'- Où est passée la recette ?
- Ce n'est pas ma faute si tu perds tes affaires !
- Mais non ! T'es bête c'est l'histoire d'aujourd'hui !
- Oh... Et c'est de qui ?
- De CortneyRV "

-S'il te plait ! Tu sais que si ce n'était pas important je ne t'embêterais pas avec ça... - me supplie-t-Auguste et je sens l'espoir peu à peu disparaitre de sa voix.

-Mais je ne sais pas comment je pourrais t'aider ! A part peut-être au grenier, je ne trouverais rien dans la maison.

-Le grenier !? - Le mot l'interloque comme s'il avait eu une illumination - Mais tu ne m'as pas dit que t'étais dans la maison familiale ! Chez toi, j'aurais compris que tu ne puisses pas trouver de recettes car c'est plus neuf comme appart. Mais tu es chez tes parents, et tu oses me dire que c'est impossible que tu en trouve un ! - me réplique-t-il sur un ton de reproche. En même temps Augu n'a pas tout à fait tort. Il a rarement tort au fond... Cependant, rien que l'idée de monter au grenier me file des coups de frissons. Cette endroit m'a toujours fait peur quand j'étais petite...

-Mmmmhhhhh... D'accord, je vais essayer... - souffle-je ennuyée mais je sais déjà comment il va réagir.

-MERCI !!!! Tu es la meilleure, Charly ! Tu sais que tu es ma cousine préférée ! - Voilà comment il réagit... Je retiens un petit rire, pour qu'il ne pense pas que je me moque de lui. Il est assez à fleur de peau avec la fabrication en ce moment. Un peu trop même, mais je comprends qu'avec le succès qu'il commence à avoir il veuille garder le niveau. Même si la barre est déjà très haute si vous voulez mon avis. Rien qu'en repensant à sa tarte triple chocolat montée sur deux étages, au cœur de framboise, j'en ai l'eau à la bouche. Alors c'était sûr pour lui que j'accepte de donner une recette. Je suis une de ses plus grande admiratrices. Je sais à quel point cette période est importante pour lui. Et son métier est la vocation de sa vie. Il est connu pour son métier par la plupart des gens.

- De rien, et je t'aime aussi Auguste. - mais je me redemande si ça ne fait pas un peu trop émotif donc je continue - Un peu. Ne prend pas la confiance ! - Il a un petit rire de l'autre côté du coup de fil. Son rire typique qu'il est le seul à savoir faire. - Et si finalement je ne trouve pas de recette qui puisse te convenir, je n'y peux rien.

-Je te confiance à cent pourcents !

Nous nous disons un au-revoir rapide car il doit courir au travail. Il est le chef de l'entreprise et a des milliers d'employés, cependant ça ne l'empêche pas prendre ça très au sérieux. Surtout avec les fêtes de Noël qui approchent, le pauvre commence à être débordé. Il faut dire que c'est le moment le plus important pour lui dans l'année, où il a le plus de gâteaux à produire.

Et maintenant, j'attaque les recherches. Quelque chose de familiale mais qui pourrait convenir à une cuisine pour un grand nombre de personnes... Je scrute le salon rempli de petits pères-noël et de bonhommes de neige, confectionnés par ma maman. Ma maman qui aime beaucoup Noël. Autant dire que toutes les pièces principales de la maison ont vite émergé dans l'esprit des fêtes. Je crois bien qu'elle avait décoré le sapin en début voire mi-novembre. Mais pas plus tard. Après, elle trouve que nous ne nous adoptons pas suffisamment à l'ambiance... le résultat en est que nous mangeons, mon père et mes trois frères, plus que du pain d'épice tous les matins pendant les deux semaines qui précèdent Noël. D'ailleurs, est-ce que le pain d'épice conviendrait à Augu ? Non, c'est peut-être trop simpliste...

A part le gigantesque sapin, les décorations et la télé qui passe des films typiques, rien ne me parait bien inspirant dans la pièce. Comment est-ce qu'il veut que je trouve un bout de papier ou même un carnet dans une aussi grande maison ? Et à cet instant le grenier me revient en tête... Il doit bien y avoir une excuse pour ne pas y aller. Peut-être que même si je demandais à maman elle me répondrait aussi d'aller chercher là-haut. Alors ça ne sert à rien d'essayer d'y échapper... Je lâche un soupir profond : ça doit bien faire 5 ans que je n'y suis plus allée... Mais le renouveau c'est important ! Oh, ça me rappelle la reine des neiges. Et c'est maintenant que je me dis que si j'aime à ce point Disney à 26 ans, c'est qu'il n'y a vraiment pas d'âge pour en regarder !

Gâteaux, gâteaux, gâteaux..... Ou biscuits. Ou même roulés. Ou bien viennoiseries... Trop de possibilités... Mais avant tout il faut que ce soit authentique. Vu que c'est pour le 25, il devrait s'agir d'une recette qui reflète les Noëls en famille, bien au chaud, entre le feu du cheminée et le sapin, avec les cadeaux ; et surtout les bonnes odeurs qui s'échappent de la cuisine pendant que nous attendons le dessert pour finir le repas. Je repasse toutes ces scènes dans ma tête pour avoir une idée plus précise. Entre temps, je fais craquer le vieil escalier avec mes pas, m'appuie sur la rambarde entourée de guirlandes. J'arrive déjà au deuxième étage. Alors il ne reste que les marches conduisant vers le grenier...

En arrivant devant la porte en bois grisâtre que le temps a d'autant plus durci, j'appuie sur le poignet. Elle s'ouvre dans un fracas plus important que je ne m'y attendais. Derrière elle je découvre une pièce, plus longue que large, mais pas très imposante. Et pour une fois, je remercie mon père d'être fou d'organisation car toutes les boîtes empilées, parfois par cinq, sont étiquetées ou alors on a marqué quelques mots dessus au crayon. Au bout de cinq, dix minutes je tombe enfin sur une boîte avec écrit « vieux carnet, journaux, recettes ».

Avant d'ouvrir le carton, je le débarrasse, ou du moins j'essaye, de toute la poussière accumulée au fil des années. Quand j'aperçois, en face de moi, mais pas très loin, une sorte de toile étendue sur quelque chose... Lorsque j'ai soufflé sur la boîte j'ai perçu son mouvement à cause de moi. Si la toile est étendue cela veut dire, qu'il y a quelque chose de grand en dessous. Je m'approche à petits pas et soulève d'une main incertaine le bout de tissus. Et je me découvre. Enfin, je découvre mon propre image plutôt. Mon reflet mais un peu déformé. Le miroir doit dater aussi. Comme les autres objets du grenier. Il est de plein pied, et son cadre est magnifiquement doré. Un peu écaillé, cependant il reste très beau. Sur les côtés, je découvre pleins de petites choses accrochées. Des photos, des écrits, des dessins, et même des cartes postales. L'ensemble donnerait presque une impression de voyage dans le temps.

Mes yeux sont tout de suite attirés par le coin en haut, à gauche. Où siègent des images d'une autre époque. Des pulls ringards, verts et rouges, portés par les personnes. Un grand arbre au fond. Des bûches, des gâteaux et plein de petits amuse-bouche au premier plan. Je sais déjà que je veux quelque chose dans cet esprit-là ! Je regarde aussi les autres briques-à-braques du même coin et mon regard s'attarde sur un papier plus long, écrit à la main, avec un long texte. L'écriture est assez ancienne, donc j'ai plus de mal à le lire, mais j'arrive tout de même à comprendre :

« Il faut d'abord appliquer le gaz pour faire fondre les 500 grammes de beurre. Par la suite, lorsque le beurre est totalement liquide il ne faut pas hésiter à utiliser une fourchette pour mélanger avec les ingrédients secs comme le sucre afin de ne laisser aucun grumeau..... » - Ca m'a tout l'air d'une recette. J'ai beaucoup de mal à distinguer le titre mais je crois lire « L'étoilée au chocolat et à la cannelle ». L'« Etoilée », je trouve ça jolie comme appellation. Et je pense que c'est bien le genre de nom qui plaira aussi à Auguste !

-Je suis fière de toi, Charly ! - pense-je intérieurement mais je me retiens de sautiller. Je n'aurais pas pu trouver mieux que cette recette ! Je la relie encore une fois, tout en souriant comme une enfant. Je la décolle du miroir en faisant attention à ne pas la déchirer et j'y arrive pour une fois.

Je me précipite vers l'extérieur car j'ai encore à récrire la recette en e-mail à Augu, Je parie qu'il aura du succès. Mais je ne ferme pas la porte et je laisse la pièce telle quelle. Je reviendrai juste après avoir fini d'envoyer ça. Il y a plus de choses à y découvrir que je ne le pensais...

Quelques heures plus tard, au Pôle Nord, un jeune homme entre dans son bureau. Des objets sont éparpillés partout sur le sol. Des petits jouets mignons qui n'attendent qu'une chose : que des bras câlins d'enfants viennent les accueillir. Il sourit sous sa barbe de quelques jours, comme à son habitude. A côté, les rennes piaffent paisiblement, il peut les contempler à travers des vitres. Il réfléchit une seconde avant de s'orienter vers son panneau d'affichage. Le jeune homme accroche à côté de son manteau rouge et blanc une recette. Elle portait le nom d'Etoilée.