Un jour comme un autre, Re Del Mare, 1580

Le sel ronge la coque et ton absence ronge mon cœur.

Comment t'oublier ? J'ai parfois l'impression de m'égarer entre les vagues alors que ta voix lointaine percute mes oreilles. C'est mon cœur qui t'appelle.

Chaque note que me siffle l'océan fait remonter en moi des souvenirs enfouis aux fonds de l'abysse de mon âme. Comment ferais-je pour oublier ton départ ? Le pourrais-je seulement ?

J'envoie des lettres qui se perdent, comme mon cœur quand ton image l'effleure. Cette adresse qui fut la notre est-elle toujours la tienne ? J'ignore si mes mots te parviennent mais je suis certain que les étoiles transmettent mes sentiments.

Entends-tu seulement le cri de mes larmes quand, le soir, caché de la vue de tous, elles tombent en cascades désordonnées ?

Je suis incapable d'oublier celle qui a fait de moi un être humain. Car, sans sentiments, je n'étais rien auparavant. Sais-tu même combien ton absence me pèse ? Plus qu'un boulet à mes pieds, elle m'entraine dans une prison d'obscurité où tes baisers évaporés sont mes seuls alliés.

Les nuages et la nuit s'abandonnent à mes regrets. Le temps pleure avec moi pour caresser ton corps disparu. Et si la mer t'avait cachée, elle me crierait où tu es car mon malheur affecte ses marées.

Mes lettres sont floues, mes mots sont fades. La vie me laisse une résonnance aigre sur l'âme et mes passions deviennent poisons.

La flamme vacille et rallume la dernière lueur de mon cœur avant que les ténèbres ne me noient dans leurs tréfonds obscurs. Le temps s'avance comme un coupe-gorge, la vie me plante comme une mauvaise herbe qu'elle rechignerait à arracher.

Mes pensées flottent et dérivent pour sans cesse revenir sur ton visage d'écume. La brume écarte la joie, l'iode retient le chagrin, et je tombe sous le vent de nos chemins séparés.

Ma plume s'égare, les roulis se séparent, le soleil s'amarre et le jour se lève.

On astique le pont et on sort la grand-voile, l'heure est venue de disparaitre à nouveau au large...

A Moana,

Avec l'espoir de te revoir...