Les mains crispées sur mon bouquet de lys, j'attends le signal pour faire mon entrée. Une vague de stress me submerge, nouant mon estomac et faisant trembler mes jambes. Paul est près de moi, comme toujours. Il ne m'a jamais laissé tomber, à la vie à la mort. Comme on se l'était promis. Il parait tout aussi stressé que moi, cela fait au moins cinq fois qu'il arrange la traine de ma robe.

- Quoi ? je veux juste que tout soit parfait ! me dit-il après avoir vu mon regard désespéré.

 La musique retentit. J'expire un bon coup et commence à avancer, mon ami à mes côtés. Heureusement qu'il est là, sinon je pense que je serais déjà tombée. Quand tous les regards se braquent sur moi, j'ai envie de vomir et de prendre mes jambes à mon cou. Paul me tient fermement la main m'encourageant alors que je lui jette un regard apeuré.

- Regarde devant toi, me conseil-t-il tendrement.

 J'obéis et lorsque je lève les yeux, il est là, celui pour qui mon cœur bat, il me fixe un immense sourire sur le visage. A ce moment précis, je ne ressens plus aucun stress, il n'y a plus que lui et moi. Plus j'avance et plus je suis sûr de moi. Non pas que j'ai douté de mon choix, mais le stress vous fait penser de choses folles. Arrivée près de lui, Paul m'embrasse sur le front et donne ma main à mon amour.

 Mes yeux plongent dans les siens. Les quelques invités ont disparu. J'entends vaguement quelques bribes du discours du prêtre, mais je m'en fiche, tout ce qui compte c'est lui et sa façon de m'étudier. Lorsqu'il me regarde, j'ai la sensation d'être la huitième merveille du monde. Je me sens belle et désirée. Plus personne n'existe autour de nous. Ses yeux humides me scrutent, un sourire gravé sur le visage. Moi non plus je n'arrive plus à m'arrêter de sourire.

 Le moment des vœux est arrivé, enfin je vais pouvoir lui dire ce que je ressens. Je vais pouvoir lui dire à quel point je suis heureuse près de lui.

- Monsieur vous pouvez partager vos vœux, l'encourage le prêtre, nous sortant de notre rêverie.

 Mon amour attrape une feuille dans sa poche, la déplie et au dernier moment la chiffonne pour la tendre à son meilleur ami. Il attrape mes mains et me déclare tout en me regardant droit dans les yeux.

- J'avais écrit un discours. Enfin, j'en ai écrit des milliers ses derniers jours. Mais en y réfléchissant bien, je n'en ai pas besoin. Je n'ai qu'à te regarder pour savoir quoi dire. Tu es tellement merveilleuse, je n'ai jamais rencontré de femme comme toi, douce, compatissante, compréhensive, patiente, aimante... Je pourrais continuer ainsi encore longtemps, tant tes qualités sont nombreuses. Bien sûr, tu as aussi des défauts comme par exemple cette grimace que tu fais là, et à chaque fois que quelqu'un te fait un compliment. J'aime tout de toi. Et même si demain je découvre quelque chose que je n'aime pas en toi, et bien j'apprendrais à l'aimer. Aujourd'hui, avant de vouloir que tu deviennes ma femme, je veux devenir ton mari. Je veux prendre soin de toi, je veux te faire rire chaque jour de ta vie, je veux t'aimer comme personne ne l'a jamais fait. Je t'aime et je veux devenir ton mari, pour le meilleur et pour le pire, jusqu'à ce que la mort nous sépare et même au-delà.

 Il attrape l'alliance que lui tend son ami, la passe à mon annulaire gauche et embrasse ma main. Des larmes de joie coulent le long de mes joues.

- Tel un prince charmant sur son cheval, tu es venu délivrer la princesse que je suis. J'étais enfermée dans le donjon de la tristesse, de la confusion, de la solitude et du manque d'amour. Tu as détruit chacune des pierres de ma prison afin de récupérer mon cœur. Avec toi j'ai découvert des choses incroyables. J'ai découvert ce que signifiait aimer et être aimé... J'ai découvert le bonheur. Aujourd'hui, je veux être tienne toute entière. Je veux ne former qu'un avec toi. Je t'aime d'un amour inconditionnel. Ce n'est pas ce que tu fais qui me fait t'aimer mais ce que tu es. Je veux choisir de t'aimer chaque jour de ma vie. Me lever chaque matin et me coucher chaque soir à tes côtés. La vie n'a pas la même saveur sans toi. Laisse-moi t'aimer jusqu'à la fin de ma vie et même au-delà.

 J'attrape l'alliance et l'enfile sur à doigt. Nous n'attendons pas la permission du prêtre et nous nous embrassons fougueusement, nos langues se cherchant désespérément. Nos larmes coulant sur nos joues, donnent un goût salé à notre baisé. S'il était possible de mourir de joie, je pense que je serais morte sur place. Désormais Je n'ai plus peur de ce qui pourrait arriver demain, car je sais que quoi qu'il arrive il sera là, que je pourrai me réfugier dans ses bras protecteurs, cacher ma tête dans son cou. Je n'ai plus peur de la vieillesse tant que je vieillis à ses côtés. Je suis éperdument amoureuse de lui et rien n'y personne ne viendra changer cela.

 Maintenant c'est lui et moi jusqu'à ce que la mort nous sépare et même au-delà.