Chapitre 32
Jungkook marcha rapidement, il voulait sortir du bâtiment et prendre l'air. Il se sentait si faible et stupide, il avait presque faillit se confier à un inconnu alors que jamais auparavant cela ne lui était arrivé.
Il avait peur.
Tellement peur de la personne qu'il devenait peu à peu. Ses barrières tombaient les unes après les autres, l'abandonnant sans aucune honte. Il n'était pas préparé à ça, à perdre ses repères. Et il ne le voulait pas.
Et il savait ou plutôt connaissait le déclencheur de tout ça.
Il sortit sur le toit. Il n'était pas revenu ici depuis sa rupture avec Madison et en réalité, il n'en ressentait pas le besoin. Ce petit coin, il y venait quand il se sentait triste et qu'il n'avait pas la possibilité d'aller dans son lieu secret pour contempler le lac.
Le toit faisait l'affaire pour le calmer. Alors il se dirigea vers le rebord et passa ses jambes au dessus de la rambarde pour s'asseoir sur le petit muret. Ses jambes flottaient dans le vide mais il n'avait pas peur, même s'il ressentait légèrement une sensation de vertige.
Il regardait la ville qui s'offrait à lui tout en réfléchissant aux paroles de son psychologue. Il détestait devoir admettre qu'il avait en partie raison. Il voulait l'aider, l'aider à aller mieux, Jungkook devait faire un effort et essayer de se confier.
Mais il ne ressentait pas encore le courage d'avouer tous ses secrets, surtout que le plus sombre, même Hoseok n'en avait pas connaissance. C'était bien la seule chose qu'il ignorait sur son meilleur ami.
Jungkook soufflait en entendant la porte du toit s'ouvrir. Il ne voulait pas être dérangé pour le moment.
Des pas lents s'arrêtaient juste derrière lui. Il ne voulait pas se retourner, pas encore. Il espérait seulement que ce soit Hoseok parce qu'il n'y avait que lui qu'il arrivait à supporter dans ces moments là.
Mais la voix qui s'élevait lui fit écarquiller les yeux de surprise.
- Pas mal la vue. Jungkook allait se retourner mais une main sur son épaule lui demandait silencieusement de rester assis.
- Je...
- Je suppose que ta première séance avec monsieur Kim s'est plutôt bien passée. Ce n'était pas une question et pourtant si l'on se fiait à l'attitude de l'employé, il ne semblait pas heureux ni même soulagé.
- Pas vraiment.
- Moi je pense qu'au contraire, elle a été fructueuse. Regarde-toi, venir ici pour réfléchir, le docteur Kim a bien fait son boulot, te pousser dans tes retranchements.
- C'est pour ça que vous l'avez engagé ? demanda-t-il en tournant légèrement la tête vers son patron.
- En partie. Les choses que je sais sur lui c'est qu'il n'ait pas comme les autres psychologues, il ne prend pas les problèmes de manière subtile mais force son patient à les confronter. Tu verrais son dossier, il est incroyable. Il s'asseyait près de son employé.
Le brun ne répondait rien, il avait lui aussi sentit que ce Taehyung voulait le voir craquer pour qu'il se confit plus rapidement. Il n'aimait pas sa méthode. Mais peut-être que Jungkook avait besoin d'être forcé.
- Quand je vous ai remis la Médaille du Mérite à Hoseok et toi, j'étais extrêmement fier de vous, tu ne peux pas imaginer à quel point. Vous avez dépassé tout ce que j'avais imaginé pour vous. Vous êtes de très bons éléments et vous me le prouver chaque jour.
- Merci monsieur de nous faire confiance.
Aaron passait sa main dans les cheveux de son employé avant de lui tapoter doucement la tête
- Vous faites la fierté de l'O.I.P. vous six. Personnes n'a jamais été aussi proche de coincer LK jusqu'à maintenant.
Jungkook gardait une expression neutre mais au fond de lui, il était heureux que son patron soit fier de lui et de ses collègues, ça comptait énormément.
Quelque chose passa dans le regard de Jungkook quand il regarda son patron. Il prit une grande inspiration ne sachant pas s'il devait en parler ou non. Aaron le regardait toujours voyant parfaitement que le brun voulait parler, mais il ne le força pas une seconde à se confier, il attendait seulement.
- Monsieur, je vous pris de m'excuser pour ce que je vais dire. Il fit une petite pause en reportant son regard sur la vue devant lui. Il y a quelque temps, je vous ai soupçonné d'être le patron de LK.
Aaron souriait avant de laisser un petit gloussement passer la barrière de ses lèvres.
- Je suis au courant. La surprise se lisait sur le visage de Jungkook.
- Comment ?
- Disons que l'on m'a informé qu'une personne avait regardé dans mon dossier personnel. J'ai tout de suite compris que c'était toi.
- Mais monsieur...
- C'est pour ça que je t'admire Jungkook, tu enquêtes d'une manière totalement objective. Si demain Hoseok paraissait suspect, je sais parfaitement que tu ne laisserais pas vos liens l'écarter en tant que suspect. Tu fais du bon travail, alors peu importe qui tu soupçonnes, je te fais confiance.
Jungkook se sentait touché par les paroles de son patron. La confiance était une chose très compliquée pour lui, mais Aaron lui faisait confiance sans pour autant le connaître en profondeur, et ça comptait pour Jungkook.
- Merci monsieur. Je vais faire mon possible pour résoudre cette enquête. Aaron se levait en regardant son employé.
- Je sais.
Puis il partit sans un mot de plus, laissant Jungkook dans ses pensées pendant le longues minutes.
Son regard était toujours plongé dans la vue de la ville entière. C'était magnifique, tous ses buildings, toutes ces personnes qui fourmillaient tout autour, se croisant sans jamais se parler. D'un côté c'était triste mais c'était ainsi que le monde fonctionnait.
Le téléphone de Jungkook vibrait, il le sortit de sa poche avant de regarder le nouveau message qui s'affichait sur son écran.
Rose lui demandait de les rejoindre dans leur salle privée sans plus d'explication.
Il soupirait et se concentra pour chasser toutes les pensées qui peu à peu l'envahissaient. Il se releva, époussetant ses vêtements avant de resserrer sa cravate noire.
Il quitta le toit, laissant derrière lui tout ce qui faisait ses faiblesses.
Il prit l'ascenseur pour rejoindre son étage, juste avant il prit un café noir pour être sûr de passer outre sa fatigue bien présente.
En entrant dans la salle, il vit aux visages de ses collègues que quelque chose n'allait pas. Il fronça les sourcils avant de se diriger vers Rose. Elle tenait un petit ordinateur portable et un fichier audio était ouvert mais était mis sur pause.
Jungkook balaya la salle et haussa un sourcil en ne voyant pas Seokjin.
- Où est Seokjin ?
Il regarda Hoseok qui avait la tête entre ses mains et Vanille qui avait les larmes aux yeux. Puis il reportait son regard sur Rose qui secouait la tête et Kris qui se mordait la lèvre inférieure nerveusement.
Jungkook ne comprenait pas leurs comportements, à tous.
- Où est Jin ?
Mais encore une fois aucune réponse ne lui était apportée. Jungkook prit donc l'ordinateur portable dans les mains de Rose mais cette dernière l'en empêcha avant de le poser sur la table. Elle prit les mains de Jungkook et le dirigeait vers des chaises non loin d'eux.
Ils s'asseyaient tranquillement mais Jungkook ne tenait plus. Sa jambe tressautait nerveusement tant la sensation désagréable lui montait le long du dos.
Il serra la main de Rose un peu plus fermement.
- Où est Jin, Rose ? Qu'est-ce qui se passe ?
- Jungkook. La voix venait de Vanille. S'il te plaît, juste calme toi avant.
- Je suis calme bordel, c'est vous qui m'inquiéter.
Rose qui avait prit son ordinateur, le posa devant Jungkook.
- Nous avons reçu ça il y a environ vingt minutes mais on n'a pas eu le réflexe de t'appeler tout de suite.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Il y a un fichier audio mais également des photos.
- Rose putain, dis-moi d'abord où est Seokjin.
Hoseok se levait doucement.
- Il est en salle d'interrogatoire. Jungkook haussa ses sourcils.
- Il interroge quelqu'un ?
- Il est interrogé.
- Pardon ?
Hoseok se déplaçait en grimaçant légèrement vers son partenaire.
- Il est interrogé en tant que suspect.
Cette fois-ci Jungkook fronça les sourcils avant de rire.
- Tu te fous de moi ?
- Les fichiers que nous avons reçus prouvent que Seokjin a un lien avec LK.
Jungkook se leva d'un seul coup en tapant du poing sur la table.
- Putain, non impossible.
Il attrapa l'ordinateur de Rose et lança le fichier audio. Il y avait quelques grésillements mais c'était compréhensible. On y entendait la voix de Seokjin distinctement et une autre voix mais celle-ci était modifiée. Seule la voix de l'agent était claire.
La voix modifiée parlait beaucoup, beaucoup trop. Elle donnait des informations sur LK et Seokjin répondait, il répondait que la justice de ce monde était dégeulasse et que LK était la seule solution.
La voix lui demanda alors s'il acceptait alors d'en faire partie, ce à quoi Jin répondit par l'affirmative.
Seokjin était entré chez LK.
Jungkook regardait à présent les photos, on y voyait très distinctement Jin dans un lieu qui semblait grand et sombre, il avait porté un couteau autour de la gorge d'un homme. Puis un autre cliché, cette fois, on le voyait se battre avec une femme sur un ring.
Jungkook enchaîna les photographies tout en ressentant un sentiment qu'il connaissait très bien.
La trahison.
Il déposa l'ordinateur sur la table avant de sortir précipitamment de la pièce sous les cris de ses collègues qui lui demandaient de rester.
Il n'écoutait personne. Il se dirigeait vers les salles d'interrogatoire tout en imaginant ce qu'il allait dire à son « collègue ». il était en colère, il lui en voulait.
Est-ce que Jin était une taupe depuis le début ? Putain ça semblait impossible pour Jungkook. Il voyait dans ses faits et gestes toute l'innocence du noiraud. Il ne pouvait tout simplement pas être infiltré.
Jungkook ne voulait pas le penser. Il commençait à lui faire confiance, à l'autoriser à entrer dans sa vie sans trop de barrières.
Il ne pouvait pas s'être trompé à se point, se faire aveugler par sa gentillesse.
Non, ce n'était même pas envisageable.
Il arriva devant une porte noire et l'ouvra directement. C'était la seule actuellement fermée, donc il n'y avait aucun doute que c'était ici que Seokjin était interrogé.
Il pénétrait à l'intérieur de la pièce et son regard se porta directement sur son collègue qui était en train de répondre aux questions d'un autre agent.
- Putain d'enfoiré.
Jin relevait la tête vers le brun, son expression était neutre mais on pouvait facilement deviner sa colère.
- Jungkook...
- Qui es-tu ?
- Jungkook laisse-moi t'expliquer.
- Putain, bien sûr que tu vas le faire.
Il regardait l'homme qui s'occupait de l'interrogatoire. Il lui fit un signe de tête pour qu'il sorte mais l'homme ne sembla pas le vouloir.
- Je dois l'interroger, il...
- Est-ce que j'ai l'air d'en avoir quelque chose à foutre ?
- Monsieur Jeon, vous...
- Dégage, je prends le relais.
L'homme se leva et se courba avant de sortir non sans marmonner qu'il en référerait à son patron. Mais Jungkook ne l'écoutait déjà plus, il se concentrait sur ami.
Il s'asseyait et croisa ses mains, les déposant doucement sur la table en inox.
- Je t'écoute, tu as cinq minutes pour me raconter ce que tu fous à l'O.I.P. Jin.
Les menottes autour des poignets, Seokjin s'avança légèrement sur sa chaise tout en regardant son collègue. Son regard était si noir, pénétrant. Il ressentait toute l'amertume de Jungkook à son égard.
- J'ai tout fait pour empêcher ça tu sais. Je ne voulais pas que vous l'appreniez. Non, je ne le voulais pas.
- Tu travailles pour LK ?
- Non. Je n'ai jamais travaillé pour eux. L'enregistrement, je l'ai également écouté. Il est trafiqué, ces phrases je les ai bien dite mais pas dans ce sens. Putain jamais j'aurais voulu entrer dans cette organisation.
- Expliques-toi.
- J'avais quatorze ans, j'étais un vrai petit con, pourtant j'étais sortis du foyer et de toutes ces mauvaises fréquentations mais ça ne m'a pas empêché de faire pas mal de merde après.
Il se redressait tout en détournant le regard.
- Je faisais pratiquement le mur tous les soirs pour aller me battre avec n'importe qui, j'avais besoin de faire taire toute cette souffrance, toute cette colère que je ressentais en moi. Et à l'époque, je n'ai trouvé que cette solution, blesser les autres au lieu d'être blessé. Un rire dans joie passait la barrière de ses lèvres. Mais putain, pour mon âge je me battais déjà assez bien, j'avais de la force, de bons appuis et je contrôlais bien mon corps.
Il ancra son regard dans celui noir de Jungkook qui l'écoutait attentivement.
- Un soir, un homme d'une trentaine d'année m'a abordé après que je me sois battu. Il m'a fait tout un tas de compliment sur ma manière de me battre et je me sentais fier. Il m'a proposé d'apprendre à me battre avec des techniques plus poussées et sur le coup je ne me suis pas méfié, j'avais soif d'apprendre à me battre alors j'ai accepté. Il m'a donné une adresse et dès le lendemain je suis parti le retrouver.
- Tu n'as pas eu peur ?
- Quand je te dis que j'étais vraiment con quand j'étais jeune, je ne mens pas.
- Continus.
Seokjin acquiesçait avant de soupirer fortement.
- Ça a duré deux semaines. Il m'entraînait vraiment bien, il avait beaucoup de force et il était sympa. Je ne me suis pas méfié. Mais plus les jours passaient, plus il me demandait mon avis sur des choses banales comme l'école, ma famille et moi. Je lui répondais franchement, il ressemblait le plus à une figure paternelle et je lui en étais reconnaissant.
- Tu lui faisais confiance. Jin hocha la tête.
- Il m'écoutait toujours attentivement et je me sentais, je ne sais pas...compris ? Mais peu à peu il me demandait comment je me sentais dans cette société, si j'aimais le système, cette justice. Et franchement à cette époque je détestais tout le monde, alors je lui ai dis que je détestais cette putain de société et j'ai même dis que LK avait raison de vouloir se débarrasser de tous ces gens. Mais bordel, j'étais qu'un gosse irresponsable à l'époque. J'avais perdu mes parents, j'avais du aller en foyer, j'ai participé à la mort de quelqu'un. Putain...
Seokjin sanglota avant de passer ses mains menottées sur son visage. Le peu de larmes qui s'y trouvait avait disparu mais la peine et la culpabilité y demeurait toujours. Et Jungkook mentirait en disant que les larmes de son ami ne lui faisaient rien, mais il voulait rester professionnel tant que tout n'était pas éclairci.
- J'étais en colère, en colère contre mes parents qui m'avaient laissés même si ce n'était pas de leur faute, ils ne voulaient pas avoir d'accident. J'étais en colère contre ma sœur de ne pas pouvoir me garder avec elle, mais elle était mineure et ne travaillait pas, elle ne pouvait rien faire. J'étais en colère contre moi-même d'exister, je me suis détesté longtemps, si longtemps. Je crois que j'ai commencé à me sentir un peu mieux en entrant à l'O.I.P. et en rencontrant Hoseok et Vanille.
- Que s'est-il passé ensuite. Demanda Jungkook sèchement.
- Cet homme a commencé à me parler de LK et de ce qu'ils faisaient et au début j'étais d'accord avec ses dires mais quand il m'a dit qu'il pouvait me faire entrer chez eux, j'ai complètement flippé. J'ai dis que je ne voulais pas et qu'il vaudrait mieux qu'on ne se voit plus. Il n'a rien dit à par qu'il était d'accord. Et on ne sait plus jamais revu.
Jungkook se leva de sa chaise et commença à faire les cent pas sans regarder son collègue. Il réfléchissait, c'était totalement plausible et ça expliquerait pourquoi la dernière fois sans le parc Seokjin avait détruit sa puce de téléphone. LK avait du lui envoyer les mêmes fichiers en le menaçant surement de tout révéler.
Seokjin avait du avoir peur de tout perdre. C'était évident que le gouvernement aurait tout fait pour lui tirer les verres du nez, et ne récoltant aucune information, il l'aurait exécuté, simplement.
Jungkook pouvait le comprendre, comprendre son désarroi également. Il avait quatorze ans, il n'était pas au courant que la personne qui l'avait prit sous son aile était un membre de l'organisation meurtrière.
Puis quelque chose fit tilt dans l'esprit de Jungkook. Il posa à plat ses mains sur la table devant lui, surprenant Seokjin.
- Tu as vu son visage ? Tu as son nom ?
- Quand je suis entré à l'O.I.P. j'ai moi-même fait des recherches pour le retrouver, mais ça n'a rien donné. J'ai fait faire un portrait robot mais la reconnaissance faciale n'a rien donné et puis je pense sincèrement que ce n'était qu'une marionnette, comme Frank Decrue l'a été.
C'était fort possible, cet homme pouvait très bien avoir été engagé et payé pour parler à Seokjin et le tester.
- Je vais faire un rapport sur toi. Tu ne devrais pas être tenu responsable mais tu aurais du le dire à l'O.I.P. comme Kris. Tu vas surement être suspendu ou même retiré de l'affaire et je ne te parle même pas des soupçons qui continueront de planer autour de toi.
- Tu me crois ? demanda Seokjin tout en tremblant.
- Oui. Kris a bien faillit se faire recruter également. Jungkook écarquillait les yeux. Putain oui ! LK ne recrute que des gens en particulier, personne ne peut les contacter, c'est eux qui te trouvent.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Je crois qu'ils recherchent des âmes détachées du système, des personnes qui ont un passé lourd et des doutes sur la justice.
- Des personnes manipulables.
- Exactement.
Jungkook s'approcha de la porte et l'ouvrit avant de se retourner.
- Je vais aller directement parler à monsieur Jewelz pour dire ce que je ressens par rapport à ta déclaration. Je vais tenter de le convaincre que grâce à ce que tu m'as dit, de nouvelles pistes ont pu voir le jour. Ne t'en fais pas Jin, je vais lui demander de seulement te passer un savon, au pire un blâme mais pas de renvoi ou de suspension ni d'écartement sur l'affaire.
Le noiraud regardait son ami en souriant faiblement.
- Merci Jungkook. Merci de me faire confiance.
Puis la porte claqua.
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