles.
- Rien n'a été laissé au hasard par mon père, si vous aviez fait correctement votre travail, vous auriez directement compris. Ma foi, il avait effacé tout ce que représentait ma mère, mais avec un peu de travail informatique ce n'était pas si compliqué de faire des recherches approfondies.
- Alors expliquez-nous pour que nous puissions enfin comprendre. Mino soupira en roulant des yeux.
- Douze morts pendant douze mois parce que ça correspond à la date de naissance de ma mère, elle est née le douze décembre. Mais c'est également parce que lors de son dernier procès, ils l'ont condamné à dix-huit heures pile. Il y avait le juge, l'avocat de la partie civile et de l'accusation, le procureur, le greffier et sept jurés dont le fameux témoin qui avait dénoncé ma mère.
- Votre père à tué toutes les personnes qu'ils pensaient responsables de la mort de sa femme ?
- Oui, aussi simplement que ça.
- Pourquoi cinq ans ?
- Au bout d'un an, il avait tué toutes ces personnes, les mélangeant à d'autres pour ne pas que l'on remonte à lui, puis à la fin de cette année, sa soif de vengeance n'était pas encore assouvis, alors il a continué. Cependant, à la cinquième année, il s'est rendu compte que la police amassait pas mal de preuves alors il devait très vite s'arrêter pour ne pas qu'on puisse remonter jusqu'à lui.
- Et cinq années de silence ?
- Il en profitait pour entraîner ses futurs employés pour qu'ils ne commettent aucune erreur. Tout membre de LK est recruté six ans en avance, à l'année de la dernière vague de cinq ans. Ils apprennent à faire connaissance et à tisser des liens pour être soudés et faire un vrai travail d'équipe pendant cette première année. La confiance est primordiale.
Maître Evans jeta un coup d'œil au juge qui lui fit un signe de tête, lui demandant de continuer.
Ce procès n'était que pour la forme, il était évident que des le départ, les deux accusés seraient exécutés, mais comme ils avaient toujours des droits, un procès était obligatoire.
- Pourquoi avoir suivit les traces de votre père ?
- Parce que je voulais venger ma mère.
- Mais à l'époque si je fais un rapide calcul, vous n'aviez que deux ans. A cet âge là on n'a pas réellement de souvenir. Alors pourquoi ? Mino fronçait les sourcils.
- J'ai été conditionné.
- Donc manipulé.
- Non. J'ai choisi de faire ça, c'était mon propre choix et je suis fier d'avoir pu contribuer à la vengeance de ma mère.
- Vous vous rendez compte, que des milliers de personnes sont mortes pour cette pseudo cause de vengeance et de justice ?
Mino passa ses doigts sur ses lèvres avant d'éclater littéralement de rire, sous les regards choqués de l'assemblée. Il ne s'arrêtait pas, même lorsque le juge demanda le silence, même lorsqu'il tapa de son marteau le bois de la table.
Alors Mino ria, il ria de longues minutes, essuyant du coin de ses yeux, les perles salées qui menaçaient de tomber et de dégringoler sur son visage.
Enfin, il se calma doucement, mais en gardant un sourire rieur scotché à son visage.
- Dans ce monde gouverné par des fous, je voulais devenir un Roi. Vous surpasser. Vous écraser. Vous voir souffrir. Etouffer. Suffoquer. Mourir. Il gloussa. Personne dans ce putain de monde ne mérite de vivre, personne, car vous êtes tous dépossédé de vous-même. Vous faites confiance au système et même lorsque vous le critiquez, vous êtes bien content de l'avoir pour vous protéger. Putain d'hypocrites.
- Monsieur Park calmez-vous. Averti le juge.
- Allez tous vous faire foutre, vous le premier !
- Monsieur Park.
Ce dernier ce tut, avant de recommencer à sourire.
- Tout le monde porte un masque, un masque façonné pour le monde extérieur, vous rendant invulnérable, mais tout ça c'est des conneries. On vous voit, je vous vois. Et vous êtes tous si laids. Ce masque, cet artifice coloré, celui que vous avez décoré de pierres précieuses pour le rendre plus majestueux, de plumes pour le rendre plus éthéré, ne vous cachera pas de cette société qui vous espionne nuit et jours. Il n'est qu'un masque, vous cachant à moitié, mais une fois enlevé, il vous révèle, vous et personne d'autre. A moins que vous puissiez vous mentir à vous-même vous êtes tous des monstres, tous des putains de fous. Y'en a seulement chez qui ça ressort le plus.
- Monsieur Park, concentrez-vous je vous pris.
- Vous n'êtes que dans le paraître, à croire que vous avez réponse à tout, mais c'est bien faux. Car la plus grande question de la vie humaine restera toujours sans réponse : qu'elle est notre véritable Condition ?
Mino se levait d'un seul coup, faisant rapidement réagir les agents de sécurité qui l'encerclèrent rapidement pour le maintenir assis.
- Je vous hais tous ! Vous méritez tous de crever ! Bordel, mais ouvrez les yeux sur notre monde actuel, sur notre société. Vous qui me regardez, vous qui m'écoutez, vous qui me lisez : réveillez-vous !
Le juge se leva faisant des signes de la main.
- J'en ai assez entendu. Jury, c'est à vous de délibérer. Retrouvons-nous une fois que le verdict sera tombé.
Et il quitta la salle, demandant à l'assemblée de quitter les lieux et de se rendre dans le hall jusqu'au verdict final sans laisser à l'avocat et au procureur du temps pour leur plaidoiries.
Tout le monde sortait, un peu déboussolé de ce qu'il venait de se passer et de tout ce qu'ils avaient apprit durant le procès.
Il était près de dix-sept heures et tous les agents de l'O.I.P. se rejoignaient juste devant la salle, légèrement en retrait par rapport aux autres.
Jungkook secoua vivement la tête en arrivant bon dernier.
- Je n'arrive pas à croire qu'il soit aussi fou. Déclara Hoseok
- Moi non plus. Affirma Seokjin.
- Si Hu-Jun n'avait pas effacé le dossier de sa femme, c'était évident que tôt ou tard on aurait fait le rapprochement. Il était intelligent, tout comme son fils.
Seokjin tourna la tête à droite avant de souffler.
- Quand on parle de fils...
Ses collègues suivaient son regard, Jimin et Namjoon arrivaient vers eux dans une démarche assez gênée. Hoseok leva les yeux au ciel avant de regarder Jungkook qui avait fait quelques pas inconsciemment dans leur direction, ou plutôt dans celle de Jimin.
Une fois à leur hauteur, Namjoon prit directement la parole.
- Vos collègues ont du gérer la foule dehors, certaines personnes commençait à vouloir entrer.
- Je suppose pour s'en prendre aux accusés ? demanda Jungkook.
- Exact. La police et l'O.I.P. les ont dispersés et ont coupé l'écran géant, promettant une rediffusion dans quelques jours quand toute la tension sera redescendue.
- Et que les accusés seront exécutés.
Jungkook regarda Jimin qui avait baissé la tête à l'annonce de l'exécution. Il lui prit la poignet et l'attira un peu plus loin.
- Je sais que tu détestes ton père, mais je suppose que de savoir qu'il va mourir doit te faire du mal.
- Non, justement. Je ne ressens rien. Je pensais être soulagé ou alors triste, mais c'est le néant le plus total.
- Je comprends.
Jimin prit son téléphone et indiqua un message au noiraud.
- Aaron m'a dit que vous partiez tous après l'affaire.
- Oui, on a besoin de tous décompresser et oublier l'affaire LK.
- C'est normal. Répondit Jimin avec un petit sourire, cependant il se fana rapidement.
- Quoi ? demanda Jungkook.
- Eh bien, je ne sais pas ce que tu comptes faire de l'appartement, enfin depuis l'accident à l'O.I.P. je dors chez Namjoon, alors...
- J'aime beaucoup cet appartement. Il me rappelle qu'à une période de ma vie j'étais heureux.
Jimin se mordait les lèvres de culpabilité.
- Et je pense que je peux encore l'être dans cet appartement.
- Très bien. Je viendrais récupérer mes affaires quand tu seras en voyages, comme ça je ne te dérangerais pas. Jungkook se pinça les lèvres.
- D'accord. Jimin du se retenir d'éclater en sanglot.
- Alors, je vais te laisser, Aaron m'enverra le verdict par message, je ne veux pas rester davantage.
Il se retourna et avec lui un choix très important que Jungkook n'arrivait pas à prendre.
Il secoua la tête, pesant le pour et le contre durant de longues secondes, secondes qui l'éloignait de plus en plus du blond qui ne voyait presque plus.
Alors, prit d'une pulsion, il s'élança vers la silhouette qui s'était presque évaporée et la rattrapa. Exactement comme cette douce soirée d'hiver, lorsque Jungkook avait emmené Jimin aux illuminations nocturnes, déclarant son amour pour le jeune homme.
Et comme cette nuit là, Jimin fut surpris que Jungkook le rattrape. Agréablement surpris.
Et ça se vit à la larme singulière qui quitta son œil droit, roulant sur sa douce joue, mais très vite attrapée par le noiraud.
Et sans se poser plus de question, guidé par son cœur qui venait de taire sa conscience, Jungkook déposa ses lèvres sur celles de Jimin. Il n'en pouvait plus de lutter contre tout ce qu'il ressentait pour lui. Il n'y arrivait plus.
De loin, ses collègues soupiraient, tristes que Jungkook retombe si facilement dans les bras de Jimin, mais sans savoir également pourquoi, heureux de les voir ensembles dans les bras l'un de l'autre.
Durant ce doux baiser, les deux hommes s'étaient mit à sourire, aimant plus que tout ce moment de latence avant que la réalité ne vienne une nouvelle fois les frapper.
Jungkook se retira doucement des lèvres pulpeuses du blond et collant son front au sien, fermant les yeux, laissant leur respiration s'entremêler doucement et chaudement.
- Putain Jimin. Putain, tu ne sais pas quel effet tu me fais. Tu ne sais pas quel point j'ai tout fait pour te résister, pour t'en vouloir. Et même si une partie de moi t'en veux toujours, une autre partie hurle mon amour pour toi.
- Jungkook...
- Je te l'ai demandé Jimin, et tu l'as fait.
- De quoi tu parles ?
Jimin se recula doucement, ancrant ses pupilles dans celles brûlante du noiraud.
- Je t'aime si fort que je te pardonne, Jimin.
*
On arrive à la fin...
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