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"Sorcière !" de @PtiteRenarde


"Toc, toc, toc."

La vieille au nez crochu releva la tête. Qui osait donc troubler sa profonde concentration, tout en haut de la colline ? Encore un téméraire villageois, aimant croire les rumeurs et la traiter de "sorcière" en face. Ne savaient-ils donc pas qu'aucun d'entre eux n'était revenu, après l'avoir insultée ? Ces mystérieuses disparitions ne leur servaient toujours pas de leçon ?

À regret, elle reposa sa plume d'oie dans l'encrier, glissa son précieux carnet dans le tiroir de son bureau, et le contourna pour atteindre la porte d'entrée.

Son unique œil valide enfoncé dans le judas, elle observa le chemin boueux et les arbres aux branches dénudées qui comblaient le vide alentour. Personne. Sûrement un oiseau affamé qui a piqué son bec dans le vieux bois, espérant y dénicher une petite termite ou une fourmi.

Elle retourna à ses occupations en soupirant. À peine eut-elle rouvert son tiroir qu'on frappa à nouveau, plus fort cette fois.

- Quoi encore ? gromella la vieillarde entre ses dents, d'une voix éraillée par l'âge.

Elle se dirigea de nouveau vers la porte de sa cabane et scruta avec insistance le paysage. Sa myopie lui faisait défaut, toutefois elle distinguait maintenant une touffe de cheveux blonds qui s'agitait sous le judas. Sceptique, elle tourna lentement la poignée et entrouvrit le battant en une légère fente, permettant tout juste d'apercevoir l'ombre de son visage.

- Madame Gertra ?

La fillette aux traits de poupée, postée sur la pointe des pieds, ne lui inspirait pas beaucoup de confiance. Que pouvait bien lui quémander cette intruse aux yeux de biche ?

- Qu'est-ce tu m'veux, gamine ?

L'enfant ne se démonta pas. Cambrée sur ses jambes potelées, droite comme un piquet, elle récita avec assurance, sans trahir aucune émotion :

- Je suis pauvre. Ma mère est très malade et elle va mourir. Nous n'avons pas assez d'argent pour appeler un docteur. Vous êtes donc notre dernier espoir. Elle m'a dit que vous aviez les compétences d'un médecin et que vous saurez avoir la générosité de nous aider. S'il vous plaît.

La vieille fronça les sourcils, peinant à croire ce monologue appris par cœur et conté sans âme. Peut-être la fillette voulait-elle faire bonne impression, et s'était préparée avec application pour la convaincre ; or comment une illettrée sans le sou parlait un langage si correct ?

- Qu'est-c'qui m'prouve que tu mens pas ?

La blondinette sembla déstabilisée, mais se ressaisit bien vite :

- Je porte des haillons ! Et j'ai eu le courage de marcher jusqu'ici, ce qu'une noble n'aurait pas fait...

La vieillarde se figea : sa visiteuse pensait directement que si elle n'était pas paysanne, alors elle était obligatoirement noble ; une erreur normale de la part d'une personne inculte, non ? Ses sentiments se confondaient, mitigés. Et puis, ce qu'elle nommait des haillons... Certes, ses vêtements n'étaient pas de grande qualité, mais même les traces de poussière paraissaient propres et calculées. Tout respirait la grâce et l'élégance chez cette étrange enfant ; la vieille conclut qu'elle avait dû vivre à son aise passé un temps, et qu'une quelconque affaire avait fait chuter sa classe confortable, la laissant dans le déni sans effacer ses habitudes hautaines. Elle ne mentionnait pas son père ; peut-être était-il mort, et seuls ses revenus de bourgeois payaient les besoins de sa famille. Dans tous les cas, Gertra ne pouvait se résoudre à chasser l'enfant ; qui s'avèrerait assez bête pour déranger une prétendue sorcière et lui raconter des salades ? Habitée d'une méfiance farouche, elle choisit pourtant d'aider cette presque orpheline dont la mère démunie agonisait au village, tout en restant précautieusement sur ses gardes.

- Elle a quoi, ta mère ?

- Une... tuberculose, madame. Elle a beaucoup de mal à respirer.

- Bah, c'est fréquent ! Bouge pas, j'vais t'chercher un remède.

La vieille rentra dans sa masure et farfouilla un moment dans ses interminables étagères, croulant sous les jarres, les alambics, les livres et les chaudrons en tous genres. Elle ressortit avec un pot rempli de matière verte visqueuse, un autre où roulaient des billes blanches parfaitement rondes et enfin une boîte au couvercle troué, permettant aux insectes baveux enfermés à l'intérieur de respirer.

- V'là pour toi ! La crème est à étaler sur le torse matin et soir, une pastille à avaler trois à six fois par jour avec de l'eau, et nourrir les bestioles avec d'la terre et du lait pour en mâcher une crue un jour sur deux. Tu t'souviendras d'tout ?

La fillette semblait très embarrassée. Que voulait-elle de plus ?

- Et bien va, file, oust ! Qu'est-ce tu restes plantée là ? Ta pauv'mère t'attend !

Elle hésita, avant de se lancer, paraissant plus dans l'improvisation que la récitation à présent :

- Je... je croyais que vous m'accompagneriez... pour parler à ma mère et la soigner vous-même...

- T'es donc pas assez grande pour t'occuper d'elle en suivant mes indications ? ricana Gertra.

- Si... enfin, non ! J'ai peur de... de ne pas m'en souvenir ou de faire quelque chose de mal... d'aggraver ses souffrances au lieu de les apaiser ! Je ne suis pas comme vous, je n'ai pas l'expérience, je crains vraiment de mal m'y prendre. Je vous en prie madame, venez juste chez nous quelques instants pour une petite démonstration, et je saurai me débrouiller par la suite ! S'il vous plaît ! Je vous payerai s'il le faut !

La vieillarde soupira. Elle semblait sincère, et puis, que pouvait bien lui faire une si jeune enfant ? Comme elle le disait, il s'agissait seulement d'une courte visite, pour expliquer les pratiques à reproduire. Qu'y avait-il de dangereux à cela ? De nombreux hommes voulaient sa peau, elle en était consciente. Même le seigneur ruminait de très mauvais présages sur elle. Il suffirait de cacher son visage et de se faire la plus discrète possible ; qui soupçonnerait une pauvre femme guidée par une adorable fillette ?

- J'prends ma cape et j'arrive, céda-t-elle. Tâche de pas faire tomber les soins en cours de route, et n'les expose pas à la vue d'tous, le bocal à insectes s'rait suspect !

Puis, un épais capuchon rabattu sur sa tête et la cabane fermée à double tour, elle suivit enfin la blonde dont elle ne connaissait toujours pas le nom.

À flanc de la colline, les maisons de fortune et les ruelles putrides, s'entaissaient dans le capharnaüm qu'on appelait communément un village. Les deux comparses traversèrent en silence ce labyrinthe de murs cassés abritant des familles épuisées, et débouchèrent sur les champs indépendants où s'activaient les paysans sous les premières pluies, puis sur les terres seigneuriales cultivées par des serfs dans des conditions encore plus atroces. Finalement, elle passèrent les grilles du château, immense palace dans toute sa froide splendeur. Étonnamment, aucun garde ne les arrêta, et ni les servantes, palefreniers, écuyers, marchands, maîtres-chiens ou autres laquets travaillant dans la basse-cour, ne leur posèrent de questions ou ne les dévisagèrent avec curiosité. Pourtant, la vieille commençait à s'inquiéter :

- Bon Dieu, qu'est-ce qu'on fiche au château ? Si quelqu'un me reconnaît, je suis bonne pour le bûcher !

- Ma mère nourrit et entretient les poulets et les cochons du seigneur. Nous habitons juste à côté, déclara la fillette, d'une voix assurée à nouveau lavée de toute émotion.

- Et personne peut donc s'occuper d'elle ici ? Ça grouille de monde, doit bien y avoir des gens pour la soigner !

L'enfant ne prit pas la peine de répondre : elles étaient arrivées à destination. Mais dans l'arrière-cour ne se trouvaient point les élevages du seigneur. Une toute autre construction se dressait fièrement, élevant son poteau de bois vers le ciel, entouré d'un tas de bûches attendant patiemment d'être enflammées. Gertra comprit trop tard le piège dans lequel elle était tombée, et elle eut tout juste le temps d'entendre derrière elle une voix masculine féliciter le jeu de la fillette, avant que dix mains gantées la saisissent et que le lourd pommeau d'une épée s'abatte sur son crâne.

Qui, de la vieille ou de l'enfant, était vraiment la sorcière ?






Encore bravo à PtiteRenarde pour cette super nouvelle ! N'hésitez pas à laisser des commentaires à l'auteur dans cette partie ou à voter pour cette dernière en commentaire comme ceci : +Sorcière !

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