Les chuchotements dans l'assemblée se faisaient de plus en plus forts, ce qui força le juge Williams à taper encore et encore de son marteau sur le bureau en bois.

Aaron ferma les yeux avant de se lever et d'interrompre l'audience, ce qui surpris tout le monde.

Même s'il avait demandé à ses employés de ne pas parler de Jimin ou de Namjoon, il avait prévu le coup. Il avait prévu que ce rapace d'avocat le ferait à coup sûr. C'est pour cela qu'il se dirigeait vers le juge, lui tendant une lettre.

Ce dernier l'ouvrit et la lu silencieusement avant d'écarquiller les yeux et de regarder le patron de l'organisation privée. Puis, en regardant de nouveau la feuille il fit un soupir résigné et d'un revers de main, congédia Aaron.

Il se racla la gorge, avant d'apporter d'un peu plus près son micro relié à la table en bois.

- Durant ce procès, les noms de Park Jimin et Kim Namjoon seront strictement interdit d'emploie sous peine d'emprisonnement.

- Je vous demande pardon ? s'esclaffa l'avocat Morgan.

- Vous m'avez bien entendu, selon les « Lois du Renouveau » qui ont été créées avec l'O.I.P. au sein du gouvernement, une personne désignée directement par le patron de cette organisation, n'aura en aucun cas le droit d'être jugée ou condamnée par l'Etat, peu importe ce qu'elle a fait.

- C'est hors de question ! hurla l'avocat. Ce sont des personnes importantes pour le déroulement du procès, l'O.I.P. ne peut pas poser un droit sur eux.

- Elle le peut, maître Morgan. C'est rare et presque du jamais vu, mais c'était un arrangement entre Cole Burton et Martin Jewelz. Arrangement qui fait parti des lois et qui est appliqué aujourd'hui.

Jungkook qui était toujours à la barre en tant que témoin jeta un regard lourd de sens à son patron, ce dernier lui fit un hochement de tête et il comprit.

La lettre que Jimin avait écrite devait surement avoir un rapport avec la demande plus qu'incongrue d'Aaron.

L'avocat de l'accusation secouait la tête en soufflant du nez. Prit au dépourvu, il demanda un levé d'audience pour quelques minutes, ce qui lui fut bien entendu refusé.

Moins LK avait de défense, plus facile le procès serait.

Toute la défense de maître Morgan tenait sur Jimin et Namjoon, il voulait faire tomber l'O.I.P. en même temps que LK. Malheureusement, il allait rapidement devoir trouver une nouvelle stratégie pour défense ses clients et leur éviter la peine maximale.

Il se racla la gorge et fixa Jungkook d'un air mauvais se voulant faussement neutre.

- Monsieur Jeon, j'aimerais connaître l'entièreté de ce qu'il s'est passé le jour où l'O.I.P. a été attaquée. L'agent se redressa sur sa chaise doucement.

- Nous avons fait un rapport, tout y figure dessus. L'avocat prit un dossier en main.

- De ce que j'ai vu, les membres de LK auraient positionné des bombes incendiaires un peu partout dans le bâtiment puis serraient venu dans votre salle privée pour vous tuer, c'est bien cela ?

- Oui.

- Alors comment expliquez-vous qu'aucun de vous ne soit blessé et qu'eux soient morts ?

- Ils ont voulu nous tirer dessus, on a simplement été plus rapide.

Maître Morgan prit de nouveau la télécommande dans ses mains et appuya sur un bouton pour allumer l'écran. Dessus on pouvait y voir projeter divers revolvers ainsi que des éclats de balles.

- J'aimerais, membres du jury, attirer votre attention sur les balles qui ont été extraites des corps des huit criminels. Même sans être expert en armement, on peut bien voir qu'il y a un problème. Il fit défiler plusieurs images. Si vous regardez attentivement, sept des corps ont le même impacte de balle, cependant l'un des corps possède un impact différent. La balle retrouvé dans son corps n'était pas une balle des agents de l'O.I.P. mais appartenait aux criminels. Monsieur Jeon, comment expliquez-vous cela ?

Jungkook soupira. L'avocat savait qu'il ne pouvait pas parler de Jimin, cependant, il pouvait lui faire avouer qu'accessoirement, d'autres personnes se trouvaient dans la salle. Et que l'O.I.P. avait refusé de donner les caméras de surveillance de leur salle.

- D'autres personnes étaient présents, l'un d'eux a tiré sur un des criminels parce qu'il me menaçait.

- J'aimerais bien vous demander son nom, mais je risquerais des poursuites judiciaires. Néanmoins, même sans prononcer de noms, je peux affirmer que pendant de longs mois, vous, Jeon Jungkook étiez en relation avec un membre de LK. Le saviez-vous ? Êtes-vous également un complice ?

- Je n'ai rien à voir dans LK ! s'emporta le noiraud, ce qui fit sourire l'avocat.

- C'est assez étrange que pendant des mois vous ayez côtoyé volontairement un criminel sans se douter une seule seconde de qui il était réellement. N'est-ce pas vous qui vous vantiez sans cesse de votre intelligence et capacité à détecter chaque mensonge, peu importe lesquels ?

Jungkook ne sut quoi répondre. D'un côté il avait raison, jamais il ne s'était douté que Jimin pouvait faire parti de cette organisation criminelle. Et le peu de doute qu'il avait, avait été balayé d'un revers de mains le jour de l'enterrement de Vanille.

Mais Jungkook avait toujours sut au fond de lui, simplement, il ne se l'était jamais avoué, prit par la peur que tout s'effondre une nouvelle fois.

- J'ai eu des doutes.

- Alors pourquoi n'avoir rien fait ? Avez-vous délibérément évité de dénoncer cette personne ?

- Non. Je n'en étais pas sûr. Je ne pouvais pas risquer de faire condamner un innocent, il me fallait des preuves.

- Sauf que vous n'avez pas cherché. Le noiraud se pinçait les lèvres. Ce qui vous rend complice de ses crimes indirectement. Maître Morgan souriait. Je n'ai plus de questions.

Jungkook retourna à sa place, un sentiment de culpabilité l'accablant honteusement.

Le procès continua de longues heures, faisant passer tous les membres de l'O.I.P. un par un, les questionnant, les faisant avouer.

Ce fut le plus dur pour Seokjin, qui du avouer de nouveau qu'il avait eu un lien très proche avec un membre de LK. Il du de nouveau se justifier et sentir sur lui des regards désapprobateurs et parfois de haines.

Mais il garda la tête haute jusqu'au bout. Il le fit pour sa sœur, pour Vanille, pour son équipe et surtout pour lui-même. Il allait devoir se reconstruire après LK, ça serait dur, un chemin semé d'obstacles, mais avec les dernières personnes qui comptaient pour lui, il allait y arriver.

Pour Hoseok, ce fut également compliqué, surtout quand maître Morgan parla de Vanille et lui demanda de raconter devant une assemblée entière comment la femme qu'il aimait avait été assassinée.

Autant dire qu'il n'avait pas pu retenir ses larmes, malgré toute la force qu'il avait mit. Il insulta même l'avocat de rage, très vite repris par le juge qui lui demanda de se calmer.

Ils avaient sauvé d'innombrables vies, et là, devant cette Cour, ils étaient accusés du contraire par cet avocat ridicule.

Ça les retournait au plus au point.

La pause déjeuner avait eu lieu à quatorze heures, faisant souffler pendant une heure tout le monde.

A quinze heures, tout le monde entra de nouveau dans la salle. Cette fois-ci pour entendre les prévenus : Mino et Jackson.

Jackson fut le premier à être appelé à la barre. Tout le monde pouvait ressentir cette angoisse émaner de lui. Et à en juger par la peur qui était inscrite sur son visage, remplaçant sa sérénité de tout à l'heure, il avait surement prévu de parler de Jimin et Namjoon pour tenter de se sortir d'affaire.

L'avocat de la partie civile, maître Evans prit la parole en premier.

- Vous vous appelez bien Jackson Wang, c'est bien ça ?

- Oui.

- Bien, si nous recherchons dans la base de donné un certain Jackson Wang, on en trouve un paquet, mais de votre âge, un seul. Un homme de vingt-sept ans, travaillant dans une librairie, ayant eu une vie des plus banales. Pourtant, ce n'est pas du tout le cas. En diffusant votre photo dans les médias, une personne est venue voir la police, se disant être votre père. Pourtant sur votre acte de naissance, ce n'est pas du tout cet homme là, mais quelqu'un de décédé qui ne peut pas valider si oui ou non vous êtes son fils. Alors, monsieur Wang, qui êtes-vous vraiment ? Et comment avez-vous pu changer d'identité et effacer complètement l'autre, jusqu'à votre véritable acte de naissance ?

L'accusé passa une main dans ses cheveux en regardant son patron, qui lui, le regardait en lui faisant signe de se taire. Pourtant la culpabilité le prit aux tripes d'un seul coup.

Il savait qu'il allait se faire exécuter, qu'il n'y aurait aucun échappatoire, alors si au moins il pouvait soulager sa conscience et essayer de trouver la Paix dans toutes les horreurs qu'il avait commise, il allait le faire.

- On était trois hackers et notre niveau réuni nous a permis de pouvoir entrer dans la base de donnée internationale et d'effacer tout ce qui faisait parti de notre passé à tous. Il détourna le regard. On n'est pas choisi au hasard, vous ne savez pas de quoi il est capable ! hurlait-il en pointant son ancien patron. 

Les chuchotements repris, au grand désarroi du juge qui redemanda une nouvelle fois le silence.

- Justement, j'aimerais comprendre : comment êtes-vous choisi puis recruté officiellement ? demanda maître Evans.

- On est tous approché de manière différente. Moi, c'était au stand de tir. J'y allais souvent avant avec mon père, il est policier et voulait que je le devienne également.

- Vous avez été élevé dans le droit et la justice, qu'est-ce qui vous a donné envie de rejoindre LK ?

- La lassitude, la honte, le mépris. Toutes ces émotions que mon père ressentait envers moi. J'ai raté les trois concours d'entrée à l'O.I.P. et mon père me l'a toujours reproché. J'avais toujours l'impression d'être rabaissé et c'est sur cette corde sensible que Mino a appuyé. Il a tout fait pour me valoriser, vantant mes capacités jusqu'à ce que je vois une sorte de figure paternelle en lui.

- Pensez-vous avoir été manipulé ? Jackson se mit à rire.

- Bien sûr. Il nous a tous manipulé, il a forcé certains d'entre nous à signer ce fichu contrat.

L'avocat prit un papier en main avant de le tendre à l'accusé.

- C'est ce contrat ? Jackson hocha la tête. Pouvez-vous nous lire les lignes que j'ai surligné s'il vous plaît ?

- « Respect et obéissance envers Park Mino. Toute désobéissance sera puni de torture et toute trahison, de mort. Je m'engage pour une durée de cinq ans à m'entraîner dans tous les domaines énoncés plus haut, et une autre durée de cinq ans à kidnapper, torturer et assassiner une personne par mois. Une fois que mon travail est terminé, je me dois un silence complet sur tout ce que j'ai vu ou pu apprendre, sous peine de mort. Gloire à la Justice de LK. »

Tout le monde dans la salle se taisait, choqué des quelques lignes lu du contrat que LK avait crée.

Comment pouvait-on signer un tel contrat ? Accepter de tuer volontairement ?

- Merci. Vous avez également dit que certains d'entre vous n'avez pas choisi volontairement de rejoindre Mino, que voulez-vous dire. Jackson se mit à rire bruyamment.

- Il trouve vos plus grandes faiblesses et en fait une arme contre vous. Il regardait dans le vide. Lisa. Putain Lisa, c'était juste une fille innocente et elle n'a pas eu le choix. Ce sale monstre a trouvé le moyen de pression le plus cruel qui puisse exister : son fils. C'était une jeune maman de dix-sept ans quand elle est arrivée. Elle avait été reniée par sa famille et devait élever comme elle le pouvait son fils d'un an. Bien évidemment, la solution la plus facile est la prostitution malheureusement. Pourtant, quand Mino lui a fait pression en disant qu'il révélerait ce qu'elle était devenu à seulement dix-sept, elle n'a pas réagit. Non. Alors il a du lui faire comprendre qu'il n'était pas une personne a qui l'on disait « non ».

- Qu'a-t-il fait monsieur Wang ? le jeune homme passa une main sur son visage en soupirant.

- Il a tué son fils devant elle.

L'horreur se lisait sur le visage de tous, n'osant même pas regarder Mino, non, ce monstre.

- Elle a...ce jour a été si horrible. La plupart d'entre nous étaient déjà présent quand c'est arrivé. Mais moi j'étais là, dans la salle avec eux. Et c'est une chose que je n'ai jamais pu oublier. Car ce jour-là à marqué la folie monstrueuse de cet homme que l'on devait appeler patron. Ça avait un peu un goût de début de la fin, mais il était trop tard pour partir.

- Elle a donc signé ce contrat ?

- Oui. Elle avait beaucoup trop peur de lui et de ce qu'il pouvait faire à sa famille ou bien à elle. Après ce jour, plus jamais on a entendu parler de son fils, plus jamais elle l'a évoquée et a complètement changé, prenant une attitude dominante.

- Merci, je n'ai plus de questions.

Si Jackson n'avait pratiquement aucune chance d'échapper à l'exécution, avec ce qu'il venait d'avouer, il n'en laissait aucune à Mino.

Maître Morgan se leva et s'approcha du vestige tremblant qu'était devenu Jackson.

Il n'était plus que l'ombre de lui-même, comme beaucoup avant lui. Car on ne ressortait jamais entièrement de LK. Jamais.

- Vous dites que Park Mino a fait de véritables atrocités, mais et vous ?

Jackson comme tout le monde, fronçait les sourcils. Est-ce que son propre avocat était en train de se retourner contre lui ?

Mino le lui avait en vérité demandé au creux de son oreille pendant que Jackson contait sa petite histoire à faire pleurer.

Il était donc seul.

- Je suis responsable de quinze meurtres, je ne le cache pas. J'ai torturé et tué toutes ces personnes, nous l'avons tous fait. Mais Mino lui, a participé à la troisième et la quatrième vague. Faites rapidement le compte de toutes les personnes qu'il a tué pendant ce temps et en dehors.

Mino soufflait avant de sourire, faisant se figer Jackson. Même là, protégé de lui avec toute la sécurité qu'il y avait autour d'eux, il avait peur. Comment ne plus avoir peur d'un monstre pareil ? D'une personne qui l'avait torturé lui et ses amis, comment ?

L'avocat était légèrement prit au dépourvu par l'honnêteté de son « client ». il baragouina quelque chose puis fit signe qu'il n'avait plus de question.

Jackson quitta la barre et retourna s'asseoir, croisant sur son chemin Mino et son regard terrifiant, rempli de folie.

En s'asseyant de manière gracieuse, Mino regarda chaque personne dans la salle avant de croiser les jambes et de poser son coude sur l'accoudoir pour soutenir sa tête.

Là, dans cette position de pure dominance, le public put enfin voir le visage de LK.