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"Veronica" de @Loulouiise


Berlin, 19 novembre 1943 au soir

Quelques mèches caramel s'échappaient de son bonnet rose élimé qu'elle avait enfoncé sur ses yeux. Elle marchait ainsi d'un pas nonchalant dans la nuit berlinoise traînant sur son sillage un grosse malle brune semblant peser bien trop lourd pour qu'elle ne puisse en supporter le poids. Elle jeta un bref regard autour d'elle, comme si elle se réveillait d'un rêve et prenait conscience de ce qui l'entourait. Elle croisa alors mon regard et s'empressa de détourner le sien vers ses pieds chaussés de mocassins aux bouts racornis et aux semelles décousues. Elle enjamba agilement un tas de débris, jeta un dernier regard en arrière et poursuivit son chemin le long de la route évitant tour à tour, briques, meubles en morceaux et corps inertes vestiges d'une ville qui, il fut un temps, brillait des milles feux de sa gloire. Sans prendre le temps de réfléchir à ce que je faisais, je décrochai vivement mon manteau dans l'entrée et me précipitai dans la rue à sa suite. Elle n'avait pas eu le temps de beaucoup avancer, ses jambes squelettiques la portaient difficilement et ses bras où saillent ses muscles tiraient avec peine son bagage. Qui était-elle ? Je l'ignorais. Quelle était son histoire ? Ça aussi je l'ignorais, mais je voulais la suivre, je voulais la protéger. C'était mon devoir.

Je la suivis ainsi pendant quelques heures à travers un Berlin défiguré, je ne reconnaissais pas ma ville, le Reich l'avait complètement changée. Serrant contre moi ma veste à cause du froid qui s'était installé une fois la nuit tombée, je l'observais. Quel âge avait-elle ? Dix ans ? Douze ans maximum ? Elle s'arrêta enfin face à la gare souffla un grand coup et s'engouffra à l'intérieur. Je suivis du regard son bonnet rose à travers la vitre de la porte avant d'entrer à sa suite dans le bâtiment. Elle était là, assise sur un banc fixant les trains l'air songeur. Je vins m'assoir à ses côtés, elle ne détourna même pas le regard et continua à fixer les voitures à l'arrêt. Je ne cessais de la fixer, j'en étais bien conscient, mais mon regard était comme aimanté à son visage. Je me délectais de l'observer, bien que sa peau soit d'un teint maladif, ses joues creuses et ses yeux cernés et rougis, un charme presque surnaturel émanait d'elle. Mon regard s'attarda sur ses lèvres desséchées du même rose pâle que son bonnet. Je levais alors le regard vers ses yeux, ils étaient d'un vert émeraude à couper le souffle, elle les gardait grand ouvert si bien qu'ils lui mangeaient tout le visage. Ils ressortaient comme un rayon de soleil parmi le décors fade et sans lumière de son visage décoloré par la guerre, la faim, la maladie et la mort. Son bonnet lui tombait sur les yeux, cachant son front et ses sourcils, des cheveux châtains filasses s'en échappaient sur le côté.

- Pourquoi me suis tu ?

Elle s'était adressée à moi dans un souffle faible, sa voix était presque inaudible et son regard restait constamment fixé devant elle. Voyant que je ne répondais pas elle continua.

- Tu ne devrais pas me suivre, tu vas t'attirer des problèmes, j'attire toujours des problèmes aux gens qui restent près de moi.

Il n'y avait pas de reproche dans sa voix, elle était neutre, sans tristesse ni remords, comme si elle lisait un texte déjà écrit et qu'elle n'avait qu'à déchiffrer les mots inscrits sur le papier.

- Je ne sais pas. Ma voix s'étrangla dans ma gorge. Moi qui aimait à jouer les grands durs avec les gens qui m'entouraient, me voilà qui me sentais faible face à cette gamine.

Elle se tourna vers moi et croisa enfin mon regard, je voyageais à travers le sien, j'y lu tout ces mots qu'elle ne disait pas mais qui criaient à travers son regard. J'y lu de la tristesse, des remords et de la mélancolie, mais aucune trace de joie, même pas le moindre éclat. Je fus soudaient pris du désir fou de la serrer contre moi et de ne plus la laisser se faire agresser par le monde dans lequel on grandissait tout les deux, un monde hostile aux jeunes et où seul le Reich comptait, mais pas la joie du peuple ou la survie des hommes. Son regard me scruta tout entier. Il me déshabilla, face à elle, je me sentis nu et dépouillé de tout mes mensonges. Je me rendais alors compte que je portais encore mon uniforme des jeunesses Hitleriennes, je serrais alors plus mon manteau contre moi.

- Qui es-tu ? Ma question siffla dans le silence qui nous enveloppait.

Elle aussa les épaules.

- Et toi, qui es-tu ?

- Je suis Frederik. Lui dis-je très sur de moi.

- Ton prénom ne suffit pas à décrire qui tu es, il y a tellement d'autres Frederik sur terre, et pourtant, ils sont tous différents de toi. Elle semblait tellement sûre de ce qu'elle disait que je me mis à la croire.

- Mais alors comment te dire qui je suis ?

Elle me répondit d'un haussement d'épaules me laissant dans le doute. Je décidais alors de m'engager dans la voie qui me semblait la plus juste.

- Je suis un adolescent de quinze ans, je fais parti dès jeunesse hitleriennes bien que je ne sois pas le plus assidu des jeunes. Je fais le malheur de mes parents qui pensent que je suis un bon à rien, et j'ai suivit une fille inconnue jusque dans une gare pour je ne sais quelle raison.

Elle sembla satisfaite de ma réponse et me sourit, dévoilant une rangée de petites dents blanches parfaitement alignées.

- C'est un bon début. Quant à moi, je me nome Veronica, je suis une adolescente de quinze ans qui espère quitter Berlin pour rejoindre sa tante en Amérique.

Je l'avais prise pour une fillette de dix ans, le manque de nourriture l'ayant amaigrie et probablement ayant freiné sa croissance. Problèmes que je ne connaissais pas, vu l'importance du poste de mon père dans le Reich. Chose pour laquelle je le détestais. Il n'avait jamais eu à se battre, il n'avait jamais manqué de nourriture, mais de plus, il cautionnait et soutenait même le régime nazi, il se ventait chaque soir à table du nombre de "ennemis du Reich" arrêtés quotidiennement. Je m'étais souvent emporté à ce sujet avec lui, pour le plus grand malheur de ma mère qui assistait impuissante à nos échanges. Mon père ressortait son excuse comme quoi il avait fait la guerre de 14-18, mais pour moi ce n'était pas une excuse à ses actes, au contraire, cette guerre aurait dû être un exemple pour instaurer la paix.

- Et tes parents ?

Face à ma question, elle baissa le regard, ce que je pris immédiatement pour de la tristesse.

- Je suis désolé. Ils sont décédés dans les bombardements c'est ça ?

Toujours aucune réponse. Seul de grosses larmes roulaient sur les joues de Veronica. Veronica... je me répétais ce nom silencieusement dans ma tête, comme un enchantement, ce simple nom suffisait à m'envouter. Elle avait raison Veronica, des Veronica, il y en avait plein sur terre, mais des Veronica comme celle là, il n'y en avait qu'une seule, et elle était là, assise à mes côtés. Bien que le monde se déchirait à l'extérieur, bien que Hitler le détruise, moi, j'étais heureux ici, aux côtés de Veronica. Elle pencha alors sa tête et la posa délicatement sur mon épaule, c'est à peine si je sentis son poids contre moi. Pour elle, je pourrais supporter le poids du monde entier sur mon épaule. Je la sentis alors petit à petit se détendre contre moi et enfin sa respiration se faire régulière. Je sus à ce moment là qu'elle allait changer ma vie à jamais cette petite Veronica au bonnet rose et aux yeux émeraudes. Je serais son chevalier servant, je la protégerais des dragons extérieurs, je vengerais la mort de ses parents car je l'aimais Veronica. Resserrant mon étreinte contre son corps si frêle, je finis par m'endormir à mon tour la tête posée contre la sienne.

- Hé gamin !

Le cri du chef de gare me fit sursauter. Veronica n'était plus là, seul dans ma main restait une photo. Celle d'une fille au bonnet enfoncé sur les yeux qui souriait à l'objectif avec à l'arrière cette inscription : pour Frederik, mon cher ami. Pour que tu penses à moi comme ton amie et non une simple juive déportée parmi tant d'autres. Veronica, ma camarade de classe, celà faisait tellement longtemps qu'elle m'avait quitté. On l'avait arrêtée elle et sa famille alors qu'ils s'apprêtaient à s'enfuir. Elle m'avait donné cette photo lorsque je l'avais croisée dans la rue. Le soir, mon père s'était vanté de leur arrestation tandis que se creusait en moi un gouffre immense.

Je sortis de la gare, traversai la rue remplie de décombres suite aux bombardements ennemis et rentrais chez moi où ma mère devait m'attendre inquiète dans l'une des seules maisons n'ayant pas été détruites par les bombes américaines qui avaient détruit notre ville la nuit du 18 au 19 novembre.



Encore bravo à Loulouiise pour cette super nouvelle ! N'hésitez pas à laisser des commentaires à l'auteur dans cette partie ou à voter pour cette dernière en commentaire comme ceci : +Veronica

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