Concrete trap
Pour le défi « Les jeux du hasard » de @shirokeur ✨
Vous pouvez retrouver les autres fics du défi sur le compte insta @lesjeuxduhasard.
J'ai tiré au sort :
• Apocalypse
• Age gap
• Maladie
• Veste en cuir
• Jisung / Changbin
et la citation : « Je compte jusqu'à trois. Si à la fin de ce compte tu ne sors pas de ta cachette... ! »
Les personnages m'appartiennent, je ne fais que reprendre le nom de célébrités. Il s'agit d'une fiction.
Merci de les respecter, tout comme l'autrice (aka moi).
Cette histoire est protégée par le droit d'auteur, aucun plagiat ne sera toléré.
• Trigger warnings : Angoisse, sang, mention de mort
Apocalypse un peu soft, c'est glauque mais pas trop
J'espère qu'elle vous plaira, bonne lecture !
✨
Ses yeux s'ouvrirent péniblement, se refermant sans cesse à cause de la lumière. Le ciel était d'un blanc artificiel qui ressemblait à s'y méprendre aux néons d'un hôpital. Ses yeux, agressés, lâchèrent quelques larmes qui dévalèrent ses joues rondes.
Oppressé par les montagnes de béton qui l'entouraient, Jisung avait l'impression de s'enliser dans le sol, incapable de bouger. Les immeubles en construction s'étendaient sur des kilomètres si bien qu'il n'en voyait pas le bout. La rue, à l'allure d'un boulevard semblait sans fin, s'enfonçant dans le brouillard.
C'était calme, bien trop calme. Il ne voyait personne et doutait sérieusement que quelqu'un habite dans ces bâtiments, mais il avait le désagréable sentiment d'être épié.
Ses oreilles produisaient un bruit blanc, légèrement assourdissant comme pour combler tout ce vide. Il avait l'impression que le moindre son aurait pu faire trembler les murs des constructions autour de lui.
Une masse le bouscula violemment avant de pester rageusement. À genoux sur le béton, Jisung observa celui qui lui avait fait rencontrer le sol. L'homme l'avait à peine regardé en se relevant et continuait ce qui paraissait être un combat armé. Il savait ce qu'il faisait. Sa détermination et sa précision eurent rapidement raison de la personne en face. Inerte, le corps tomba mollement au sol.
Effrayé, Jisung observa l'homme. Son haut semblait sur le point de craquer sous la pression de ses muscles tout comme son pantalon en simili cuir. Peut-être était-il des forces armées ?
Quand il se retourna vers Jisung, celui-ci resta bouche-bée, il ressemblait à s'y méprendre à son ami Changbin. Ce dernier était son ami depuis le collège et ils avaient pour projet de faire leurs études supérieures ensemble. Il avait simplement l'air plus âgé d'une dizaine d'années. L'homme cracha un mollard de sang au sol avant que ses yeux sombres ne se posent sur le gringalet qu'était Jisung.
— Qu'est-ce que tu fous là gamin ? L'interrogea-t-il en le regardant avec un certain dédain.
Incapable de sortir un seul son, les yeux de Jisung naviguait entre l'homme et le corps qui gisait plus loin. Duquel des deux devait-il le plus se méfier ? Est-ce que cet homme pouvait être considéré comme un allié ?
Du sang s'échappait de sa bouche et l'homme racla sa gorge avant de cracher à nouveau. Il essuya la commissure de ses lèvres tachées de sang d'un revers de main, avant de reposer son regard sur lui.
— Tu fous quoi ici gamin ? Répéta-t-il énervé.
Sans réfléchir, Jisung se releva et se mit à courir dans une direction totalement aléatoire. Il s'enfonça dans le labyrinthe de béton qui s'offrait à lui. Pourquoi courait-il ? Il allait se faire avoir comme un lapin, le faux Changbin était évidement doué pour tirer sur des cibles ! Depuis quand prenait-il des décisions aussi catastrophiques ? C'était peut-être pour ça qu'il était mauvais aux jeux de combats et que ses amis le charriaient autant. Quel idiot il faisait !
À bout de souffle, il trouva refuge derrière un énième mur de béton. À bien y réfléchir, même sa cachette était de piètre qualité. Il n'y avait qu'une seule issue et il pourrait dire adieu à ce monde dès qu'on tomberait sur lui.
— Je compte jusqu'à trois...
La voix grave de Changbin résonnait entre les bâtiments.
— Si à la fin de ce compte tu ne sors pas de ta cachette, je viens te chercher, je sais où tu es gamin !
Jisung lâcha un soupir muet. Évidement qu'il savait où il était. Quelle était la meilleure solution ? Sortir maintenant et se faire abattre ou attendre encore quelques secondes que Changbin le retrouve ? Il n'était pas assez optimiste pour penser à des minutes. Qu'est-ce que ça pouvait bien changer dans ce monde bétonné ?
Il n'entendait pas le bruit de ses pas mais il savait qu'il se rapprochait. Après tout, il faisait sûrement partie des forces armées.
— Trouvé.
Changbin n'avait pas parlé fort, il n'avait même pas l'air de vouloir lui faire peur. Jisung n'avait pourtant pas pu contrôler son cri aigu alors qu'il le regardait d'un air sévère.
— Bon, tu m'expliques ?
Pris comme un lapin, il se sentait bête de ne pas être sorti de sa cachette plus tôt. Dos au mur, il n'avait pas d'autre option que de lui faire face.
— Je ne sais pas...
Que pouvait-il dire à part la simple vérité ?
— Tu sais quoi ? Commença-t-il passablement énervé. Finalement je m'en fou de ce que tu fais ici, mais si tu tiens à ta vie, reste avec moi. Un gamin comme toi ne devrait pas traîner par ici.
Étonnamment le ton de sa voix était devenu plus doux bien que ça sonnait comme un ordre. Jisung n'avait pas tellement le choix. Au moins, il n'avait pas l'air d'en avoir après lui. Il était curieux de savoir pourquoi il avait abattu l'autre personne mais il craignait les remontrances s'il osait poser la question.
— Sortons de là, annonça Changbin en lui prenant fermement le poignet alors que Jisung sentait le sol vibrer. Il y a des tremblements de terre, faut juste qu'on aille ailleurs.
« Juste » ? Comment ça ? C'était donc normal qu'il y en ait ?
Il n'eût pas le temps de poser plus de questions, les secousses s'intensifiaient. Changbin accélérait, marchant d'un bon pas, à la limite de la course. Les jambes finement musclées de Jisung peinaient à suivre le rythme imposé. Il se demandait si ça allait s'arrêter à un moment ou si au contraire, ça allait continuer jusqu'à détruire tous les bâtiments autour d'eux. Imaginer un tel paysage de désolation lui donnait des frissons.
Après ce qui lui avait semblé être de longues minutes, Jisung ayant perdu la notion du temps, les tremblements cessèrent. Son poignet libéré, ils reprirent un rythme plus lent, l'un derrière l'autre dans les ruelles. Changbin marchait en tête mais ne paraissait pas se détendre pour autant. Jisung voyait qu'il était en permanence sur ses gardes et lui-même se sentait tendu à cause de ça. Il ne savait pas ce qui pouvait leur arriver.
— Faut qu'on te trouve une arme, l'informa-t-il en jetant un œil par dessus son épaule, s'assurant qu'il le suivait.
Jisung n'était pas très confiant. À part dans les jeux vidéos, il n'avait jamais eu d'arme dans les mains. Il n'était pas une personne violente de toute façon. Il préférait être pacifiste mais il savait que certaines personnes n'étaient et ne seraient jamais ouvertes au débat. Peut-être valait-il mieux qu'il ait une arme « au cas où ».
— C'est vital ici, au moins pour te défendre, tu n'auras pas forcément besoin d'attaquer, lança-t-il comme s'il avait lu dans des pensées. Je ne cherche pas les ennuis, ils viennent à moi, prévient-il en haussant les épaules.
Dans un autre contexte, la phrase aurait sûrement fait rire Jisung, mais ici elle ne laissait présager rien de bon et ça ne le rassurait pas le moins du monde.
Ils continuaient de marcher, sillonnant le labyrinthe de béton toujours aussi dense. Jisung se sentait oppressé, le brouillard ambiant n'était pas très épais mais suffisant pour limiter leur vision. Il faisait sombre malgré le ciel toujours aussi blanc, les bâtiments empêchant la lumière de descendre jusqu'à eux.
Une ombre passa sur le sol, faisant sursauter Jisung qui se cogna. Une main sur le front, il se demandait comment il avait pu rentrer dans un mur alors qu'il ne faisait que suivre Changbin. Est-ce que les murs invisibles existaient ? Lorsqu'il releva la tête, Changbin n'était plus là, il avait disparu.
— Changbin ? Demanda-t-il d'une petite voix.
Il manqua de perdre l'équilibre plusieurs fois en tournant sur lui-même tout en regardant s'il voyait quelqu'un en hauteur : Changbin ou un potentiel assaillant. Rapidement, la terreur lui broya le ventre alors qu'il ne voyait aucun signe de son acolyte.
— Changbin ? Changbin !
Cette fois, il hurlait. Trop apeuré de se retrouver seul dans cet endroit angoissant. Il ne pouvait pas se défendre et devait bien avouer qu'il comptait sur son camarade pour cela.
— Changbin !
Il criait plus fort alors que les mots avaient l'air de mourir dans l'air aussi vite qu'ils sortaient de sa bouche. Les joues mouillées de larmes et tétanisé, il était incapable de bouger pour tenter de le retrouver.
— Arrête de hurler, tu vas nous faire repérer gamin ! gronda le plus vieux.
Il était apparu de Jisung-ne-savait-où mais ça lui importait peu finalement. Il était là et rien que pour ça Jisung eût envie de se jeter dans ses bras pour trouver un quelconque réconfort, mais il n'osa pas. Il se trouvait un peu pathétique à paniquer ainsi alors que Changbin prenait sûrement sur lui pour garder son calme. Il essuya ses joues sans même se détourner, trop effrayé qu'il disparaisse à nouveau.
Se raclant la gorge, Changbin cracha au sol ce qui ressemblait encore à du sang.
— Et dépêche-toi, c'est encore pire la nuit, grogna-t-il en s'essuyant la bouche.
Un nouveau frisson d'angoisse remonta le long de son dos. « La nuit » ? Rien n'était simple dans ce labyrinthe de béton de jour, alors de nuit... Jisung ne préférait pas y penser. Naïvement, il avait espéré que le soleil ne dormirait jamais ici.
Ils reprirent leur marche alors que la terre sous leurs pieds tremblait à nouveau. Leur rythme s'intensifia naturellement. Changbin n'avait pas eu besoin de dire quoi que ce soit. Les secousses se répétaient, leur puissance et leur fréquence accélérait à chaque fois un peu plus, les obligeant à faire de même.
Jisung apercevait des ombres humanoïdes mais il n'avait pas le temps de s'y attarder. Cela ne semblait pas préoccuper Changbin et tant qu'ils ne se faisaient pas attaquer, ils n'avaient aucune raison de déclencher un combat.
Un bloc de béton se décrocha d'un bâtiment pour tomber à quelques mètres d'eux, faisant sursauter Jisung. Changbin ralentit, à bout de souffle, toussant grassement avant de cacher une fois de plus du sang.
— Ça va ? Osa questionner Jisung
Sans lui répondre, Changbin cracha à nouveau avant de reprendre une marche rapide.
Le sol tremblait si fort qu'ils peinaient à garder leur équilibre lorsqu'ils débouchèrent sur un boulevard. Celui-ci était vide de toute vie. Il n'était pas désert pour autant, un nombre conséquent de corps inertes recouvraient le sol qui lui, ne vibrait pas. Encore à couvert au bord du labyrinthe, Changbin regarda Jisung, comme pour évaluer la situation.
— C'est dangereux, mais vu comment ça tremble ici on a pas le choix, il faut qu'on passe par là, commença-t-il résigné. Tu vas fouiller les corps, tu devrais pouvoir trouver une arme. Je vais monter la garde. On est trop à découvert pour fouiller à deux et j'ai encore quelques munitions.
Jisung hocha la tête, bien qu'il sentait son ventre se tordre d'un mélange de dégoût et d'amertume.
Après un bref signe de tête en guise d'encouragement, ils s'élancèrent vers les corps. Ceux-ci semblaient dormir paisiblement. Aucune trace de sang, pas d'odeur de putréfaction. Jisung eu le malheur de penser qu'ils allaient peut-être se mettre à bouger au moment où il les toucherait et un sentiment d'effroi parcouru son échine.
La peur au ventre, il se pencha sur le premier jeune homme à sa portée, il portait une veste en cuir et avait un visage d'une beauté rare. Rapidement, il trouva un petit canif dans une de ses poches. Il le prit avec lui et s'approcha d'un autre corps pour essayer de trouver des munitions pour Changbin et une meilleure arme pour lui. Quelques corps plus tard, il avait un deuxième couteau et deux balles supplémentaires qui pourraient servir pour l'arme de Changbin. Ce n'était pas grand chose, mais c'était toujours mieux que rien.
Son acolyte lui fit signe pour qu'ils repartent dans le dédale de béton, en face de celui duquel ils étaient arrivés.
— Ça va ? lui demanda Jisung, sentant son camarade tendu et chagriné.
— J'ai perdu trop de gens dans cette merde gamin.
Il fût surpris qu'il lui réponde, ce n'était pas dans ses habitudes. Bien qu'il soit fort physiquement, Jisung sentait qu'il commençait à avoir du mal à gérer ses émotions. Peut-être que certaines de ces personnes étaient des anciens camarades ? Il semblait sur le point de pleurer lorsqu'il fût pris d'une quinte de toux grasse.
— Tu es malade ? Demanda prudemment Jisung.
Cette fois-ci, il n'eût aucune réponse et n'insista pas malgré un énième mollard de sang. Ils marchèrent tranquillement, restant sur leurs gardes, croisant quelques ombres qui faisaient sursauter Jisung à chaque fois. Décidément, il ne s'y habituerait jamais.
Marchant toujours derrière Changbin, il observait le corps de celui-ci se soulever à chaque spasme lorsqu'il toussait. Son état avait l'air de se détériorer de minutes en minutes et Jisung se senti peiné. Ils ne se connaissaient pas beaucoup, mais son camarade avait l'air d'être quelqu'un de bien. Il l'avait en quelque sorte recueilli, le prenant sous son aile alors qu'il n'en était absolument pas obligé. Il aurait pu se débarrasser du plus jeune pour s'éviter des ennuis. À la place, il le soutenait à sa façon. Jisung était persuadé que son début d'attachement était réciproque, sinon pourquoi s'inquiéter de savoir s'il le suivait ? Peut-être l'avait-il même protégé lors du combat armé. Il se fit la promesse de l'aider s'il en avait l'occasion à son tour.
Le sol se remit à trembler. Le déclenchement des secousses n'avait pas l'air d'être à intervalle régulier ou lié à un quelconque autre événement. Jisung n'avait pas le temps de philosopher sur tout cela, alors il avança plus rapidement, emboîtant le pas de Changbin toujours devant lui.
Si les deux fois précédentes, les tremblements s'étaient intensifiés progressivement, cette fois, c'était beaucoup plus violent. La terre vibrait, se soulevant par endroits. Ils devaient éviter les débris qui tombaient des bâtiments en construction ainsi que les morceaux qui s'élevaient du sol bétonné.
Perdus dans leur course folle, leurs enjambées se faisaient plus rapides. Sentant une plaque se dérober juste sous ses pieds, Changbin trébucha et tomba à genoux. Quelques larmes de douleur sortirent de ses yeux alors qu'il crachait à nouveau en se relevant, aidé par Jisung qui le soutenait par le bras.
— Ça va ? Questionna-t-il.
Toujours aucune réponse verbale, mais Changbin hocha la tête.
Les immeubles en construction s'effondraient autour d'eux pendant qu'ils reprenaient un semblant de course. Changbin peinait à reprendre une respiration correcte. Il haletait et crachait énormément. Malgré l'environnement hostile, il s'assit par terre à peine quelques mètres plus loin. Jisung, inquiet, s'accroupit pour se mettre à sa hauteur.
— Ça va aller ? Demanda-t-il, prenant sur lui pour ne pas paniquer.
Changbin n'eût pas le temps de répondre. Un bloc de béton s'était décroché et tombait sur eux, se rapprochant seconde après seconde jusqu'à les plonger dans le noir.
Haletant, Jisung bondit pour se redresser. Une main sur le cœur, assis sur son matelas, il cligna plusieurs fois des yeux pour regarder son environnement. Éclairé par la pleine lune à travers les volets, il vit les posters sur son mur, son bureau mal rangé et son oreiller au sol. Tournant la tête, il attrapa son smartphone pour regarder l'heure : cinq heures du matin. Tout cela n'était donc qu'un mauvais rêve ?
Il ne put s'empêcher de penser au Changbin de son cauchemar et entreprit de faire un sms à son ami du même nom : « Bro, j'ai fait un cauchemar de fou, faudra que je te raconte ».
✨ Fin ✨
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