Guerre de pouvoir
Mois de Mars
Pour les Gryffondor !
Catégorie Graphique
La consigne : "On a tous un personnage préféré dans Harry Potter ; ça peut être par exemple Hermione pour son intelligence, George pour son humour ou Sirius pour son charisme. Dans tous les cas, ce personnage vous l'aimez ; peu importe les erreurs qu'il ou elle a pu commettre, il ou elle reste parfait à vous yeux. Et si vous lui rendiez hommage ?"
Choisir un personnage particulier et choisir un format, ce dernier étant libre.
Catégorie écriture
La consigne : "La prophétie parlait d'un garçon né à la fin du mois de juillet et dont les parents ont défiés trois fois le Seigneur des Ténèbres. Un garçon que Voldemort a pensé être Harry Potter mais qui aurait également pu être Neville Londubat. Et si Voldemort avait décidé de Tuer Neville et non Harry, que ce serait-il passé ? Est-ce que Alice aurait sauvé Neville par le pouvoir de son amour ? Ou est-ce que Neville serait décédé, permettant à Voldemort de rester au pouvoir ? A vous de le décider..."
Personnellement, j'ai choisi la seconde option (mais j'adore Neville, hein !! :'( ), et j'aurais adoré mettre plus de détails mais il ne fallait pas abuser sur la longueur non plus, ahah. Du coup, c'est "normal" que certaines choses demeurent sans explications :/
En tout cas, j'ai adoré ce thème !
Guerre de pouvoir
« 31 octobre 1996
Mon cœur,
Comment vas-tu ? J'espère que tu n'es pas trop débordé par tes cours, que le professeur Slughorn ne te mène pas trop la vie dure et que les Serpentard arrêtent de se comporter comme des enfants. Tu es courageux mon cœur, et je te félicite de tenir face à tout ce qui arrive.
Severus m'a dit que tu t'étais retiré de l'équipe de Quidditch. Je pense comprendre pourquoi, mais s'il te plaît, ne te laisse pas avoir par tes sentiments. Tu es si fort dans ce domaine et ton père était si fier de toi... Mais je comprends, sache-le, même si j'espère que tu finiras par remonter sur un balai. Je t'aime mon chéri, ne l'oublie jamais.
Il me demande régulièrement de tes nouvelles, il espère que tu feras le bon choix. Je sais que tu le feras. Tu as le temps de faire ton deuil et, à la fin de tes études, tu pourras venir nous rejoindre. Il finira bien par le comprendre puisqu'il finit toujours par tout savoir. On s'y sent bien, après s'être rendu compte de la réalité. Il m'a fait voir des choses qui m'ont fait comprendre pourquoi je m'étais autant éloigné de ma « famille ». Il s'est d'ailleurs occupé d'eux. Je suis fière qu'il me fasse confiance.
Fais attention à tes fréquentations.
Et dis-moi, Rusard est-il toujours aussi grincheux ?
Je t'aime.
Maman. »
Harry replia la lettre, les dents serrées. Ron, face à lui, lui lançait un regard interrogateur.
« Ma mère. »
Son meilleur ami hocha la tête, silencieux. Il voulait sûrement demander des nouvelles, mais la Grande Salle ne demeurait pas l'endroit idéal pour ce qui demandait de la discrétion. Ils continuèrent à manger leur petit-déjeuner alors que les autres Gryffondor rejoignaient doucement leur table. Depuis quelques temps ses camarades ne lui parlaient plus autant, sans doute un peu méfiants, réticents, maintenant jour après jour une distance teintée de crainte. Harry n'avait pas tenté de les rassurer, il ne s'agissait là que de détails. Le plus important pour lui était que Ron reste son ami.
« C'est pour aujourd'hui. »
Sous l'alerte de ce dernier, Harry jeta un coup d'œil à la table des professeurs et croisa le regard de McGonagall. Il comprit par son léger signe de tête que le projet se confirmait.
« Viens, on y va. »
Harry le suivit sans attendre, comme à chaque fois que Ron prenait une décision. Cependant, à peine atteignirent-ils l'escalier menant au premier étage qu'ils croisèrent Malefoy. Face à face, au milieu du hall d'entrée, ils se toisèrent un instant avant que le serpent ne brise le silence :
« Encore dans mes pattes, Potter. »
Harry commençait à partir quand son « camarade » reprit la parole :
« Ta mère doit se désoler de ton insouciance. »
Le jeune Gryffondor s'arrêta net, dos à Malfoy dont le regard lui brûlait la nuque.
« Ton insolence doit sûrement lui donner des frayeurs. »
Il commençait à serrer les poings, comme d'habitude il ne réussissait pas à se contrôler.
« En même temps, elle est si peureuse, elle l'a bien prouvé. »
Il n'y tint plus. Pas une seconde n'avait eu le temps de s'écouler avant qu'il ne se jette sur lui. Il eut le temps de l'atteindre et de lui donner un premier coup au ventre avant que Ron n'intervienne. La force de son meilleur ami l'éloigna du blond. Malfoy passa sa main sur son uniforme afin de rester présentable, portant toujours son air condescendant malgré la douleur qui devait lanciner son abdomen. Il comprit néanmoins, avec le regard intimidant que Ron lui lançait, qu'il n'avait aucun intérêt à continuer. Il partit donc vers la Grande Salle sans ajouter un mot et mettant un point d'honneur à rester la tête droite.
Harry, lui, prit l'autre direction, celle menant vers les escaliers, encore rouge de colère. Ron ne disait rien, ayant conscience qu'il fallait simplement attendre. Rapidement, ils atteignirent leur salle commune et prirent de quoi se défendre contre le froid qui commençait à les mordre quand ils osaient l'affronter. Il ne prit rien d'autres de plus que sa baguette et quelques gallions, au cas où, avant de sortir sans attendre une seconde supplémentaire. Ils se dépêchèrent de descendre les étages et de rejoindre le portail. Ils connaissaient leur point d'arrivé et ils avaient hâte de s'y rendre.
Quand il n'y avait eu personne dans le dortoir des Gryffondor, Ron et lui avaient beaucoup discuté de ce qu'ils s'apprêtaient à faire aujourd'hui. Malgré toutes les précautions prises pour l'organisation d'un tel projet, ils n'avaient pu en avoir la confirmation que le matin même. Il aurait été idiot de prendre de trop grands risques. Evidemment, ceux qu'ils prenaient n'étaient pas négligeables, mais les circonstances les y poussaient. Harry avait enfin l'impression de faire quelque chose d'utile.
Lorsque son père était mort à la fin de l'hiver dernier, il avait eu l'impression de perdre un monde entier. Il avait perdu le peu de saveur qu'il ressentait dans cette vie. Tout avait soudainement prit une teinte plus sombre qu'auparavant et il avait compris que le semblant de calme qui régnait jusqu'alors disparaîtrait. Il en avait eu la confirmation le jour où, l'été suivant, sa mère l'avait pris dans ses bras en pleurant. Le professeur Rogue se trouvait avec eux dans leur maison et portait son air grave des très mauvais jours. Elle avait pris son visage dans ses mains et lui avait expliqué ses intentions. Harry avait tout de suite compris, il avait saisi les enjeux et l'ampleur de ces derniers avant même que sa mère ne termine son discours. Et malgré la peur qui lui tenaillait le ventre, malgré la répugnance qu'il ressentait à l'égard de cette idée, il l'avait laissé faire. Et sa mère, sa si courageuse mère, avait rejoint les rangs de Voldemort, jouant le jeu, faisant semblant, attendant le bon moment pour planter son couteau dans le dos du Seigneur des Ténèbres. Elle devait faire semblant tout le temps, même dans la moindre de ses lettres. Cela faisait maintenant trois mois.
Tout en descendant les marches menant à l'extérieur, Harry jeta un regard à Ron. Ce dernier, toujours calme, n'avait éclaté de colère qu'une seule fois devant lui pendant toutes ces années. Harry s'en souviendrait toujours, il en avait la certitude. Cela remontait à leur deuxième année, quand il avait appris de la bouche de Malefoy en personne que ses parents avaient été réduit en esclavage. C'était une des grandes inventions de Voldemort. A défaut de tuer les sorciers un peu trop proches des moldus à son goût, il les mettait au service de ses armées. Les Weasley avaient dû quitter leur maison pour se rendre dans la petite dépendance près du manoir d'une des familles les plus célèbres du monde magique, à savoir les Malefoy en personne. Depuis, Molly et Arthur rechignaient à ce que leurs fils viennent passer les vacances avec eux et, bien souvent, Harry et sa propre famille les accueillait chez eux, souvent à tour de rôle, les enfants étant nombreux.
Aujourd'hui, alors que l'attitude toujours réfléchis et calme de son meilleur ami régnait en maître, il avait les mâchoires serrées et les muscles tendus. Ce jour était important pour eux, pour tout le monde. Il se révélait être la continuité d'une longue guerre, parfois cachée, parfois éclatante, qui opposait deux forces contraires. En sortant du château, Harry jeta un regard derrière lui vers les fenêtres du deuxième étage et il vit, derrière l'une des nombreuses vitres, Dumbledore qui les observait. Tant que le plus grand sorcier de tous les temps demeurait à leurs côtés, ils pouvaient y arriver, tant que Dumbledore se battait avec eux, ils pouvaient gagner cette guerre. Pourtant, en se tournant vers le chemin à parcourir, Ron à ses côtés, Harry se sentit plus seul que jamais.
*
Le chemin jusqu'à la grotte, à l'écart de Pré-au-Lard, était pénible pour le petit groupe. Principalement des Gryffondors, mais également quelques Serdaigle et Poufsouffle dignes de confiance ainsi que le professeur McGonagall qui se chargeait de l'opération, composaient une des unités de leur armée secrète. Bien que réticents à l'idée de mêler des élèves à cette histoires, les professeurs avaient finis par les choisir et leur donner diverses missions. Ainsi, ils s'entraînaient dans le plus grand secret, et ce depuis quelques temps sans que personne n'ait jamais remarqué leur manigance. Ils n'avaient eu aucun traître, mais ils n'étaient pas assez nombreux pour faire des choses concrètes comme font les armées.
Aujourd'hui demeurait un jour particulièrement important car ils devaient rencontrer les élèves de l'Ombre. Leur petit surnom tenait au fait que personne ne connaissait leur identité. Ils n'étaient pas nombreux, loin de là, mais ils étaient présents et c'était un véritable miracle qu'ils le soient.
Ils entrèrent dans la grotte qu'ils découvrirent tous pour la première fois.
« Unité de Poudlard, je vous présente l'unité de l'Ombre. »
Le professeur avait au préalable lancé un sortilège de protection afin d'être sûr que personne à l'extérieur ne pourrait les entendre. Harry avait sous les yeux un peu plus de cinq personnes, d'à peu près son âge. Seulement un des membres semblait plus âgé que les autres. Son professer de métamorphose s'adressa alors à cette personne :
« Le chemin n'a pas été trop compliqué, Nymphadora ?
-Non, nous avons été discret comme une ombre. »
Elle souriait en coin mais le jeune homme pouvait aisément discerner ses traits fatigués et la tension qui animait ses mouvements. Cet entretien, bien que nécessaire pour permettre une certaine cohésion dans leurs opérations et une unité réelle, mettait les nerfs de chacun à rude épreuve.
Tous se présentèrent rapidement avant que le professeur ne reprenne la parole. L'unité de l'Ombre avait été organisé secrètement par l'Ordre du Phénix bien des années auparavant, rassemblant les enfants sorciers de sang-mêlé ou né de parents moldus, les cachant aux yeux des forces du mal, ce qui rendait fou le Seigneur des Ténèbres. Mis à l'abri -personne ne savait où exactement, mis à part cette Nymphadora et certains professeurs de l'école- ils s'entraînaient et apprenaient la magie comme eux à Poudlard, bien que les moyens ne soient évidemment pas les mêmes.
« Ainsi, misse Granger, vous pensez avoir trouvé un moyen de vaincre les Forces du Mal ? »
Une jeune fille se détacha du groupe pour venir expliquer sa théorie :
« Ce n'est qu'une hypothèse, mais dans les livres de notre bibliothèque, ceux consacrés à la magie noire, il y a plusieurs pistes intéressantes. Voldemort recherche l'immortalité et il agit comme s'il la possédait déjà. De ce que l'on sait, aucun sortilège ne l'a jamais réellement blessé, mais ça ne signifie pas pour autant qu'il est invulnérable.
-Expliquez-nous ce que vous avez trouvé, toute hypothèse est bonne à analyser, au point où nous en sommes.
-Dans un livre en particulier j'ai trouvé un indice. Il manquait des pages. Tout un chapitre. Elles avaient été arrachées.
-De quoi s'agissait-il ?
-J'ai vu dans le sommaire à quoi ça correspondait. C'est peu probable qu'il ait fait cet erreur-là, mais après tout... Il s'agissait des horcrux, professeur. L'être qui est capable de faire de telles choses n'a plus une once de lumière dans son âme. »
Le froid jeté dans la grotte par les mots de la jeune fille ne fit que s'intensifier par le silence qui s'ensuivit. Lorsqu'Harry tourna enfin les yeux vers son professeur, il sentit son cœur faire un bon dans sa poitrine. Dans les yeux de McGonagall, tout au fond de ses iris noir, brillait une lueur qu'il n'avait jamais vu. Pourtant il la reconnaissait et il savait que ce jour serait à marqué d'un sceau comme le début de la reconquête.
*
« Je l'aime bien cette fille.
-Hermione ? »
Ron hocha la tête, souriant légèrement et observant l'herbe à leurs pieds.
« Tu penses que c'est la bonne piste ? Les horcrux ?
-J'en sais rien, répondit Ron en retrouvant son expression sérieuse. Mais évitons d'en parler, on ne sait jamais. »
Ils observèrent les alentours afin de s'assurer qu'ils étaient seuls avant de se reprendre leur route vers le château.
A peine furent-ils arrivé devant le hall de l'école que Fred et George apparurent devant eux. Austères, comme toujours, vêtus de couleurs grises et arborant des visages sans expression. Néanmoins, la tristesse demeurait bien présente dans leur regard, ainsi qu'une certaine colère.
« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »
Comme toujours, Ron ne tournait pas autour du pot.
« Il a pris papa et maman.
-Quoi ?!
-Il a décidé d'en faire ses jouets.
-Le gouvernement a autorisé ce matin les spectacles de cirque avec des traîtres à leur sang. »
Ron avait les poings serrés, le regard fulminant.
« Percy ? »
Les jumeaux hochèrent la tête.
« Cette tête d'enflure, je vais... »
Il s'était précipité vers le château mais ses frères le retinrent. Harry posa une main sur son épaule, soucieux d'essayer de l'apaiser.
« Tu ne peux rien faire, tu le sais bien, réussit à formuler l'un des deux frères.
-On lui réglera son compte quand on en aura l'occasion. »
Ron cessa de se débattre et ses frères le laissèrent pénétrer dans la bâtisse sans rien ajouter. Harry le suivit, ne sachant pas quoi dire. Et comme son ami l'avait fait avec lui précédemment, il garda le silence pour le laisser se calmer.
Quand ils furent arrivés dans le dortoir, Ron fut le premier à parler :
« Quand est-ce qu'on pourra changer les choses ?
-Sûrement quand Dumbledore aura vérifié ce qu'il faut. »
Ils s'allongèrent tous les deux sur leur lit respectif, ayant conscience que leur vie se résumait à présent à l'attente.
*
Attendre. Encore et toujours, attendre. De nombreuses fois Ron et lui avaient tenté de parler au Professeur McGonagall à la fin d'un de leur cours de métamorphose, mais rien. Tout autant de fois ils avaient essayé de parler à un autre adulte de l'école, digne de confiance, lors de leur cours secret dans la Salle Sur Demande, mais personne ne voulait leur divulguer la moindre information. Jusqu'au jour où, par « inadvertance », leur professeur de maison ne leur laisse suggérer que la théorie évoquée lors de ce samedi avait sans doute des fondements et qu'il était tout à fait possible que certains objets puissent les aider. Suite à cette petite conversation et à diverses recherches faites par eux-mêmes à la bibliothèque, Ron et lui avaient facilement deviné que Voldemort avait divisé son âme et qu'il en avait caché les morceaux dans des objets précieux. Cette opération magique très particulière et très difficile ne pouvait pas se réaliser avec des objets du quotidien. Ainsi, après quelques heures de réflexion et d'intenses discussions, ils avaient convenu que les artefacts des fondateurs de l'école avaient pu très bien servir à Voldemort, en particulier le médaillon de Salazar Serpentard qui devait être pour lui un objet plus que précieux.
Harry et Ron ne savaient absolument pas si leur théorie pouvait tenir debout, mais avoir des soupçons et les nourrir chaque jour sans que personne autour d'eux ne fasse le moindre geste leur était insupportable. Si insupportable qu'une idée finit par s'enraciner dans leur esprit, à tel point qu'il demeurait maintenant impossible pour eux de penser à autre chose.
En traversant le couloir du deuxième étage, ils croisèrent Fred et George en grande conversation avec Rusard. Ils nettoyaient tous les trois une des farces des Serpentard qui s'étaient amusé sur l'un des murs de pierre. Les jumeaux s'étaient rapidement liés d'amitié avec le concierge, ayant tous les trois un statut particulier dans ce monde, tous rejeté par l'idéologie perpétuée par les Forces du Mal, mais protégés au sein de cette école par le directeur lui-même.
Ils arrivèrent bien vite devant la Salle Sur Demande et, après avoir échangé un regard, commencèrent à passer devant sa porte invisible tout en concentrant leurs pensées sur un point en particulier. Quand les portes apparurent, ils s'empressèrent de pénétrer à l'intérieur. Seuls dans une salle immense, isolés du reste du château et de ses occupants, ils se tournèrent vers le reste de la pièce. Tous les coins étaient occupés par divers objets et de véritables montagnes de bibelots se dressaient face à eux. Ils se mirent alors en quête du médaillon, impatients de trouver une confirmation à leur théorie. Cela leur pris près de trois heures. Alors qu'ils s'apprêtaient à visiter de nouveau toute la salle, le rouquin s'empara d'une coupe .
« Helga Poufsouffle. »
Harry hocha la tête et, une fois l'objet rangé dans leur sac, ils sortirent de la salle et coururent vers le bureau du directeur. Cependant, en chemin, ils percutèrent le professeur Rogue qu'ils n'avaient pas vu venir vers eux. Ils se regardèrent un instant avant que Ron ne lui montre l'objet dans son sac sans le sortir de ce dernier.
« Pourquoi avez-vous cet objet ? »
Cela faisait bien longtemps que Rogue ne leur demandait plus comment ils se débrouillaient pour faire toutes sortes de choses.
« On pense que ce serait un horcrux. »
A peine Harry avait-il prononcé ces mots qu'ils regardèrent tous trois les alentours.
« C'est à tout à fait probable, suivez-moi.
-Pourquoi le professeur Dumbledore ne fait rien ?
-Je vous en parlerais dans mon bureau. »
Ils le suivirent sans attendre, courant presque pour atteindre plus rapidement le bureau de leur professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Cette matière, bien que leurs heures ayant été réduites au fil des années, existaient toujours. Le professeur Rogue, habillé perpétuellement de noir et portant diverses cicatrices sur le visage, avait également une barbe de plusieurs jours. Cela faisait un moment qu'il ne soignait plus son apparence, encore moins qu'avant, signe que la situation changeait radicalement. Une fois seuls et enfermés, Rogue se précipita vers ses appartements privés. Là encore il ferma la porte et il demanda à Ron de lui montrer la Coupe.
« Où l'avez-vous eu ?
-La Salle Sur Demande.
-Alors il a été assez bête pour... C'est notre chance. »
Harry ne supportait pas de ne pas avoir de réponses :
« Pourquoi Dumbledore n'a rien fait ? Cela fait une semaine que la théorie des horcrux a été trouvé par Hermione.
-Le professeur Dumbledore a dû prendre la fuite. Nous avions déjà des doutes concernant les horcrux, les pages déchirées qu'a trouvé misse Granger nous a conforté dans cette idée.
-Le professeur Dumbledore est partit ?!
-Il a été empoisonné et il a dû se réfugier là où il pouvait trouver un remède. »
Harry échangea un regard avec Ron alors que Rogue s'affairait. Ce dernier sortit du double-fond d'un placard un drap qui semblait envelopper quelque chose. Il découvrit alors l'objet dont la lame scintilla sous leurs yeux. Ils le reconnurent aussitôt, symbole de leur maison :
« Où avez-vous eu cette épée ? »
Rogue les regarda avec un sérieux qu'il n'avait jamais utilisé avec tant d'intensité jusqu'alors :
« L'épée de Godric Gryffondor vient aux mains de celui qui la demande. »
Ils observèrent tous la coupe qui se dressait au centre du bureau.
« L'épée est capable de détruire les horcrux. »
Ils le regardèrent, comprenant alors la signification et la dimension d'une telle phrase dans leur situation.
Le silence prit place, presque palpable, presque visible. Severus Rogue tenait le pommeau de l'épée à deux mains, soulevant l'arme très doucement au-dessus de sa tête. Harry échangea un regard avec Ron, tous les deux inquiets de ce qui allait suivre. Peut-être que rien n'allait se déclencher, que rien ne se produirait, que seul le silence leur répondrait de nouveau avec autant de facilité qu'il les mettait à présent dans la tension la plus totale.
Rogue fixait l'objet avec tant d'inquiétude et de cruauté que son regard en devenait indescriptible. Et lorsqu'il abattit la lame sur l'artefact, l'impact fut terrible.
*
L'obscurité la plus totale. Un vacarme affreux. Et soudain, sans prévenir, une lumière aveuglante. Harry avait des difficultés à respirer. Il avait mal aux bras, il se sentait nauséeux et il avait l'impression que le monde tournait. Il ne distinguait pas très bien ce qui l'entourait. Ses pieds ne touchaient pas le sol et pourtant il avançait. Un regard vers sa gauche et sa droite lui apprirent que des détraqueurs le portait, d'où la douleur qu'il éprouvait au niveau de ses biceps. Sa vision finit par se détailler ainsi que les bruits qui l'entourait. Il avait conscience que les abominables créatures l'en rapprochait.
Les lumières devinrent de plus en plus intenses. Il comprit qu'il était dans une sorte de couloir, bien que l'herbe habillât le par terre. Alors il comprit. En faisant un effort surhumain pour relever la tête, il comprit où il se trouvait. Très vite, le reste du décor se détailla sous ses yeux et il put même distinguer l'identité de certaines des silhouettes se trouvant présentes. Le bruit qu'elles produisaient ne faisait que s'intensifier. Elles acclamaient. Et pour la première fois depuis longtemps, Harry eut peur.
Il eut peur car ces acclamations signifiaient bien quelque chose. Il eut peur car ils ne les avaient jamais vu aussi nombreux. Il eut peur car à travers tout ce vacarme se détachait un rire. Un rire à vous glacer le sang. Son rire.
Les détraqueurs le firent monter sur ce qui ressemblait à une estrade. Il releva la tête et vit alors, lévitant au-dessus du sol, bien droit, les mains et les chevilles attaché par des sortilèges, ses camarades. Ron se trouvait là, ainsi qu'Hermione, et d'autres élèves faisant partis de l'unité de Poudlard et de l'Ombre. Ils étaient là, sûrement tous présents, capturé par les Forces du Mal. Ses poignets et ses chevilles se retrouvèrent soudainement attachés et il vit du coin de l'œil des Mangemorts qui levèrent leurs baguettes afin de le placer à la hauteur des autres. Il se retrouva aux côtés de son meilleur ami qui semblait avoir perdu connaissance. En regardant aux alentours, il reconnut les gradins et les anneaux. Ils se trouvaient au milieu du terrain de Quidditch de Poudlard. Puis sa voix retentit à travers le stade.
« Aujourd'hui est une nouvelle victoire pour les Sangs-Purs. »
Les acclamations redoublèrent. Harry releva de nouveau son visage et l'aperçu. Il se rapprochait de l'échafaud. Il le fixait sans ciller. Il caressait sa baguette du bout de ses doigts tout en se faisant applaudir. Ces mains et cette baguette qui avaient assassiné son père.
« Il est temps de nettoyer cette vermine. »
A peine les mots furent-ils prononcé que le cercle de Mangemorts se trouvant autour d'eux lancèrent sur eux des sortilèges de torture. Harry avait le droit au sortilège de Voldemort en personne. La douleur fut cuisante, indescriptible. Avant de ne plus pouvoir penser à rien, il pensait à sa mère qui était resté aux côtés de ce salaud et qui lui faisait croire que son fils les rejoindrait après ses études, afin de l'épargner.
Ce petit manège dura sûrement une éternité. Bien que Dumbledore soit introuvable, Harry ne cessait d'espérer que quelqu'un viendrait à leur secours. Cela ne pouvait pas se terminer comme ça, pas de cette façon, pas maintenant alors que la solution avait enfin été trouvée...
Néanmoins, quand la douleur cessa enfin, il perdit tout espoir. Ron à ses côtés avait perdu tout le calme dont il était habituellement emprunt. Il n'arrivait plus à ouvrir les yeux, ressentant certainement comme lui une douleur moins grande mais plus diffuse encore qui semblait s'enraciner dans leur être encore plus profondément. Alors non, Harry n'avait plus d'espoir. Et quand cette pensée effleura son esprit, un cri retentit. Il savait à qui il appartenait. Il ne l'avait jamais entendu crier ainsi, mais il savait au fond de lui qui pouvait avoir la force de crier de cette façon. Tout son être frissonna.
Il eut la force de relever la tête. A présent allongé sur le sol, comme tous les autres. Il vit alors sa mère qui venait de débarquer sur le terrain et qui soulevait sa baguette. Elle venait de se jeter sur Voldemort et lui lançait moultes sortilèges. Sa mère restait une sorcière douée, très douée, une des meilleures selon Harry, mais face au Seigneur des Ténèbres... Elle réussit à écorcher sa joue par un sortilège inconnu au garçon. Mais cette petite victoire attisa d'autant plus la colère de Voldemort qui n'attendit plus pour lancer son sort mortel. Harry vit le trait de lumières verte s'abattre sur le cœur de sa mère. Il vit la personne qu'il aimait le plus au monde tomber, soudainement raide, le visage contorsionné de colère. Il observa, sans pouvoir détourner les yeux, la femme qui l'avait tenu dans ses bras pendant si longtemps et qui a présent lui tournait le dos, allongé sur le sol, immobile. Jamais plus il n'entendrait son cœur alors qu'il se trouvait près d'elle.
Le rire de Voldemort lui vint aux oreilles. Lentement, il tourna les yeux vers cet être immonde qui riait à gorge déployée tout en continuant à se faire acclamer. Par une force qui ne pouvait naître que de la perte d'un être cher, Harry se releva et lança un sortilège avec la force de son bras et de son esprit. Avec toute la force de son être. Avec l'énergie de la vengeance. Du désespoir. De l'ultime geste.
Il vit du coin de l'œil Severus Rogue faire de même. Il devait agir avec la même énergie que celle qui l'animait. Harry savait que cet homme avait aimé sa mère et sûrement qu'il ne pourrait s'empêcher de l'aimer jusqu'à sa propre mort. Mais avant qu'il n'ait le temps de penser davantage ou de lancer un nouveau sortilège, les Mangemorts s'étaient chargés de l'immobiliser à terre. Sur le dos, le visage tourné vers le ciel, Harry réussissait tout de même à observer une partie de la scène.
Sur l'estrade il repéra Hermione inerte sur le sol. Morte, elle aussi. Il croisa le regard de Ron dont une lueur qu'il n'avait encore jamais vue brillait dans ses pupilles. Il comprit ce qu'il comptait faire au moment-même où son meilleur ami se releva pour se jeter sur le Seigneur des Ténèbres. Mais ce dernier, plus rapide encore, lança son sortilège mortel avant même que celui de Ron ne l'atteigne. Il vit le rouquin tomber sur le sol. La scène avait cet accent de réalité qui lui brisait le cœur. Il observa alors Voldemort qui écartait les bras en signe de victoire tout en tournant sur lui-même pour sa faire acclamer d'autant plus. Il lui semblait gigantesque. Jamais Harry ne l'avait vu d'aussi près. Il riait à s'en décrocher la mâchoire. Les cheveux aussi noirs que les siens, la peau plus pâle que la sienne, les muscles de ses bras se dessinant légèrement sous sa robe de sorcier. Voldemort ressemblait à un roi.
Harry cracha par terre en signe de frustration et de colère. Voldemort, celui autrefois nommé Tom Elvis Jedusor, s'approcha alors de lui. Il se pencha si près que plus qu'un seul centimètre ne les séparait. Leur visage en sens contraire, Harry pouvait discerner tous les moindres détails de sa peau. Et dire qu'il lui manquait un bout d'âme et que rien ne semblait avoir changé...
Voldemort lui parla doucement, faisant en sorte que la conversation ne soit entendue que d'eux seuls :
« Tu as cru pouvoir me défier, Harry Potter. »
Il ne pouvait pas répondre, complètement immobilisé cette fois.
« Pendant longtemps j'ai cru que tu pouvais être le garçon de la prophétie. »
Harry avait très envie de cracher de nouveau.
« Tu ne vas peut-être pas me croire, mais pendant un instant j'ai eu peur de toi. Un garçon, jeune et insolent qui ressemblait trop à son imbécile de père et qui semblait aimer les moldus. »
Les acclamations continuaient toujours autour d'eux, incitant leur Seigneur à le tuer. Malgré le bruit, Harry entendait chaque mot prononcé par le meurtrier de ses parents.
« Tu en conviendra que c'était parfaitement ridicule. »
Ce n'était plus de la colère qui faisait battre le sang dans les veines de Harry, c'était plus que ça, même plus que de la fureur.
« Mais pour faire bonne mesure, je vais arranger ça. Juste au cas où. »
Voldemort prépara sa baguette et reprit, avant de se redresser :
« Après toi je m'occuperais de ce vieux fou. »
Alors Harry pensa à Dumbledore au moment où Voldemort se redressait de toute sa hauteur. Il se sentit abandonné. Plus seul encore que ce qu'il avait déjà ressenti le reste de sa vie. Voldemort pointa sa baguette sur lui alors qu'il ne pouvait toujours pas bouger. Harry ne détourna pas les yeux une seconde, il ne lui offrit pas ce plaisir-là. Et pendant que le Seigneur des Ténèbres entrouvrit les lèvres pour prononcer sa formule, alors que la couleur verte envahissait sa vision, Harry eut le temps de penser que ce serait sûrement plus rapide que de s'endormir.
Fin
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